Pensées
perverses
Attention à la lecture de ce texte !
Vous risquez d'être choqués !
(mais pas forcément de
la manière à laquelle vous vous attendez)
L'homme est-il pervers par nature ?
Dans d'autres textes
philosophiques sur ce site, j'ai exprimé ma conception
suivant laquelle, en gros et en opposition à la doctrine
chrétienne à ce sujet, l'homme serait plutôt
foncièrement bon. Pourtant, de même que pour toute
question philosophique, il ne serait pas correct de se baser sur une
opinion a priori, car la confrontation à l'observation est
nécessaire. Comme pour toute démarche d'observation, il
est nécessaire de prendre en compte toutes les observations en
rapport avec la question, quelle qu'en soit la tendance. Ici et
contrairement aux propos tenus ailleurs donc, je récolterai un
certain nombre d'observations ayant en commun la
propriété de tendre à montrer que l'homme serait
foncièrement mauvais. Je les récolterai entre autres de
mon expérience personnelle, mais bien sûr si vous avez des
idées intéressantes d'autres exemples vous pouvez
toujours me
les transmettre, et éventuellement je les ajouterai ici.
Avant de commencer, je rappellerai encore la distinction à faire
entre deux sortes de maux pouvant venir de l'homme.
D'une part, il y a les maux commis par l'homme par bonté
d'âme. Ils viennent du fait que l'homme juge bonnes des choses
qui sont en réalité mauvaises, mais son jugement est bon
en lui-même dans la mesure où il juge ces choses bonnes
conformément au fait qu'elles sont effectivement bonnes dans le
cadre du la vision du monde (illusoire) à portée de son
entendement. Cette source de maux peut être d'une
portée considérable, et avoir des causes multiples: un
manque de réflexion face à des problèmes trop
complexes, une information incomplète. L'avantage de ce genre de
maux est qu'il serait remédiable, à la seule condition de
travailler à découvrir et faire connaître une
vision du monde plus exacte, ou de mettre au point des logiciels
demandant essentiellement aux gens "Que voulez-vous vraiment ?" pour en
tirer les conséquences à longue portée invisibles
à vue d'oeil.
Nous n'allons pas développer cela ici, mais examiner l'autre
type de maux commis par l'homme, ceux qui ne sont pas explicables comme
étant de bonnes actions dans le cadre d'une vision imparfaite du
monde, qu'il serait trop
difficile à compléter en accord avec le réel. Mais
qui proviennent d'une certaine tendance intrinsèque de l'homme
à
regarder comme bons et ainsi à cautionner et maintenir en
vigueur, des
actes ou des situations dont le caractère maléfique est
(ou devrait
être) manifeste, même dans le cadre d'une vision minimale
du monde qui est ou devrait être à portée de tous
avec un minimum d'effort ou de
bon sens, à moins bien sûr d'être vraiment
très idiot
(quoique, c'est peut-être ça le truc: que les gens
seraient vraiment très idiots).
Autrement dit, de ce qu'il convient d'appeler la perversité
intrinsèque de la nature humaine, sa tendance naturelle à
engendrer des pensées immorales: des
pensées qui consistent sans excuse valable à regarder
comme bonnes pour se sentir bien en son âme, des choses qui sont
manifestement mauvaises. Ce sont ces
pensées qui cautionnent le mal, et qui donc le font perdurer, et
qui contrairement au cas précédent, ne seraient pas
facilement remédiables "politiquement" par une oeuvre de
correction des visions du monde que l'homme se fait.
Cette étude consistera en une liste d'exemples commentés,
sans aucune prétention d'exhaustivité.
Attention: la visite du musée des horreurs de la
perversité humaine va maintenant commencer.
Un grand ensemble d'exemples développés dans un autre
texte
Voir ici mon exposé de quelques
caractéristiques indispensables d'une société
humaine pour être dignes du nom de
civilisation.
Les tendances que l'homme peut avoir à appeler "civilisation"
une société qui ne possèderait pas ces
caractéristiques indispensables, constituent (pour chacune de
ces caractéristiques)
de grands exemples de perversités de la nature humaine.
Perversités éducatives
La pensée suivant laquelle il serait acceptable d'utiliser une
part de l'argent volé aux malheureux contribuables, pour
entreprendre d'aller torturer la jeunesse
séquestrée de la République à coups
d'obligations d'avaler d'immondes torchons tels que L'Assommoir d'Emile Zola, Madame Bovary de Flaubert ou Les Robots d'Isaac Asimov,
voilà un bon gros exemple de pensée perverse.
Bien sûr, est aussi perverse la tendance d'un grand nombre
d'adolescents à se moquer et persécuter leurs petits
camarades: le fait d'aimer pour lui-même le malheur de l'autre.
Bon, tant qu'ils ne font ainsi qu'échanger des moqueries avec
d'autres moqueurs comme eux et regardent cela comme un jeu qu'ils
choisissent délibérément, après tout libre
à eux, c'est leur choix. Ce qui est grave donc, c'est la
tendance qu'ils peuvent avoir à viser ainsi des camarades qui
par contre n'agissent pas de même mais qui souffrent
énormément de le subir.
Mais ce qu'il y a de spécial avec cette
perversité-là, c'est qu'en elle-même elle n'aurait
aucun pouvoir, si ce pouvoir ne lui était conféré
par des adultes, qui ne sont pourtant pas précisément
animés de la même perversité. Mais l'entreprise de
ces derniers, d'instaurer délibérément un contexte
qui offre inexorablement à cette perversité
juvénile ses pleines occasions d'actions, n'en est pas moins une
forme de perversité à part entière: la
perversité qui consiste à appeler "socialisation" l'acte
de regroupement autoritaire en vrac, pour une grande part de leur temps
de vie, de tous les adolescents indépendamment de leurs
tempéraments respectifs, et qui institutionnalise ainsi cette
grande horreur des persécutions opérées par des
adolescents sans vergogne sur d'autres plus fragiles.
Perverse est l'idée d'appeler "apprentissage de la vie en
société" le fait d'enfermer les jeunes dans des
collèges et lycées, à subir un traitement
consistant à les y obliger à rester assis toute leur
jeunesse environ 6 heures par jour aux côtés de toujours
le même groupe d'élèves arbitrairement fixé,
à rester obnubilés à écouter tous les
mêmes cours répétés par le prof (sans
égard aux différences de compréhensions entre
élèves) et à gratter du papier; entrecoupé
d'intervalles à être tous lâchés à se
défouler les uns sur les autres de la tension ainsi
créée, comme des fauves dans une arêne, avec le
même plus grand groupe pendant le quart d'heure de
récré.
Pervers encore est le fait de trouver normal de faire financer par les
contribuables des filières d'études supérieures
sans débouchés professionnels.
Perverse est l'attitude qui consiste à mener, sous les meilleurs
prétextes du monde, une forte et inébranlable pression
psychologique (sans tolérer la moindre contradiction) sur les
quelques jeunes (à partir du
lycée...) manifestant leur vocation et leur don pour la
recherche en mathématiques ou physique théorique mais se
sentant mal à l'aise dans le système scolaire, pour les
obliger à laisser de côté leurs réflexions
libres et autonomes sur les sciences pour s'investir pleinement dans le
cursus scolaire, universitaire, de classes préparatoires
scientifiques et tout ce qui suit, conformément à une
lutte guerrière totale des années de leur jeunesse, qui
vise
uniquement pour ces jeunes à décrocher examen sur examen,
concours sur concours contre la résistance des institutions
officielles (sans même moindrement critiquer la politique de
celles-ci), et visant uniquement à la fin à leur faire
conquérir au bout de maintes années de ce calvaire
absurde,
le droit de se faire payer par l'Etat pour enfin avoir l'autorisation
de poursuivre leurs
recherches tant rêvées; au mépris du fait que cette
réalisation du
rêve trophée de tant d'années d'absurde calvaire
était là naturellement au départ et
qu'elle n'avait au contraire besoin que du droit de vivre et de
respirer
dans le respect de la part de l'entourage pour s'épanouir
pleinement; et que, cotisation publique pour cotisation publique, il
aurait été infiniment plus sain et décent de la
part des proches et professeurs témoins des dons et motivations
réels
de ce jeune pour la science, s'ils voulaient vraiment être
animés de bonnes intentions envers lui, de se cotiser
volontairement (en appelant publiquement pour cela aussi loin qu'il le
faudra, aux contributions financières d'autres
personnes), pour fournir à ce jeune les moyens financiers de
vivre sa vie en paix de manière financièrement modeste
mais intellectuellement riche conformément à ses
aspirations, et apporter ainsi pleinement au monde le maximum de fruits
de son travail, en échappant à cet incommensurable
gaspillage moral et intellectuel, personnel et collectif, sans
contrepartie, que l'asservissement convenu de ce jeune aux institutions
scolaires et d'enseignement supérieur auraient constitué.
Perversités philosophiques
Perverse est l'attitude qui consiste à
chanter les louanges
à la main de Dieu représentée par l'action du
Destin, en invitant chacun à s'en remettre avec confiance
à ce même Destin, au nom de tels ou tels exemples de vies
que le destin a comblées de bonheur et d'amour. Car cette
louange constitue intrinsèquement un mépris envers le
fait qu'il arrive aussi
bien à ce même Destin frappant suivant le hasard que lui
laisse la dévote passivité des hommes à son
égard, de torturer cruellement toute leur vie dans divers
malheurs
d'autres personnes qui n'ont nullement mérité un tel
sort. Car la louange à Dieu vu comme auteur du destin,
constitue une injure cruelle envers les victimes de ce même
destin; et
l'encouragement à s'en remettre passivement à l'action du
destin au lieu de chercher à le dompter par exemple par des
moyens organisationnels (genre invitation des célibataires sur
des plateaux de télé...) ou informatiques (annonces de
rencontres en ligne), constitue une participation tacite à son
action cruelle.
Pervers est le fait de supporter sans être profondément
scandalisé, le constat de cette incommensurable injustice du
sort dans laquelle certains adolescents, sérieux, sensibles,
doux et beaux, restent privés d'une relation amoureuse dont ils
auraient un profond besoin, par un effet purement circonstanciel, de
manque de rencontre de partenaire à leur goût,
d'occupation, de timidité ou de manque d'occasion de se
déclarer leur flamme, tandis que d'autres, au même
âge, dévergondés voire machos, se trouvent en
bénéficier largement.
Perverse est l'idée de trouver
décemment acceptable de laisser passivement les
célibataires qui ne parviennent pas à faire des
rencontres par les moyens "traditionnels", aller se faire abuser, et
mener comme du bêtail sur
les plans du temps et de l'argent dépensés, par tous ces
réseaux d'agences matrimoniales et de sites de rencontres,
organisés par des hommes d'affaires sans scrupules, à
l'efficacité toute relative comparativement au possible;
démentiellement pervers est le fait de ne pas reconnaître
comme une urgence humanitaire et une exigence de la plus
élémentaire morale, de se
lever pour aller organiser et offrir les stuctures sociales et
informatiques les moins onéreuses et les plus faciles
d'accès et performantes possibles, d'assistance à la
rencontre
amoureuse, car même une poignée de personnes bien
avisées pourrait assez
facilement mener une ainsi oeuvre bienfaitrice équivalente au
salut de
milliers voire millions de vies. Ainsi perverse est la tendance
à dédaigner ces malheureux célibataires victimes
d'un cruel destin comme s'ils étaient pleinement responsables de
leur sort, en tort de ne pas bien penser, ou, au seul vu de ce malheur
dont ils sont victimes, de n'être pas convenablement des
personnes dites "sociales" conformément aux canons officiels de la normalité.
Pervers est l'attitude d'acceptation, comme une chose décente,
du blocage actuellement pratiqué de
l'accès aux sites de rencontres dans les réseaux
informatiques universitaires, dans la mesure où ces derniers
constituent en pratique le seul accès au web de nombre
d'étudiants.
Encore une autre perversité consiste, en face de quelqu'un qui
est malheureux (par exemple à cause du célibat), à
prendre systématiquement sans
conteste possible de ce fait une sorte de rôle de
professeur à son égard (sur le mode "je vais bien, tu vas
mal et nos points de vue sont différents donc tu as un problème, ton
point de vue est en tort et tu as besoin d'adopter le mien") en lui
expliquant qu'il est le seul auteur de son propre malheur, expression
du fait qu'il pense mal, se débrouille mal, qu'il commet une
erreur de pessimisme ou quelque erreur de ce style.
Alors le conseiller va exiger à la suite de ces "bons conseils"
et de ces "bonnes explications" confiance et adhésion sans
conteste à la leçon prodiguée, comme
nécessaire remerciement pour sa gentillesse de l'avoir
prodiguée. Si l'autre ne s'y plie pas, il sera vu comme un
vilain ingrat aveugle à l'infinie bonté des intentions du
conseiller à son égard, et du coup méritera
pleinement l'échec de cette aide. Mais, suivant les cas, il se
peut que cette "leçon" ne corresponde pas à la
réalité, et que celui à qui elle s'adresse avait
en réalité raison, de sorte que l'évidence qu'il a
en lui d'avoir raison ne lui permet pas au fond de lui d'adhérer
aux erreurs prodiguées par le conseiller. Mais s'il ne sait pas
se défendre en paroles voire éventuellement même
envers lui-même, cela aura pour effet de doubler son malheur d'un
écrasement moral sous un
sentiment de culpabilité à ne pas "bien penser". Une
telle démarche de tyrannisme idéologique pratiqué
pour se donner bonne conscience sous des augures de "conseil
charitable" en voulant voir le problème de l'autre comme
étant "dans sa tête" et ainsi se dispenser d'entreprendre
une aide plus concrète, voilà donc un bon gros exemple de
perversité humaine.
Dans la même circonstance, perverse est l'exhortation qui
s'énonce en des termes tels que "Crois-tu que tu es le seul
à souffrir ainsi, et qu'il n'y a pas plus malheureux que toi ?",
du genre à attendre de celui qui entend cette remarque, qu'il se
réjouisse d'une joie sadique consistant à rassasier son
âme de la pensée du malheur de plus malheureux que lui en
guise de consolation; et à appaiser l'esprit de celui qui
prodigue cette remarque, suivant la pensée de Staline: "Un mort
c'est une tragédie; un million de morts c'est une statistique".
Pervers est le réflexe qui consiste, devant quelqu'un qui
évoquerait l'idée de se suicider, de simplement lui dire
"il ne faut pas faire cela" d'une manière à le mettre
(même involontairement) en tort d'évoquer ou de faire
cela; et d'affirmer comme un dogme que la vie vaut toujours la peine
d'être vécue. En effet, un tel réflexe a pour effet
inévitable (même s'il est involontaire) de couper le
dialogue, et d'enfermer le malheureux dans le silence et la solitude de
sa décision, jusqu'à ce qu'éventuellement il
l'exécute, faute d'avoir véritablement fait l'effort de
le comprendre et de rechercher des solutions. En effet,
considérer dogmatiquement que la vie vaut forcément la
peine d'être vécue, et que celui qui pense le contraire
serait forcément en train de se tromper, a d'abord pour effet
logiquement inéluctable, qu'on le veuille ou non, de
mépriser l'opinion et l'expérience de celui-ci et ainsi
de le rabaisser encore plus dans son malheur, par le fait de le "faire
passer pour un idiot", surtout s'il a réellement d'excellentes
raisons de considérer sa vie comme ne valant pas la peine
d'être vécue. Ensuite, la pente natuellement
inéluctable de la supericialisation des discussions face
à l'incapacité de ce supposé tort à
s'ancrer et s'attaquer à la réalité profonde du
malheur à l'origine de cette considération, aboutira
à rejetter ce tort sur le seul fait d'en parler. Ce qu'il
faudrait faire au contraire, c'est de chercher sans a prioris à
écouter le témoignage du malheureux avec un esprit
d'ouverture, en essayant de comprendre les causes de son
problème, pour voir s'il n'y aurait pas quelque chose que la
société pourrait faire ou changer afin de mieux lui
garantir une vie qui en vaille la peine.
Ou, sans aller jusqu'au cas des tentations de suicide,
déjà est perverse l'attitude d'optimisme béa
consistant à fermer les yeux sur le malheur de l'autre pour se
donner bonne conscience en donnant tort à l'autre si ses
plaintes s'avéraient réelles. Ainsi de considérer
par exemple comme rien la souffrance du célibat de l'autre, en
lui disant simplement "Il n'y a pas de problème car tu es jeune
et tu trouveras" sans même s'engager formellement à le
dédommager à hauteur d'au moins 30 000 euros après
10 ans pour le préjudice moral de cette fausse promesse et les
catastrophes dues à la négligence collective qui aura pu
en résulter, si jamais ce pronostic prétendument
sûr s'avérait inexact.
Perversité politique
Perverse est l'idée d'appeler "solidarité
intergénérationnelle" cette monstrueuse arnaque
perpétrée par la génération
précédente envers la génération suivante,
consistant à faire croire à cette dernière
qu'en distributant à la génération des actuels
retraités une pension que celle-ci n'avait pas
épargnée, cela lui donnera droit "en échange"
à prélever le montant de sa propre retraite à la
génération qui suivra.
Sans compter tous
les autres préjudices
sociaux qui en résultent.
Conclusion
Ce tour d'horizon des immoralités qui dominent le comportement
d'une si grande partie de la population, semble étrangement
confirmer l'affirmation biblique suivant laquelle l'homme
serait de
nature gravement et profondément perverse, et que cette
perversité humaine
serait lourdement responsable d'une grande partie du malheur qui
sévit sur terre.
Avec toutefois une remarque étrange à y ajouter: si le
christianisme avait raison de dénoncer la nature
profondément et radicalement pécheresse de la nature
humaine, il est par contre demeuré lourdement incapable de
discerner et de dénoncer explicitement les exemples concrets les
plus graves et largement répandus de ces tares humaines.
On voit dès lors la profonde hypocrisie de cette
prétention traditionnelle du christianisme à se
présenter comme lui-même en rempart professionnel contre
cette nature pécheresse, au nom de sa traditionnelle incantation
abstraite de la dénonciation du péché et
d'invitation à un mouvement de repentance
spirituelle, qui ne l'ont jamais amené à pouvoir ne
serait-ce que discerner les occurences effectives du mal.
Retour
au sommaire
Philosophie morale