Un certain nombre de gens en savent seulement un petit morceau, leur
spécialité avec laquelle ils travaillent. Normal, la
division
du travail et des connaissances est indispensable, la somme de toutes
les
connaissances nécessaires à la marche du monde
étant
beaucoup trop vaste pour être assimilée par une seule
personne...
Mais une grande partie de la société reste
imperméable
à la science. Le seul nom des mathématiques fait horreur
à la plupart des gens qui ont gardé un mauvais souvenir
des
cours de maths ou physique qu'ils ont suivi à l'école.
Finalement,
libre à eux de ne pas aimer cette discipline, chacun ses
goûts
et ses capacités...
Mais ce n'est pas tout.
La société se montre dans son écrasante
majorité
totalement indigne de ces sciences qui font sa
prospérité,
affichant presque partout un culte de la médiocrité qu'on
élève comme une vertu suprême de l'être
humain,
trouvant intolérable l'idée que certains puissent se
montrer
capables de faire des choses que tout le monde ne peut (ou ne veut pas
se donner la peine de) faire.
A contresens, donc, de la division du travail.
Y compris à l'Ecole Normale Supérieure (où
d'ailleurs
la seule propagande politique qui y était pratiquée quand
j'y étais (1995-96) était celle de Lutte Ouvrière
et autres mouvements d'extrême-gauche: de qui critiquent-ils les
privilèges, devant qui ils se prendraient pour des ouvriers ??)
comme j'ai pu observer leur attitude sur leurs forums informatiques
(comprenons-les,
ces pauvres normaliens, ils ont été tellement abrutis en
prépa à faire des exercices prétendument
intelligents
mais au fond plus ou moins débiles à longueur de
journée,
qu'une fois retrouvée la liberté ils ont naturellement
envie
de se défouler).
La télévision, cette merveille de science et de
technologie,
sert essentiellement d'outil à abrutir l'être humain au
service
des publicitaires, engendrant des générations
d'élèves
aux capacités intellectuelles réduites (en Roumanie par
exemple,
le sérieux et le niveau des élèves, bien qu'encore
supérieurs à ceux de la France, en ont déjà
pris un sale coup depuis la révolution, par l'introduction de
ces
#@&$!£ de chaînes de télévision de style
occidental...).
L'élève de collège ou lycée qui voudrait
acquérir des connaissances au-delà du programme scolaire
n'est pas seulement méprisé par ses camarades et son
environnement,
il est aussi délaissé par ses professeurs qui sont
chargés
d'adapter leur enseignement à l'absence d'intuition des plus
faibles:
puisque certains ne peuvent de toute manière pas comprendre mais
que tous sont égaux, il est nécessaire de
développer
un cours où il n'y a rien à comprendre mais où
tout
le monde devrait pouvoir s'en sortir en appliquant des automatismes.
Ainsi, les rares élèves qui seraient capables d'exercer
leur intuition dans un exercice ne peuvent le faire, car s'ils le
faisaient,
trouvant une "vision" de la solution, et l'écrivaient sur leur
copie,
ils seraient méprisés par leurs professeurs (qui veulent
éviter de réfléchir ?), et souvent accusés
d'avoir copié sur leurs camarades, comme si leur
compréhension
était forcément un coup de chance, dépourvue de
fondement
fiable (ou de "méthode" constituant l'esprit scientifique ?)
sous
prétexte qu'elle n'a pas la forme de la rédaction
réglementaire.
Ils sont donc contraints d'écrire tous les calculs et les
raisonnements
de la même manière que ceux qui ne voient rien. Et pour y
parvenir, une bonne méthode est de s'efforcer de ne
véritablement
pas comprendre.
Je me souviens du jour où, étant en Math Spé M',
j'eus l'occasion d'aider en maths un élève de niveau
troisième
environ, qui butait sur un problème. Je n'eus bien sûr pas
de mal à voir la solution du problème, mais ensuite,
lorsqu'on
passa à la rédaction, je me sentis redescendre en enfer,
dans l'enfer du collège que j'avais presque oublié: pour
arriver à rédiger des phrases réglementaires
exprimant
la solution, quelle galère !
Et dire qu'on astreint les élèves à ces
difficultés
artificielles en guise d'exercices de mathématiques, en leur
laissant
si peu de moyens pour extraire de ces montages de formulations
abracadabrantes
les quelques idées que parfois elles renferment (ce qui en
pratique
ne leur servirait pas pour leurs tests d'ailleurs) !
Mais ce n'est pas tout.
Même en dehors du travail scolaire, les rares
élèves
qui chercheraient à en apprendre plus ne peuvent
généralement
pas trouver: leurs professeurs à qui ils pourraient parler n'en
savent pas souvent beaucoup plus que leurs propres cours; les
bibliothèques
de lycée demeurent inutiles pour la même raison.
Il y aurait au moins les bibliothèques universitaires, tout
de même. A condition bien sûr qu'elles ne soient pas trop
loin,
et que quelqu'un ait mis l'élève au courant du fait que
cela
existe.
Mais là, on se trouve littéralement écrasé
par la quantité d'informations disponibles, ne sachant pas par
où
commencer, mais voyant que cela aussi, prolongeant naturellement le
programme
des lycées, sera encore long et pénible, les idées
étant encore diluées dans un grand nombre de pages. Non
plus
diluées comme une goutte dans une piscine, mais comme une
piscine
dans un lac d'abord (cours d'enseignement universitaire) et comme un
grand
lac dans un océan ensuite (travaux de recherches).
Les rares élèves qui malgré ces conditions
défavorables
chercheraient d'autres institutions sur lesquelles s'appuyer pour
découvrir
vraiment la science en général ou les
mathématiques
en particulier, en trouveraient quelques-unes: par exemple l'ANSTJ
(Association Nationale Sciences Techniques Jeunesse), Animath
ou encore Altaïr.
Ces
institutions peuvent être adaptées aux besoins de certains
élèves.
Par exemple, l'ANSTJ s'occupe des sciences expérimentales, qu'on
peut toucher des doigts, ainsi qu'à l'astronomie. C'est bien
pour
les élèves que cela branche, mais rien pour ceux qui
préfèreraient
la théorie.
Altaïr (devenu depuis Aventure Scientifique), Animath (qui
s'occupe des jeux, clubs et concours
mathématiques
qu'on peut mettre en place à l'intérieur des
établissements
scolaires, pendant le temps libre des élèves) et les
organisations
reliées comme Math
en Jeans, ont décidé quant à eux, pour
s'occuper
de théorie et de mathématiques, de jeter le
bébé
avec l'eau du bain: ils abandonnent clairement la logique de la
transmission
des connaissance au profit d'une logique publicitaire, du style "les
maths
c'est rigolo". On s'en fout de ce que sont les maths, on fait jouer les
momes, on entoure ça d'un beau décor et d'une belle
étiquette
et on dit qu'ils se sont amusés avec les maths. Par exemple,
ainsi
m'a confié un animateur d'Altaïr, pour expliquer leur refus
de m'accepter dans leurs rangs: <<il faut bien voir
qu'Altaïr
n'est plus une association. C'est devenu une entreprise, au sens
légal
du terme. La politique est d'intéresser les jeunes aux sciences,
plutôt que de leur apprendre des sciences ou l'esprit
scientifique,
et pour cela il faut taper dans le sensationnel, les organisateurs ne
s'en
cachent pas. C'est particulièrement vrai pour les plus jeunes.
J'ai
fait trois ans chez Altaïr : les jeunes qui viennent ne sont pas
des
petits génies (il y en a mais c'est rare). Ce ne sont pas non
plus
majoritairement des mordus de la sciences : je dirais un enfant sur
trois
à un sur cinq selon les stages. Ce que l'on présente les
barbe facilement. L'exercice scientifique est donc particulier.>>
A Math en Jeans, il est interdit aux adultes ("accompagnateurs" et
non "professeurs") de transmettre des connaissances aux
élèves,
mais il faut les laisser patauger dans leur ignorance en leur laissant
chercher eux-mêmes les solutions de quelques problèmes ou
jeux complètement nuls, en les aidant seulement par quelques
pistes
de recherches intermédiaires ou en leur indiquant leurs erreurs.
Encore une fois cela n'est pas forcément criticable dans
l'absolu,
cela développe certainement quelques bonnes facultés
intellectuelles
en rapport avec la science (quelque exercice intellectuel et
démarche
scientifique), mais quel rapport avec le titre "apprentissage des
théories",
"approche nouvelle du savoir" (suivant laquelle il n'y aurait rien
à
savoir d'autre que ce qu'un lycéen normal réinvente
facilement
?) ?
Pour leur défense il y aurait l'argument suivant lequel le
bourrage
de crâne scolaire prend souvent la forme du par coeur et des
méthodes
à appliquer automatiquement, ce qui est bien sûr stupide
car
la vraie connaissance doit être quelque chose de
structuré,
d'une structure que l'élève doit maîtriser pour
pouvoir,
dans l'idéal, se souvenir de tout naturellement sans rien avoir
appris par coeur. Mais ils voudraient alors ignorer tout ce qu'un
élève
normal ne pourrait pas presque entièrement réinventer,
guidé
par le seul hasard, dans les mêmes conditions que les
mathématiciens
d'autrefois à qui il a fallu des siècles de
tâtonnements
et des coopérations avec de nombreux collègues pour en
arriver
là où nous sommes. Une telle façon de chercher
sans
motif, comme des oiseaux qui apprendraient à voler à
l'intérieur
d'une cage, risque donc souvent d'être un exercice intellectuel
particulier,
ayant son propre intérêt complémentaire de ceux de
style scolaire, mais ne portant, lui non plus, guère de fruit
intéressant.
Ces organisations sont plus ou moins reliées au courant
"pédagogiste"
aux expériences éparpillées un peu partout dans le
monde et en particulier dans la francophonie. Leur idée est de
se
concentrer exclusivement sur la psychologie de l'apprentissage et sur
les
expériences d'enseignement et d'ateliers de recherche. Mais
ainsi
ils ne s'intéressent pas aux objets mathématiques
fondamentaux
étudiés et se contentent, soit de reprendre telle quelle
la matière habituelle des cours (que tous supposent
implicitement
si bien connue depuis longtemps que rien de nouveau ne reste à
faire),
en la diluant dans de nouveaux substrats, soit de la remplacer par de
l'histoire
des mathématiques, laissant entendre que la science
mathématique
s'expliquerait comme un produit de circonstances historiques (argument
contradictoire avec le précédent).
[Au sujet de l'histoire des mathématiques ou de la physique,
a.m.h.a.:
1) Il est dommage qu'il n'y ait absolument pas d'histoire des
mathématiques
à l'école mais un zeste serait suffisant;
2) Il peut être intéressant dans notre univers
d'enseignement
spirituellement stérile, pour ceux qui font habituellement des
calculs
sans avoir d'idées, de se renseigner sur comment, dans
l'Histoire,
il est arrivé à des gens d'avoir des idées (en
effet
l'Histoire s'intéresse au progrès et le progrès
est
issu d'idées);
3) Seulement dommage que l'histoire soit par nature superficielle, ne
laissant guère la chance de comprendre comment les gens ont eu
les idées qu'ils ont eu, ni même quelle idée ils
ont réellement eu dans le fond; dommage aussi que l'histoire
mette l'accent sur la première version d'une idée qui est
loin d'être la meilleure version de cette idée.
4) Mais ce n'est pas le fait que certaines idées ont
été
bonnes dans le cours de l'Histoire, qu'on devrait les considérer
comme les seules possibles et s'interdire d'en trouver d'autres. On
observe
en effet une tentation passéiste de certains qui voudraient
sacraliser
les circonstances d'une découverte plus que la théorie
produite,
forçant son apprentissage à passer par ce récit,
et
sa formulation à en dépendre et s'y conformer. Au
contraire,
la conscience des cicatrices héritées des circonstances
particulières
de la naissance d'une théorie devrait nous inciter à
poursuivre
l'acte créateur de son étude jusqu'à la
libérer
de cette dépendance en ce qu'elle a d'accidentel, si on peut
ainsi
parvenir à sa simplification et non à de pires
monstruosités
d'abstraction.]
(La meilleure structure à ma connaissance en matière
de théorie pour les jeunes est l'UME de la
FFJM,
mais je serais intéressé d'en
connaître
d'autres).
Ensuite, les très rares élèves de lycée
qui malgré tout parviendraient à échapper à
cette loi de l'ignorance réglementaire imposée par le
milieu
social, sont royalement ignorés par toutes les autres
institutions,
qui les traitent exactement comme s'ils n'existaient pas. S'il leur
arrive
par chance d'entrer en contact avec un chercheur scientifique, celui-ci
leur conseille, en toute sagesse et honnêteté, de "ne pas
se disperser" mais de donner la priorité à ce qui est "le
plus important": la réussite scolaire, seule garante de la
possibilité
pour eux de se trouver une planque dans notre monde. Et pour
réussir
sa scolarité il faut lui consacrer tous ses efforts et son
temps,
donc sacrifier son élan naturel vers la connaissance.
En l'occurence, la réussite scolaire en matière de
recherches
en mathématiques passe par les classes préparatoires
(math
sup-math spé) suivies de Normale Sup, enchaînement n'ayant
qu'une faible probabilité de s'accomplir.
(Je discute plus en détail le problème des
filières
et de la sélection des meilleurs étudiants pour la
recherche
ici.)
Toutes les autres issues étant bloquées, ceux qui veulent se destiner à la science fondamentale sont donc forcés de passer par la voie scolaire. Condamnés à confondre la science avec ce qu'on leur raconte à l'école, conformément à ce qui est décrété par Monsieur le Ministre de l'Education Nationale, de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche, seul arbitre habilité à décider ce qui doit être fait, étant donné qu'aucune différence d'enseignement d'un établissement à l'autre se saurait être tolérée, reconnaissance nationale des diplômes et justice sociale obligent (ainsi se touve assurés une parfaite égalité entre les élèves qui en général doivent acheter les mêmes livres, quelles que soient leurs différences de goûts, ainsi qu'un revenu de monopole confortable et renouvelé chaque année aux auteurs et éditeurs de ces livres de référence).
Beaucoup de livres de cours sont écrits pour l'enseignement, en revendiquant très fort leur conformité aux programmes, comme un gage de qualité, en pratique parce qu'il faut bien s'adresser à la majorité des étudiants, qui ne s'intéressent qu'à réussir leurs examens. Il se trouve tout de même quelques cours qui n'y tiennent pas particulièrement, mais qui ne s'en éloignent pas beaucoup non plus, du fait de l'ambiance d'uniformité générale, donnant l'impression à tous qu'il n'y a qu'une méthode possible, qu'il n'y a pas lieu de remettre en question la présentation de telle et telle notion. Car, soit que vraiment aucune méthode différente n'ait été écrite dans le monde mais la même méthode a été systématiquement répétée à epsilon près dans 100 livres d'auteurs différents, au point que cela sert de "preuve" aux suivants que tout est bien connu dans le domaine et qu'il n'y a donc rien de mieux à faire que de la répéter encore dans un 101ème livre, soit qu'une bonne méthode différente aurait beau être "connue" depuis longtemps d'une poignée de gens, tout le monde continue à enseigner suivant la mauvaise méthode car ils n'ont pas eu l'occasion d'être au courant de l'existence de la bonne, ou bien de savoir qu'elle est effectivement enseignable.
Ni les institutions de recherche, qui soutiennent des centaines de spécialités chacune compréhensible uniquement par une poignée de scientifiques du même domaine, où aucun domaine de recherche d'un jeune chercheur n'est acceptable s'il n'y a pas une équipe d'anciens qui s'y intéressent et lancent un appel à candidature, et où aucun groupe de recherche ne peut être trouvé dans le domaine des mathématiques enseignables, suivant l'opinion qui voudrait qu'il n'y plus ait rien à découvrir depuis longtemps là-dedans; la plupart des chercheurs jugent de telles interrogations inintéressantes car trop simples pour leur intelligence si développée, ou sont trop lassés par ces domaines d'interrogations qui leur rappelle de si mauvais souvenirs, ou peut-être leur intelligence n'est-elle pas adaptée au genre de questionnement qui serait nécessaire (connaissant des réponses satisfaisantes à des questions élémentaires, il est difficile de s'intéresser à la recherche de réponses encore meilleures). Ils s'intéressent toujours uniquement aux domaines de spécialités, là seulement où peuvent se faire ce qu'ils peuvent fièrement appeler des "découvertes" de résultats nouveaux (qui s'ajoutant à l'océan de connaissances existantes ne pourront intéresser de toute manière qu'une poignée de collègues). Ou alors, ils font de la recherche sur l'enseignement des mathématiques, à savoir, la question de comment faire avaler coûte que coûte les bêtises indigestes qu'on veut faire avaler aux élèves et étudiants, sachant qu'on n'a de toute façon rien à foutre que ce qu'on essaie de faire passer a un sens mathématique ou physique (la question du contenu n'a pas à être soulevée, de toute façon on ne le choisit pas car il faut respecter le programme) et que de toute façon les étudiants ne comprennent rien à rien.
Ni les enseignants d'université, qui doivent respecter le programme, ont leur domaine d'intérêt en dehors dans une spécialité n'ayant rien à voir avec l'enseignement, et dont la carrière et l'avancement dépendent uniquement de cette recherche spécialisée et aucunement de leurs qualités d'enseignants. C'est pourquoi ils ne veulent surtout pas être dérangés avec de tels problèmes si étrangers et dangereux pour leurs fonctions et responsabilités.
Ni, enfin, la plupart des étudiants, qui ne s'intéressent qu'à la réussite de leurs diplômes (la meilleure reconnaissance possible des misérables automatismes qu'ils ont pu acquérir à force de recopier ce qu'il y a au tableau en réfléchissant le moins possible, et ce de la manière la plus anonyme et objective possible sans favoritisme), à égalité avec les matchs de foot ou autres, loin devant le contenu de ce qu'ils pourraient apprendre.
Bonjour
Je suis étudiant à l'université P6 et je combats aujourd'hui contre cette connerie qu'ils enseignent et qu'ils osent appeller Mathématique ou Physique.
Je suis très en colère contre cette université qui prétend être une des meilleures, qui n'enseigne que la forme ("Formules", mot qui me donne envie de vomir aujourd'hui) et non le fond (démonstrations et raisonnements) de la physique.. (Bien sûr je ne parle que de la physique, la mention math info est apparement sans ces problèmes....enfin c'est ce que j'ai entendu).
Je voudrais faire bouger les choses mais comment ? Nous ne sommes que 6 pour l'instant.....une minorité....? A six.... on ne peut faire grand chose et en ce moment même je tente de prendre rendez-vous avec le responsable de la section....Bref , hier après une longue réflexion j'ai decidé de quitter l'université Pierre et Marie Curie , non pas pcq j'en avais marre de la physique mais pcq j'aime la physique et par respect envers tous ceux qui nous ont laissé ce savoir (de Phytagore a Einstein en passant par Thales et Feyman et bcp d'autres....).
J'ai aussi dscuté avec certains professeurs , dont un se bat aussi contre cette crise de l'enseignement depuis 30 ans,....conclusions: Les étudiants ont choisi leur voie: Formules-->Notes-->Dipomes-->Travail(ingenieur en general).........en effet dans ce chemin il n y a pas de physique.
Ce matin même , dans un couloir de l'université les mêmes phrases raisonnent "oh, il faut que j'aille apprendre les formules" voilà ce qu'on a fait de la physique, une vrai cuisine...!!!
J'ai donc repris hier soir mon programme que j'avais tant voulu faire, "Manger tous ces Bouquins bien gros et bien poussiéreux" voila de la physique , des centaines et des centaines de pages d'explications, d'approfondissements, je regrette vraiment cette époque de la physique qui malgré que je n'etait pas encore né m'est parvenue à travers ces livres.
J'ai vraiment perdu beaucoup de temps dans cette université. j'ai retrouvé cette physique dont j'avais tant voulu (Tout comprendre sans rien omettre).
Je compte donc m'isoler ces deux années qui suivent , "me blinder de physique et de math" sans bien sur être diplomé ( A quoi bon un diplôme de "Licence de Formules de Physique").
Je veut faire de la physique pour l'amour de la science non pas pour un "job" ou l'argent ( Il y a mieux en ce qui concerne l'argent) et pour pouvoir transferer ce savoir afin qu'il ne disparaisse pas de ce monde .
Mais je me pose tout de même la question suivante: Qui me proposera ce droit d'enseigner (et tout de même d'avoir un métier) sans ce vulgaire diplome (que je ne veut pas) à l'université??????
Je ne voudrais même pas vous parler de certains professeurs de la mention physique dans cette fac....des choses étonnantes.......
Voilà une question que je me pose: Si j'étudie tous ces bouquins en détails et prouve que j'ai alors un vrai niveau en physique est ce qu'il existe des gens capables de me reconnaître et de m'autoriser à passer par exemple une maîtrise malgré que je n'aie pas cette vulgaire licence, voire même enseigner si je prouve ce que je vaux ?
[Euh, enseigner quoi ? Des formules de physique ?]
En ce qui concerne les professeurs voici ce qui m'a été repondu par deux de mes anciens profs que j'admire beaucoup:1er prof
Bonjour Alioui,Nous sommes tous les deux [profs] désolés par l'évolution de l'enseignement et les coupes dans les programmes (j'y ai fait allusion l'an dernier en TD de L2). C'est vrai que tu es un cas particulier, peu d'étudiants réagissent au manque de considération qu'a le système universitaire francais pour l'enseignement. Je comprend ta position, comme je la comprenais déjà l'an dernier. Mais souviens toi que je t'ai dit de faire attention aux effets qu'elle risque d'impliquer. Le système français est assez rigide : Sans diplôme (de la fac ou d'une école), toutes les portes restent fermées. Et il serait dommage que tu restes en dehors du système... En tous cas, n'hésite pas à nous tenir au courant (si tu as besoin d'aide en physique ou en "orientation") ! A bientot,
2eme prof
Cher Alioui,Je vous remercie de votre message, que j'ai lu avec attention.
Je comprends votre déception et suis le premier à regretter que ne trouviez pas à Paris 6 la qualité d'enseignement que vous en attendiez. Comme je vous l'ai dit l'autre jour, je suis moi aussi très inquiet de la façon dont les choses évoluent depuis plusieurs années. J'ai toujours défendu l'idée d'une exigence, en faisant le pari que la qualité de nos enseignements était la valeur la plus sûre, et qu'il fallait à tout prix la mettre au premier plan de nos préoccupations. Je vous ai aussi dit que nous sommes une ultra-minorité d'enseignants (Profs et MdC) à penser ainsi, hélas. Je pourrai même vous citer des exemples précis démontrant que ce souci est le plus souvent totalement absent de la tête des décideurs. Il ne serait que de citer les règles de compensation grotesques qui nous sont imposées, ou la composition des jurys en L3 : je n'hésite pas à dire que nous sommes (collectivement !) tombés sur la tête, et que nous nous couvrons de ridicule.
Le résultat, c'est ce que vous dénoncez, contre lequel j'ai personnellement, et vigoureusement, bagarré pendant des années. Une minorité ne fait jamais une majorité !
Ceci étant, permettez-moi de vous conseiller de poursuivre votre année, en essayant de travailler intelligemment, au besoin par un gros travail personnel. Je pense qu'il serait dommage de tout arrêter.
Résumons: autrefois, la nature était comme un jungle hostile, dans laquelle les hommes étaient faibles et à sa merci car ils ne la comprenaient pas et ne savaient pas la maîtriser. Depuis, grâce à l'effort de divers hommes au cours des sciècles, le monde des hommes a conquis la nature mais est devenu lui-même une jungle bis, aux savoirs dispersés dans son intérieur de plus en plus immense et complexe, au point que nul ne peut plus les rassembler. Une partie de plus en plus grande de la jeune génération est condamnée à errer dans ce nouveau labyrinthe géant, comme des esclaves plus ou moins aveugles chargés de suivre des fils d'Ariane préparés pour eux et aux longueurs interminables, mais nul ne s'en émeut, sauf souvent eux-mêmes qui, révoltés, voudraient tout lâcher en reniant le sens des progrès accomplis. Les uns et les autres se fichent de ces richesses spirituelles mais n'ont d'autre soucis que de se satisfaire du confort matériel qui en résulte, sans aucun respect pour ce à qui ou à quoi ils le doivent: les auteurs du labyrinthe, pour ces esclaves qui seront à l'issue de ce labyrinthe les ingénieurs de demain, et ces derniers pour les si précieuses connaissances au nom desquelles ils souffrent, et sans pouvoir les distinguer de ce terrible labyrinthe artificiel qui en est hélas l'unique voie d'accès encore actuellement.
Face à un monde résolument décidé
à
marcher à côté de ses pompes, il ne reste plus
qu'à
tout recommencer, envers et contre tous.
Passons donc outre ce scandale insoutenable pour tous ceux
attachés
aux valeurs artificielles du labyrinthe, ses concepteurs et ses
gardiens,
ceux qui croient à ses murs et ceux qui se sont tellement
fatigués
dedans, fiers médaillés ou non de ses divers marathons,
et
éventuellement ceux qui voudraient croire que tous les hommes
seraient
identiquement pourvus par la nature.
Que ceux qui se sentent des ailes qui les démangent,
reçues
de la nature pour ce ciel, même et surtout s'ils n'en sont encore
qu'au tout début du chemin, viennent maintenant s'envoler vers
la
physique mathématique.
En conclusion de ce qui précède: il y aurait beaucoup
à refaire dans le système.
Pourtant, les connaissances sont là, qui nous tendent les bras
mais que la plupart des gens ratent parce que le monde étant si
grand et mal organisé, ils n'ont pas l'occasion de tomber
dessus.
Ce problème comporte de nombreuses dimensions:
- Il y a des théories encore inconnues, ou connues mais qui mériteraient d'être reformulées pour être rendues plus simples ou leut utilisation plus efficaces (ou les démonstrations de leurs propriétés de base plus élégantes). Certains professeurs pensent que les "recherches en mathématique" proprement dites, dans ce qui n'est pas bien connu ou reste à retravailler sur le plan mathématique, ne peut plus avoir de rapport avec l'enseignement en-deça du troisième cycle universitaire, admettant que les chapitres concernés par ces enseignements, n'ayant pratiquement plus évolué depuis une vingtaine d'années, sont désormais fixés pour l'éternité, tout ayant déjà été fait. C'est à mon avis une erreur, car j'ai trouvé des idées ou présentations de théories qui seraient beaucoup plus élégantes sans être plus compliquées que l'enseignement actuel (D'autres m'encouragent dans mon projet et le trouvent très intéressant, mais ne peuvent pas y participer pour la simple raison qu'ils n'ont pas l'inspiration correspondante).
-Il y a le problème de la manière d'enseigner, du
déroulement
des cours. Mais il y a déjà un grand nombre de gens qui
travaillent
dans cette direction, produisant une forte accumulation d'observations,
d'expériences et de logiciels. La plupart de ce qui est fait
concerne
l'enseignement pré-universitaire, s'efforçant tant bien
que
mal de remédier à la catastrophe de la baisse de niveau
et
de l'aggravation de la déformation des esprits sortant de
l'enseignement
secondaire (où les mathématiqes sont
présentées
comme une collection de recettes de calculs à appliquer). Il y
eut
une époque autrefois où on enseignait dans le secondaire
de la géométrie de haut niveau: inversions, puissance
d'un
point par rapport à un cercle, démonstrations
exerçant
fortement l'intuition visuelle et la rigueur, et je ne sais quoi
d'autre.
- Sans doute cela n'est pas la faute des recherches en
pédagogies
que je suppose bonnes, mais ce serait probablement un problème
avant
tout politique: les ministres de l'éducation n'ont aucun souhait
d'améliorer le niveau d'éducation de la population et
imposent
une médiocrité réglementaire, à laquelle
tout
le monde se range parce qu'il le faut bien pour continuer à
recevoir
son salaire de l'Etat.
Mais il m'apparaît de plus en plus clairement que le
système
politique actuellement en place est en passe de s'effondrer.
Dans ce contexte de problèmes très vastes, j'ai entrepris de m'investir sur un terrain précis, qui est comparable à l'objectif du cours de Bourbaki, en plus limité.
La limite vient du fait que la vie est courte et que j'y travaille
seul,
du moins pour le moment, tandis que Bourbaki était un groupe; de
plus, l'ensemble des connaissances existant actuellement en attente de
synthèse est encore beaucoup plus vaste qu'à
l'époque
de Bourbaki. J'y travaille seul parce que je n'ai pas
trouvé
d'autres personnes disponibles, motivées et surtout ayant le
même
style d'imagination et d'objectifs pour pouvoir collaborer en un
travail
cohérent (ce qui n'enlève rien au fait qu'ils puissent
faire
d'excellents travaux dans d'autres domaines; je parle ici de la
constation
sur ce qui me semble la meilleure méthode de travail me
concernant).
En fin de compte, l'aspect solitaire de ce travail ne me semble pas un
point négatif pour le moment, puisque je me débrouille
bien
ainsi.
Loin de prétendre donc à une utilité universelle
(dans l'univers de tout ce qu'il faudrait faire pour améliorer
l'enseignement
en mathématique et physique, soulager les peines des
étudiants
et stimuler leur intérêt), j'ai choisi de contribuer dans
les chapitres et les aspects qui m'intéressent le plus,
où
j'ai le plus d'imagination et où il semble que si je ne faisais
pas ce que je fais, personne d'autre ne le ferait à ma place.
Donc:
- Face à l'obstacle politique je propose une
solution politique.
- Le travail que je compte faire se répartirait entre recherche
(rédaction de textes de cours) et enseignement de ces cours.
Objectivement,
c'est le côté recherche qui est le plus utile (les textes
pouvant avoir un nombre illimité de lecteurs à l'avenir,
tandis que l'enseignement est à répéter à
chaque
fois). Mais l'enseignement m'apporte motivation et parfois
enrichissement
par les questions et manifestations d'intérêt, pouvant
m'aider
à réorienter la rédaction.
Pour le moment j'ai répété mon introduction
à
la Relativité restreinte à un certain nombre de classes,
bon passe-temps certes pas très fructueux pour le long terme.
- Je n'admettrais pas de compromis avec un système qui ne me
laisserait pas une lattitude suffisante pour poursuivre ce projet. En
l'occurence,
comme tout le monde me dit que je devrais y renoncer pour prendre un
poste
de Maître de Conférence en France, me concentrant sur mon
domaine de recherche spécialisée (de ma thèse) qui
est le seul critère de recrutement, et acceptant d'autre part
d'enseigner
comme tout le monde pour ne pas perturber les habitudes des professeurs
(et respecter les programmes nationaux; il ne faut surtout pas dire
qu'on
a des idées sur l'enseignement avant d'avoir x années
d'ancienneté...),
cela m'encourage énormément à ne chercher des
postes
qu'à l'étranger.
Ensuite, mon terrain n'est pas l'ordre temporel mais le monde
platonicien.
Je ne cherche pas à connaître ce qui se fait pour y
apporter
une petite amélioration à court terme, car si encore elle
était acceptée, elle serait aussi rapidement
balayée
par ceux qui viendront ensuite, et oubliée; tandis qu'une
innovation
radicale, même si seuls 0,01% des étudiants en sont
affectés
au début, pourra d'elle-même au fil des ans se diffuser
sur
0,1%, puis 1%, puis 10%, puis une majorité après quelques
décennies. L'essentiel est que les textes de cours aient
été
écrits, la magie de l'Internet fera le reste.
- Tandis que le rôle de Bourbaki était de
sythétiser
les développements de recherche en mathématiques de son
époque,
il s'agit ici de synthétiser uniquement certains chapitres de
maths
et physique que la recherche a déserté depuis longtemps.
Et donc revivifier ces domaines, montrant qu'un travail de recherche
peut
encore porter des fruits nouveaux à un niveau fondamental
relativement
accessible mais non réduit à des "jeux
mathématiques"
futiles, et pouvant ouvrir la voie à de nouvelles interrogations
suggérées par ces nouveaux points de vue.
L'objet est de présenter les mathématiques sous une forme
synthétique, pure et achevée qui ne soit pas pour autant
austère et formaliste, mais au contraire pleine de vie,
d'idées
et d'intuition.
Le but est donc ici de reformuler et synthétiser un certain
nombre de connaissances existantes pour en manifester davantage
l'élégance
et en faire une reconstruction globale cohéhente. La
portée
est environ le niveau de premier cycle universitaire des
filières
de mathématiques pures et physique théorique, mais
totalement
non conforme aux programmes actuels. Le public visé est
actuellement
essentiellement celui des étudiants motivés d'apprendre
en
dehors des exigences des examens.
Il s'agit de "reprendre les mathématiques à leur
début",
non en un sens pédgogique mais au sens du monde
mathématique
en lui-même. Mais en interprétant ce monde
mathématique
en lui-même de manière ouverte à ses dimensions
intuitives
et à la richesse de ses significations.
Bourbaki n'admettait pas de figure dans ses Cours, ne reconnaissant
pas la géométrie comme première. Je pense au
contraire
que les dessins sont une bonne chose et ont un rôle fondamental
à
jouer. Cependant, je n'en faid presque pas, et je reconnais que cela
manque
parfois.
Voici mes excuses à cela:
- Le travail d'ajouter des dessins pourra être
complété
par d'autres auteurs à l'avenir; je préfère me
concentrer
sur la première étape (plus fondamentale et
chronologiquement
première) du mûrissement des connaissances, celle portant
sur les concepts et les explications, sur laquelle je pense être
le plus difficilement remplaçable. C'est elle qui gouverne
l'architecture
globale des connaissances, le troc sur lequel les supports visuels
pourront
se greffer plus facilement par la suite.
-Technologiquement, la rédaction des texte est actuellement
suffisament aisée avec les traitements de texte. Un texte
restera
toujours le même texte à l'avenir; on peut seulement
espérer
que la reconnaissance vocale permette de l'accélérer. Par
contre, il est vraisemblable que les matériels d'interaction
homme-machine
et les logiciels de dessin à venir ouvriront des
facilités
de dessins informatiques substanciellement meilleures, condamnant
à
l'obsolescence les dessins qui seraient faits aujourd'hui.
-Comme Bourbaki, ceci n'a aucune prétention à
s'introduire
tel quel dans l'enseignement secondaire qui est une toute autre
affaire.
(La réforme des "maths modernes" était prétendue
bourbakiste
par les politiciens, contre les vrais bourbakis qui avaient pourtant
prévenu
que leurs travaux n'étaient aucunement appropriés
à
l'enseignement secondaire).
Ceci ne signifie pas qu'il n'y a rien à dire et rien à
en déduire pour l'enseignement secondaire, loin de là,
mais
que si quelque chose de cela méritait d'y avoir des
retombées,
ce ne serait que de manière très indirecte, après
des longues périodes de mûrissement, de diffusion des
idées
parmi les professeurs, et d'autres travaux par d'autres auteurs.
Mais dans ce domaine de l'enseignement secondaire, je suppose qu'il
se trouve de plus abondantes richesses intellectuelles dans
l'enseignement
d'autrefois, dont il serait urgent de chercher à en ressusciter
ce qui s'y est fait de bien en matière de programmes notamment.
1) Ils n'ont pas le temps. En effet, à notre époque des 35 heures, les étudiants n'ont globalement que peu de temps à eux, pendant lequel ils ont besoin de se reposer en faisant autre chose que des maths !
2) Ils ont gardé un souvenir horrible des cours de maths
qu'ils
ont suivi, surtout s'ils sont passés par une prépa. On
aurait
tort de rejeter systématiquement ce jugement de leur part: je
pense
que l'on pourrait effectivement faire des cours plus motivants ! Mais
pour
beaucoup d'élèves c'est trop tard, on leur a appris les
maths
d'une certaine manière, surtout utile aux profs pour leur
faciliter
la tâche de la distribution des notes aux élèves.
Il
y a quelques jours j'ai discuté avec l'un de ceux
intéressés
par mon club (le seul à être dans des études de
physique).
Il a dit qu'il avait abandonné les maths parce qu'il en avait eu
marre de devoir sans cesse rédiger des démonstrations de
la manière que le prof demande (parce que s'il résoud
l'exo
suivant son idée à lui et pas celle du prof, on lui
compte
faux). Là-dessus, je le soutiens.