Envol vers la physique mathématique

Sommaire de cette introduction:
 Un monde scientifique ? Non, un monde qui marche à côté de ses pompes.
Message d'étudiant en physique de Paris 6: "depuis longtemps on n'enseigne plus la physique à l'Université".
 Mon aventure intellectuelle
 Convictions et position du projet
Tentatives d'actions concrètes
 

Un monde scientifique ?

Voici quelques remarques d'introduction aux motifs de ce site et de son titre, pouvant paraître étonnantes, ou très banales, voire même éventuellement tellement banales que beaucoup de gens les auraient oubliées, ou s'en ficheraient complètement...

Généralités sur la société

Dans le monde actuel, on sait très bien que la science triomphe et s'infiltre partout, ou plutôt les sciences, car elles sont multiples. La preuve, il existe des tas d'entreprises qui savent faire toutes sortes de technologies et d'objets pratiques pour faire des tas de choses, au hasard les ordinateurs. On sait envoyer des satellites autour de la terre, voyager en avion, produire de l'électricité dans des centrales nucléaires (et accessoirement, en y ajoutant les sciences politiques, mettre sur le sable au nom des droits de l'homme les peuples Irakiens et Yougoslaves qui ne nous ont rien fait). On sait aussi nous raconter l'histoire de l'Univers depuis une fraction de seconde après le Big Bang jusqu'à maintenant, la vie des étoiles...
Alors c'est quoi la science ? En théorie, c'est le fait de savoir; mais en pratique la plupart des gens n'en savent rien ou presque, à part bien sûr compter leurs sous, le fait que la Terre est ronde et tourne autour du Soleil, et que c'est la Science qui a permis aux hommes d'inventer toutes ces machines; mais que c'est trop compliqué pour eux. Mais pourquoi donc cette situation invraisemblable ?

Un certain nombre de gens en savent seulement un petit morceau, leur spécialité avec laquelle ils travaillent. Normal, la division du travail et des connaissances est indispensable, la somme de toutes les connaissances nécessaires à la marche du monde étant beaucoup trop vaste pour être assimilée par une seule personne...
Mais une grande partie de la société reste imperméable à la science. Le seul nom des mathématiques fait horreur à la plupart des gens qui ont gardé un mauvais souvenir des cours de maths ou physique qu'ils ont suivi à l'école. Finalement, libre à eux de ne pas aimer cette discipline, chacun ses goûts et ses capacités...
Mais ce n'est pas tout.

La société se montre dans son écrasante majorité totalement indigne de ces sciences qui font sa prospérité, affichant presque partout un culte de la médiocrité qu'on élève comme une vertu suprême de l'être humain, trouvant intolérable l'idée que certains puissent se montrer capables de faire des choses que tout le monde ne peut (ou ne veut pas se donner la peine de) faire.
A contresens, donc, de la division du travail.
Y compris à l'Ecole Normale Supérieure (où d'ailleurs la seule propagande politique qui y était pratiquée quand j'y étais (1995-96) était celle de Lutte Ouvrière et autres mouvements d'extrême-gauche: de qui critiquent-ils les privilèges, devant qui ils se prendraient pour des ouvriers ??) comme j'ai pu observer leur attitude sur leurs forums informatiques (comprenons-les, ces pauvres normaliens, ils ont été tellement abrutis en prépa à faire des exercices prétendument intelligents mais au fond plus ou moins débiles à longueur de journée, qu'une fois retrouvée la liberté ils ont naturellement envie de se défouler).
La télévision, cette merveille de science et de technologie, sert essentiellement d'outil à abrutir l'être humain au service des publicitaires, engendrant des générations d'élèves aux capacités intellectuelles réduites (en Roumanie par exemple, le sérieux et le niveau des élèves, bien qu'encore supérieurs à ceux de la France, en ont déjà pris un sale coup depuis la révolution, par l'introduction de ces #@&$!£ de chaînes de télévision de style occidental...).

L'ambiance scolaire

A l'école, l'élève doué et/ou qui voudrait apprendre est donc méprisé par ses camarades jaloux. Les élèves médiocres réagissent ainsi peut-être par crainte d'être considérés comme des sous-humains s'ils ont de moins bonnes notes. Pourtant, à mon avis, c'est un faux problème: tous sont humains, et ceux qui veulent apprendre veulent le faire pour leur développement personnel et/ou professionnel, et non pour se montrer supérieurs aux autres; ou du moins il serait bon qu'il en soit ainsi: lorsque la société couvre d'honneur les meilleurs, cela peut stimuler au travail et montrant des exemples, mais cette méthode n'est pas forcément très saine. Malheureusement, les cancres étant superficiels par nature sont trop sensibles aux comparaisons et ont trop tendance à s'en sentir agressés et donc à réagir négativement, d'autant plus que cela s'ajoute au caractère ennuyeux du travail objet de la comparaison.
Mais ce n'est pas tout.

Le rôle de l'école et des professeurs

L'élève de collège ou lycée qui voudrait acquérir des connaissances au-delà du programme scolaire n'est pas seulement méprisé par ses camarades et son environnement, il est aussi délaissé par ses professeurs qui sont chargés d'adapter leur enseignement à l'absence d'intuition des plus faibles: puisque certains ne peuvent de toute manière pas comprendre mais que tous sont égaux, il est nécessaire de développer un cours où il n'y a rien à comprendre mais où tout le monde devrait pouvoir s'en sortir en appliquant des automatismes.
Ainsi, les rares élèves qui seraient capables d'exercer leur intuition dans un exercice ne peuvent le faire, car s'ils le faisaient, trouvant une "vision" de la solution, et l'écrivaient sur leur copie, ils seraient méprisés par leurs professeurs (qui veulent éviter de réfléchir ?), et souvent accusés d'avoir copié sur leurs camarades,  comme si leur compréhension était forcément un coup de chance, dépourvue de fondement fiable (ou de "méthode" constituant l'esprit scientifique ?) sous prétexte qu'elle n'a pas la forme de la rédaction réglementaire. Ils sont donc contraints d'écrire tous les calculs et les raisonnements de la même manière que ceux qui ne voient rien. Et pour y parvenir, une bonne méthode est de s'efforcer de ne véritablement pas comprendre.
Je me souviens du jour où, étant en Math Spé M', j'eus l'occasion d'aider en maths un élève de niveau troisième environ, qui butait sur un problème. Je n'eus bien sûr pas de mal à voir la solution du problème, mais ensuite, lorsqu'on passa à la rédaction, je me sentis redescendre en enfer, dans l'enfer du collège que j'avais presque oublié: pour arriver à rédiger des phrases réglementaires exprimant la solution, quelle galère !
Et dire qu'on astreint les élèves à ces difficultés artificielles en guise d'exercices de mathématiques, en leur laissant si peu de moyens pour extraire de ces montages de formulations abracadabrantes les quelques idées que parfois elles renferment (ce qui en pratique ne leur servirait pas pour leurs tests d'ailleurs) !
Mais ce n'est pas tout.

Les bibliothèques universitaires: le moins pire du lot

Même en dehors du travail scolaire, les rares élèves qui chercheraient à en apprendre plus ne peuvent généralement pas trouver: leurs professeurs à qui ils pourraient parler n'en savent pas souvent beaucoup plus que leurs propres cours; les bibliothèques de lycée demeurent inutiles pour la même raison.
Il y aurait au moins les bibliothèques universitaires, tout de même. A condition bien sûr qu'elles ne soient pas trop loin, et que quelqu'un ait mis l'élève au courant du fait que cela existe.
Mais là, on se trouve littéralement écrasé par la quantité d'informations disponibles, ne sachant pas par où commencer, mais voyant que cela aussi, prolongeant naturellement le programme des lycées, sera encore long et pénible, les idées étant encore diluées dans un grand nombre de pages. Non plus diluées comme une goutte dans une piscine, mais comme une piscine dans un lac d'abord (cours d'enseignement universitaire) et comme un grand lac dans un océan ensuite (travaux de recherches).

Organisations extérieures; quelles réformes souhaitent certains

Les rares élèves qui malgré ces conditions défavorables chercheraient d'autres institutions sur lesquelles s'appuyer pour découvrir vraiment la science en général ou les mathématiques  en particulier, en trouveraient quelques-unes: par exemple l'ANSTJ (Association Nationale Sciences Techniques Jeunesse), Animath ou encore Altaïr. Ces institutions peuvent être adaptées aux besoins de certains élèves.
Par exemple, l'ANSTJ s'occupe des sciences expérimentales, qu'on peut toucher des doigts, ainsi qu'à l'astronomie. C'est bien pour les élèves que cela branche, mais rien pour ceux qui préfèreraient la théorie.
Altaïr (devenu depuis Aventure Scientifique), Animath (qui s'occupe des jeux, clubs et concours mathématiques qu'on peut mettre en place à l'intérieur des établissements scolaires, pendant le temps libre des élèves) et les organisations reliées comme Math en Jeans, ont décidé quant à eux, pour s'occuper de théorie et de mathématiques, de jeter le bébé avec l'eau du bain: ils abandonnent clairement la logique de la transmission des connaissance au profit d'une logique publicitaire, du style "les maths c'est rigolo". On s'en fout de ce que sont les maths, on fait jouer les momes, on entoure ça d'un beau décor et d'une belle étiquette et on dit qu'ils se sont amusés avec les maths. Par exemple, ainsi m'a confié un animateur d'Altaïr, pour expliquer leur refus de m'accepter dans leurs rangs: <<il faut bien voir qu'Altaïr n'est plus une association. C'est devenu une entreprise, au sens légal du terme. La politique est d'intéresser les jeunes aux sciences, plutôt que de leur apprendre des sciences ou l'esprit scientifique, et pour cela il faut taper dans le sensationnel, les organisateurs ne s'en cachent pas. C'est particulièrement vrai pour les plus jeunes. J'ai fait trois ans chez Altaïr : les jeunes qui viennent ne sont pas des petits génies (il y en a mais c'est rare). Ce ne sont pas non plus majoritairement des mordus de la sciences : je dirais un enfant sur trois à un sur cinq selon les stages. Ce que l'on présente les barbe facilement. L'exercice scientifique est donc particulier.>>
A Math en Jeans, il est interdit aux adultes ("accompagnateurs" et non "professeurs") de transmettre des connaissances aux élèves, mais il faut les laisser patauger dans leur ignorance en leur laissant chercher eux-mêmes les solutions de quelques problèmes ou jeux complètement nuls, en les aidant seulement par quelques pistes de recherches intermédiaires ou en leur indiquant leurs erreurs. Encore une fois cela n'est pas forcément criticable dans l'absolu, cela développe certainement quelques bonnes facultés intellectuelles en rapport avec la science (quelque exercice intellectuel et démarche scientifique), mais quel rapport avec le titre "apprentissage des théories", "approche nouvelle du savoir" (suivant laquelle il n'y aurait rien à savoir d'autre que ce qu'un lycéen normal réinvente facilement ?) ?
Pour leur défense il y aurait l'argument suivant lequel le bourrage de crâne scolaire prend souvent la forme du par coeur et des méthodes à appliquer automatiquement, ce qui est bien sûr stupide car la vraie connaissance doit être quelque chose de structuré, d'une structure que l'élève doit maîtriser pour pouvoir, dans l'idéal, se souvenir de tout naturellement sans rien avoir appris par coeur. Mais ils voudraient alors ignorer tout ce qu'un élève normal ne pourrait pas presque entièrement réinventer, guidé par le seul hasard, dans les mêmes conditions que les mathématiciens d'autrefois à qui il a fallu des siècles de tâtonnements et des coopérations avec de nombreux collègues pour en arriver là où nous sommes. Une telle façon de chercher sans motif, comme des oiseaux qui apprendraient à voler à l'intérieur d'une cage, risque donc souvent d'être un exercice intellectuel particulier, ayant son propre intérêt complémentaire de ceux de style scolaire, mais ne portant, lui non plus, guère de fruit intéressant.
Ces organisations sont plus ou moins reliées au courant "pédagogiste" aux expériences éparpillées un peu partout dans le monde et en particulier dans la francophonie. Leur idée est de se concentrer exclusivement sur la psychologie de l'apprentissage et sur les expériences d'enseignement et d'ateliers de recherche. Mais ainsi ils ne s'intéressent pas aux objets mathématiques fondamentaux étudiés et se contentent, soit de reprendre telle quelle la matière habituelle des cours (que tous supposent implicitement si bien connue depuis longtemps que rien de nouveau ne reste à faire), en la diluant dans de nouveaux substrats, soit de la remplacer par de l'histoire des mathématiques, laissant entendre que la science mathématique s'expliquerait comme un produit de circonstances historiques (argument contradictoire avec le précédent).
[Au sujet de l'histoire des mathématiques ou de la physique, a.m.h.a.:
1) Il est dommage qu'il n'y ait absolument pas d'histoire des mathématiques à l'école mais un zeste serait suffisant;
2) Il peut être intéressant dans notre univers d'enseignement spirituellement stérile, pour ceux qui font habituellement des calculs sans avoir d'idées, de se renseigner sur comment, dans l'Histoire, il est arrivé à des gens d'avoir des idées (en effet l'Histoire s'intéresse au progrès et le progrès est issu d'idées);
3) Seulement dommage que l'histoire soit par nature superficielle, ne laissant guère la chance de comprendre comment les gens ont eu les idées qu'ils ont eu, ni même quelle idée ils ont réellement eu dans le fond; dommage aussi que l'histoire mette l'accent sur la première version d'une idée qui est loin d'être la meilleure version de cette idée.
4) Mais ce n'est pas le fait que certaines idées ont été bonnes dans le cours de l'Histoire, qu'on devrait les considérer comme les seules possibles et s'interdire d'en trouver d'autres. On observe en effet une tentation passéiste de certains qui voudraient sacraliser les circonstances d'une découverte plus que la théorie produite, forçant son apprentissage à passer par ce récit, et sa formulation à en dépendre et s'y conformer. Au contraire, la conscience des cicatrices héritées des circonstances particulières de la naissance d'une théorie devrait nous inciter à poursuivre l'acte créateur de son étude jusqu'à la libérer de cette dépendance en ce qu'elle a d'accidentel, si on peut ainsi parvenir à sa simplification et non à de pires monstruosités d'abstraction.]
(La meilleure structure à ma connaissance en matière de théorie pour les jeunes est l'UME de la FFJM, mais je serais intéressé d'en connaître d'autres).

Le meilleur conseil: se plier à la connerie règlementaire

Ensuite, les très rares élèves de lycée qui malgré tout parviendraient à échapper à cette loi de l'ignorance réglementaire imposée par le milieu social, sont royalement ignorés par toutes les autres institutions, qui les traitent exactement comme s'ils n'existaient pas. S'il leur arrive par chance d'entrer en contact avec un chercheur scientifique, celui-ci leur conseille, en toute sagesse et honnêteté, de "ne pas se disperser" mais de donner la priorité à ce qui est "le plus important": la réussite scolaire, seule garante de la possibilité pour eux de se trouver une planque dans notre monde. Et pour réussir sa scolarité il faut lui consacrer tous ses efforts et son temps, donc sacrifier son élan naturel vers la connaissance.
En l'occurence, la réussite scolaire en matière de recherches en mathématiques passe par les classes préparatoires (math sup-math spé) suivies de Normale Sup, enchaînement n'ayant qu'une faible probabilité de s'accomplir.
(Je discute plus en détail le problème des filières et de la sélection des meilleurs étudiants pour la recherche ici.)

Toutes les autres issues étant bloquées, ceux qui veulent se destiner à la science fondamentale sont donc forcés de passer par la voie scolaire. Condamnés à confondre la science avec ce qu'on leur raconte à l'école, conformément à ce qui est décrété par Monsieur le Ministre de l'Education Nationale, de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche, seul arbitre habilité à décider ce qui doit être fait, étant donné qu'aucune différence d'enseignement d'un établissement à l'autre se saurait être tolérée, reconnaissance nationale des diplômes et justice sociale obligent (ainsi se touve assurés une parfaite égalité entre les élèves qui en général doivent acheter les mêmes livres, quelles que soient leurs différences de goûts, ainsi qu'un revenu de monopole confortable et renouvelé chaque année aux auteurs et éditeurs de ces livres de référence).

De toute façon, tous les livres de cours sont les mêmes

Il y a les cours en classe prépa ou à l'Université d'une part, les livres de cours d'autre part. Comme écrit plus haut, les idées y sont diluées.

Beaucoup de livres de cours sont écrits pour l'enseignement, en revendiquant très fort leur conformité aux programmes, comme un gage de qualité, en pratique parce qu'il faut bien s'adresser à la majorité des étudiants, qui ne s'intéressent qu'à réussir leurs examens. Il se trouve tout de même quelques cours qui n'y tiennent pas particulièrement, mais qui ne s'en éloignent pas beaucoup non plus, du fait de l'ambiance d'uniformité générale, donnant l'impression à tous qu'il n'y a qu'une méthode possible, qu'il n'y a pas lieu de remettre en question la présentation de telle et telle notion. Car, soit que vraiment aucune méthode différente n'ait été écrite dans le monde mais la même méthode a été systématiquement répétée à epsilon près dans 100 livres d'auteurs différents, au point que cela sert de "preuve" aux suivants que tout est bien connu dans le domaine et qu'il n'y a donc rien de mieux à faire que de la répéter encore dans un 101ème livre, soit qu'une bonne méthode différente aurait beau être "connue" depuis longtemps d'une poignée de gens, tout le monde continue à enseigner suivant la mauvaise méthode car ils n'ont pas eu l'occasion d'être au courant de l'existence de la bonne, ou bien de savoir qu'elle est effectivement enseignable.

Pourquoi rien ne bouge: personne ne le veut

En tout cas, rien n'est fait pour stimuler la recherche, la rédaction et la diffusion d'un éventuel nouveau cours: en France, un tel travail n'intéresserait personne :

Ni les institutions de recherche, qui soutiennent des centaines de spécialités chacune compréhensible uniquement par une poignée de scientifiques du même domaine, où aucun domaine de recherche d'un jeune chercheur n'est acceptable s'il n'y a pas une équipe d'anciens qui s'y intéressent et lancent un appel à candidature, et où aucun groupe de recherche ne peut être trouvé dans le domaine des mathématiques enseignables, suivant l'opinion qui voudrait qu'il n'y plus ait rien à découvrir depuis longtemps là-dedans; la plupart des chercheurs jugent de telles interrogations inintéressantes car trop simples pour leur intelligence si développée, ou sont trop lassés par ces domaines d'interrogations qui leur rappelle de si mauvais souvenirs, ou peut-être leur intelligence n'est-elle pas adaptée au genre de questionnement qui serait nécessaire (connaissant des réponses satisfaisantes à des questions élémentaires, il est difficile de s'intéresser à la recherche de réponses encore meilleures). Ils s'intéressent toujours uniquement aux domaines de spécialités, là seulement où peuvent se faire ce qu'ils peuvent fièrement appeler des "découvertes" de résultats nouveaux (qui s'ajoutant à l'océan de connaissances existantes ne pourront intéresser de toute manière qu'une poignée de collègues). Ou alors, ils font de la recherche sur l'enseignement des mathématiques, à savoir, la question de comment faire avaler coûte que coûte les bêtises indigestes qu'on veut faire avaler aux élèves et étudiants, sachant qu'on n'a de toute façon rien à foutre que ce qu'on essaie de faire passer a un sens mathématique ou physique (la question du contenu n'a pas à être soulevée, de toute façon on ne le choisit pas car il faut respecter le programme) et que de toute façon les étudiants ne comprennent rien à rien.

Ni les enseignants d'université, qui doivent respecter le programme, ont leur domaine d'intérêt en dehors dans une spécialité n'ayant rien à voir avec l'enseignement, et dont la carrière et l'avancement dépendent uniquement de cette recherche spécialisée et aucunement de leurs qualités d'enseignants. C'est pourquoi ils ne veulent surtout pas être dérangés avec de tels problèmes si étrangers et dangereux pour leurs fonctions et responsabilités.

Ni, enfin, la plupart des étudiants, qui ne s'intéressent qu'à la réussite de leurs diplômes (la meilleure reconnaissance possible des misérables automatismes qu'ils ont pu acquérir à force de recopier ce qu'il y a au tableau en réfléchissant le moins possible, et ce de la manière la plus anonyme et objective possible sans favoritisme), à égalité avec les matchs de foot ou autres, loin devant le contenu de ce qu'ils pourraient apprendre.

Messages d'étudiant en physique de Paris 6: "depuis longtemps on n'enseigne plus la physique à l'Université".

En novembre 2005 j'ai reçu le témoignage suivant d'Alioui Abdelhak - voir ici l'exposé plus complet qu'il a rédigé ensuite

Bonjour

Je suis étudiant à l'université P6 et je combats aujourd'hui contre cette connerie qu'ils enseignent et qu'ils osent appeller Mathématique ou Physique.

Je suis très en colère contre cette université qui prétend être une des meilleures, qui n'enseigne que la forme ("Formules", mot qui me donne envie de vomir aujourd'hui) et non le fond (démonstrations et raisonnements) de la physique.. (Bien sûr je ne parle que de la physique, la mention math info est apparement sans ces problèmes....enfin c'est ce que j'ai entendu).

Je voudrais faire bouger les choses mais comment ? Nous ne sommes que 6 pour l'instant.....une minorité....? A six.... on ne peut faire grand chose et en ce moment même je tente de prendre rendez-vous avec le responsable de la section....Bref , hier après une longue réflexion j'ai decidé de quitter l'université Pierre et Marie Curie , non pas pcq j'en avais marre de la physique mais pcq j'aime la physique et par respect envers tous ceux qui nous ont laissé ce savoir (de Phytagore a Einstein en passant par Thales et Feyman et bcp d'autres....).

J'ai aussi dscuté avec certains professeurs , dont un se bat aussi contre cette crise de l'enseignement depuis 30 ans,....conclusions: Les étudiants ont choisi leur voie: Formules-->Notes-->Dipomes-->Travail(ingenieur en general).........en effet dans ce chemin il n y a pas de physique.

Ce matin même , dans un couloir de l'université les mêmes phrases raisonnent "oh, il faut que j'aille apprendre les formules" voilà ce qu'on a fait de la physique, une vrai cuisine...!!!

J'ai donc repris hier soir mon programme que j'avais tant voulu faire, "Manger tous ces Bouquins bien gros et bien poussiéreux" voila de la physique , des centaines et des centaines de pages d'explications, d'approfondissements, je regrette vraiment cette époque de la physique qui malgré que je n'etait pas encore né m'est parvenue à travers ces livres.

J'ai vraiment perdu beaucoup de temps dans cette université. j'ai retrouvé cette physique dont j'avais tant voulu (Tout comprendre sans rien omettre).

Je compte donc m'isoler ces deux années qui suivent , "me blinder de physique et de math" sans bien sur être diplomé ( A quoi bon un diplôme de "Licence de Formules de Physique").

Je veut faire de la physique pour l'amour de la science non pas pour un "job" ou l'argent ( Il y a mieux en ce qui concerne l'argent) et pour pouvoir transferer ce savoir afin qu'il ne disparaisse pas de ce monde .

Mais je me pose tout de même la question suivante: Qui me proposera ce droit d'enseigner (et tout de même d'avoir un métier) sans ce vulgaire diplome (que je ne veut pas) à l'université??????

Je ne voudrais même pas vous parler de certains professeurs de la mention physique dans cette fac....des choses étonnantes.......

Voilà une question que je me pose: Si j'étudie tous ces bouquins en détails et prouve que j'ai alors un vrai niveau en physique est ce qu'il existe des gens capables de me reconnaître et de m'autoriser à passer par exemple une maîtrise malgré que je n'aie pas cette vulgaire licence, voire même enseigner si je prouve ce que je vaux ?

[Euh, enseigner quoi ? Des formules de physique ?]

En ce qui concerne les professeurs voici ce qui m'a été repondu par deux de mes anciens profs que j'admire beaucoup:

1er prof

Bonjour Alioui,

Nous sommes tous les deux [profs] désolés par l'évolution de l'enseignement et les coupes dans les programmes (j'y ai fait allusion l'an dernier en TD de L2). C'est vrai que tu es un cas particulier, peu d'étudiants réagissent au manque de considération qu'a le système universitaire francais pour l'enseignement. Je comprend ta position, comme je la comprenais déjà l'an dernier. Mais souviens toi que je t'ai dit de faire attention aux effets qu'elle risque d'impliquer. Le système français est assez rigide : Sans diplôme (de la fac ou d'une école), toutes les portes restent fermées. Et il serait dommage que tu restes en dehors du système... En tous cas, n'hésite pas à nous tenir au courant (si tu as besoin d'aide en physique ou en "orientation") ! A bientot,

2eme prof

Cher Alioui,

Je vous remercie de votre message, que j'ai lu avec attention.

Je comprends votre déception et suis le premier à regretter que ne trouviez pas à Paris 6 la qualité d'enseignement que vous en attendiez. Comme je vous l'ai dit l'autre jour, je suis moi aussi très inquiet de la façon dont les choses évoluent depuis plusieurs années. J'ai toujours défendu l'idée d'une exigence, en faisant le pari que la qualité de nos enseignements était la valeur la plus sûre, et qu'il fallait à tout prix la mettre au premier plan de nos préoccupations. Je vous ai aussi dit que nous sommes une ultra-minorité d'enseignants (Profs et MdC) à penser ainsi, hélas. Je pourrai même vous citer des exemples précis démontrant que ce souci est le plus souvent totalement absent de la tête des décideurs. Il ne serait que de citer les règles de compensation grotesques qui nous sont imposées, ou la composition des jurys en L3 : je n'hésite pas à dire que nous sommes (collectivement !) tombés sur la tête, et que nous nous couvrons de ridicule.

Le résultat, c'est ce que vous dénoncez, contre lequel j'ai personnellement, et vigoureusement, bagarré pendant des années. Une minorité ne fait jamais une majorité !

Ceci étant, permettez-moi de vous conseiller de poursuivre votre année, en essayant de travailler intelligemment, au besoin par un gros travail personnel. Je pense qu'il serait dommage de tout arrêter.

Conclusion allégorique

Résumons: autrefois, la nature était comme un jungle hostile, dans laquelle les hommes étaient faibles et à sa merci car ils ne la comprenaient pas et ne savaient pas la maîtriser. Depuis, grâce à l'effort de divers hommes au cours des sciècles, le monde des hommes a conquis la nature mais est devenu lui-même une jungle bis, aux savoirs dispersés dans son intérieur de plus en plus immense et complexe, au point que nul ne peut plus les rassembler. Une partie de plus en plus grande de la jeune génération est condamnée à errer dans ce nouveau labyrinthe géant, comme des esclaves plus ou moins aveugles chargés de suivre des fils d'Ariane préparés pour eux et aux longueurs interminables, mais nul ne s'en émeut, sauf souvent eux-mêmes qui, révoltés, voudraient tout lâcher en reniant le sens des progrès accomplis. Les uns et les autres se fichent de ces richesses spirituelles mais n'ont d'autre soucis que de se satisfaire du confort matériel qui en résulte, sans aucun respect pour ce à qui ou à quoi ils le doivent: les auteurs du labyrinthe, pour ces esclaves qui seront à l'issue de ce labyrinthe les ingénieurs de demain, et ces derniers pour les si précieuses connaissances au nom desquelles ils souffrent, et sans pouvoir les distinguer de ce terrible labyrinthe artificiel qui en est hélas l'unique voie d'accès encore actuellement.

Face à un monde résolument décidé à marcher à côté de ses pompes, il ne reste plus qu'à tout recommencer, envers et contre tous.
 

Mon aventure intellectuelle

J'ai eu une chance extraordinaire, inadmissible, on pourrait presque dire écoeurante (non pas en général, mais en cette matière en particulier). Avant même d'entrer profondément dans ce labyrinthe (c.à.d. avant le bac), ayant eu des fourmis dans les ailes et ne pouvant plus me retenir, je me suis envolé dans l'espoir d'apercevoir de là-haut quelque chose de l'environnent naturel dans lequel ce labyrinthe a été construit, de quelques-uns de ses points de branchements principaux et des pays vers lesquels il mêne. J'ai alors eu la chance extraordinaire de ne pas m'y égarer durablement dans de mauvaises directions. Bien sûr je n'ai suivi la meilleure direction du premier coup, mais j'ai eu la chance d'emprunter des voies pas trop mauvaises ou trompeuses, à partir desquelles j'ai pu acquérir de l'expérience, une agilité, une connaissance du paysage et un certain flair qui m'a servi à me corriger et à continuer ce voyage suivant des directions globalement bonnes.
Mais faisant cela je me suis heurté à un obstacle qui paradoxalement a été encore ma chance: ayant eu des paysages lointains une expérience essentiellement aérienne, je manquais là de lieux de repos et d'indications sur la suite du voyage, qui sont habituellement donnés aux voyageurs terrestres du labyrinthe, et qui m'auraient permis de poursuivre ce voyage vers des contrées plus éloignées. Je dus donc m'en retourner vers là d'où j'étais venu, explorer à nouveau les régions que j'avais déjà survolé, en observer d'autres chemins et les comparer entre eux, encore et toujours. Ainsi, ce pays des débuts du voyage est devenu en quelque sorte ma demeure où je me sens bien, car j'y ai découvert des raccourcis surprenants et des lieux superbes parfois seulement accessibles par la contemplation immobile ou la marche à reculons, que la plupart des gens n'ont pas vus, tellement affairés qu'ils sont à poursuivre leur route en avant en coûte que coûte vers des pays plus éloignés, pour l'honneur de s'échapper ainsi le plus loin possible de toute civilisation, et parvenir, seulement accompagnés de leur petite équipe d'explorateurs, en des régions dont ils pourront fièrement déclarer être les premiers à fouler le sol. Je trouve cela tellement dommage qu'ils passent si souvent ainsi à côté du paysage sans s'arrêter pour l'admirer, ce qui leur aurait parfois permis du même coup de mieux trouver ensuite leur chemin. Mais il y a plus grave encore: ils n'ont généralement pas conscience du fait qu'après avoir traversé ce pays en rampant, à pieds ou en marathon, beaucoup d'entre eux, arrivés enfin à une sortie du labyrinthe ou en un lieu où il n'est qu'à moitié construit dans un autre pays, n'auront que peu de chances d'aller beaucoup plus loin s'ils ne se décident enfin à ouvrir leurs ailes et à en apprendre l'usage, si encore ils en ont. En effet, ces autres pays, contrairement à celui-ci, sont proportionnellement mieux connus en vue aérienne qu'en vue terrestre, ensorte que ceux qui, arrivés là-bas, n'ont pas de bonnes ailes ou les ont trop affaiblies par manque d'usage, à moins d'être d'excellents coureurs ont tous les risques d'avancer trop lentement pour l'étendue à traverser, ou même de touner en rond.

Passons donc outre ce scandale insoutenable pour tous ceux attachés aux valeurs artificielles du labyrinthe, ses concepteurs et ses gardiens, ceux qui croient à ses murs et ceux qui se sont tellement fatigués dedans, fiers médaillés ou non de ses divers marathons, et éventuellement ceux qui voudraient croire que tous les hommes seraient identiquement pourvus par la nature.
Que ceux qui se sentent des ailes qui les démangent, reçues de la nature pour ce ciel, même et surtout s'ils n'en sont encore qu'au tout début du chemin, viennent maintenant s'envoler vers la physique mathématique.
 


Convictions et position du projet


En conclusion de ce qui précède: il y aurait beaucoup à refaire dans le système.
Pourtant, les connaissances sont là, qui nous tendent les bras mais que la plupart des gens ratent parce que le monde étant si grand et mal organisé, ils n'ont pas l'occasion de tomber dessus.
Ce problème comporte de nombreuses dimensions:

- Il y a des théories encore inconnues, ou connues mais qui mériteraient d'être reformulées pour être rendues plus simples ou leut utilisation plus efficaces (ou les démonstrations de leurs propriétés de base plus élégantes). Certains professeurs pensent que les "recherches en mathématique" proprement dites, dans ce qui n'est pas bien connu ou reste à retravailler sur le plan mathématique, ne peut plus avoir de rapport avec l'enseignement en-deça du troisième cycle universitaire, admettant que les chapitres concernés par ces enseignements, n'ayant pratiquement plus évolué depuis une vingtaine d'années, sont désormais fixés pour l'éternité, tout ayant déjà été fait. C'est à mon avis une erreur, car j'ai trouvé des idées ou présentations de théories qui seraient beaucoup plus élégantes sans être plus compliquées que l'enseignement actuel (D'autres m'encouragent dans mon projet et le trouvent très intéressant, mais ne peuvent pas y participer pour la simple raison qu'ils n'ont pas l'inspiration correspondante).

-Il y a le problème de la manière d'enseigner, du déroulement des cours. Mais il y a déjà un grand nombre de gens qui travaillent dans cette direction, produisant une forte accumulation d'observations, d'expériences et de logiciels. La plupart de ce qui est fait concerne l'enseignement pré-universitaire, s'efforçant tant bien que mal de remédier à la catastrophe de la baisse de niveau et de l'aggravation de la déformation des esprits sortant de l'enseignement secondaire (où les mathématiqes sont présentées comme une collection de recettes de calculs à appliquer). Il y eut une époque autrefois où on enseignait dans le secondaire de la géométrie de haut niveau: inversions, puissance d'un point par rapport à un cercle, démonstrations exerçant fortement l'intuition visuelle et la rigueur, et je ne sais quoi d'autre.
- Sans doute cela n'est pas la faute des recherches en pédagogies que je suppose bonnes, mais ce serait probablement un problème avant tout politique: les ministres de l'éducation n'ont aucun souhait d'améliorer le niveau d'éducation de la population et imposent une médiocrité réglementaire, à laquelle tout le monde se range parce qu'il le faut bien pour continuer à recevoir son salaire de l'Etat.
Mais il m'apparaît de plus en plus clairement que le système politique actuellement en place est en passe de s'effondrer.

Dans ce contexte de problèmes très vastes, j'ai entrepris de m'investir sur un terrain précis, qui est comparable à l'objectif du cours de Bourbaki, en plus limité.

La limite vient du fait que la vie est courte et que j'y travaille seul, du moins pour le moment, tandis que Bourbaki était un groupe; de plus, l'ensemble des connaissances existant actuellement en attente de synthèse est encore beaucoup plus vaste qu'à l'époque de Bourbaki. J'y travaille seul parce que je n'ai pas trouvé  d'autres personnes disponibles, motivées et surtout ayant le même style d'imagination et d'objectifs pour pouvoir collaborer en un travail cohérent (ce qui n'enlève rien au fait qu'ils puissent faire d'excellents travaux dans d'autres domaines; je parle ici de la constation sur ce qui me semble la meilleure méthode de travail me concernant). En fin de compte, l'aspect solitaire de ce travail ne me semble pas un point négatif pour le moment, puisque je me débrouille bien ainsi.
Loin de prétendre donc à une utilité universelle (dans l'univers de tout ce qu'il faudrait faire pour améliorer l'enseignement en mathématique et physique, soulager les peines des étudiants et stimuler leur intérêt), j'ai choisi de contribuer dans les chapitres et les aspects qui m'intéressent le plus, où j'ai le plus d'imagination et où il semble que si je ne faisais pas ce que je fais, personne d'autre ne le ferait à ma place.
Donc:
- Face à l'obstacle politique je propose une solution politique.
- Le travail que je compte faire se répartirait entre recherche (rédaction de textes de cours) et enseignement de ces cours. Objectivement, c'est le côté recherche qui est le plus utile (les textes pouvant avoir un nombre illimité de lecteurs à l'avenir, tandis que l'enseignement est à répéter à chaque fois). Mais l'enseignement m'apporte motivation et parfois enrichissement par les questions et manifestations d'intérêt, pouvant m'aider à réorienter la rédaction.
Pour le moment j'ai répété mon introduction à la Relativité restreinte à un certain nombre de classes, bon passe-temps certes pas très fructueux pour le long terme.
- Je n'admettrais pas de compromis avec un système qui ne me laisserait pas une lattitude suffisante pour poursuivre ce projet. En l'occurence, comme tout le monde me dit que je devrais y renoncer pour prendre un poste de Maître de Conférence en France, me concentrant sur mon domaine de recherche spécialisée (de ma thèse) qui est le seul critère de recrutement, et acceptant d'autre part d'enseigner comme tout le monde pour ne pas perturber les habitudes des professeurs (et respecter les programmes nationaux; il ne faut surtout pas dire qu'on a des idées sur l'enseignement avant d'avoir x années d'ancienneté...), cela m'encourage énormément à ne chercher des postes qu'à l'étranger.

Ensuite, mon terrain n'est pas l'ordre temporel mais le monde platonicien. Je ne cherche pas à connaître ce qui se fait pour y apporter une petite amélioration à court terme, car si encore elle était acceptée, elle serait aussi rapidement balayée par ceux qui viendront ensuite, et oubliée; tandis qu'une innovation radicale, même si seuls 0,01% des étudiants en sont affectés au début, pourra d'elle-même au fil des ans se diffuser sur 0,1%, puis 1%, puis 10%, puis une majorité après quelques décennies. L'essentiel est que les textes de cours aient été écrits, la magie de l'Internet fera le reste.
- Tandis que le rôle de Bourbaki était de sythétiser les développements de recherche en mathématiques de son époque, il s'agit ici de synthétiser uniquement certains chapitres de maths et physique que la recherche a déserté depuis longtemps. Et donc revivifier ces domaines, montrant qu'un travail de recherche peut encore porter des fruits nouveaux à un niveau fondamental relativement accessible mais non réduit à des "jeux mathématiques" futiles, et pouvant ouvrir la voie à de nouvelles interrogations suggérées par ces nouveaux points de vue.
L'objet est de présenter les mathématiques sous une forme synthétique, pure et achevée qui ne soit pas pour autant austère et formaliste, mais au contraire pleine de vie, d'idées et d'intuition.
Le but est donc ici de reformuler et synthétiser un certain nombre de connaissances existantes pour en manifester davantage l'élégance et en faire une reconstruction globale cohéhente. La portée est environ le niveau de premier cycle universitaire des filières de mathématiques pures et physique théorique, mais totalement non conforme aux programmes actuels. Le public visé est actuellement essentiellement celui des étudiants motivés d'apprendre en dehors des exigences des examens.
Il s'agit de "reprendre les mathématiques à leur début", non en un sens pédgogique mais au sens du monde mathématique en lui-même. Mais en interprétant ce monde mathématique en lui-même de manière ouverte à ses dimensions intuitives et à la richesse de ses significations.
Bourbaki n'admettait pas de figure dans ses Cours, ne reconnaissant pas la géométrie comme première. Je pense au contraire que les dessins sont une bonne chose et ont un rôle fondamental à jouer. Cependant, je n'en faid presque pas, et je reconnais que cela manque parfois.
Voici mes excuses à cela:
- Le travail d'ajouter des dessins pourra être complété par d'autres auteurs à l'avenir; je préfère me concentrer sur la première étape (plus fondamentale et chronologiquement première) du mûrissement des connaissances, celle portant sur les concepts et les explications, sur laquelle je pense être le plus difficilement remplaçable. C'est elle qui gouverne l'architecture globale des connaissances, le troc sur lequel les supports visuels pourront se greffer plus facilement par la suite.
-Technologiquement, la rédaction des texte est actuellement suffisament aisée avec les traitements de texte. Un texte restera toujours le même texte à l'avenir; on peut seulement espérer que la reconnaissance vocale permette de l'accélérer. Par contre, il est vraisemblable que les matériels d'interaction homme-machine et les logiciels de dessin à venir ouvriront des facilités de dessins informatiques substanciellement meilleures, condamnant à l'obsolescence les dessins qui seraient faits aujourd'hui.

-Comme Bourbaki, ceci n'a aucune prétention à s'introduire tel quel dans l'enseignement secondaire qui est une toute autre affaire. (La réforme des "maths modernes" était prétendue bourbakiste par les politiciens, contre les vrais bourbakis qui avaient pourtant prévenu que leurs travaux n'étaient aucunement appropriés à l'enseignement secondaire).
Ceci ne signifie pas qu'il n'y a rien à dire et rien à en déduire pour l'enseignement secondaire, loin de là, mais que si quelque chose de cela méritait d'y avoir des retombées, ce ne serait que de manière très indirecte, après des longues périodes de mûrissement, de diffusion des idées parmi les professeurs, et d'autres travaux par d'autres auteurs.
Mais dans ce domaine de l'enseignement secondaire, je suppose qu'il se trouve de plus abondantes richesses intellectuelles dans l'enseignement d'autrefois, dont il serait urgent de chercher à en ressusciter ce qui s'y est fait de bien en matière de programmes notamment.
 

Tentatives d'actions

J'ai essayé de créer un club de maths quand j'étais à Grenoble, pour discuter des grandes théories de maths et physique, mais cela n'a pas porté de fruits importants par manque de participants.
Il semble que la difficulté que j'ai eueà trouver des gens a deux causes (hormis le fait qu'il y a naturellement peu de gens sérieux et intéressés par le sujet):

1) Ils n'ont pas le temps. En effet, à notre époque des 35 heures, les étudiants n'ont globalement que peu de temps à eux, pendant lequel ils ont besoin de se reposer en faisant autre chose que des maths !

2) Ils ont gardé un souvenir horrible des cours de maths qu'ils ont suivi, surtout s'ils sont passés par une prépa. On aurait tort de rejeter systématiquement ce jugement de leur part: je pense que l'on pourrait effectivement faire des cours plus motivants ! Mais pour beaucoup d'élèves c'est trop tard, on leur a appris les maths d'une certaine manière, surtout utile aux profs pour leur faciliter la tâche de la distribution des notes aux élèves. Il y a quelques jours j'ai discuté avec l'un de ceux intéressés par mon club (le seul à être dans des études de physique). Il a dit qu'il avait abandonné les maths parce qu'il en avait eu marre de devoir sans cesse rédiger des démonstrations de la manière que le prof demande (parce que s'il résoud l'exo suivant son idée à lui et pas celle du prof, on lui compte faux). Là-dessus, je le soutiens.


Rêvons un peu

Voir le texte : "Pour l'éducation et le recrutement des étudiants futurs scientifiques"

Retour au site : Envol vers la physique mathématique
dont:
La relativité restreinte rendue intuitive
Rectification des erreurs de Scio
Critique de la relativité d'échelle de Laurent Nottale
Problème de la vulgarisation et des gravitons qui sortent des trous noirs
Opinions diverses