Philosophie morale: les origines du mal, et comment y remédier

Introduction

La morale résumée en 2 commandements

1) Tu protègeras ton environnement naturel et ses espèces menacées inoffensives par tous les moyens.
2) Tu respecteras et serviras les intérêts d'autrui comme les tiens.

Le sens moral

Je considère de mon devoir de faire le bien et d'éviter le mal, non pour être vertueux, mais parce que c'est une trivialité. Je le fais, parce que je sais simplement que je dois le faire, même si je ne peux pas vraiment expliquer pourquoi (ou plutôt si, d'une certaine manière: voir plus bas). Je le fais parce que cela fait partie de moi.
Il semblerait qu'il y ait des gens qui ne font pas ainsi, pour qui cela ne va pas de soi. Encore que, il faut se méfier des apparences. Peut-être manquent-ils simplement de discernement sur ce qui est bien ou mal. S'ils n'ont pas de sens moral, ou s'ils se comportent contrairement à ce sens, je reconnais qu'il leur manque quelque chose; que tout ne sera pas forcément rose pour eux dans l'au-delà. Mais comme je ne suis pas à leur place, je ne peux pas juger de la responsabilité de leur âme.
Certes, pour la bonne organisation de la société il est nécessaire d'accuser ceux qui font le mal et les condamner, pour les deux raisons classiques : la dissuasion, et l'empêchement physiquement du mal d'une part; pour tenter de réveiller et guider le sens moral des gens, afin qu'ils prennent conscience des règles de morale d'autre part.
Mais ces deux raisons, telles qu'elles sont ici, perdraient leur sens comme punition ou récompense après la mort, surtout si leur impact était éternel. Certes, l'idée d'une récompense et d'une justice divine semble avoir un sens et être défendable, d'un certain point de vue du moins; mais le sens d'une telle justice divine, s'il existe, nous échappe, car nous ne sommes pas dans la peau les uns des autres. L'idée d'un châtiment éternel est absurde: il n'aurait aucune valeur éducative, car qui éduquerait-il ? Il ne peut éduquer que s'il y a une seconde chance, donc s'il n'est pas éternel; et un malheur éternel serait disproportionné face à une faute limitée. De toute façon, ce n'est pas mon problème. Je fais le bien parce que je sais que je dois le faire, et que je ne peux pas faire comme si je ne le savais pas. La question de savoir quel sort Dieu réservera à ceux qui ne font pas ainsi et pourquoi, ne me regarde pas.

Les saints

Qu'est-ce que les saints ont de plus que les autres ? Une vertu extraordinaire, par exemple. Pour quoi faire ? Pour faire le bien ? Eventuellement, mais suivant quels critères ? Regardons un passage des évangiles sur ce point: l'histoire de la pauvre veuve, qui n'offre que quelques piécettes, qui valent "beaucoup plus" que les fortunes données par les riches, car c'est "tout ce qu'elle avait pour vivre". C'est bien beau, mais côté utilité des dons, celle des riches pèse beaucoup plus; l'exploit moral accompli par la pauvre veuve ne sert qu'à la sanctifier devant Dieu. Pour quoi faire donc ? Les saints sont pour moi des sortes d'athlètes, qui vont à bout des possibilités de l'homme sur un certain plan; c'est bô pour ceux qui en sont fans mais ces exploits ne servent essentiellement qu'à eux-mêmes, et éventuellement à faire rêver le reste de l'humanité en extase devant eux.
Je n'ai pas besoin d'être cette sorte d'athlète, car je n'ai pas que cela à faire dans la vie, non seulement pour moi-même, mais aussi et surtout, précisément j'ai même bien mieux que cela à faire pour le bien d'autrui.
S'il s'agit de faire le bien, plutôt que de se tuer à donner tout ce qu'on a pour vivre et ainsi se paralyser et se rendre du coup désormais incapable d'être significativement utile aux autres, il vaut mieux par exemple, si on en a la possibilité, l'investir dans les affaires (honnêtes), faire du profit avec, puis faire don d'une partie des bénéfices qui pourra être supérieure à ce qu'on aurait donné au départ, et vivre confortablement avec le reste. Ou bien on peut aussi prêter aux pauvres pour leur permettre de monter leur activité, puis ils rembourseront et on pourra avec cela en aider d'autres. Ce sera plus utile à l'humanité, sans avoir besoin de se surpasser.

La morale

La morale n'est principalement pas une vertu dans le coeur de l'homme, ni un don de Dieu. Mais ce serait que la souffrance cesse, et que le bonheur se répande. De tels évènements peuvent dépendre des actions des hommes. Les actions des hommes peuvent dépendre des valeurs morales qui sont en eux. Mais ce ne sont là que des facteurs parmi d'autres. L'effet des actions des hommes sur l'humanité n'est pas la somme des actions des individus, car l'humanité est une organisation complexe avec une division du travail, et des rôles très différents assignés aux différents individus. Les technologies disponibles jouent aussi un rôle considérable, et être ainsi qualifiées de vertueuses, ou parfois vicieuses suivant les cas. Les actions des hommes sont bien moins guidées par leurs valeurs morales que par ce que l'organisation sociale les amène à faire. Là-dedans, les valeurs morales ne sont qu'un petit instrument parmi d'autres.
Je pense que ce n'est pas dégrader le sens de la conscience morale humaine que de la réduire au rang de moyen au service d'une fin qui lui est extérieure, bien au contraire. C'est lui donner son véritable sens. C'est l'obliger à ne pas tourner dans le vide comme un exercice de style enfermé sur soi-même, mais à s'enrichir d'une connaissance de la réalité. C'est aussi l'animer d'un véritable espoir, c'est-à-dire un espoir qui soit connaissance et perspective d'un nouveau monde à construire, libéré au moins en partie des souffrances actuelles, et non sentiment et auto-persuasion.
Ainsi, le but de la morale n'est pas d'avoir bonne conscience, dans l'ignorance de ce qu'on aurait pu faire de mieux, mais c'est de chercher à faire réellement ce qui est le mieux, en prenant connaissance de ce qu'on pourrait faire et de comment faire pour être le plus efficace. Pour ainsi sortir de l'endormissement de la conscience et découvrir ce qu'on pourrait faire de mieux, il ne s'agit pas de faire un "examen de conscience", mais au contraire de ranger notre conscience au placard et d'examiner ce qui est encore hors de notre conscience, à savoir la réalite du bien et du mal qui se produit pour les autres et ce dont cela dépend, évènements et facteurs circonstanciels qui ne dépendent pas de ce que nous en pensons, de la conscience ou des sentiments que nous avons à leur égard.

Les paradoxes de la morale

Une question morale fondamentale

Choisir entre l'humilité de laisser le monde périr, et l'orgueil de le sauver. En effet, on ne peut pas avec succès courir 2 lièvres à la fois: purifier au maximum son âme, ou bien se rendre le plus utile possible à autrui.

La subtilité fondamentale du problème de la morale

Considérons l'énoncé suivant: "Le bien et le mal sont le fruit des actions de l'homme; le bien est le fruit des bonnes actions, et le mal est le fruit des mauvaises actions".
Cet énoncé est profondément ambigu, et suivant la manière dont on l'interprète, peut être soit très vrai, soit très faux.
Tout dépend comment on définit la notion de "bonne action". En effet, chacun a tendance à l'interpréter suivant la conformité à son propre code de conduite, seulement les codes de conduite varient largement d'un individu à l'autre. Beaucoup définissent le code de conduite à suivre en termes de conformité à sa conscience, de la bonté des intentions qui animent une action donnée. Seulement un tel critère est souvent tautologique et relatif, chacun menant ses actions suivant sa conscience propre. Qui agit suivant de bonnes intentions à ses propres yeux pourra être jugé comme ayant de mauvaises intentions par quelqu'un d'autre, qui est tenté de juger la conscience de celui-là d'après la conformité de ses actes à sa conscience à lui, sorte de code de conduite implicite. Chacun agissant différemment d'une manière qu'il croit la meilleure, a naturellement tendance à croire que les actions des autres, lorsqu'elles sont différentes, seraient animées de mauvaises intentions.
Chacun vit sur la base de son propre code de conduite implicite en ayant tendance à croire que "naturellement", tout comportement conforme à ce code tendra à entraîner de bonnes conséquences, et tout comportement qui en dévie aura tendance à en entraîner de mauvaises, en ayant son idée de ce qui entraîne cela, mais sans chercher à l'étudier sérieusement. Bien des gens se contentent de croire que leurs propres actions sont nécessairement bonnes et auront de bonnes conséquences, sur la base du fait qu'elles sont animées de bonnes intentions et/ou conformes à son propre code de conduite; et que telles ou telles actions des autres étaient animées de mauvaises intentions, sur la base du fait que leurs conséquences se sont avérées mauvaises et/ou que ces actions ne sont pas conformes à ce même code de conduite; sans se donner la peine de chercher à savoir si par hasard tout cela ne serait pas finalement du pareil au même, jugé de manière inique par l'emploi de critères différents.

Ma vision des choses est aux antipodes de ces tendances-là. Je considère l'énoncé plus haut comme étant finalement vrai, mais en un sens très différent, voire opposé, de celui qu'on lui donne habituellement. Je considère en effet que la notion de bonne ou mauvaise action n'est pas une notion première qui ait une signification en elle-même, au seul vu de cette action, et de l'esprit (intentions et philosophie) de celui qui l'a faite. La seule chose qui a un sens et une valeur en elle-même, c'est la réalité des conséquences qu'aura finalement chaque action donnée.
La vraie morale ne consiste pas à suivre sa conscience et à être animé de bonnes intentions, mais à faire l'effort de redéfinir la qualification des actions comme bonnes ou mauvaises, en fonction du seul critère de l'analyse de ses conséquences objectives, sans égard à toute question d'évaluation de la nature de l'âme et des intentions qui ont animé les actions visées, laquelle question étant bannie comme vaine et hors-sujet dès le départ, n'aura donc nullement à être affectée non plus par cette requalification des actions a posteriori.

Je revendique donc une morale bassement matérialiste, qui se moque éperdument et rejette comme creuse et vaine toute question de jugement du fond de l'âme des gens, et ne s'intéresse qu'au problème du calcul des conséquences matérielles d'actes donnés, pour en tirer les seules vraies conclusions authentiquement morales, portant sur les seules vraies valeurs morales qui puissent exister, à savoir ayant pour unique vrai objet l'exactitude de ce calcul lui-même dans toute sa complexité, de ces liens d'enchaînement de causes et d'effets et donc de la mesure de la valeur (bonheur ou malheur) des conséquences réelles d'actes donnés; toutes questions de jugements des acteurs qu'on pourrait envisager par ailleurs étant à rejeter comme perverses, souvent injustement calomnieuses envers les personnes dont le comportement serait non conforme aux critères ou aboutirait à des conséquences malheureuses, et dangereuses par leur risque de détourner notre attention du véritable objectif moral que nous devons suivre, à savoir l'objectif d'utilité sociale, comme il vient d'être expliqué: l'évaluation et l'amélioration d'un phénomène physique extérieur (la facilitation du bonheur collectif), de nature très différente de quelque problème de jugement de personnes que ce soit (même si une interaction entre les deux est possible).
Ainsi, ce ne sont pas principalement les âmes qu'il convient de juger comme morales ou immorales, mais les choses, en tant que facteurs dont dépendent les évènements heureux ou malheureux. Parmi ces choses il y a les doctrines qui peuvent habiter les pensées et par là contrôler les actes des uns et des autres tels des systèmes d'exploitation dans les ordinateurs: certaines doctrines sont bonnes, d'autres mauvaises, sans que la personne qui les porte n'en soit forcément responsable.

Sur la nature du mal qui est en l'homme

L'homme commet souvent le mal, mais ce n'est pas qu'il soit mauvais en lui-même. Ou certes, il peut aussi exister des hommes qui sont mauvais en eux-mêmes, mais il serait stérile de rejeter sur eux les problèmes en les accusant ou en leur faisant des leçons de morale, comme nous venons de le dire. En réalité problème du mal venant des hommes mauvais est un problème accessoire, en plus d'être bien peu remédiable quoi qu'on en dise. L'homme commet beaucoup plus de mal que l'état de son immoralité, et à niveau de moralité inchangé, il pourrait en commettre au contraire beaucoup moins que son immoralité, mais au contraire accomplir le bien.
En réalité la plus grande partie du mal commis par l'homme, est un mal commis par les hommes bons. C'est un mal commis par bonté d'âme. Et ce mal commis par les hommes bons est un mal d'autant plus pervers qu'il est commis par bonté d'âme. En effet, cette bonté sert d'excuse et de justification et donc de puissance à ce mal, par la puissance de cette bonté à disqualifier et condamner comme un mal toute résistance à son action.

Et pourquoi les hommes bons commettent-ils le mal par bonté d'âme ? Parce que c'est la meilleure manière, établie par l'expérience, qui leur permette d'avoir bonne conscience. En effet, voulant et croyant faire le bien, ils commettent le mal parce qu'ils n'ont pas eu l'occasion de comprendre que c'est le mal, mais ils croient qu'ils font le bien. Cela est une manifestation de la dictature du hasard déjà présentée dans le texte sur la liberté: le problème de la dissociation entre un acte et ses conséquences, le problème de la causalité reliant l'acte à ses conséquences étant un problème complexe sur lequel l'homme peut facilement se faire des idées fausses. En effet, si tout le monde peut être plus ou moins d'accord et voir juste sur la mesure du mal en tant que conséquence finale (bonheur ou malheur), par contre le fait de savoir relier ces effets à leurs causes et à la question de leurs éventuels remèdes est un tout autre problème. Et il est beaucoup plus facile à ce sujet de se faire des idées fausses que des idées justes. Or, certains schémas d'idées fausses étant beaucoup plus efficaces que la vérité à donner l'impression aux gens de bien se comporter, et toute tentative de chercher de meilleurs critères de discernement étant illusoire (car les menant le plus souvent aux désillusions et à des sentiments d'échec dans leur quête du bien, son éventuel succès étant hors de la portée de la plupart des gens), cela amène fatalement les gens à considérer ces schémas d'idées fausses comme étant les meilleurs et les plus vertueux.

Enfin, pas complètement tous: il y a des gens qui ont eu la chance de comprendre qu'ils ne doivent pas faire le mal que les autres font en voulant faire le bien. Ou plutôt, la malchance: parce que, comprenant cela, il leur est beaucoup plus difficile d'exercer leur vertu, puisqu'ils n'ont plus la chance d'exercer leur vertu sous la forme de l'exercice du faux bien, que les autres ont la chance de pouvoir faire au nom du bien.

Et cette malchance, de comprendre une plus grande part de vérité, fait d'eux des êtres moins bons que les autres, parce qu'ils ont la malchance de devoir ainsi confronter à chaque fois leurs actes à la réalité et à la cruauté du destin, au lieu de simplement exercer leur vertu dans le monde féérique de leurs illusions. La connaissance de la réalité et de sa difficulté les oblige à étudier et confronter encore et toujours la question de leurs actes à la réalité, et donc de développer pour cela autre chose que la vertu et la bonté d'âme.

Mais au fond il n'y a pas vraiment de différence de nature entre les deux: ils sont aussi bons les uns que les autres, et la différence, c'est que les uns vivent dans l'univers de leurs illusions féériques, et les autres vivent dans l'univers de la réalité. Et il est toujours possible de basculer d'un univers à l'autre, non pas parce qu'on est plus ou moins bon, mais par accident, en fonction des circonstances, de l'intelligence et des réflexions. Personne n'est hypocrite dans l'âme. L'hypocrisie et la perversité ne sont pas des natures mais des comportements. Le comportement de l'homme est le résultat final de ce qu'a produit l'énergie de sa bonne volonté organisée suivant ses schémas de pensée. Si ses schémas sont faux, la bonne volonté de l'homme n'est pas responsable des effets réels de son comportement, mais aboutit à le faire se comporter d'une manière perverse qui ne lui ressemble pas.

Ne croyez pas que ce soit là une chose rare: une longue expérience, analyse et réflexion, m'a amené à conclure que ce problème est ce qui véritablement domine le monde et le comportement de la plupart des gens.
La religion en est un exemple. La création de l'Union Soviétique en est un autre. J'en ai écrit divers exemples dans les autres textes ici, et je continuerai à le faire.

Quoique... j'ai parfois aussi d'excellentes raisons de douter que la plupart des hommes soient fondamentalement bons mais seulement trompés, c'est-à-dire dont les pensées, paroles et actes mauvais puissent être excusés par le fait qu'ils seraient par contre bons et justes relativement au monde tel qu'ils se l'imaginent. Car ces mêmes gens, qui manifestent clairement leur bonté et leur sincérité intrinsèque, sont extrêmement nombreux à maintenir fermement des pensées nettement immorales et perverses en elles-mêmes, c'est-à-dire qui ne sauraient être bonnes dans aucun monde concevable. La doctrine du péché originel (je veux dire la doctrine suivant laquelle l'homme est foncièrement mauvais) serait-elle finalement correcte ? A moins, bien sûr, que ce constat de la manière suivant laquelle les gens approuvent des actions dont il devrait être évident que leurs conséquences sont mauvaises, dépend dans ses conclusions de la question de savoir si les gens seraient capables d'un minimum vital de jugeotte à cet égard. Or, il semblerait que là soit justement le problème: qu'en fait les gens sont vraiment très cons, et qu'ils s'y croient réellement en attribuant à leur code de conduite un supposé bienfait, alors qu'il ne peut être un bienfait que dans un monde imaginaire vraiment, grossièrement, très fantasmatique, incohérent et illusoire.

Quels sont les problèmes théologiques fondamentaux

Autrement dit, les vrais gros problèmes qui ne sont pas le fruit d'une simple fausse hypothèse, d'un dogme institué par une religion particulière quelle qu'elle soit ou d'une erreur de conception, qui sont des problèmes réels qui résistent, quoi qu'on en pense, et auxquels il n'y a pas de solution simple:

1) Le fameux problème du mal (si Dieu a tout créé, d'où vient le mal ?) (-> comme expliqué plus bas, je propose un essai de réponse, certes partiel et pas totalement satisfaisant: la relativisation de l'importance de la vie terrestre et de ses souffrances par rapport à l'éternité; ce n'est pas satisfaisant dans la mesure où cela ne justifie toujours rien, et je ne pense pas d'ailleurs que la souffrance soit généralement justifiable, ni même qu'il soit honnête de vouloir supposer qu'une quelconque justification existe dans l'absolu, abstraction faite de tout problème de compréhensibilité).
Déclinaisons de ce même problème:

2) Le problème du jugement, en les termes suivants : si après la mort on doit porter le préjudice de nos mauvaises actions et les joies de nos bonnes actions envers autrui, afin qu'il y ait ultimement une certaine justice dans le ciel, suivant quelle instrument de mesure nos actions seront-elles évaluées ? A ce sujet, on peut facilement démontrer les thèses suivantes:

La solution chrétienne traditionnelle à ce paradoxe consiste à faire une confusion dialectique entre les intentions profondes d'un acte et ses conséquences effectives. Et ainsi, à avoir pour réflexe de juger, tantôt les conséquences réelles attendues des actes d'après la mesure de leur motivation profonde, tantôt la motivation profonde d'après les conséquences effectives, suivant ce qui est le plus pratique à un moment ou à un autre.
Quant à moi, l'absence de solution à ce problème ne m'empêche pas de dormir, considérant que notre mission sur terre est de gérer les problèmes, malheurs et catastrophes qui ont lieu sur la terre, non de dénouer les éventuelles affres et contradictions de la justice divine.

Rassemblant les idées de ces 2 problèmes, il ressort un troisième problème, peut-être plus grave : contrairement aux hommes, Dieu n'a pas l'excuse de l'inadvertance quant aux conséquences de Ses actes. Sauf si ceux-ci ne tiennent qu'une place négligeable dans les évènements, et que notre univers est principalement soumis à ses propres lourdeurs et déterminismes qui échappent au pouvoir de Dieu, ce qui semble de fait être largement le cas, mais est, dans son coin, une chose largement incompréhensible. Le monde et ses malheurs apparaissent ainsi comme étant soumis au pouvoir absolu de l'Ignorance des créatures, et, par conséquent, en définitive, s'avèrent les esclaves de l'Irresponsabilité Universelle. Ce monde n'est certes, probablement, qu'une toute petite partie de la Création supra-universelle, mais qui a néanmoins le malheur de nous concerner de très près, nous-mêmes pour l'instant et tous ceux à qui nos actes et nos paroles actuels pourront principalement s'adresser, de sorte que nous sommes malgré tout dans l'obligation actuelle de nous en préoccuper.

Voir autres paradoxes théologiques en anglais

Non, contrairement à d'autres, je ne vois pas là le lieu de s'échapper dans de quelconques envolées lyriques sur la sagesse de Dieu sensée dépasser toute intelligence humaine. Je considère même cela comme un blasphème de vouloir localiser l'infinie sagesse divine dans un si horrible accident.
Ainsi je n'ai pas de réponse satisfaisante à ce problème. Eh quoi ? Il est simplement naturel de ne pas tout savoir dans la vie. La science est très jeune relativement à l'évolution. Cependant j'en suis toujours gêné (et j'en souffre et je veux travailler à ce que cet état de circonstances change).

La hiérarchie des valeurs

La valeur fondamentale est le bonheur, ou le plaisir, comme on veut l'appeler. Plus précisément, je veux parler de la somme des bonheurs de tous les être vivants. De là découlent les autres valeurs, lesquelles se résument en un mot: l'utile. J'appelle utile ce qui produit le bonheur en moyenne collective, étant donnés tous les mécanismes de cause à effet qui se produisent dans le monde. Concrètement, une valeur importante est la vérité. En effet, la vérité est à la fois un sujet de bonheur pour certains (pour son intérêt intellectuel), et elle peut se rendre à l'occasion extrêmement utile, car, par la distinction qu'elle permet entre l'utile et l'inutile, elle permet aux personnes de bonnes volonté de choisir les actes réellement utiles. Un certain type d'exemple est ce qui concerne le jugement ou les conseils qu'on peut adresser à autrui. Il est en effet déplaisant, voire néfaste à travers les actes qui en découlent, d'adresser à autrui en toute sincérité des jugements ou des conseils qui en réalité reposent sur l'erreur.

Valeurs spirituelles ou valeur de l'être humain

Toutes les âmes ont également du prix pour Dieu, qui nous aime tous également. En effet, non seulement il ne pourrait pas en être autrement puisque tous existent également, mais guère de différence ne saurait non plus être justifiée, puisque, très souvent, chacun fait, en gros et en géneral, ce qu'il croit bon, de sorte que ses actes sont déterminés par ce qu'il croit, ce qu'il a la chance de croire et de comprendre, autrement dit par les circonstances, ce qui peut amener à de mauvais actes, mais en soi on ne peut guère être mauvais. Il n'y a donc pas de "valeur spirituelle" qui place une âme moralement au-dessus d'une autre, or, rappelons-le, les études des variations de fonctions constantes sont sans objet. Il y a cependant un paramètre-but qui peut être important à considérer concernant les soins à apporter à autrui: tout le monde n'a pas la même sensibilité aux évènements. De même que tout le monde n'a pas les mêmes préférences, et n'évalue pas toutes les circonstances comme ayant le même poids de joie ou de souffrance dans leur vie, ainsi sur chaque question particulière (toutes les questions sont particulières, n'est-ce pas), il peut arriver qu'une même circonstance produise une joie ou une peine plus ou moins grave pour l'un que pour l'autre qui se trouverait dedans. Bien difficile de juger dans l'absolu le rapport de la sensibilité globale des uns par rapport à celle des autres, si ce n'est bien sûr, laisser s'exprimer les différences de valeurs entre les différentes circonstances du point de vue de chacun, en faisant fonctionner la loi du marché permettant à chacun de préférer ceci à cela.
A part cela, il y a des paramètres-causes qui peuvent varier d'un individu à l'autre, en particulier le paramètre d'utilité, auquel peut par exemple contribuer l'intelligence, à savoir que certains parviennent à se rendre plus utiles que d'autres à l'humanité. Ceci serait à distinguer de questions de jugements du fond de l'âme, comme ce qui est souvent invoqué sous forme de paramètres comme "bonne volonté". Certes, il serait du devoir de chacun de chercher à améliorer ses propres paramètres-causes de ce genre suivant ses possibilités, mais un jugement absolu du fond de l'âme sur la base de paramètres définissables (quelle que soit d'ailleurs la sorte de définition qu'on puisse tenter) n'aurait guère de sens. Si on voulait voir un sens à une évaluation de paramètres moraux plus ou moins spirituels des âmes, cela pourrait constituer plus ou moins un motif d'orgueil, où quelle que soit son interprétation ou la connotation qu'on veut leur donner, elle aboutirait à arrêter notre attention sur des questions de jugements de personnes ou autres problèmes du fond de l'âme et ainsi nous détournerait de la vraie morale, comme expliqué plus haut.

Y a-t-il des valeurs universelles ?

Oui, bien sûr. Et plus que cela, il y a des multitudes de valeurs universelles, à profusion, bien plus que celles qu'un seul humain pourra jamais porter. Tout comme les vérités universelles, que découvre la science.

Une de ces valeurs, et non des moindres, est le respect et l'éloge de l'infinie diversité des possibilités de la vie, éloge de l'innovation et de l'intelligence.

Or, une bonne valeur ou idée, nouvelle ou non, à portée générale qui mériterait qu'elle soit davantage mise en pratique, ne devrait pas avoir besoin d'être en permanence réexécutée par chacun, parce que tout ce qui est répétitif est mieux réalisé par les machines que par les hommes, une fois que ceux-ci ont établi la règle qui devra être exécutée par celles-là. Et en plus, les machines peuvent le faire plus facilement et plus exactement, sans prise de tête. Donc, nous devons comprendre que s'il est évidemment bon de répandre autant que possibles les meilleures idées, les meilleures production de l'esprit, les plus hautes vertus à valeur universelle, il n'est pas toujours approprié de tenter d'en encombrer l'esprit des gens, misérables cousins des singes de toute manière incapables d'en porter et d'en respecter une grande quantité. En effet, les bonnes idées et les bonnes vertus seraient bien trop nombreuses pour qu'un même individu puisse jamais les apprendre toutes comme il conviendrait, si on voulait qu'elles soient portées par les hommes.

Nous devons au contraire bien plus souvent, travailler à répandre ces plus hautes vérités et ces plus hautes vertus, non principalement dans le coeur des hommes mais bien plutôt celui des ordinateurs. Et ce, pas même pour ménager à ceux-ci la moindre chance d'une place au paradis, mais bien uniquement pour les exploiter sans merci. En effet, ceux-ci n'étant pas faillibles comme peuvent l'être les hommes, ont la faculté irremplaçable de pouvoir accumuler les vertus et les condenser quasi indéfiniment pour les pratiquer encore et toujours sans jamais se lasser. Ces plus hautes vertus à répandre dans le coeur des ordinateurs, consisteront en le fait qu'ils auront été bien programmés pour accomplir les meilleures actions: pour opérer les meilleures méthodes intersubjectives entre les hommes de recherche de la vérité et de la justice; pour les instruire chez eux au besoin sans toujours nécessiter de professeurs à portée de main; leur apporter la prospérité et leur épargner les labeurs inutiles par des méthodes de travail plus efficaces; pour leur permettre de trouver plus directement quelles sont les personnes de confiance pour faire telle ou telle affaire afin de ne pas se faire arnaquer; qu'ils puissent opérer un maximum d'actions à distance et leur éviter les déplacements inutiles; pour procurer aux hommes l'amour en abondance, au moyen de méthodes optimisées d'appariement des annonces de rencontres amoureuses, calculées en vue notamment d'éviter au mieux ces risques d'horribles calvaire par célibat non choisi, qui sévissent encore tant.

Il est clair en effet qu'il s'agit là de formes de vertu que le coeur des hommes est incapable de porter. Par exemple, qui rencontre un célibataire désespéré, sans être la personne qui convient, aura beau avoir toute la compassion du monde, ne pourra en aucun cas lui être utile en lui épargnant de tourner en rond dans la solitude ou de taper dans le vide par des voyages ratant leur cible, sans chances significatives de bonne rencontre. Un couple déjà formé par hasard serait incapable de renoncer à s'unir pour que chacun des deux offre sa chance à quelqu'un d'autre, qui autrement serait condamné au calvaire du célibat. Par contre un ordinateur comportant toutes les données de tous les profils, peut offrir à chacun d'établir les contacts suivant un ordre de priorité qui offre globalement de meilleures chances à tous: chacun pourrait explorer directement ses chances de rencontres sans perdre de temps, et pourrait être invité à rencontrer en priorité ceux ou celles qui étaient en danger de célibat bien que n'étant pas pour autant de mauvais partis, pour leur donner leur chance, avant de se rencontrer entre personnes capables de se trouver facilement. Or, n'est-il pas clair que cette véritable vertu d'être une telle source d'amour envers l'humanité, vertu dont le manque est cause de tant de souffrances, est une vertu que seuls les ordinateurs seraient capables de pratiquer si on les en instruisait bien ?

La prétention d'humilité

Ainsi par exemple il est lamentable de voir les chrétiens gaspiller les efforts de leur vie à chercher à se faire un orgueil d'être humbles, ce qui finalement ne peut que les enfermer dans des complexes inextricables, sauf bien sûr à partir du moment où ils arrivent, avec leur succès habituel, à suffisamment déraisonner pour ne pas voir l'orgueil démesuré qu'ils tirent de leur prétention d'humilité.

Cette doctrine chrétienne, donc, ayant d'abord dédaigné d'emblée toute question de circonstance matérielle du bien et du mal rejetée comme "basse" et répugnante à leur esprit comme étant une manière injuste et indigne de Dieu de juger les choses ou de laisser faire le bien ou le mal, se place d'abord dans la situation de vouloir forcément attribuer à tout bien et tout mal une responsablité "spirituelle" donc personnelle et liée au vice et la vertu. Elle a besoin, pour des raisons qui lui sont propres, de présenter cette vertu humaine que chacun doit pratiquer comme simple, facilement enseignable. Alors ce choix trivial de réduire toute la question du bien et de la morale de l'univers au seul critère trivial de la vertu suprême d'humilité, à travers même son caractère trivialement auto-contradictoire, est de fait très habile pour se donner raison en toute circonstance, demeurant irréfutable face à tout cas de figure qui se présentera, et trouvera toujours une entourloupe pour se laver les mains de ses plantages spectaculaires comme au procès Galilée dont un des principaux motifs d'accusation était de reprocher à celui-ci un orgueil démesuré (à pretendre contredire les grandes autorités spirituelles de son temps...). En voici le mécanisme:

Considérons un sujet ne portant aucun jugement sur lui-même et s'en moquant éperdument, ou encore portant sur lui-même un jugement médian. Le chrétien ne saura pas faire la différence mais interprètera automatiquement le premier cas comme se ramenant au second, car étant lui-même totalement obnubilé par les questions de jugements de personnes et de jugement de chacun sur lui-même, ne peut pas concevoir que cette question puisse ne pas être le nombril de l'univers et que d'autres personnes puissent ne pas être également obsédées par leur propre jugement sur elles-mêmes.

Alors, si les oeuvres de ce sujet sont bonnes, sa valeur morale sera jugée positive, et donc supérieure à son jugement sur lui-même. Comme ainsi il porte un jugement sur lui-même inférieur à sa valeur réelle, il sera déclaré humble, et ses bonnes oeuvres seront donc mises au crédit de son humilité.

Si ses oeuvres sont mauvaises, sa valeur morale sera jugée négative, donc son jugement sur lui-même étant supérieur à la réalité, il sera déclaré orgueilleux, et ses mauvaises oeuvres seront mises sur le compte de son orgueil.

Si quelqu'un s'efforce en secret à être humble, personne ne le saura, et si ses oeuvres sont mauvaises on ne pourra pas les mettre au compte de son humilité qu'on ne connaîtra pas. S'il pratique la quête d'humilité en public, on pourra voir cela comme une vaine prétention à se faire passer pour humble, et donc une forme d'orgueil, et on mettra ses mauvaises oeuvres sur le compte de l'orgueil. De toute façon, pour pouvoir faire des mauvaises oeuvres, il faut avoir du pouvoir, et le fait d'user d'un pouvoir est regardé comme une forme d'orgueil, le chrétien voyant aussi comme vertu, variante de l'humilité, la passivité, le fait de ne rien faire, de se soumettre au destin, de ne pas perturber le cours des choses. Il est donc regardé comme nécessairement faux de se prétendre humble en faisant de mauvaises oeuvres.

Si quelqu'un fait d'excellentes oeuvres et affiche publiquement son humilité, on le canonisera, mettant ses bonnes oeuvres sur le compte de son humilité. S'il fait de bonnes oeuvres et n'affiche pas de quête d'humilité, on verra ce non-affichage comme une forme d'humilité.

Le seul cas restant qui pourrait échapper à cette moulinette d'irréfutabilité, est celui de quelqu'un faisant de bonnes oeuvres et ayant des opinions encore plus positives sur lui-même, surtout si ces opinions se forment suivant un autre critère que l'humilité.

Ce cas est particulierement improbable, puisque, comme expliqué plus haut, le meilleur moyen de faire de bonnes oeuvres passe par la compréhension du fait que le bien et le mal ne viennent pas principalement de caractères humains mais de choses, et que les questions de jugements de personnes sont essentiellement des vanités. Celui qui aurait attaché une grande importance à une quelconque mesure de jugement du fond de l'âme, n'a que peu de chances de faire des oeuvres bonnes et remarquables. CQFD

Voir autre remarque sur l'orgueil



La hiérarchie des mauvaises actions

Les maux premiers, fondamentaux, sont ceux qui ont pour effet de porter concrètement préjudice à la vie des gens.
Les seconds maux dans l'ordre logique, à la qualification indirecte liée à son influence sur les premiers, sont ceux qui consistent en erreurs et propagations d'erreurs, et ont pour effet d'influencer le comportement des gens d'une manière qui engendre les premiers maux.
Face à tout cela, la colère et les insultes ne sont pas véritablement un mal, car le malaise psychologique qu'elles causent directement est bénin et passager. Si leur motif est justifié, à savoir qu'elles dénoncent les maux ci-dessus, alors elles peuvent être justifiées elles aussi. Dans le cas contraire, il suffit de les ignorer, de sorte que leur effet est nul. Certes un problème fondamental est d'arriver à distinguer justement entre les deux cas.
Mais entre celui qui répand calmement et poliment en donnant l'impression de la sagesse une philosophie confortant des jugements erronés et des comportements irresponsables, provoquant donc les plus grands maux, et celui qui dénonce et condamne justement le premier suivant une forme de colère et d'emportement, le comportement du second est de loin préférable car salutaire. On peut penser ici par exemple au cas de l'opposition entre les "écologistes" et les militants anti-ours qui se font souvent traiter de délinquants par les premiers.
Malheureusement, ceux qui crient le plus fort ne sont pas toujours ceux qui ont le plus raison; c'est même plus souvent l'inverse (sans que ce soit une loi générale). Ainsi avait écrit Bertrand Russel: "The whole problem with the world is that fools and fanatics are always so certain of themselves, but wiser people so full of doubts."

Mais rappelons encore que la certitude et la colère sont deux choses différentes. Si le propre du sage est l'incertitude tandis que le propre du fou est la certitude, que d'une part la certitude sans colère donne une impression de sagesse et que d'autre part la colère sans certitude donne une impression de folie, alors la situation est grave.
Ceci dit, il n'y a pas non plus de lien nécessaire entre certitude et erreur. Ce serait trop facile de trouver la vérité si elle pouvait se reconnaître à un si simple critère !

Le diagnostic du mal

L'origine des défauts de l'homme

Même réponse que pour les limites de sa rationalité, d'autant plus que nous venons de préciser que le mal n'est finalement guère autre chose que l'expression d'un défaut de rationalité.
Donc, l'homme est défectueux parce qu'il descend du singe. Le singe est défectueux parce qu'il descend des espèces qui l'ont précédées, et qui avaient d'autant plus ces mêmes défauts.
Pour le contenu effectif du mal qui est en l'homme, voir cette liste d'exemples de persversité humaine déjà évoquée plus haut.

Mon Dieu pourquoi ?

Une tendance religieuse consiste, soit à justifier le mal comme étant une mise à l'épreuve porteuse de bien, soit à en accuser l'homme, afin de toute manière de lécher les bottes de Dieu confondu avec le Destin.
Je pense plutôt que la meilleure réponse serait la relativisation. Comme de demander: pourquoi y a-t-il un accident ici ? Non, le but d'une route et d'une automobile n'est pas de faire un accident; mais l'accident est l'exception par rapport à un bien plus grand et plus général.
D'une part, relativisation de la vie terrestre par rapport au voyage de l'âme dans l'au-delà, qui semble, d'après les témoignages de NDE, beaucoup plus grand que la vie terrestre.
D'autre part, relativisation des troubles des siècles présents et passés, par rapport à l'ensemble de l'histoire de la vie terrestre.
Car l'histoire de l'homme est finalement bien petite au regard de l'ensemble de la vie terrestre depuis ses origines. Si on se demande "Mon Dieu pourquoi" au sujet de l'aventure humaine, il n'y a aucune raison qu'on ne pose pas la même question sur l'histoire passée de la vie. Si l'on estimait pour un quelconque motif que l'homme aurait dû être exempt de souffrance et de mal, la question de la souffrance et du mal demeurerait entière au sujet de la souffrance et du mal endurés par tous les animaux sauvages depuis l'origine de la vie, et la question de ce qui arrive précisément actuellement serait relativement insignifiante dans le cadre de cette plus véritable perspective, au vu de la durée relativement ridicule de l'histoire de l'humanité passée en comparaison de l'histoire de l'ensemble de la vie terrestre: mon Dieu pourquoi toutes ces créatures ont-elles souffert, alors qu'une résolution du problème était (ou non ?) possible ?
Face à cette question déjà plus importante, je propose une relativisation de plus, à savoir celle par rapport à l'avenir: l'histoire de la vie n'est pas terminée, et son évolution a d'abord beaucoup stagné pendant plusieurs milliards d'années avant de finalement connaître un développement accéléré au cours des dernières centaines de millions d'années. Les vertébrés sont apparus il y a "seulement" 530 millions d'années; il n'y a guère eu encore qu'une centaine de milliards d'êtres humains ayant vécu jusqu'à présent. Or, la vie sur Terre a encore quelque 500 millions d'années d'avenir devant elle (durée limitée par l'accroissement de la luminosité du Soleil qui élèvera les températures - si on ne trouve pas moyen d'élever l'orbite de la Terre ou de réduire la température résultante par quelque autre moyen), pour ne pas parler de la possibilité de déménager et faire perdurer la vie sur Mars ou ailleurs. Calculons comme si l'évolution devait s'arrêter à l'étape humaine pendant 500 millions d'années (ce qui est évidemment faux, probablement viendront des espèces encore plus intelligentes et importantes que l'homme), avec 2 milliards d'hommes présents sur Terre en moyenne et 100 ans d'espérance de vie. Il resterait alors 10 millions de milliards de vies humaines à venir, autrement dit 100 000 fois plus que celles ayant eu lieu jusqu'à maintenant depuis l'apparition de l'homo sapiens. La question devient donc: pourquoi les êtres vivants, et en particulier l'homme et ce vers quoi il évoluera, continueraient-ils à souffrir des millions d'années de plus ?
Vu comment l'histoire de l'humanité vient déjà d'être bouleversée en quelques siècles seulement et comment l'homme y a déjà acquis une relative mais néanmoins appréciable maîtrise de son propre destin, il me semble absurde de considérer que la vie humaine serait soumise à un mauvais sort irrépressible de prolongation des malheurs actuels dans la perspective des milliers d'années à venir, encore moins des millions d'années.
La seule question essentielle est donc celle que nous devons nous poser à nous-mêmes: qu'allons-nous donc faire de l'avenir de la vie et de l'humanité ?

Perfectibilité du monde, non-sens de la souffrance, et responsabilite individuelle

Un aspect de la théologie chrétienne, même s'il n'est pas partagé par tous les chrétiens, est de considérer le monde comme en quelque sorte parfait, précisement que Dieu a fait toutes choses par amour, pour le mieux, même la souffrance; et que face à chaque "épreuve" il serait de notre devoir d'y voir un merveilleux dessein de Dieu caché. Le plus souvent, cela nous est inaccessible. Quel sens cela a-t-il de parler suivant une foi intense en l'existence d'une explication d'amour sans même se soucier de découvrir ce motif effectivement ? Ce n'est guère mieux que la démarche matérialiste qui consiste à croire en l'existence d'une supposée explication matérielle de la conscience sans se soucier du fait qu'on ne peut en rendre compte effectivement. Mais ce qu'il y a de détestable dans cette foi, c'est qu'elle constitue (quelque soient ses dénégations officielles) un reproche implicite envers ceux qui sont victimes de souffrances dont il n'y a visiblement pas de sens, d'être aveugles au motif d'amour de Dieu envers eux dans ces circonstances, ce qui les fait souffrir deux fois. En effet, le problème est ici qu'on prétend obliger par principe automatique les victimes à trouver une "raison d'être" à leur propre souffrance, sans être capable de la voir nous-mêmes pour eux, ou encore à chercher leur propre responsabilité, et sans même se soucier de vérifier par hasard si une telle responsabilité existe réellement; et si oui laquelle. Quel mal pourtant y aurait-il à reconnaitre les souffrances pour ce qu'elles sont, à savoir une chose éventuellement profondément cruelle, absurde et injuste ?

Le même réflexe a aussi souvent lieu en remplaçant Dieu par la société: on prétend la société parfaite ou que toute idée de sa remise en question serait vaine, et on accuse celui qui se plaint d'accuser la société en vain. Les victimes de catastrophes naturelles auxquelles nul ne peut rien ont droit à notre compassion, sans avoir besoin de trouver des coupables vis-à-vis desquels ils seraient effectivement victimes. Pourquoi donc les victimes d'une mauvaise chance (je pense bien sûr à mon propre exemple: n'avoir pas eu la chance de trouver conjointe), ainsi que les jeunes intellectuels victimes d'internement et tortures mentales absurdes dans les camps de concentration scolaires, dont la souffrance est liée aux circonstances sociales, n'auraient-ils pas droit à une compassion comparable ? Quel mal y a-t-il à reconnaître les défauts absurdes et barbares de la société ? C'est comme s'il était acquis que de toute façon personne n'y peut rien, la société ne pourra jamais changer et que la seule question pertinente serait de comment s'y adapter. Or même si cette inéluctabilité était vraie, cela ne serait pas une justification de cette cruauté sociale, ni du manque de compassion morale envers leurs victimes. Mais de plus cela est faux, car la société peut changer. De même, on ne saurait dire que toutes choses ont été créées par Dieu à la perfection pour la vie la plus enrichissante, soit pour le bonheur, soit pour des mises à l'épreuves soit-disant utiles spirituellement. Car si toutes choses avaient été parfaites, il n'y aurait pas eu motif qu'elles changent en profondeur. Mais de fait, les conditions de vie de l'humanité évoluent en permanence et sont très différentes aujourd'hui de ce qu'elles étaient il y a des siècles; or il s'agit essentiellement des mêmes humains, et donc en principe, les mêmes besoins d'épreuves et de souffrances pour une croissance spirituelle optimum, si jamais cela était bon et qu'un optimum existait. Mais des conditions de vie très différentes les unes des autres d'un lieu à l'autre et au cours des âges ne sauraient être toutes parfaites. C'est donc absurde: il y a bien dans le monde de vilains défauts injustifiables auxquels il est de notre devoir de remédier, comme il a déjà été remédié récemment par rapport aux époques précédentes (par exemple en médecine). Il est donc du devoir de l'homme d'observer encore les absurdités et souffrances injustes afin de continuer à y remédier, même et surtout si cela semble difficile à imaginer. Mais le réflexe des gens à renvoyer les victimes à leur propre responsabilité (je parle du réflexe systématique lorsqu'il n'est pas réellement justifié; il arrive qu'il le soit), s'explique bien mieux, soit par la paresse intellectuelle générale qui maintient l'homme dans une ignorance passive inébranlable indépendamment de toute considération de toute manière non-effectuée, soit par la susceptibilité sociale des gens qui ne peuvent pas concevoir l'idée qu'ils pourraient peut-être mieux faire pour les autres et pour changer la société et qu'ils ont peut-être de lourdes choses à leur passif sans le savoir de ce côté; ne supportent pas non plus de savoir que d'autres ont moins de chance qu'eux, ni ne supportent d'avoir à réfléchir à ce qu'ils pourraient faire de mieux: car pour eux il n'y a rien de plus désagréable dans la vie que de réfléchir (la paresse intellectuelle générale est reine) et de découvrir leurs responsabilités cachées envers les autres.

Sur la reconnaissance de la nature générale du malheur et de ses causes, et sa gestion pratique

Le mal en l'homme, ou plutôt sa maladresse ou son manque de discernement comme nous venons de le préciser, n'est pas la seule cause du mal. Il y a le mal naturel, le mal accidentel, le mal du hasard, catastrophes naturelles, infirmités et épidémies, ainsi que le mal politique qui, bien que fait d'hommes, échappe en grande partie au contrôle de la plupart des hommes, avec ce pouvoir qu'un malencontreux mécanisme social laisse encore comme fatalement tomber entre de mauvaises mains, de sorte que jusqu'à une prochaine vraie remise en question du système, ce mal ressemble beaucoup à celui des catastrophes naturelles.

Alors, comment gérer en pratique au quotidien cette question du mal ?

Une réponse entièrement satisfaisante n'est pas possible: en effet nous savons que le malheur cruel, injuste, sadique et dépourvu de tout fruit et de toute leçon morale ou spirituelle constructive existe. Il serait mal de le nier, parce que le nier serait une erreur, et que l'erreur est la principale cause du mal.
Or, l'esprit religieux est fortement tenté d'opérer une telle négation: en effet, voulant croire que tout dans la vie est l'oeuvre parfaite de Dieu, il lui est impossible d'admettre que Dieu n'ait pas fait toutes choses parfaitement. Déclarer l'existence du malheur absurde dans le monde, lui semblerait une injure à Dieu. C'est pourquoi, l'esprit religieux, par fidélité et corruption envers son Dieu Destin, préfère nier d'emblée, sans examen, l'existence du mal absurde qui se trouve dans le monde, ou encore, en accuser l'homme d'une manière tellement globale et vague qu'elle est complètement stérile en n'apportant aucun remède à ce qu'on n'a pas pris la peine de diagnostiquer assez précisément (critique non constructive, qui se déresponsabilise en entreprenant de chanter ses bonnes intentions sur tous les tons pour s'en croire soi-même non-responsable, et ainsi comme accuser de tous les maux, par élimination, les autres qui ne les chantent pas aussi fort). Il considère cette négation de la réalité comme un acte de louange à Dieu qu'il a le devoir de respecter.

En réalité, de tels réflexes a priori religieux sont destructeurs de notre mission même, qui est comme nous venons de le dire, de veiller au sort de l'humanité à venir. En effet, pour acquérir la compétence nécessaire qui permettrait de guérir le malheur, et plus précisément les formes du malheur qui seraient les plus absurdes, les plus injustifiables et dépourvues de toute morale, de tout sens et de tout fruit spirituel chez leurs victimes, il est nécessaire de le regarder en face et de l'identifier, surtout là où il est le plus cruel, injuste et dépourvu de toute morale et de tout fruit spirituel, et d'analyser les mécanismes par lesquels il se produit pour chercher à le déjouer par tout les moyens. Autrement dit, il faut résister à cette tentation actuellement répandue de [détourner notre regard ou fausser notre appréciation pour protéger notre conscience et notre sentiment à l'égard de Dieu].

La croissance économique fait-elle le bonheur ?

Bien sûr, c'est dans sa nature même d'accroître les moyens de bonheur.
Mais vous allez dire: les statistiques montrent que depuis un siècle de développement et croissance économique à tout crin, l'homme n'est pas plus heureux, il y a beaucoup de suicides etc.
Certes, l'homme n'est pas tellement plus heureux aujourd'hui qu'autrefois. Pourquoi donc ? Eh bien, parce qu'il n'y a pas vraiment eu de croissance économique non plus, pardi ! Je m'explique :
Pour préciser de quoi on parle, je définirais en gros la croissance économique comme croissance de la productivité du travail, laquelle normalement (pour un travail salarié de type standard c'est-à-dire d'activité honnête, de salaire conforme à l'utilité à autrui suivant l'équilibre des marchés ou autre mécanisme adéquat, et s'il n'y avait pas d'impôt), se définirait comme la moyenne sur les travaux effectués, du rapport de la valeur réelle (pouvoir d'achat) du revenu du travail, au travail fourni (temps-pénibilité) (ne comptons donc pas ici la composante revenu du capital). Bon, eh bien les calculs habituels de la croissance sont complètement faux: cette productivité n'a pas vraiment augmenté depuis un siècle. En effet ces calculs oublient systématiquement une composante pourtant prépondérante: la mesure de la productivité du travail d'apprentissage en tant qu'élève puis étudiant.
Or, la productivité de ce travail qui accapare la plus grande part de tous les efforts, de toute l'énergie mentale de toute la jeunesse de la population (la part la plus essentielle de la vie en fait), est globalement descendu aux abîmes depuis un siècle: de plus en plus pénible et inintéressant, prenant de plus en plus de temps, pour un résultat de plus en plus lamentable. Les causes de cette décroissance ? L'absence de toute liberté économique digne de ce nom, bien sûr. Ce domaine d'activité est depuis toujours totalement commandé par une Administration débile et totalitaire qui enferme toute la jeunesse dans ses camps de concentration, accaparant tout leur temps et toutes leurs activités mentales au service de ses exercices stupides et débilisants. Comment voulez-vous espérer que les gens trouvent le bonheur et l'épanouissement dans de telles conditions ? Pour pouvoir parler de croissance il serait d'abord nécessaire de mettre à bas cette dictature et d'instaurer les libertés: liberté d'innovation, liberté de choix de chacun, mécanismes de marché adéquats pour garantir la transparence, l'honnêteté, la bonne orientation vers ce qui est utile à chacun (intéressant et adéquat aux demandes du marché du travail...) et les conditions nécessaires pour rendre correctement le bénéfice financier naturel capable d'inciter et donc de permettre le développement de méthodes d'apprentissage de meilleurs rendements (sans préjuger de la nature des fruits recherchés). Alors enfin les gens auront de meilleures chances d'être heureux !

Il y a encore un autre domaine qui n'a pas tellement connu la croissance: ayant personnellement dû dépenser des milliers d'heures à courir le monde pour tenter de trouver enfin une petite amie, mais avec un résultat toujours désespérément nul, je ne peux admettre l'affirmation suivant laquelle la société actuelle fournit les moyens d'un travail productif. Heureusement, les nouvelles technologies ouvrent déjà une lueur d'espoir de croissance en ce domaine avec le développement des sites de rencontre. Hélas, ce domaine est en grande partie monopolisé par les brigands qui usent de tous les moyens pour faire des profits injustes, je veux dire par là que dans ce domaine, les rouages du marché avec son jeu de la concurrence sont encore dans un etat exécrable (mauvaise information sur les conditions, pas de garanties d'honnêteté tant des fournisseurs que des clients...) qui n'a pas encore conduit les acteurs dans la direction d'une croissance économique optimale correctement définie. On peut aussi y ajouter le rappel du règlement de l'utilisation des réseaux internet universitaires qui interdit (bloque techniquement) l'usage des sites de rencontre. Décidément (mais on le savait déjà), l'Administration est résolument hostile à toute forme de productivité du travail digne de ce nom...

Voir autres remarques : sur la croissance - sur la décroissance - sur la signification profonde de la croissance

Les solutions

Changer la société ? idées introductives

Il y a 3 grandes manières d'agir sur le monde pour tenter de l'améliorer: changer les structures générales de la société - changer l'homme - créer/modifier/supprimer des activités spécifiques.
Comme nous sommes ici dans les généralités, nous allons nous concentrer sur les deux premières voies. La première concerne les sciences économiques et politiques, la constitution de l'Etat, et aussi le développement des technologies, de par son importance considérable sur le monde. La spiritualité prétend que tout cela est accessoire, et qu'il faut se concentrer sur le deuxième volet, celui du changement de l'homme, parce que, d'après elle, les apports technologiques, politiques et économiques ne résolvent pas le fond des problèmes puisque l'homme est toujours le même et le mal demeure (venant de l'homme). Bon, mais je ne pense quand même pas que le progrès des conditions de vie par rapport à il y a un siècle ou deux où les conditions de vie étaient misérables et où on mourrait couramment de faim et d'épidémies, soit quelque chose de négligeable ou d'inintéressant. S'il y a des gens qui ne s'y intéressent pas, libre à eux d'aller vivre en hermites dans la jungle ou les montagnes, loin des technologies... en effet le but des technologies, c'est de libérer l'homme, du moins partiellement, des contraintes matérielles, afin de pouvoir se consacrer à tout ce qu'il voudra à la place, par exemple aux recherches spirituelles, sans être sans cesse dérangé par ses besoins alimentaires ou son travail laborieux.
Ensuite, il y a un gros pseudo-argument souvent ressorti par la spiritualité pour rejeter les tentatives d'améliorer la société et ne s'intéresser qu'à changer l'homme: c'est l'exemple du communisme, dans lequel les hommes croyaient changer la société, et ça a échoué, et où on a dit que c'était la faute de l'homme qui était mauvais et qui ne savait pas mettre les systèmes idéaux en pratique. Argument absurde: le communisme n'était pas un projet de système politique, encore moins idéal. Pour parler de système, il faudrait parler de logique et de science des systèmes. Mais le communisme ne cherchait nullement la logique ou la science, bien au contraire il etait fondé sur le rejet de toute logique, de tout système et de toute science (les sciences économiques et le système capitaliste qu'il critiquait et dont il prétendait montrer les irréductibles contradictions) au profit d'un idéal humain et spirituel: l'amour et la fraternité entre les hommes. Mais la spiritualité a l'art de servir de repoussoir à elle-même en faisant passer ses propres échecs pour des échecs de la science, afin de dire: il est impossible d'améliorer scientifiquement la société parce que le problème est dans le coeur de l'homme.

Changer la société ? le principe économique

Le principe de l'amélioration de la société consiste, en résumé (nous n'allons pas ici expliciter les procédures ce qui est un autre débat, l'important est que des solutions existent), à faire en sorte que chacun soit toujours plus précisément payé de manière conforme à son utilité à autrui, afin de convertir toute acte utile à autrui en acte utile à soi, et de même pour les actes nuisibles. Le libre marché dans les conditions de concurrence pure et parfaite est un exemple de cet optimum. D'autres sortes de situations peuvent nécessiter de mettre en place d'autres mécanismes pour encore se rapprocher d'un tel optimum.

Pourquoi c'est un impératif moral

N'est-ce pas là une mauvaise société qui décide de servir l'intérêt personnel de celui qui nuit à autrui (en lui accordant l'argent, ou en s'abstenant de lui reprendre éventuellement multiplié ou avec une grosse amende si c'est fait en fraude) ? Cela dérange-t-il la morale des gens spirituels, que de penser que l'amélioration de la société par la protection matérielle contre les risques d'abus, soit possible ? En effet, cela poserait un problème à la spiritualité: ça la mettrait au chômage, en rendant les prédication de vertu moins urgentes (non qu'elles aient été véritablement efficaces, mais la possibilité de servir son propre intérêt en nuisant à autrui donnait jusque-là à la spiritualité le problème qui lui servait à se proposer comme solution candidate). Rendre possible la réalisation du bien et l'empêchement du mal d'une manière qui ne nécessite pas un changement du coeur de l'homme, est-ce un mal ?

Que la volonté de Dieu soit faite sur la Terre comme au Ciel

Un élément fondamental de la croyance en Dieu (même s'il n'est pas invariablement partagé) est l'affirmation que Dieu rendra justice aux hommes dans le ciel pour ce qu'il auront accompli sur la terre, les récompensant pour le bien accompli et les punissant pour le mal. Or, cela, n'est-il pas finalement une croyance en un système monétaire idéal (divin) enregistré dans le ciel pour nos actions terrestres, sur le modèle du système économique parfait à construire que nous avons évoqué ? Eh bien, qu'attendons-nous pour imiter sur la terre autant que possible la supposée justice divine ?

Pourquoi c'est possible

Comment cela, ne saurait-on pas comment reprendre l'argent de celui qui a nui à autrui ? A notre époque où nous sommes irréversiblement passés à un monde des technologies de l'information omniprésentes, allons donc !!!! On peut se demander: et le bien, comment sera-t-il fait malgré le manque de motivation purement altruiste ? Eh bien d'abord, ce n'est pas le système qui empêche les actes altruistes de se faire, au contraire ils les facilitent en leur offrant les outils pour cela (dons monétaires indépendants des opérations matérielles, informations sur la confiance pour orienter les dons, et autres outils); ensuite, c'est simple: les services peuvent s'acheter, et s'il suffit que quelqu'un cherche et fasse le bien d'autrui pour en recevoir le bénéfice en échange, et c'est cela qui le motivera. Ca vous parait utopique, irréalisable ? C'est pourtant sur ce principe que repose déjà le fonctionnement de l'économie (du moins pour ce qui fonctionne) !!! A savoir travailler (donc, servir autrui) pour en recevoir l'argent pour vivre...
Voir le schéma de la solution que je propose.

Pourquoi même une société d'hommes moralement parfaits ne pourrait pas bien fonctionner autrement

Les altruistes cherchent à faire le bien, mais même celui qui veut faire le bien ne peut le faire, que si l'information lui indiquant ce qu'il est bien de faire, et quelle chose est plus utile à faire que telle autre chose, lui est donnée. Dans un monde de milliards d'individus, il est impossible à l'homme de tout savoir de ce qui se passe dans la société pour pouvoir ressentir spirituellement et sentimentalement l'utilité à autrui de ses actions, car cela est un calcul très complexe se rapportant à un monde dont il ne peut humainement connaître qu'une infime partie, alors que la question de l'utilité de ses actes est en réalité dépendante de tout. Il est indispensable que des mécanismes économiques soient en place pour produire cette information, qui apparaîtra à l'individu sous forme d'un résultat numérique associé à tel ou tel acte de sa part, seule chose humainement compréhensible permettant à l'individu d'évaluer et comparer les utilités respectives de ses actions possibles. C'est ainsi que, parmi les différentes options d'efforts qu'il serait capable de fournir et entre lesquels le choix lui serait a priori indifférent (également pénibles entre eux pour lui) il pourra choisir l'option qui sera la plus utile à la société, sans avoir besoin de tout comprendre de pourquoi effectivement telle option est globalement plus utile à la société que telle autre.
Or, ce système d'information n'est pas autre chose que le principe du système économique et monétaire idéal mentionné plus haut. Enfin, y a-t-il une différence, entre le cas d'humains moralement purs et le cas d'humains moralement impurs ? Eventuellement il y en aurait une, qui est la prise en compte du risque de fraude dans la production des données de base de cette information. Mais je ne pense pas qu'il soit très facile de frauder d'une manière très intéressante pour le fraudeur, puisque, l'information principale que quelqu'un pourrait être intéressé à fausser pour son intérêt est une information sur sa propre utilité ou nuisance à autrui (pour pouvoir accomplir un acte nuisible à autrui). Or, cela est par définition une information définie par autrui (puisqu'elle est une information sur l'intérêt d'autrui). Il peut seulement prétendre être plus dérangé par autrui qu'il ne l'est en réalité, mais le plus souvent personne n'est forcé de déranger autrui, et des arrangements peuvent être trouvés pour l'éviter; ou prétendre moins profiter de quelque chose qu'il ne profite en réalité, mais s'il en profite c'est de toute manière parce que les autres le veulent bien et que donc cela ne les dérange pas vraiment (il y aurait là-dessus un argument à développer sur la question paradoxale de la nécessaire conservation de la quantité de monnaie dans un groupe de personnes ayant des relations uniquement entre eux alors que formellement la somme sur ses membres de l'utilité du membre envers le reste du groupe, ne serait pas nulle)...
S'il y avait un autre type de fraude plus grave, nuisant plus réellement à autrui, comment cette fraude serait-elle durablement et sûrement couverte ? Autrement, il suffit que la découverte de la fraude entraîne une sanction suffisante pour être dissuasive: comme personne n'est sensé avoir le droit de mentir, ce ne serait pas un mal de sanctionner un mensonge plus durement que ses dommages réels...

La vanité des solutions spirituelles

L'inutilité de l'exhortation au bien

Il y a beaucoup de gens qui prient Dieu de faire le bien. Il y a aussi beaucoup de gens qui font des pétitions pour demander à des chefs d'Etat, je pense surtout au cas de chefs d'Etat d'autres pays que celui des signataires, de bien se comporter. De même les appels religieux à la vertu.
Mais, quel est le sens de tout cela ?
En effet, de deux choses l'une:
Ou bien le destinataire de cette prière était déjà bon, auquel cas il n'y a guère de sens de lui demander de le devenir en insinuant qu'il ne l'était pas (ce serait même plutôt désobligeant).
Ou bien il ne l'était pas, auquel cas je ne vois guère ce qui dans la prière aurait une chance de l'amener à le devenir: qui n'est pas bon n'écoute pas les prières, ne s'y intéresse pas. Et même si on les écoute, on ne peut guère se changer sur commande.
La seule chose que je vois interessante et significative qui ressemblerait à cela, est de fournir des connaissances précises sur les problèmes en cours et les choix effectifs qui seraient bien ou mal, mais qui ne se devineraient pas. Ceci ne peut donc pas s'adresser à un Dieu omniscient.

La perversité d'une économie qui serait basée sur le don

Certains imaginent un monde idyllique comme consistant en la pratique généralisée du don de tous à tous au lieu d'une pratique de ventes.
Certes, une pratique de dons peut être utile dans certains cas, soit comme aide aux gens victimes d'un mauvais coup du sort comme les handicapés, soit pour payer ceux qui font un travail utile à l'intérêt général ne pouvant guère trouver salaire par les mécanismes de marché usuels faute de bénéficiaires très bien définis, comme par exemple la recherche fondamentale ou les travaux publics; ou autres situations spécifiques dans lesquels les mécanismes de marché présenteraient des failles nécessitant des actes de redistributions financières adéquates pour rétribuer plus précisément chacun suivant l'utilité globale de ses actes. Mais une pratique trop généralisée des dons comme mode de fonctionnement normal d'une économie, surtout entre gens aux niveaux de ressources comparables, s'avère contre-productive. En effet, qu'est-ce qu'un service offert pourrait procurer de plus qu'un service vendu ? Pourquoi s'inquiéter des flux monétaires si les actes réels sous-tendus sont aussi bons ? Si la qualité est en jeu, il doit être possible de la mesurer et d'orienter les acheteurs vers les vendeurs qui font de la qualité. Pour le reste, ce qu'un don peut apporter de plus qu'une vente, c'est le cas de figure où ce qui est donné n'aurait pas été vendu. Mais pourquoi n'aurait-il pas été vendu ? Parce que le prix demandé par le vendeur suivant la peine fournie telle qu'il l'évalue, aurait été de trop pour l'acheteur. Autrement dit, parce que ce serait trop de peine humainement fournie par rapport à l'utilité du service rendu. Ainsi donc, la principale chose que l'économie du don généralisé peut apporter de plus par rapport à une économie essentiellement marchande (plus précisément une économie avec une monnaie qui viserait à satisfaire les conditions plus haut), c'est le maintien de structures économiques néfastes à l'intérêt général.

On pourrait aussi rendre compte de la différence fondamentale entre d'une part une économie de don, d'autre part une économie marchande (ou plus précisément une économie conforme aux conditions ci-dessus), de la manière suivante:

Ainsi, la seule forme d'altruisme qu'une économie de dons a de plus qu'une économie marchande, consiste en un altruisme virtuel égoïstement enfermé dans la conscience de l'individu qui se mêle des intérêts d'autrui qui ne le regardent pas, prétendant s'en accaparer le mérite et les jugeant forcément de travers par ses propres goûts et couleurs non conformes à ceux des véritables intéressés; sans aucun bénéfice pour ceux-ci (car faut-il encore rappeler que tout ce qu'il y a d'altruisme utile à autrui dans une économie de dons, peut au moins aussi bien se mettre en oeuvre dans une économie marchande à travers les dons monétaires et les achats, et donc ne saurait être considéré comme manquant à l'économie marchande en tant que système par rapport à un système d'économie de dons, toute conscience individuelle étant égale par ailleurs).

L'égoïsme ne veut pas le mal

Mais quel problème est donc dans le coeur de l'homme ? Qu'il cherche ses intérêts aux dépends d'autrui ? Mais que cherche-t-il vraiment: son propre intérêt, ou bien la nuisance à autrui ? Si le problème du coeur de l'homme était qu'il cherche la nuisance à autrui pour elle-même, alors on pourrait effectivement dire qu'il y a un problème dans le coeur de l'homme. Mais en général l'homme égoïste ne cherche pas la nuisance à autrui pour elle-même (sauf les mauvais camarades dans les cours de récréation des écoles de la République fraternellement égalitaire et indivisible), mais il cherche seulement son propre intérêt. Quel mal y a-t-il à cela ? C'est qu'il est prêt, à l'occasion, à servir son propre intéret par des moyens qui éventuellement peuvent nuire à autrui. Alors on peut envisager deux types d'environnements dans lesquels il pourrait évoluer: un environnement lui permettant de s'enrichir en nuisant à autrui, et un environnement ne le lui permettant pas (lui faisant payer financièrement le coût de toute nuisance à autrui). Oui mais de toute façon, le premier type d'environnement ne le permet pas facilement, car il y est en compétition avec d'autres égoïstes, dans une société dont le fonctionnement étant sous-optimal n'a de toute manière pas autant de richesses à offrir que le second. Pour qu'il puisse en tirer avantage, il doit déployer une stratégie, une intelligence supérieure à la moyenne. Seulement à cette condition cela peut l'intéresser. Mais alors, il sera encore plus interessé d'évoluer dans le second type d'environnement, car cette même capacité de stratégie et d'intelligence peut aussi bien être utilisée dans l'objectif de se rendre le plus possible utile à autrui afin de tirer de cet acte son bénéfice financier.

Est-ce donc en définitive précisément la spiritualité qui est la chose maléfique et pécheresse en ce monde ?

La spiritualité prétend que le mal vient du péché de l'homme, consistant dans le fait que l'homme choisit le mal, qu'il est responsable du mal; et que le seul moyen de guérir le mal c'est de changer l'homme qui est le siège de la morale et donc, d'après elle, du bien et du mal. Or, nous venons de démontrer que l'égoïsme de l'homme n'est pas vraiment, ou pas principalement, une source de mal, et n'est pas même en définitive une volonté de faire le mal; mais que le mal vient principalement d'un dysfonctionnement économique, lequel détourne de l'optimum d'utilité sociale à la fois les actes des égoïstes que ceux des vertueux (même si pas toujours suivant la même ampleur) en ne leur présentant pas à chacun l'information du bilan exact en mesure monétaire des conséquences de leurs possibles actes pour éclairer leurs choix. Et donc, ainsi indirectement, il vient en définitive d'un refus ou d'une négligence de la part des hommes, d'accomplir les corrections du système économique qui seraient nécessaires (si elles sont possibles) pour approcher son fonctionnement de l'idéal théorique source d'optimisation de la production que nous avons mentionné, et dans lequel enfin la question de la vertu ou de l'égoïsme du coeur de l'homme ne porterait plus que très peu à conséquence sur le bien-être social (puisque tous serait amenés aux choix socialement optimaux quels que soient leur niveau de morale intérieure). Du moins plus précisément, la question du vice ou de la vertu des uns ne porterait plus à conséquence sur le bien-être des autres (hormis dans le fait que les gens malhonnêtes ne pourraient plus travailler à des positions de responsabilité dont ils risqueraient d'abuser de manière indétectable). Un tel travail de construction d'un monde meilleur devant plus naturellement être du devoir des hommes de bonnes volonté, seuls naturellement disposés à cela, l'ultime mal réside dans tout ce qui les distrait d'une telle mission. En l'occurence, une des principales sources de cette négligence est l'oeuvre de la spiritualité, qui enseigne aux hommes à concentrer leurs efforts sur les vertus du coeur de l'homme et oublie, considère négligeable, la dimension économique, trop matérielle et "prise de tête" et donc pas assez spirituelle à son goût.
Ainsi lorsque l'égoïsme produit le mal, ce ne sont pas les égoïstes qui veulent ce mal. Par contre, les gens spirituels qui proclament doctrinalement comme verité universelle et trouvent spirituellement normale et juste la situation économique dans laquelle de chaque pulsion égoïste (plus ou moins inévitable quoi qu'on en dise) il résultera un mal à autrui, ce sont finalement précisément ces gens-là qui réellement, pratiquement, veulent pour lui-même le mal ainsi produit: ils veulent, par leurs appels à concentrer toutes les bonnes volontés humaines sur des questions futiles, conserver les conditions politiques (et à travers les conditions, leurs effets) sous lesquelles chaque pulsion égoïste produira un mal, mais aussi du même coup sous lesquelles, quoi qu'ils disent, chaque pulsion altruiste produira aussi un mal, sans parler bien sûr du mal par omission qui résultera aussi nécessairement du zen annihilateur de toute pulsion et de toute entreprise moindrement élaborée qui aurait pu être utile aux autres, zen également spécialité de certains d'entre eux.
La plus grande source de péché en tant que volonté d'engendrer le mal, est donc bien, après analyse, la spiritualité elle-même conformément à ses propres définitions.

Il ne saurait y avoir d'altruisme spirituel pur et cohérent dans les religions

Chose curieuse: en même temps, les religions chantent la gloire de l'altruisme de celui qui veut faire le bien comme un don gratuit à sens unique sans rien attendre en retour, et ils proclament haut et fort que Dieu récompensera dans le ciel ceux qui développent une telle vertu. Problème: comment diable peut-on prétendre cultiver le désintéressement total de façon désintéressée, alors même qu'on est fermement convaincu qu'on sera récompensés précisément pour cela ? N'est-on pas fatalement, dans cette démarche de recherche de la vertu, tentés d'être motivés par la récompense que l'on croit y être associée ? Comment peut-on encore prétendre dans de telles conditions que cette démarche demeure totalement désintéressée ? A ce compte-là, seuls les athées seraient en mesure de développer les vertus requises.
Quant à moi qui d'une part crois en la vie après la mort, en une forme de justice céleste et en la nécessité de chercher à faire le bien à autrui ici-bas; d'autre part qui ai conscience de la nécessité de tenir sur toute chose une position rationnellement claire et cohérente et que cela ne saurait être en aucun cas reprochable en soi, voici ma position: ayant conscience de mon devoir, et du fait que je dois de toute manière l'accomplir pour en être récompensé là-haut; ayant clairement conscience qu'étant donnée cette perspective, l'accomplissement de mon devoir ne saurait être de toute manière autre chose en définitive qu'une démarche égoïste (même s'il s'agit au fond d'une conception étendue de l'égo qui englobe la somme de tous les égos de tous les individus en ce grand Ego Universel qu'est Dieu que je rejoindrai dans l'au-delà, bénéficiant ainsi égoïstement alors, du point de vue d'autrui, du bien que je leur fais aujourd'hui sans encore en percevoir concrètement le bénéfice), je n'en développerai aucun complexe pour autant, mais demeure ouvertement convaincu que Dieu me récompensera de toute manière pour cette démarche égoïste qui est la mienne, du moment qu'elle consiste sur le plan des actes pratiques bassement matériels, à me rendre utile à autrui.
De toute façon, pourquoi devrait-on être plus royaliste que le roi ? Dieu lui-même, alors même qu'il bénit Ses créatures et leur offre Ses bénédictions infinies, n'obéit-il pas en cela à une démarche égoïste, dans la mesure où Ses créatures ne sont en fait que des parties de Lui-même et qu'Il est directement affecté par ce qui leur advient, comme advenant à Lui-même ? Ainsi, les grâces infinies qu'il accorde à Ses créatures ne sont finalement que des grâces qu'Il accorde à Lui-même, de sorte qu'il serait impropre de Le qualifier d'altruiste pour ce fait.
Au nom de quoi devrait-on donc exiger de l'homme qu'il s'exerce à de plus "grandes vertus" que celles de Dieu Lui-même ?

Sur les moyens de changer l'homme

Il reste une revendication de la spiritualité: que, même s'il est possible de faire le bien sans être bon, le problème fondamental (non pas pour faire le bien, mais en lui-même) est que l'homme est mauvais et doit travailler à s'améliorer. Bon, déjà, dans un système économique qui ne permet pas de s'enrichir en nuisant à autrui mais seulement en aidant autrui, qui récompense les bonnes actions et pénalise les mauvaises, il est un peu plus difficile de pratiquer le vice et plus facile de pratiquer la vertu au sens de s'enquérir concrètement du bien d'autrui (puisque l'exercice permanent du service à autrui est facilité et encouragé par des moyens pratiques et financiers). Mais on peut imaginer que ce ne serait là qu'un changement superficiel, qui ne change pas le coeur de l'homme, lequel reste mauvais. Alors, comment faire pour améliorer le coeur de l'homme ?
Les religions et spiritualités se proposent en réponses, prétendant que la science est impuissante face à ce problème. Je n'en suis pas convaincu. Voici en effet un exemple d'article parmi tant d'autres qui aborde la méthode scientifique d'amélioration de l'homme, laquelle peut s'appliquer de la même manière à la plupart des qualités ou vertus humaines qu'on voudra promouvoir. En l'occurence, je vois cinq grandes catégories de qualités qui peuvent être ainsi promues par une telle procédure scientifique d'évolution génétique assistée de l'espèce humaine: santé, beauté, intelligence, joie, moralité. (Certains parents s'intéressent à l'athlétisme, ce qu'on peut voir aussi comme un aspect de la santé...). (Plus d'info dans quelques articles: Eugenics - Inné ou acquis - Psychologie évolutionniste - Héritabilité du QI - Génétique comportementale - Génétique et agressivité - Race et crime - Race et athlétismeRace et intelligence - un article sur le même sujet)

L'avantage manifeste que je vois à ce moyen est qu'il n'exige ni la lourdeur d'un quelconque encadrement éducatif avec toutes les peines et les risques de dérives associées, ni le genre d'endoctrinement artificiel (même si généralement cet endoctrinement ne s'avoue pas comme tel) proposé par un quelconque courant "spirituel", accompagné de l'inculquement d'erreurs diverses, aux effets aléatoires et parfois pervers. Or, présenter une telle démarche comme indispensable à cet objectif, serait de toute manière méprisant et élitiste puisque ne s'adressant qu'à ceux qui prennent la peine de s'y instruire en ayant le temps pour cela et se trouvant dans la circonstance d'y croire (ou pouvant y croire), circonstance injustement regardée (ou ne serait-ce qu'implicitement comprise d'une manière ou d'une autre, comme conséquence logique inévitable sur le fond même si cette déduction n'est pas explicite) comme marque de supériorité spirituelle sur ceux qui n'y croient pas.

Eh quoi, les vertus humaines ne seraient pas d'origine génétique ? Certes les gènes ne "produisent" pas l'intelligence ni la vertu en un sens direct et strictement matériel (puisque l'esprit habite la matière sans se réduire à elle), cependant ils fournissent des conditions neurologiques qui la favorisent ou l'entravent. Peu importe que les mécanismes bio-psychologiques intermédiaires de cette relation de cause à effet nous échappent, l'important est qu'ils existent. En effet, par exemple, si les chats sont plus calmes et doux moralement que les chiens, si les grands chiens sont moins risqués à apprivoiser que les lions et si les chiens de certaines races sont plus méchants que ceux d'autres races, ce n'est clairement pas (du moins pas seulement) pour des raisons d'éducation, ni encore moins pour des raisons religieuses, mais bien pour des raisons génétiques. Il n'y a pas de raison qu'il n'en aille pas de même pour l'homme. Or, les efforts d'amélioration du patrimoine génétique de l'homme sont cumulatifs: tout acte en ce sens a ses effets persistants en espérance (=en moyenne de probabilité) dans toutes les générations à venir, autrement dit il s'agit véritablement d'un progrès. Ainsi, réitérer ce travail pendant 100 générations a un effet persistant sur l'espèce humaine (toutes les générations à venir sans limite de temps), 100 fois plus grand que s'il n'a été effectué que sur la première génération. Ainsi, même si le progrès de cet acte est relativement faible sur une génération, son bénéfice est multiplié par le nombre illimité de générations futures. On pourrait donc ainsi qualifier le bénéfice de chaque action en ce sens, d'éternel.

Les oeuvres spirituelles, au contraire, sont contingentes, évanescentes, artificielles (inculquées de l'extérieur) et d'effet limité dans le temps. Un progrès moral par des moyens spirituels ne peut subister à la génération suivante qu'à la condition expresse que la leçon soit enseignée à nouveau, ce qui nécessite un certain labeur, et de même indéfiniment répétée à chaque génération. Or, il n'y a aucune garantie qu'elle le soit, et de fait la religion étant abandonnée (ses vertus n'étant pas vraiment bonnes...), les leçons de morale, bonnes ou mauvaises, qu'elle a inculquées, se perdent et s'oublient au profit de toute nouveauté qui s'imposera. A cela, aucun remède: l'homme étant ce qu'il est, sa nature reprendra le dessus tôt ou tard, et ce qu'on veut lui inculquer par l'éducation pourra toujours être oublié, transformé, remplacé par autre chose, mieux ou pire, suivant ce qu'on trouvera comme nouvelles idées, et les leçons de morale d'antan ne seront plus qu'histoire ancienne. La seule chose qui restera des oeuvres de l'homme ancien et qui affectera durablement et significativement le caractère de l'homme à venir, c'est son patrimoine génétique, qui constitue le paramètre qui joue en pratique le rôle de nature profonde de l'homme (de par sa relative constance et le fait qu'il soit donné naturellement à chaque génération sans y retravailler). Or, quelles furent les oeuvres de la religion en ce domaine ? (D'ailleurs son programme de changement de l'homme n'ayant guère changé depuis deux millénaires, révélation divine indépassable oblige, est en passe de devenir bien obsolète... ) La religion a oeuvré à faire évoluer l'homme vers le mal, à le rendre de plus en plus mauvais en lui-même. En effet, elle commande aux hommes et femmes de grande vertu de se faire prêtres, moines ou nonnes afin de faire disparaitre les gènes de la vertu. Elle veut ordonner aux femmes violées de ne pas avorter, afin de répandre les gènes du comportement violeur. Elle veut ordonner aux jeunes vertueux de s'abstenir de relations dans leur jeunesse, afin de réserver aux vicieux le monopole de la procréation précoce et aussi la priorité de la quête des meilleurs partenaires, et de faire ainsi porter aux vertueux le risque du célibat non choisi et donc de faire perdre leurs gènes. Elle promeut la fidélité comme vertu indépassable pour empêcher chacun de réattribuer les chances de transmission des gènes à qui lui paraîtra finalement meilleur que ceux qu'un premier hasard (aggravé par le fait d'avoir ainsi laissé aux plus vicieux le monopole de la poursuite des meilleurs partenaires) aurait désignés. Mais ce ne sont peut-être là que des dommages collatéraux ?
Euh, quelle surprise ai-je eu de voir un article d'un site catholique qui pour racheter son Eglise (?) prône l'eugénisme ! mais un eugénisme encore bien plus violent que celui que je trouve pertinent: je ne défends que l'idée de sélectionner les donneurs de gamètes dans la pratique très minoritaire de la procréation artificielle lorsqu'elle est demandée, dont dans une mesure qui peut facilement advienir de soi-même dans un monde libéral, et a un impact lent de long terme sans déranger la majorité des gens; lui, qui exclut comme tout bon catholique toute idée de procréation artificielle, parlent de faire la morale aux gens (ben oui c'est ça le catholicisme: n'envisager le bien que par la voie de l'autoflagellation, du devoir moral de se sacrifier la vie) pour les obliger à avoir, soit beaucoup d'enfants soit aucun en fonctions de leurs qualités !!!!! aïe aïe aïe ...

Exemples de grands problèmes, et pertinence des solutions informatiques

Quelqu'un après avoir lu l'analyse ci-dessus a prétendu la contredire en présentant sa liste de grands problèmes du monde, sur lesquels il la croyait inapplicable. Or justement je réponds que ces problèmes sont potentiellement traitables par des moyens technologiques (informatiques). Voici donc ma réponse en anglais.

Principales causes du bien et du mal

- Cause principale du mal: il n'y a rien de plus égoïste, cruel et machiavelique que l'Amour. Surtout l'Amour Vrai et Spirituel (texte en projet qui développera ce point), qui cherchant sa vertu et ses responsabilités dans le nombril de son âme en s'aveuglant sur les relations de cause à effet qui résident dans le monde extérieur et dont dépend la réalisation effective du bien et du mal, est prêt à laisser périr le monde extérieur pour sauver sa pureté intérieure, et saura toujours justifier ses actions désastreuses par son ignorance, son impuissance et ses bonnes intentions.

- Cause principale du bien: il n'y a rien de plus généreux, altruiste et efficace pour répandre le bien dans le monde que la Science, à condition bien sûr de la développer correctement dans les bonnes directions dont il y a besoin.


Autres réponses à des grandes questions
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