Qu'est-ce que la Spiritualité

En résumé: c'est une imposture, et voici ma profession de non-spiritualité ou d'anti-spiritualité méthodologique. Il ne s'agit nullement de contredire au niveau des axiomes de base l'existence du surnaturel, de l'immatérialité et de l'immortalité de l'âme et des univers spirituels, qui sont une toute autre affaire qui ne nous concerne pas ici. Mais d'analyser les erreurs des démarches et idées générales dites « spirituelles » (autrement dit, tout l'Esprit de Spiritualité qui traverse la plupart des enseignements « spirituels » particuliers jusqu'à imprégner toute la mentalité dominante du monde actuel) par leurs travers méthodologiques, l'ignorance et les dégâts collatéraux pratiques, relationnels et sociaux où ils ont tendance à conduire apparemment systématiquement ceux qui s'y essaient au cours de leur vie humaine. Face à ces constats je ne peux que conclure à la supériorité absolue de la raison sur ce qui prétend la dépasser en matière de recherche de la vérité quel qu'en soit l'objet, dans le cadre de la vie humaine.

Le présent texte est une ébauche, qui n'aborde pas tous les aspects (car n'en déplaise à tous les adeptes de la prétendue simplicité évangélique, la vérité est complexe et ne peut se décrire et se comprendre sans un certain travail minimal); d'autres parties de ce site (principalement celles mises en lien plus bas) seraient à lire pour une compréhension et des justifications plus complètes des points évoqués.

La spiritualité c'est, en matière d'amélioration du sort d'autrui, la confusion entre le rêve (compassion, bonnes intentions) et la réalité, menant à la promotion du premier comme substitut de la deuxième.
C'est la bêtise ou la paresse intellectuelle érigée en dogme. C'est donc l'incapacité ou le refus, la négation, de toute vie et de tout développement de l'esprit dignes de ce nom.

La spiritualité fait régresser l'homme à un rang proche de l'animalité en lui faisant perdre ce qu'il a de proprement humain : elle l'incite à vivre dans ses rêves confondus avec la réalité, autrement dit à destructurer sa pensée; à vivre sur la base des émotions plus que de la raison, à dédaigner les apports de la science et de la technologie, à aborder les problèmes sous l'angle individuel du chacun pour ses problèmes plutôt qu'un angle organisationnel et collectif, et ainsi à accepter et se laisser mener par le cours des choses dans la résignation comme du bétail plutôt que de le changer ("changer ses désirs plutôt que l'ordre du monde", "changer son regard sur les choses", "changer le coeur de l'homme pour changer la société", qu'on présente comme des recettes ultimes face à tout problème. Ceci aboutit en pratique à dévaloriser injustement ceux qui, quoi qu'on en dise, se trouveraient objectivement victimes de l'ordre du monde et qui oseraient s'en plaindre).

A moins que: je peux encore admettre que peut-être en moyenne, la spiritualité n'aggrave pas en fait l'animalité humaine, mais ne fait tout simplement que l'exprimer; avec pour principal effet de l'uniformiser, en réduisant son écart-type. (Désolé, c'est un peu trop de me demander que de vouloir me faire regarder les manières insensées suivant lesquelles les humains "pensent" habituellement, comme "normales".) Elle attire ainsi surtout les gens intellectuellement paresseux ou de toute manière incapables de mener à bien des réflexions approfondies, ne pouvant se sentir confortables que dans leurs idées reçues, leur naïveté et leur léthargie intellectuelle.

Un des effets de la spiritualité est l'absence de toute recherche sérieusement approfondie des moyens de servir les intérêts d'autrui, dans la mesure où cette recherche nécessiterait pour porter des fruits efficaces, une réflexion que ses adeptes ne peuvent supporter. Or, ayant encore une once de pensée, ils risqueraient de s'en trouver mal à l'aise à la pensée de passer à côte de leurs responsabilités. C'est pourquoi ils choisissent de consacrer le peu d'énergie mentale qu'il leur arrive d'avoir, à se persuader les uns les autres que cette léthargie mentale, cette niaiserie irresponsable qui est la leur, cette spiritualité donc, est une connaissance au-delà de toute connaissance, une grâce et un commandement de Dieu, le summum du bien, de l'amour et de la morale. Ils se persuadent aussi que cette affirmation-même est une haute vérité spirituelle, ou que cela va de soi, ou encore a été révélé par les textes sacrés, de sorte que cela n'a nul besoin d'être davantage justifié, et de ce fait ils ne sauraient être aucunement tenus responsables d'une quelconque erreur de jugement ou de quelconques malheurs de leur part causés par leur adhésion à cette doctrine.
D'ailleurs, la spiritualité est une doctrine qui a pour objectif d'amener ses adhérents à s'auto-persuader que la spiritualité n'est pas une doctrine et que ceux qui y adhèrent sont les seuls dans le monde à être délivrés de toute doctrine et à ne pas être en train de s'auto-persuader.

Les gens spirituels se persuadent ainsi qu'ils détiennent la clé universelle du bonheur; leur croyance en l'efficacité universelle de leurs méthodes de bonheur repose en réalité sur la bien plus grande efficacité des procédures par lesquelles ils parviennent à se convaincre que ceux sur qui leurs méthodes de bonheur ne fonctionnent pas, ou qui ont eu l'intelligence de voir tout ce suite que cela ne pouvait pas fonctionner, portent la responsabilité de ne pas les avoir assez bêtement ou suffisamment essayées. De toute façon ce n'est pas le problème des gens spirituels si leurs méthodes de bonheur ne marchent pas sur d'autres, mais c'est le problème de ceux sur qui cela ne marche pas, or la spiritualité enseigne que chacun est libre et responsable de lui-même et des échecs de sa propre vie.
Ainsi ils se persuadent que tous les malheurs du monde, du moins pour ce qui concerne ce qui dépend des actions de l'homme, sont principalement dus au fait que les hommes ne sont pas assez spirituels. Ceci s'applique surtout au niveau individuel: si quelqu'un souffre et ose s'en plaindre, c'est forcément de sa responsabilité, parce qu'il n'est pas assez spirituel. Mais aussi au niveau collectif: si le monde va mal c'est parce que les Maîtres du Monde ne sont pas assez spirituels, ou encore parce qu'il n'y a pas une proportion suffisante de gens spirituels dans la population.
Et puis de toute façon il n'y a pas à s'inquiéter du malheur puisqu'il est voulu par Dieu pour notre édification. D'ailleurs c'est clair par définition: qui est spirituel est forcément heureux, donc qui n'est pas heureux n'est pas spirituel. Surtout ce n'est pas la peine de vérifier par l'observation si cette affirmation est vraie ou fausse, la spiritualité à elle seule suffit pour s'en assurer. D'ailleurs le malheur d'autrui est finalement une excellente chose, puisqu'il permet à soi-même d'exercer sa vertu en exhortant ces malheureux à élever leur propre niveau de spiritualité. Et si jamais quelqu'un ose douter de la pertinence de ces leçons et ne pas remercier platement pour les insultes ainsi reçues (se faire dire par les autres qu'on manque de spiritualité, quoique à mon avis ça devrait finalement plutôt être vu comme un compliment), c'est qu'il n'est vraiment pas spirituel, et qu'il en a donc encore plus besoin...

Exemples de travers idéologiques graves qui se trouvent plus ou moins couramment dans certaines spiritualités

et qui témoignent de manière flagrante du fait que ces spiritualités et les personnes qui les suivent, rentrent bien, au moins dans une certaine mesure, dans le cadre de la description ci-dessus, comme d'autres ont énuméré des critères de reconnaissances des pseudo-sciences et autres indices crackpot:

- Le fait de se croire en mesure de juger péremptoire la définition ci-dessus de la spiritualité, sans avoir pris la peine de lire et de le comprendre jusqu'au bout les explications ainsi que les différents textes annexes mis en lien qui en précisent la signification ainsi que les multiples justifications; le fait d'estimer que le genre de tares ici dénoncées ne serait (en ce début de 21ème siècle) que le fait que d'une fausse spiritualité, d'un ou deux courants assez spécifiques pour qu'on puisse les nommer, ou encore des dérives individuelles limitées, par exemple de personnes qui interprèteraient de travers ou rateraient l'essentiel des enseignements fondamentaux auxquels ils se réfèrent lesquels seraient clairs et ne nécessiteraient que du bon sens et/ou une attitude assez pieuse ou confiante en Dieu (ou toute autre qualité spirituelle qu'on voudra) pour éviter de telles déviances. En effet, sous-estimer l'importance de ces déviances serait ne pas les reconnaître où elles se trouvent, et ainsi y participer.
(Dois-je en effet rappeler que je ne suis nullement du genre à avancer sur ce ton, un jugement que je n'aie pas pris le soin de vérifier et revérifier à force d'expérience et d'une fine analyse conceptuelle, suffisamment pour me protéger absolument de tout risque d'erreur. Et tous ceux qui ont prétendu me contredire ne le faisaient que sur la base de leur ignorance des multiples justifications dont je dispose; en l'occurence, la définition ci-dessus de la spiritualité, quelque brève qu'elle puisse sembler, n'a absolument rien de précipité mais est l'aboutissement final de nombreuses années d'expérience et de réflexions ayant finalement débouché sur une compréhension générale des choses d'une superbe clarté, après un long parcours de recherche où je portais aux nues la recherche spirituelle mais où je butais en fait sur des contradictions de plus en plus évidentes)

- Le fait d'interpéter par réflexe systématique tout évènement et toute rencontre non préméditée comme des signes du destin; de ne "pas croire au hasard" en général, et en particulier de vous annoncer que c'est sûrement pour de grands desseins que vous êtes arrivé à le rencontrer. D'expérience je vous préviens: fuyez comme la peste celui qui vous annonce une telle chose ! (sauf peut-être s'il s'agit d'une demande en mariage évidemment).

- Le fait de traiter des gens d'<<esclaves de leur mental>> au prétexte qu'ils ne savent pas faire le vide dans leur esprit.

- Le fait de se présenter son point de vue comme n'étant pas une doctrine (de toute manière, très peu de doctrines se reconnaissent comme telles) -> soit on n'a rien à dire et on se tait, soit on se reconnaît comme affirmant des choses, auquel cas on est bien en train de penser et de raisonner d'une manière ou d'une autre; par exemple la science elle-même a beaucoup de choses à enseigner et à raconter et ce ne saurait être un argument contre elle.

- Le fait de mépriser l'argent : non simplement le fait de s'efforcer soi-même de vivre de peu d'argent (libre à chacun de faire ainsi, bien sûr), mais aussi mépriser: 

En particulier, sur le deuxième point, certains prétendent que posséder l'argent corrompt l'esprit par la préoccupation de le garder. Cela est un principe absurde : un argent honnêtement gagné doit au contraire être la marque de la juste reconnaissance par la société des services que l'individu lui a rendu, et la garantie d'une possible réciproque; cet argent se doit doit donc d'être motif de sérénité, et la préservation de cette reconnaissance et de cette garantie doit donc être à la charge de la société. Et concernant l'argent malhonnêtement gagné, voir mon analyse ici.
Un problème est que parfois des gens qui méprisent l'argent et ses préoccupations en paroles le gaspillent en actes et/ou le fauchent par derrière à autrui, ce qui est honnêtement indéfendable. Qui est vraiment libre et veut promouvoir la liberté vis-à-vis des préoccupations monétaires, devrait, pour être véritablement honnête et cohérent en ce sens, prendre soin d'abord de subvenir eux-mêmes à leurs propres besoins monétaires, respecter l'argent des autres et ne pas leur en demander.

- Le fait de se soucier davantage de l'intentionnalité des actes que de leurs conséquences effectives sur le sort d'autrui, ce qui mène finalement à consacrer sa vie à se complexer et se décomplexer le coeur indéfiniment pendant que le reste du monde peut crever, tout en espérant que ce ne soit pas là une démarche égoïste. Voir la fin de ce texte Bouddhiste en comparaison avec ma position. Voilà donc comment le Bouddha est obsédé avant tout par la purification du nombril de ses intentions afin de devenir "Eveillé". Oui, mais éveillé à quoi ? En effet, d'une part pour ce qui concerne l'éveil vis-à-vis de la compréhension générale des problèmes et des moyens de construire un monde meilleur, les méthodes rationnelles m'apparaissent bien plus efficaces que les méthodes spirituelles; d'autre part, s'il s'agit de présenter l'Eveil spirituel comme un but en soi au niveau personnel, je vois mal en quoi il n'eût pas mieux valu pour cela demeurer dans l'au-delà plutôt que d'être venu s'incarner en cette condition humaine si contraire à cet Eveil.

- Le fait de prétendre tout unifier, de regarder le monde sous l'angle d'une vision unitaire, et/ou de promouvoir la simplicité, une vision simple du monde; le fait de croire qu'une approche comme la mienne "complique" les choses. Comme je répondais un jour à l'auteur d'un site aux orientations très spirituelles qui se faisait un point d'honneur de défendre l'idée très spirituelle d'unité (oneness) de toutes choses (à rebours de la démarche de la science et de la logique à tout distinguer et diviser): "Savez-vous faire la distinction entre unité et confusion ?". Bien sûr c'est toujours sympa de découvrir le cas échéant une profonde simplicité, des liens profonds ou une source commune entre des choses d'apparences différentes, et je me consacre moi-même largement à de telles recherches, sauf de telles propriétés sublimes sont des choses qui se découvrent et qui ne se décrètent pas. Je ne complique rien, je ne fais que décrire les choses comme elles sont. Et pour moi, en fin de compte, elles sont simples, en ce sens que je les vois clairement. Si quelqu'un trouve mon point de vue compliqué (au sens de pénible et d'obscur), ce n'est là que son appréciation subjective liée à ses difficultés à me rejoindre (et aussi, certes, au fait que je synthétise les fruits d'une longue recherche, longue à exposer). Parce que ma compréhension a eu la chance de s'adapter à la complexité du réel. Faut-il rappeler que la vérité ne se choisit pas; ce n'est pas à la vérité de s'adapter à notre sentiment de simplicité ou de clarté, mais c'est à notre esprit de s'adapter pour reconstruire un nouveau de sentiment de simplicité et de clarté au niveau de la vérité telle qu'elle est réellement dans toute sa complexité. Celui qui veut voir la vérité dans ce qui lui semble simple s'enfonce dans l'erreur, et le réel restera incompréhensible car trop complexe à ses yeux.

- Le fait d'employer en guise d'argument définitif qui clôt tout débat: "Vous êtes aveuglé par votre ego" ou encore par "l'orgueil". Prendre l'intelligence d'autrui pour de l'orgueil, voir des orgueilleux partout, considérer comme un vilain orgueilleux quiconque vient nous contredire en annonçant en savoir plus que soi (tandis qu'on rejette d'emblée tout examen du détail de ses positions et arguments vus comme "complications" contraires à la clarté et à la simplicité d'esprit), est en effet une excellente manière de ne jamais avoir à se remettre en question. Quoi de plus naturel et indispensable en effet, pour pouvoir rester tranquillement dans l'erreur, de regarder par réflexe ceux qui affirment avoir de meilleures raisons d'avoir des positions contraires, comme n'étant que des personnes orgueilleuses, dures de coeur et fermées d'esprit qui se croient à tort plus intelligentes que soi et qui refusent d'entendre nos points de vue... Ainsi, les gens spirituels ont souvent de gros problèmes d'ego: beaucoup font une obsession sur l'ego des autres qu'ils disent surdimensionné; sans doute parce qu'ils souffrent de ce même problème et que celui des autres fait obstacle au leur...

- Le fait de prendre excessivement soin de quelqu'un jusqu'à ne pas le laisser gérer ses propres affaires, puis, mettre en avant ces actes comme preuve de sainteté, de supériorité spirituelle, d'omniscience et d'illumination sans discussion possible, suivant la logique "Je lèche tes bottes donc j'ai raison". Etre ainsi prêt à tout sacrifier (ou du moins à se persuader qu'on se donne ainsi au maximum) sauf la prétention de tout savoir mieux que les autres et d'être le meilleur de tous... Accuser l'autre d'ingratitude s'il n'en est pas ensuite platement reconnaissant et ne fait pas lui-même des sacrifices en retour, alors que l'utilité effective des soins excessifs qu'on lui a prodigués n'a pas été rigoureusement établie (cas vécu).

- Le fait de confondre ultrasensibilité paranormale (télépathique...) ou non, et intelligence (en effet, ressentir des choses n'est pas forcément les comprendre)

- L'idée qu'une croyance se choisit, et que le bonheur d'un individu soit déterminé par ses croyances, de sorte que les gens seraient libres d'être heureux et qu'il leur suffirait pour cela d'adopter les croyances des gens heureux (ce que j'appelle de la corruption).

- Le fait de concentrer ses valeurs sur la politesse, les bons mots et bons souhaits envers son interlocuteur et à l'optimisme sur la vie et le destin, dans l'idée que ces pensées constitueraient en elles-mêmes des solutions; en faisant l'impasse sur la questions des actions réelles munies de calculs et mesures d'efficacité à l'accomplissement du bien collectif suivant une démarche scientifique. Ainsi, le fait d'exhorter systématiquement les malheureux à changer leurs désirs plutôt que l'ordre du monde. Même s'il y a des cas ponctuels où un tel conseil peut s'avérer avisé, le fait de refuser ainsi par principe toute recherche de construction d'un monde meilleur offrant aux gens les moyens d'être moins malheureux, mais demander à chacun de se "satisfaire" de la misère où il se trouve, n'est qu'une solution à courte vue, une solidarité des égoïsmes, une lâche discrimination où l'on parvient à se croire vertueux en "aidant" (ou en se persuadant qu'on aide) à bien peu de frais (de vaines paroles) celui qui est en face de soi tout en laissant périr tous ceux qui n'y sont pas. Et c'est en tout cas agir uniquement sur les symptômes tout en laissant perdurer les causes profondes (collectives) du mal.

- Vouloir présenter sa conception des choses, mais en refusant d'entrer dans un dialogue argumentaire contradictoire et/ou de préciser le sens ou des exemples détaillés de ce qu'on évoque (sauf bien sûr des truismes comme "tuer c'est mal" ou "Hitler sera jugé différemment de l'abbé Pierre"), tout en reprochant à son interlocuteur de n'être "pas ouvert", et à parfois même prendre prétexte de cette accusation péremptoire pour justifier son propre manque d'explications. Trop facile en effet d'être l'homme le plus ouvert du monde si la seule manière possible d'être ouvert consiste à être d'accord avec vous. Si quelqu'un a des choses à dire, qu'il les énonce et explique noir sur blanc par un site web, pour permettre à chacun d'en examiner librement la solidité des arguments !

- L'invocation des limites de la raison humaine pour dédaigner l'usage de celle-ci

- Le fait d'insister sur sa préoccupation dominante pour les "causes profondes" et autres "natures profondes" des choses et évènements, présentés comme supérieures aux approches "réductionnistes" ou "qui divisent" de la science et de ses causes intermédiaires.
Exemple d'un tel propos, lorsque quelqu'un entreprend de guérir quelqu'un d'autre par le "magnétisme". Sans vouloir ici discuter la possibilité d'un effet réel d'une telle entreprise, il serait très prétentieux de se présenter ce faisant comme dans le secret des choses alors même qu'on serait bien incapable de rendre compte, ni de ce qui serait réellement sous-jacent à l'action effectuée, ni de ce qui l'amène à la réalisation finale de l'objectif présenté (disparition des microbes, ou autres). Quelle absurdité n'est-il pas de prétendre maîtriser et comprendre les évènements effectifs en ne s'occupant pour cela que directement de leurs supposées "causes ultimes" tout en faisant une impasse grossière sur la compréhension scientifique des causes intermédiaires.
Autre exemple, présenter la timidité comme étant la "cause profonde" d'une situation de célibat. Voir développements ici
Ainsi, cette obsession verbale des "profondeurs" n'est le plus souvent que le masque de la plus grande superficialité qui refuse de s'assumer. Celui qui est réellement profond n'a pas de temps à perdre à invoquer à tout bout de champ des slogans de "profondeur" ou autres "harmonie" et "unité" pour se rassurer ou se faire mousser, mais se contente d'explorer ces profondeurs et harmonies qu'il aura su approcher. Ainsi la science (notamment la physique et les mathématiques) a réellement su explorer certaines profondeurs du réel, d'une profondeur et harmonie inégalées par quelque littérature que ce soit, et avec des résultats collectivement plus utiles (contrairement à la solitude quasi-égoïste de la quête spirituelle) et marqués par des avancées bien plus rapides que toutes les spiritualités qui les ont précédées, sans avoir besoin d'incanter religieusement les mots "profondeur" et "harmonie" pour cela : c'est la profondeur de la complexité du réel avec son harmonie cachée, qui est de fait hautement non-trivial. 

- Le fait de supposer systématiquement sans conteste possible que chacun est le seul responsable de son propre bonheur ou malheur (ceci afin de se déresponsabiliser vis-à-vis d'autrui).

- En particulier, l'idée qu'un célibataire désespéré pourtant aimable à la base aurait tort d'accuser la société pour son malheur, voire, qu'il aurait tort d'être malheureux, au prétexte que personne n'en serait responsable (ou encore: au prétexte que d'autres s'en sont sortis et sont heureux, ou encore, qu'il n'est pas le seul à avoir ce problème, comme quoi tout et son contraire sera toujours bon pour justifier ce qu'on veut); prétendre qu'une spiritualité plus haute l'amènerait à rencontrer son amour. En effet, c'est oublier que cette passivité de la société face à ce problème relève en définitive d'une déresponsabilisation systématique de celle-ci qui se donne bonne conscience en laissant concrètement les autres souffrir. De plus, une inspiration vraiment divine en matière de recherche de rencontre amoureuse devrait mener à trouver pour autrui l'adresse de son futur amour avant de trouver le sien propre: au nom de quoi prétendre que quelqu'un est en défaut d'inspiration transcendante pour trouver son amour et "n'à qu'à" rechercher cette inspiration transcendante, si on n'a pas soi-même la décence d'avoir assez d'inspiration transcendante pour trouver soi-même cette adresse pour lui ? Et si la stratégie de Rael lui a permis de conquérir de si nombreuses femmes, cela manifesterait-il à quel point ses vibrations sont en harmonie avec l'Univers ?

- Le fait de juger une opinion suivant le seul critère de sa (supposée) valeur intrinsèque en tant qu'opinion, sans égard aux questions de vérification de sa conformité au réel. Plus précisément, le fait de juger négativement une opinion ou celui qui la porte sans avoir de justes raisons (preuve ou quasi-preuve) ni de sa fausseté ni du fait que celui l'énonce n'a pas de juste raison (de quelque ordre que ce soit) d'y adhérer.
Exemples d'opinions ainsi souvent méprisées par principe a priori, en se croyant exempt du devoir de commencer par vérifier rigoureusement si par hasard elles ne seraient pas parfaitement véridiques:

Le problème en effet est que ce genre de jugement de valeur aboutit souvent en pratique à regarder comme une perversion ce qui n'est (parfois) qu'une pure connaissance de la vérité, et à obliger ceux qui portent cette connaissance à mentir à eux-mêmes en faisant semblant de ne pas le savoir (sans que moindrement un débat de fond rigoureux n'ait lieu sur la vérification des opinions contestées), et, lorsqu'un certain problème est en référence dans la discussion (en particulier le pessimisme en rapport à la situation), à lui faire porter la responsabilité de ce problème qu'une telle "guérison" de cette "perversion" est sensée résoudre, s'il n'est pas résolu. En particulier sur l'opinion "la société est responsable de mon malheur", lorsqu'elle est correcte: le contester n'a pour effet que d'écraser moralement une seconde fois la victime qu'on culpabilise de se savoir victime. Comme si, étant affamé, on se devait forcément d'être confiant et reconnaissant de la gentillesse de celui qui aurait la bonté de nous encourager à ne plus avoir faim, au nom de la remarque très judicieuse qu'il suffirait de n'avoir plus faim pour que les problèmes soient résolus (et que cet encouragement est la seule aide qu'il puisse apporter). Comme si la victime qui ose se plaindre était de ce fait plus reprochable que le bourreau-par-inadvertance qui lui a détruit la vie à coups de bonnes intentions mal placées. Lorsqu'ainsi le fait d'avoir découvert la vérité en général, ou en particulier le fait d'être victime et d'avoir la lucidité de le reconnaître, est regardé comme une perversion, la société n'est plus une civilisation.

L'omniprésence de ces tares dans le monde actuel

Ainsi j'ai été initier une conversation dans un forum Très Spirituel pour voir si face à des vraies questions subtiles et paradoxales touchant de près la réalité de la condition humaine, les gens Très Spirituels étaient capables de manifester autre chose que la fierté absolue de leur niaiserie incommensurable, leur dogmatisme aveugle et leur électroencéphalogramme plat. Comme je le soupçonnais, le résultat a été négatif.

Parmi les spiritualités ainsi plus ou moins caractérisées, se trouvent par exemple le Christianisme, le Bouddhisme (j'ai en effet lu et entendu quelques extraits de ses enseignements, et cela m'a suffit pour voir que cela était effectivement emprunt des erreurs idéologiques que je dénonce), généralement les mouvements religieux (j'ai par exemple visité le hare krishna...); le marxisme, le socialisme, l'altermondialisme et autres utopismes (bien que les travers de ceux-ci se configurent en grande partie autrement), l'esprit des Systèmes d'Échanges Locaux et autres "Time Money" qui refusent le principe des taux d'intérêts, et le post-modernisme et autres courants dominants de la philosophie.

 Mais il y plein d'autres gens spirituels, même parmi ceux qui ne suivent aucun texte sacré, aucune philosophie ni aucun mouvement religieux organisé ou délimité, et même parmi les athées. En fait, les gens spirituels constituent une majorité écrasante, dans tous les sens du terme.
Cependant, les gens spirituels trouvent toujours les moyens de nier leur caractère majoritaire pour entretenir leur explication des malheurs du monde par le manque de spiritualité qui y règne, grâce à leurs divisions en de nombreuses étiquettes ou tendances par lesquelles ils ont beau jeu de s'excommunier les uns les autres: chaque forme de spiritualité rejette chaque autre forme de spiritualité et en explique les échecs comme n'étant qu'une théorie, tandis qu'elle-même serait la pure expression de la réalité toute nue. Alors qu'en réalité c'est le contraire: les échecs des différentes spiritualités viennent du fait qu'elles ne sont pas dignes du nom de théories. En effet, la complexité du réel constituant une séparation incontournable entre l'observation directe des faits d'une part, leur signification et leur explication d'autre part, quiconque prétend qu'en général (toujours et pas seulement de façon exceptionnelle) les faits parlent d'eux-mêmes, ne fait que jouer au ventriloque avec eux, mais un travail théorique approfondi d'interprétation des faits serait indispensable pour en extraire la plupart de leurs significations intéressantes. Ainsi, retenez ceci : les faits adorent faire cocus ceux qui les aiment.

Certes, il y a bien sûr aussi heureusement, par-ci, par-là parmi les spiritualités, quelques bons chapitres d'enseignements comme par exemple l'amour de la nature dans le Bouddhisme, ou encore quelques individus étiquetés d'un courant habituellement spirituel qui se démarquent de tous ces travers : voici par exemple ce site d'un prêtre qui a le grand mérite de tenir des propos fortement résistants à la spiritualité ambiante.

Alors : à quoi bon se refuser à abréger l'expression "fausse spiritualité" en simplement "spiritualité" dès lors que cette expression s'avère un pléonasme, du fait qu'une "vraie spiritualité" n'a jamais existé ? Au nom de quoi devrait-on s'obliger à réserver le qualificatif de "vrai sens" d'un mot comme "spiritualité" à quelque chose qui n'existe pas ???
En effet :

Toutes les spiritualités maintiennent leurs adeptes dans l'ignorance d'un certain nombre de points essentiels aux sujets qu'elles prétendent enseigner

Voici la preuve que si une "vraie spiritualité" (au sens notamment d'une capacité d'inspiration effective moindrement subtile sur comment guérir le manque d'amour dans le monde) avait existé quelque part, ça se saurait (section "autres projets possibles" dont le contenu est généralisable à l'adresse de toute spiritualité).
Par ailleurs, trouvez-moi donc une spiritualité qui sache comparer correctement l'argent et l'amour; qui ait notamment fait aboutir sa compréhension profonde de la nature des aspirations et souffrances les plus intimes du coeur de l'homme par la reconnaissance de l'urgence humanitaire d'instaurer un système gratuit, universel et le plus performant possible d'annonces de rencontres amoureuses en ligne; qui sache discerner les origines du mal et comment y remédier, nettoyer l'esprit de l'homme de ses pensées réellement perverses (et non seulement faire semblant en ne s'occupant que de celles insignifiantes dont on se préoccupe d'habitude), qui cherche en priorité à répandre la vertu dans le coeur des ordinateurs, qui ne raconte pas de bêtises sur le destin, ne travaille pas à convertir les populations (pas même par inadvertance à d'autres choses qu'elle-même) mais à construire une civilisation en se gardant de tout utopisme mais en respectant la juste valeur de la main invisible. Et on en reparlera.

Ainsi les gens spirituels demeurent totalement inconscients du fait que ce qu'ils développent dans leur démarche est exactement le contraire de ce qu'ils imaginent. Comme disait Coluche: le con ne sait pas qu'il est con, parce qu'il est con.

Mais alors, si la spiritualité est nécessairement une imposture, que peut-on rechercher dans la vie qui puisse être authentique ?

Comme je disais précédemment, tout dépend des gens, de leurs besoins et de leurs capacités. Voici les principales idées qui me viennent, sans prétention d'exhaustivité:

- En matière de vérité il y a la science, la démarche scientifique et les diverses réflexions philosophiques ou autres rationnellement menées, comme celles des présentes pages.

- En matière de mission à accomplir sur cette terre il y a la protection de la nature avec sa biodiversité, le soutien à l'évolution positive de l'espèce humaine et la construction de la civilisation.
- En matière de développement du sens moral il y a l'apprentissage du sens des responsabilités et l'étude scientifique de toutes les relations de cause à effet qui permet de le construire, et on n'a pas trop de toute une vie pour l'apprendre, voire, des centaines de vies de recherche scientifique à cet égard seront bienvenus; sans oublier qu'une partie de la tâche est à automatiser et à opérer par des logiciels.

- En matière de foi en Dieu et d'espérance de la vie éternelle il y a la lecture de témoignages d'expériences de mort imminente.

- En matière de bonheur il y a l'amour et la vie de famille, et il a aussi, suivant les gens, d'autres choses pouvant contribuer à plus ou moins combler la vie humaine: les voyages dans la nature ou ailleurs, la musique, l'art, encore la science pour ceux qui peuvent la suivre...

- On peut chercher à trier et rassembler ce qu'il y a de positif dans les différentes religions et spiritualités existantes (dont notamment celle de Neale Donald Walsch). Par exemple du professionnalisme dans l'organisation des cultes (je pense à ceux d'églises évangéliques): certains aspects seraient à reprendre, à développer et à compléter en vue de porter enfin des fruits véritables. Ah si seulement on arrivait là-dedans à trier le bon grain de l'ivraie, si on arrivait à reprendre de qu'il y a de bien et à le débarrasser des erreurs idéologiques associées ! Cela est loin d'être simple, c'est toute une civilisation qui serait à inventer et à bâtir. Cela ne peut être l'oeuvre d'un seul homme. Ce travail d'élaboration à accomplir est vaste; raison de plus pour s'y atteler individuellement suivant ses moyens et son inspiration sans attendre nécessairement pour cela une nouvelle révélation du St Esprit (pour ceux du moins qui ne sont pas davantage appelés à une autre mission...). Il s'agirait d'un travail ouvert et multidisciplinaire, ouvrant de nouvelles possibilités et n'en fermant pas, permettant à chacun de s'épanouir et éventuellement de se spécialiser dans les questions et les activités qui l'intéressent et éventuellement y créer de nouveaux développements. En essayant aussi de ne pas perdre de vue l'idée d'une complémentarité organique entre les différentes spécialités pour s'enrichir les uns les autres.
Au lieu d'une Bible prétendument inspirée par Dieu, pour ceux qui ont besoin de lecture, on pourra faire des livres écrits humainement, déclarés comme tels et suivant des méthodologies rationnelles bien précisées. Des études ouvertes aux développements, emplissant des bibliothèques, structurées suivant des classifications efficaces pour les différents besoins.

Ainsi, il existe aux Etats-Unis une religion sans Dieu, nommée Ethical Culture. Développer ainsi les sympathiques pratiques sociales des religions, débarrassées des douteuses doctrines métaphysiques qui allaient avec, c'est bien. Ce serait encore mieux de débarrasser aussi leurs discours des erreurs doctrinales et méthodologiques traditionnelles des religions en matière de vie et de morale pratiques, à remplacer par des développements positifs véridiques. Bref, bien du travail reste à faire.

- Développer la philosophie, en essayant notamment de ne pas l'enfermer dans un carcan académique mais d'aboutir à des idées pouvant ouvrir à de nouveaux états d'esprit, projets et possibilités face à d'autres problèmes de la vie. Ceci passe notamment par des enquêtes et des études sur les difficultés des gens, les différents courants religieux ou autres et leur impact sur le bonheur des gens, leur évolution spirituelle et de leurs conceptions, leurs éventuels revirements, voire les causes de suicide; chercher à développer des méthodologies adaptées. (Exemple de petite étude intéressante)

- Continuer et soutenir les enquêtes sur les expériences de mort imminentes et autres expériences connexes. Ne pas proner ni diaboliser quelque expérience particulière que ce soit, laissant chaque individu libre de ses opinions et de sa recherche spirituelle personnelle et compilant quelque part ses résultats avec neutralité pour servir de matière objective à d'éventuels débats théologiques sur le bien-fondé ou le caractère bénéfique de telle ou telle approche. L'initiative de Iands-France de créer un "comité des expérienceurs" me semble intéressante (voir leur site pour les détails).

- Si vous aimez rencontrer des amis que vous connaissez déjà ou vous en faire de nouveaux le dimanche ou à quelque occasion que ce soit, chanter en choeur de beaux chants avec eux et se recueillir quelques instants en silence ou sur un fond de musique méditative dans de beaux monuments architecturaux ou pas, entendre de belles histoires et de bonnes leçons de vie, vous échanger de bons conseils et de bonnes résolutions, honneur à vous ! or je ne vois nullement ce que l'évangile ou quelque autre prétendue révélation divine que ce soit, devrait venir faire là-dedans. Ainsi, à l'usage des fans de chants religieux: reprendre les bonnes mélodies religieuses, les beaux chants, revoir leurs textes ou s'en inspirer pour en faire de nouveaux, dresser ainsi des répertoires de chants ne laissant passer aucune des idées fausses qui hantent les religions actuelle. A la place, y développer des idées plus sensées, susceptibles de porter de meilleurs fruits.

- Sans oublier bien sûr les oeuvres de charité (à aborder elles aussi suivant des méthodologies ouvertes aux études et développements; à moins qu'un bouleversement politique permette de traiter le problème autrement, sans plus avoir besoin pour cela de consommer de l'énergie religieuse).

- Et peut-être un jour il y aura une bonne méthode la moins dangereuse possible pour faire des voyages astraux et explorer un peu les mondes de l'au-delà, voire rencontrer Dieu, du genre aussi pratique et non idéologique que la prise de substances adéquates, des manières les moins risquées.

Il y a donc dans ce que je respecte profondément, une foultitude de choses qui peuvent suffire à combler la "soif de spiritualité" de la plupart des gens. Ne venez donc surtout pas me traiter de nihiliste.

Et là certains croiront peut-être que je me contredis, en mettant en avant les voies que je prône pour combler les soifs de spiritualité de l'homme, alors que je venais d'expliquer qu'il ne pouvait pas y avoir de spiritualité authentique. A cela je réponds que, non seulement cette approche est très différente voire parfois opposée aux spiritualités traditionnelles, mais il serait aussi impropre de prendre cela comme nouvelle définition d'une "spiritualité authentique" dans la mesure où il ne s'agit pas d'une quête ni d'un faisceau de quêtes qu'on puisse proprement regrouper sous la bannière d'une expression commune, mais d'une diversité de quêtes n'ayant rien à voir entre elles qui exigent donc de se désigner par des noms différents, et plus spécifiques que ce vague fourre-tout pompeux qu'est le nom de "spiritualité".


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