Pour l'éducation et le recrutement des étudiants futurs scientifiques

Les cursus existants

Après le bac, si on veut faire des études de mathématiques, quel cursus adopter ? Bien sûr, il n'y a pas de réponse universelle, cela dépend des gens. Je vais ici raconter mes impressions à ce sujet, influencé par la situation qui était la mienne, à savoir: vouloir faire de la recherche en maths pures, mais en étant plutot rêveur et n'aimant pas trop rédiger des démonstrations des petits exos qu'on vous demande.
Je suis passé par le cursus prépa-normale sup, en ayant redoublé la spé. La prépa m'avait dégoûté, surtout la spé. Ceci dit, j'en connais quelques-uns qui disent que c'était sympa. Probablement cela dépend-il en bonne partie des professeurs, et un peu de la capacité de chacun à suivre... mais de toute facon il faut avoir les nerfs solides, foncer comme une bête, et pas le temps de rêver !
Après, faire licence-maîtrise en un an au magistère de maths de l'ENS (dont le programme a évolué depuis que j'y étais) m'a paru nettement plus supportable, parce que le travail à fournir était nettement plus intelligent, donc moins chiant, que le travail de prépa.
Tout le monde recommande d'aller en prépa à ceux qui veulent se diriger vers la recherche, par les arguments suivants:
1) La prépa est de bien meilleur niveau que la fac, parce que le programme est plus important, et qu'on y est encadrés et poussés à travailler.
2) Prépa-ENS est le meilleur cursus scientifique français, pour la recherche.
3) Le concours d'entrée à l'ENS permet de repérer les meilleurs candidats (surtout à l'oral, m'ont précisé les professeurs de taupe lorsque j'avais échoué l'écrit).
4) A l'ENS on dispose des meilleures conditions matérielles pour travailler et s'initier à la recherche: en effet on est payés (salaire de fonctionnaire-stagiaire), et on a la sécurité de l'emploi (contrat de 10 ans avec l'Etat).
J'avais même cru comprendre autrefois qu'on avait un tuteur pour nous guider dans notre apprentissage et nos recherches. On en a bien un, mais les rendez-vous sont rares: signature avec avis de la liste des cours choisis par l'élève, plus quelques autres bricoles matérielles de temps en temps. A part cela, il y a un certain nombre de chercheurs qui travaillent dans les locaux, mais on n'a pas forcément l'occasion d'échanger avec l'un d'eux.

Ici mes commentaires sur les points 1) et 2), les suivants étant développés plus bas.

1) j'ai un copain qui fait ses études à l'Université du Havre et ne va jamais en cours, et ne travaille qu'environ un mois avant les exams, avec les cours photocopiés d'autres étudiants. Il a réussi comme cela sa licence, avec quelques années de retard il est vrai (parce qu'il passe la plupart de son temps à s'amuser). Mais bon, je pense que pour ceux qui veulent vraiment travailler la fac peut être un bon moyen: on n'est pas forcés de travailler mais on est libres de le faire si on veut. Les universités disposent d'une bibliothèque généralement beaucoup plus fournie que celle des lycées. D'autre part, rattraper les cours sur les notes d'un camarade peut être plus intelligent que d'être présent en cours pour faire sans cesse la course du stylo contre la craie à une vitesse sanctionnant toute tentative de compréhension à chaud.

2) Et l'Europe, ça n'existe pas peut-être ? La lecture du programme des études à l'Université Libre de Bruxelles, section mathématiques me donne l'impression que c'est à peu près aussi intéressant dès le niveau "candidature" (équivalent du DEUG) que le programme de magistère à Ulm. On peut y voir aussi la faculté polytechnique, dont quelqu'un m'a dit qu'il y a de la mécanique quantique dès la deuxième année de candidature, mais je n'ai pas réussi à répérer ça dans le dédale de leur site.

En France, les quelques théories qui seraient intéressantes sont reportées tard dans la scolarité voir ratées, comme par exemple l'analyse complexe récemment reportée du programme de licence à celui de maitrise, ou encore la géométrie projective absente des programmes, en sorte qu'il ne reste que choses inintéressantes à disposition, sans que ce soit plus facile pour autant (loin de là).
Voici un message extrait du newsgroup  fr.sci.physique:
<<De :Nir Navon (nir.navon at brutele.be)
Date :2002-01-13 03:19:36
Je vis en Belgique et j'ai un peu comparé les deux systèmes (entre les candis Polytechnique [de l'ULB] ici, et les CPGE en France), et je n'ai pas vu de différences énormes, juste une petite chose qui m'a étonné. Malgré le niveau
étonnamment élevé en mathématiques des filières très scientifiques (genre MP), il n'y a pas l'ombre de physique quantique ou statistique en prépas (alors que cela commence dès la 2e année en candi à Polytech).>>

De plus, cette université publie ses cours (sous la direction des professeurs), par les Presses Universitaires de Bruxelles.
J'ai discuté de cette question avec Francis Buekenhout (professeur à l'ULB). Il m'a dit qu'effectivement dans son université les cours sont bons mais le système d'examens est aberrant.
Si vous avez d'autres témoignages, vous pouvez toujours m'en faire part.

Exemple de programme de maths d'une université anglaise
Autres instituts de mathématiques suisses 

Voilà pour les informations. Passons maintenant aux opinions et aux rêves d'avenir.

(Un paragraphe sur l'éducation en general a été transfére de cette page vers ma page sur l'éducation.

Pour le contenu de l'enseignement des mathématiques

Une reference independante sur ce sujet: le rapport de Jean-Pierre Demailly.

J'espère un jour mettre en oeuvre mes idées de mathématiques sous la forme d'un nouveau cursus d'enseignement qui soit véritablement de qualité comparé à ce qui se fait actuellement en France, ou éventuellement comme amélioration d'un cursus existant déjà à l'étranger (car de tels changements semblent impossibles dans le cadre du système français, que ce soit celui des classes préparatoires ou de l'université, à cause notamment de la contrainte des programmes nationaux: équivalence des diplomes, concours d'entrée et agrégation).

Du point de vue du système français, ce contenu serait grossomodo situable au niveau premier cycle universitaire, car en France (et aux USA) on n'apprend quasiment rien au collège et au lycée. Ce qui n'est pas le cas par exemple en Angleterre où au cours des deux dernières années de lycée, les élèves choisissent trois ou quatre matières qu'ils traitent donc de manière plus approfondie qu'en France, puis à l'université ils peuvent n'étudier qu'une seule matière.
Ou encore en Roumanie où les élèves peuvent choisir leur filière en entrant au lycée, qui regroupe les classes de la 9ème (qu'on appelle en France la 3ème) à la 12ème (terminale), et où en filière scientifique le programme de maths recouvre celui de la première année d'université en France : dans la filière scientifique ils apprennent en classe de 11ème beaucoup de choses qu'en France on ne voit pas avant le bac (définition et étude de la continuité, matrices et déterminants n*n...).

Mais d'autre part il faudrait faire quelque chose dès le lycée (là c'est beaucoup moins mon truc), là où les élèves ont encore un reste de curiosité naturelle, pas encore écrasée par la chape de plomb du système : en discutant avec Oleg Viro, chercheur d'origine russe, il m'a dit que selon lui c'est entre 12 et 14 ans (si je me souviens bien) qu'il faut prendre les élèves, pour qu'ils puissent s'intéresser aux mathématiques, après c'est trop tard. Et il me semble que le programme français (qui oblige à suivre toutes les matières jusqu'au bac, puis au moins trois matières en deug de maths : maths, physique-chimie, informatique), ne laissant aucune chance aux élèves de lycée de percevoir la beauté des mathématiques (sauf à ceux qui en font en dehors bien sur) stérilise les facultés de beaucoup.
Je ne veux pas dire que le système anglais est meilleur dans l'absolu, mais qu'il y a certains élèves pour qui le système français ne convient pas, et qu'il serait donc souhaitable de faire quelque chose pour eux, au nom de la liberté et du droit à la différence. Car contrairement à ce que beaucoup de gens croient naïvement, de tels élèves n'ont pas toutes les chances d'intégrer Normale Sup; et moralement, ils risquent fort d'être asphyxiés par le climat de stress et de compétition qui règne en prépa, et d'être finalement dégoûtés des mathématiques pour ne pas les avoir connues d'une manière intéressante, ou plus simplement de stagner dans leur apprentissage puis d'accepter un métier moins intéressant (prof de lycée, informaticien ou ingénieur) que celui de chercheur qui leur aurait mieux convenu. (Ce phénomène d'échec des meilleurs est déjà bien connu en ce qui concerne les élèves de collège : voir les sites sur les enfants précoces, AFEP , ANPEIP et Douance, ou encore ce témoignage d'un élève précoce qui a raconté son hisoire dans un newsgroup).

Comment recruter les meilleurs étudiants pour la recherche

Actuellement, l'Ecole Normale Supérieure s'ennorgueillit de donner la meilleure solution imaginable à cette question par son concours d'entrée. Elle donne des privilèges infiniment supérieurs à ceux qui réussissent ce concours par rapport à ceux qui arrivent après, inclant une superpaie et une supersécurité d'emploi, et cela d'une manière définitive (irréparable). Puis aux élèves fraichement recrutés, lors de la réunion d'accueil, il est annoncé officiellement sur la même lancée: il ne faut pas se souvenir du rang auquel on a été recruté, car ceux qui ont été recrutés derniers ont autant de chances a priori de s'avérer être les meilleurs que ceux qui ont été premiers (et plus généralement le niveau scientifique n'est plus une affaire de compétition). Ainsi, le grand mathématicien Laurent Schwarz aimait à rappeler qu'il était entré dernier de sa promo à Normale Sup.

Ainsi, le concours d'entrée à Normale Sup est bien sûr parfait, si on se base sur un certain nombre d'hypothèses comme:

- Seul un petit nombre doit être recruté, la crème des crèmes, pour leur réserver plus tard les meilleurs postes dans le système.
- Nul n'est capable de connaître la valeur et l'orginalité d'un élève, si ce n'est un correcteur ou examinateur lorsqu'il lit ou observe 15 minutes les réactions de l'étudiant forcé à plancher sur des questions standard ("démontrer ceci, démontrer cela"). En particulier, aucun étudiant ne peut être assez qualifié pour savoir sur lui-même s'il a ou non une vocation pour la recherche, et ce qu'il est capable de faire de bon dans la vie, seul le jury peut dans ces courts instants découvrir cela pour lui.
 - La seule motivation possible pour attirer les meilleurs esprits, les plus brillants, libres et les plus originaux (ce que cette Ecole prétend discerner), n'étant pas l'amour de la science (dont ils sont bien sûr tous incapables d'avoir la moindre idée à l'avance) mais l'appât matérialiste des privilèges, il faut par ces privilèges engendrer un afflux de candidats aussi massif que possible pour être sûr de n'en rater aucun, puisque, comme on a dit, quel que soit le flux ils ne manqueront pas alors d'être remarqués et admis par le jury.
- Il est bon que les futurs candidats soient stimulés par la gravité de l'enjeu de cette réussite et la concurrence féroce au concours, pour être acculés à un travail de bagnard pour préparer ce concours, afin d'acquérir ainsi une agilité d'esprit qu'aucune activité digne d'hommes libres ne pourrait jamais produire spontanément, et cette capacité ainsi produite est seule à même, soit éventuellement de permettre de mieux révéler les capacités innées des candidats, soit plus généralement de garantir la qualité, la liberté d'esprit et l'originalité à venir de ces futur chercheurs.
-L'échec cuisant des quelque 90% des candidats qui ont échoué au concours en ayant sérieusement espéré le réussir, se sont donc donné tout ce mal pour rien et se retrouvent plus ou moins sur des voies de garage est parfaitement justifié (puisqu'il est logique que le premier recallé ne vaut rien en comparaison du dernier reçu, alors que celui-ci a a priori autant de chances de s'avérer un excellent chercheur que le premier reçu de sa promo) et n'a aucune importance, en comparaison des avantages indéniables pour le fonctionnement de la société de la sélection de ce petit groupe d'individus si bien formé de cette manière en ayant réussi.
- Une fois recrutés, ils doivent avoir tous leurs aises et l'esprit en paix quant à l'argent et la sécurité d'emploi pour pouvoir bien se consacrer à leur formation.
 

Remarquons que ces hypothèses sont bien entendu irréfutables, car si par hasard elles étaient fausses, il n'y aurait normalement dans le contexte social actuel aucun moyen de les contredire. En effet :

1) Il relève du devoir moral de ceux qui ont réussi de manifester leur reconnaissance en cirant les bottes du système (il est mal de "cracher dans la soupe").

2) Les propos de ceux qui ont échoué, s'ils ne se sont pas déjà suicidé, ne valent rien: ce sont des jaloux dont l'échec montre qu'ils n'ont pas de réelle valeur intellectuelle. (Personnellement j'ai de la chance, je suis à cheval entre ces 2 situations donc j'ai le droit de parler).

3) Face aux prochains candidats aux concours qui en douteraient (les quelques doux rêveurs imaginatifs, non scolaires, sachant mal rédiger conventionnellement, souhaitant faire de la recherche, à qui on a conseillé de préparer Normale Sup, et à qui l'on a promis qu'ils le méritent et qu'ils ont leurs chances, mais qui découvrent finalement qu'ils ne font pas le poids face à la grande masse des gros bourrins de travail attirés vers ce concours par les immenses privilèges matériels, financiers et de carrière qui y sont associés), on excuse toujours les institutions par des sophismes du genre:
- Le concours est adapté à juger la plus grande partie des élèves, on ne peut pas changer le système pour toi; avant de critiquer le système tu dois faire tes preuves, tu ne pourras faire quelque chose que lorsque tu seras intégré au système .
- Les exercices en mathématiques, l'entraînement à la rédaction, c'est comme les gammes pour le musicien: c'est chiant mais c'est nécessaire pour savoir ensuite mieux résoudre les problèmes futurs qui seront, eux, intéressants (il faut accepter cette affirmation comme parole d'évangile, il est interdit de commencer par entrevoir un sujet intéressant qui pourrait justifier à l'élève la validité de cet argument, ce serait totalement hors programme et estimé trop difficile pour ce niveau. Donc il est nécessaire de traiter tous les élèves comme des irresponsables, comme un véritable bétail incapable de juger ce qu'il est bon d'apprendre et comment, et ce qu'ils seront capables d'étudier à la sortie de ce bagne).
- La difficulté des classes préparatoires participe à la formation du caractère (donc, vivent les goulags et les camps de concentration !)
- C'est la règle du jeu, tu devais savoir que cela se passe ainsi, en choisissant cette voie tu t'es engagé à l'accepter, tu as cherché la voie royale avec tous ses privilèges, il faut en accepter le prix et le risque (ils appellent donc ça un jeu, ça les amuse tant que ça de tirer à pile ou face l'avenir professionnel des jeunes, en fait leur vie même pour ceux qui auraient vraiment à coeur de faire de la science ? Et puis, avait-on le choix d'entrer ou non dans ce jeu lié à la course au prestige : si seulement on leur proposait par ailleurs une voie d'apprentissage sans prestige, c'est-à-dire bien adaptée aux meilleurs, mais sans compétition ni privilèges !)
- Et bien sûr, ce n'est la faute à personne : le candidat est le seul responsable de son échec (autrement dit, les meneurs du jeu ne savent pas ce qu'ils font).
Ainsi ils se trouvent tués psychologiquement et socialement: psychologiquement d'abord, par la galère des classes prépa, machine à dégoûter les gens des mathématiques, puis socialement par le fait qu'ensuite après échec quasi-inévitable au concours d'entrée aux ENS, ils se retrouvent dans des voies d'études moins qualifiées et pourvues de moins de piston institutionnel quant à leurs débouchés. Une voie pas trop mauvaise est alors de se rabattre vers la licence à l'Université, à condition d'avoir prévu le coup (si on ne s'est pas inscrit à l'université et qu'ayant uniquement passé le concours des ENS on n'obtient aucune admissibilité, on ne peut pas s'inscrire en licence l'année suivante, sauf erreur de ma part). Après quoi on vient nous raconter que les ENS savent recruter les futurs meilleurs esprits, en fait ceux auxquels elles laisseront les moyens de s'épanouir et à qui elles feront donner les meilleurs titres...

Mais au fait, ne dit-on pas que des hypothèses irréfutables ne peuvent pas être qualifiées de scientifiques ?
(sauf lorqu'une question d'élégance théorique est en jeu, mais je ne vois pas où peut être l'élégance théorique de ces hypothèses).

Et si par hasard toutes ces hypothèses étaient fausses, quel autre système de recrutement pourrait-on inventer ?

Il semblerait que l'Etat est totalement incapable de faire cela, car il ne peut concevoir travail hautement qualifié d'intérêt public sans statut de fonctionnaire, donc privilèges, donc machine administrative à opérer des recrutements au nom de l'Etat, objectifs et incontestables, ce qui signifie en pratique nécessairement déshumanisés, bureaucratiques, aveugles et aberrants, etc.
Seule une association indépendante, devrais-je dire clandestine, en est capable.
Comment donc une organisation clandestine pourrait-elle attirer tous les meilleurs élèves du pays, me demanderez-vous ?
C'est facile: du moment qu'elle n'est pas organisée par l'Etat, elle peut être connue de tous via Internet, elle sera clandestine parce que l'Etat a pour nature profonde de rester aveugle à toute activité qu'il n'organise pas lui-même. Oui bon il faut peut-être pour cela s'installer géographiquement en dehors du territoire français, mais cela ne change finalement pas grand-chose à cette constatation.
[peut-être d'autres développements à l'avenir]

Alors ?

Finalement, je pense que les choses sont à peu pres claires et qu'il n'y a pas besoin de quoi que ce soit de nouveau en fait: toutes les connaissances scientifiques dont on peut rêver étant librement présentes sur internet, un véritable futur mathématicien ou physicien ne devrait avoir nul besoin du moindre système d'enseignement pour se former.

Vous allez dire: oui mais à une telle solution il y a comme un truc qui manque: le diplôme à la fin pour pouvoir décrocher un emploi.
Euh, pour quoi faire, décrocher un emploi, et auprès de qui ? Pour enseigner les maths ou la physique ? Vraiment ? A qui ? Depuis longtemps on n'enseigne plus les maths dans les établissements publics d'enseignement. On fait seulement du gardiennage, de la récitation de formules et de calculs, à un public qui ne s'intéresse nullement à tout cela. Pourquoi enseigner aux futurs vrais mathématiciens, puisqu'ils n'ont, eux non plus, pas besoin d'enseignants pour s'instruire (pour eux, il suffit de faire de nouveaux livres si et seulement si on pense pouvoir mieux faire que les auteurs des livres précédents) ? De toute façon il est impossible d'en réunir plus de 2 dans une même salle dans le contexte politique actuel. Pourquoi enseigner aux autres qui de toute facon n'y capteront rien ? Certes il peut y avoir des tranches intermédiaires, de gens qui auront besoin de maths pour autre chose, mais ce n'est pas très motivant (de mon point de vue). Et de toute façon, le cadre pour de tels cursus raisonnables reste à inventer, et c'est généralement pas dans les établissements publics d'enseignement qu'on y arrivera.
De même pour la recherche: le monde m'avait promis qu'en suivant le cursus scolaire je décrocherais le droit d'être paye pour ce dont je rêvais depuis toujours: faire de la recherche en mathématiques. Quelle déception ! Ce que le système appelle recherche en mathématique, et pour quoi il prétend me payer, n'a rien à voir avec ce que moi j'appelle recherche en mathématique, et que j'ai entrepris envers et contre tout (les textes sur ce site). Comment se passe la "recherche" dans le système ? Il faut découvrir de nouveaux résultats imbitables dans une hyperspécialité qui n'intéresse personne, et faire acte de présence de temps en temps par mesure de civilité à un séminaire où on fait semblant de s'intéresser au travail d'un collègue qui s'occupe d'une autre spécialité qui tout en étant "proche" ne peut rien apporter à ce qu'on fait soi-même...
Ainsi, le système offre un avenir pour les zombies uniquement (prêts à faire le semblant de recherche en mathématique que le système demande, et qui n'intéressera de toute façon personne sauf une poignée d'autres zombies), pas pour les vrais esprits mathematiciens originaux. Qui n'est pas un zombie et ne souhaite pas le devenir, n'a de toute façon rien à espérer d'un emploi auprès des institutions publiques. Il n'a donc rien à faire d'un diplome de zombie, CQFD.

Voici l'aboutissement de mes réflexions à ce sujet: comment peut s'organiser une société pour vraiment soutenir la recherche fondamentale (attention ça va totalement à rebours des idées reçues !!!)



Une idée sugérée par un ami (extraits de deux messages qu'il m'a envoyés):
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Pourquoi pas lancer une genre de start-up de l'éducation aux états-unis avec les enfants doués de personnes riches (au début), et peu à peu les convaincre de finacer une institution spécialisée. Et pour assoir tout ça il faudrait que les élèves participent aux concours de maths nationaux (le Putnam) ou internationnaux (Olympiades) et y obtiennent des résultats remarqués....
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message suivant:
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> Ca aurait ete bien si c'etait possible en France ou dans
> un pays francophone quelconque. Penses-tu que c'est impossible ?

Je sais pas ; y'a surement des enfants de riches qui en ont marre de l'école (peut-être parce que surdoués ou en tout cas gonflés par le système actuel) et qui se révèleraient en fait très accrocheurs avec un enseignement en petit groupe et intéressant. La scolarité étant obligatoire jusqu'à 16 ans, c'est vers cet âge là que tu pourrais peut-être trouver des gens intéressés, parce que je pense pas que tu puisse obtenir un contrat avec l'état comme les organismes privé dès la première année. Il faudrait aussi que tu arrives à trouver des gens qui eux sont intéressés par un enseignement différent mais dans des disciplines littéraires par exemple, comme ça des élèves de tout horizons, bien que se consacrant presqu'à une seule voire deux matières, n'en seraient pas pour autant coupés d'échanges avec des gens qui ont d'autres intérêts...


La mort annoncée de Normale Sup : discussion de newsgroup
J'ai été une courte période à l'Université Catholique de Louvain. Il y a là comme ailleurs un déficit d'étudiants scientifiques (crise de vocations à l'échelle européenne), mais la vie étudiante y est très sympa.


Retour au site : Envol vers la physique mathématique
dont :
Relativité restreinte suivant une nouvelle approche
Une liste commentée de sites de théories loufoques
avec en particulier: Critique de la relativité d'échelle de Laurent Nottale
Problèmes de la vulgarisation scientifique et des gravitons qui sortent des trous noirs
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