- Autres
en vrac (Michel Mizony, Gabriel Chardin, Futura-Sciences, Julian
Barbour...)
Francis Sanchez était un gros spammeur qui envoyait régulièrement ses âneries
à une liste d'une cinquantaine d'adresses de gens qui ne le lui
ont pas demandé, dont moi.
- Août 2005: Encore une catastrophe
médiatique: publication d'un nouveau livre de Raymond
Schaffer
"Comprendre la relativité d'Einstein" aux éditions
Ellipses, reprenant les mêmes idées absurdes que son livre
précédent. Voir la discussion que j'avais
déjà eue à cette occasion.
- Petit exemple banal de théorie universelle (semble avoir disparu du web); ce qui est intéressant est la Discussion à ce sujet sur le newsgroup où j'ai présenté en détails les arguments démontant les faux espoirs à la base de ce genre d'entreprise et expliquant pourquoi elle n'a aucune chance genre de réussir. Suite à cette discussion, celui-ci a finalement eu le courage et l'intelligence de renoncer à la défense de sa théorie.
Scientifically inaccurate claims by Chris Hillman L'affaire
Bogdanoff : Discussion
à leur sujet - Discussion
sur Futura-Science
Voir aussi l'avis
de J. Baez.
Sur leur livre "Avant le Big Bang", voir deux critiques et une
discussion sur fr.sci.physique.
Discussions à Futura-Sciences: - Pseudo
Sciences VS Sciences Universitaire - énergie
libre -pour
ou contre l'energie libre ?
Oncle Dom a fait une
page web sur les ummos et des liens.
Il y a bien sûr de bons sites. D'autres fois il y a des problèmes, essentiellement de deux types. D'abord, il y a une certaine prolifération de sites stupides, présentant une nouvelle théorie révolutionnaire complètement foireuse qui explique enfin les mystère de l'Univers ou quelque chose comme ça. Beaucoup d'entre eux, de façon plus ou moins évidente, manifestent une méconnaissance importante des théories actuellement reconnues.
Le problème m'a été confié par un membre de l'équipe Yahoo! France (et j'ai déjà entendu cela d'autres sources, c'est un problème social reconnu - je veux parler surtout de la deuxième moitié de cette citation):
<<Et comme vous le mentionnez dans votre article, il existe
bel et
bien un "problème de l'inertie et du conformisme du
système scientifique qui freine la reconnaissance des esprits
originaux et le développement des idées nouvelles en
sciences" : les francs-tireurs de la science sont donc nombreux
à tirer parti du Web et à nous solliciter. L'un des
intérêts de l'Internet reste quand même de permettre
au plus grand nombre de s'exprimer.
(...)les "pseudo-scientifiques farfelus" nous semblent hélas
beaucoup
plus désireux de communiquer leurs idées, à
défaut
de savoir, que les chercheurs reconnus. C'est un constat que nous
regrettons,
et nous attendons avec impatience que la communuaté scientifique
se
préoccupe un peu plus de s'ouvrir au grand public en proposant
des
sites en français de qualité. C'est une denrée
rare.
>>
Mais récemment, peut-être à cause d'un
changement d'équipe,
ces sites sont réapparus chez Yahoo et il n'y eut pas de
réaction
à mon dernier message.
Personnellement j'essaie de m'investir dans la communication des théories scientifiques avec mon site, mais à ma connaissance je ne peux pas être reconnu pour cela, et avec ses centaines de visiteurs par jour (bon, seulement dizaines pour la stricte partie scientifique) c'est une activité quasi-clandestine par défaut d'institution disposée à en reconnaître l'existence ;-).
En dehors du web, il y a bien des revues scientifiques de qualité qui répondent à un certain besoin (La Recherche, etc), mais cela ne répond pas à tous les besoins, et donc il faut chercher sur le web. Parfois ça va, on peut trouver des choses bien, mais il peut aussi y avoir une autre sorte de problème: une certaine quantité de sites sont faits par des amateurs de sciences, soit des élèves publiant simplement des travaux personnels, soit des étudiants ou autres personnes qui ne maîtrisent pas bien les sujets qu'ils présentent.
Alors, leur effort peut être louable de combler un vide patent
du
web, mais lorsqu'ils ambitionnent de traiter de sujets
élevés, ils risquent de commettre des erreurs.
Je pense que des personnes ne maîtrisant pas suffisamment un
sujet
de physique fondamentale (n'ayant pas assimilé le fond
mathématique des théories) ne devraient pas, en se basant
sur ce qu'ils ont retenu d'autres textes de vulgarisation, se permettre
d'écrire leurs propres textes de vulgarisation, à moins
de se faire relire par des personnes compétentes pour en
corriger les erreurs. Non à l'indépendance de la
vulgarisation par rapport à la connaissance ! Car une
vulgarisation dégrade déjà assez le sens des
choses de manière inévitable, une vulgarisation faite
d'après une autre peut devenir
n'importe quoi.
J'ai fait pour la première fois cette réflexion
à Christian Suavet (auteur d'un site sur la cosmologie qui se
trouve facilement même si un autre site de lui vient en premier
résultat google)
pensant qu'il cherchait à faire de la vulgarisation, avant de
m'apercevoir
qu'il était totalement ignorant de la Physique et qu'il
prétendait
lui aussi inventer des théories révolutionnaires
(totalement
farfelues). Ses conceptions sont en contradiction totale avec les
théories
physiques en vigueur, mais il n'a pas conscience de ce fait. En fait il
les
ignore, tout en croyant les connaître.
Il croit tout simplement que ces théories en vigueur ne sont
rien
d'autre que ce que des textes de vulgarisation en racontent; et que les
mathématiques
(qu'il n'a pas étudié) n'ont rien de fondamental à
y
ajouter. Du coup, il croit pouvoir découvrir des "explications"
des
choses, parce que les textes de vulgarisation ne les ayant pas
"expliquées"
complètement pour lui ou d'une manière qui le satisfasse,
il
s'imagine qu'il n'y a pas d'explication connue, et qu'il faut en
trouver.
Il ne savait pas qu'il y a une différence entre la science et la
vulgarisation,
et que si la vulgarisation ne s'explique pas elle-même c'est
parce
qu'elle est n'est que la partie émergée de l'iceberg des
connaissances
actuelles qui la dépassent et qui, elles, en sont bien des
explications
suffisantes (ou du moins bien meilleures que tout ce qui pourrait se
faire
en termes vulgarisés). Personne ne l'en avait prévenu.
Voir
aussi ma page sur les gravitons
, qui décrit encore d'autres aspects de cette situation.
(Pour dire les choses plus exactement et
répondre
à la remarque qu'on ne connait pas actuellement la
théorie
ultime de la Physique de laquelle découleraient les autres
théories : lorsqu'une loi globale est bien expliquée par
un mécanisme élémentaire, lorsque des
découvertes parviennent à dépasser ce
mécanisme ce qui risque d'être caduque ce
n'est pas le mécanisme énoncé ( voir
le chapitre "La science ne s'est jamais trompée" de
Christian
Magnan) mais seulement son élémentarité: il
gardera
son importance explicative mais apparaitra comme étant
lui-même
une loi globale résultant d'un mécanisme plus
fondamental.
Le
caractère
fondamental d'une loi est donc quelque chose de relatif. Et ce
mécanisme
garde son rôle explicatif, en tant que domaine d'approximation
intermédiaire
entre les lois les plus profondes et les phénomènes les
plus
extérieurs, rôle intermédiaire pour lequel il
demeurera
incontournable pour la plupart des situations. Par exemple la
gravitation
de Newton garde son rôle malgré que la Relativité
générale
l'ait détrônée en tant que loi fondamentale.)
Ainsi les phénomènes suivants peuvent passer pour inexpliqués du point de vue du langage vulgarisé, bien qu'ils ne relèvent en realité d'aucun mystère et sont parfaitement compris et expliqués par les théories actuelles: les paradoxes de la Relativité restreinte et de la Relativité générale (différences d'écoulement du temps etc), la dualité onde-particule de la physique quantique (seul le problème de la mesure quantique avec son hasard est sujet à controverse: certains physiciens s'en satisfont, d'autres non, suivant la philosophie de chacun).
Le malheur, c'est que les exigences de rigueur que je pose là
sont
apparemment très difficiles à satisfaire, vu que beaucoup
de
scientifiques tiennent un langage inaccessible aux non-initiés
(et
c'est parfois un défaut qui peut me menacer aussi). De toute
façon
les choses sont difficiles, puisque des présentations
"élémentaires",
même incorrectes, plaisent au public qui veut avoir l'impression
de
comprendre. Aspiration légitime d'une certaine manière...
mais
pouvant manquer d'une certaine exactitude. Si on veut dire des
choses exactes, ce sera moins facile de se faire comprendre.
Que faire alors ? Je ne sais pas très bien. Je ne demande pas,
bien
sûr, d'asséner des formules incompréhensibles pour
le
public. Alors... eh bien c'est du boulot si on veut un jour satisfaire
à
toutes ces exigences.
Vous dites:
"Je montre que telle hypothèse est peut-être vraie" (ou
"révolutionnaire").
Mais la seule chose que vous avez montré, c'est que vous n'êtes pas en mesure de confronter cette hypothèse à quoi que ce soit, faute des connaissances nécessaires (en effet, valeur de cette certitude est annulée par le fait qu'il s'agit de prouver non qu'une hypothèse est certaine mais qu'elle est seulement envisageable, or ce caractère envisageable est subjectif - comme je disais quelque part, la certitude du peut-être est une certitude qui peut être relativement absolue mais que je ne trouve pas moins absolument relative).
Supposons que quelque physicien a la pointe de la recherche et
hyperdévoué (autant croire au père Noël - je
ne suis ni l'un ni l'autre) prenne
la peine de confronter jusqu'au bout votre hypothèse avec ses
connaissances.
Supposons (comme je pense très probable) qu'il en conclue que
votre
hypothèse est fausse ou sans intérêt, aucun lien ne
pouvant
être trouvé avec ce qui est actuellement connu ou avec les
problèmes
qui se posent.
Supposons enfin qu'il vous le dise, mais qu'il ne puisse vous le
justifier parce que les raisons en sont hors de votre portée,
comme vous n'avez rien des connaissances requises pour cela.
Accepteriez-vous de le croire ?
Maintenant, je vais vous faire sentir par une image quel est l'ordre de grandeur de l'adjectif "hyperdévoué" ci-dessus.
Imaginons un enfant sur une plage, ou quelqu'un qui,
handicapé, ne peut pas beaucoup se deplacer et reste toute sa
vie en un même lieu,
sur une même vingtaine de mètres de plage.
Un beau jour, il y découvre un coquillage.
Il trouve cela extraordinaire: il n'avait jamais vu une chose pareille.
Alors il décide de passer le reste de sa vie à crier
à qui veut l'entendre, jusqu'à vouloir
téléphoner au président
des Etats-Unis:
"Voyez ce que j'ai trouvé ! N'est-ce pas beau ? Peut-être
que
cela vaut des millions ! Peut-être que les secrets de
l'océan sont écrits dedans !"
etc.
On le comprend, n'est-ce pas, on n'a qu'une vie et on espère
qu'elle
a un sens. Si le point culminant de sa vie semble être la
découverte
de ce cocquillage, ce serait bien le diable que ce cocquillage ne serve
à
rien.
Bien qu'il ne soit pas strictement impossible que tel cocquillage
qu'on n'avait pas encore examiné renferme des secrets et des
propriétés extraordinaires, le problème est que
les géologues ont déjà examiné des millions
de cocquillages a priori comparables à celui-là à
travers le monde parmi les milliards de cocquillages qu'on peut
trouver, que quelques-uns d'entre eux se sont avérés
être très intéressants mais rien n'indique que
justement celui-là aurait quelque chose de spécial.
Notamment, les circonstances particulières qui ont amené
cet
individu à trouver le cocquillage et à vouloir en parler
à
tout le monde ne constituent pas une motivation pertinente en ce sens.
Chaque
spécialiste ou équipe de recherche, suivant la
thématique
qu'ils cherchent à développer et les problèmes
à
résoudre, ont leur propres méthodes d'orientation ou de
sélection
des lieux à explorer, qui valent ce qu'ils valent avec leurs
qualités,
leurs défauts, leurs chances et leurs malchances, mais
globalement
meilleures qu'une recherche purement aléatoire ou suivant le
fait
qu'un amateur claironne sa découverte sur les
toits.
Notamment, ils ont des équippements de recherche sous-marine et
de
voyage dans les îles lointaines, auxquelles les amateurs n'on pas
accès,
et qui ont souvent permis les découvertes les plus importantes.
J'espère que vous voyez mieux maintenant ce que je veux dire: pourquoi, sans rien nier de votre "démonstration" que votre hypothèse serait a priori envisageable, ce n'est que par pure charité pour vous qu'un savant peut y prêter attention.