Vanité et sclérose de la
philosophie
Résumé:
Ceci est un essai adressé aux philosophes visant à
exprimer le bilan de mes observations sur la situation, les
méthodes et
problématiques actuellement dominantes en philosophie. Par une
comparaison entre philosophie et science j'indiquerai en quoi la
disproportion entre la stagnation chronique de la philosophie et les
progrès spectaculaires des sciences me semble explicable par
une fausse route méthodologique (voire
éventuellement un manque d'intelligence) qui domine la
philosophie, plus que par une difficulté intrinsèque
liée à une (prétendue)
différence de nature de son domaine d'étude. Des pistes
seront esquissées dans l'espoir de susciter une
réorientation
de la philosophie en une nouvelle science porteuse de davantage de
fruits et de
progrès qui seraient dignes d'une science parmi les autres
sciences. Bien sûr je ne parle que d'une tendance d'ensemble
à laquelle il peut toujours y avoir des exceptions.
Par ailleurs j'ai rédigé un essai plus important en anglais (en deuxième moitié de
cette page), montrant notamment par diverses citations et références, qu'une telle critique de la philosophie est assez consensuelle parmi les scientifiques.
Introduction
Je rappelle d'abord que je suis mathématicien, avec des
connaissances en physique théorique que je tente d'expliquer
depuis leur début en incluant leurs aspects "philosophiques"
comme
partie intégrante de leur compréhension, quasi
indissociable du contenu mathématique lui-même.
D'autre part je mets aussi à profit mes facultés de
réflexion sur des sujets philosophiques.
En classe de terminale, j'aimais bien la philosophie de Platon, et je
trouvais ces idées très attirantes, un super idéal
qui vu de loin vaudrait la peine qu'on y consacre sa vie. Mais
ça c'est la théorie. La pratique, c'est autre chose. En
effet par contre, après cette intro alléchante, le reste
du cours et les devoirs de disserts ne me plaisaient pas du tout. Je
trouvais ça barbant, et indigne de ce que ça
prétendait être.
Ca prétendait en théorie apprendre à l'homme la
liberté d'esprit, et ça l'enfermait en pratique dans les
conceptions parfois sclérosantes des auteurs passés.
Ca prétendait exhorter l'homme à se libérer de ses
a prioris, et lui assénait en pratique comme
vérités plus ou moins contestables des conceptions
préfabriquées, (qu'en principe on a le droit de discuter
mais plutôt pas trop en pratique puisque si c'est telle
conception qu'on enseigne c'est pas pour des prunes et puis il faut
avoir de bonnes notes !), donc plus ou moins douteuses et
déconnectées du réel.
Ca prétend l'amener à exprimer librement son esprit dans
des
disserts, tout en l'enfermant en pratique dans des sujets plus ou moins
absurdes. Je trouve ça honteux de prétendre forcer les
jeunes à baratiner une ou deux copies doubles sur des sujets ou
extraits de "grands auteurs" parfois dépourvus de sens ou
d'intérêt voire bourrés de préjugés
insidieux, et de les
juger là-dessus en prétendant que c'est pour
éveiller leur esprit. Un de ces jours peut-être, j'irai
sélectionner quelques-un des sujets qui ont été
postés dans mon forum philosophie et les commenterai plus ou
moins, mais certainement pas d'une manière à fournir un
contenu capable de rapporter des bonnes notes aux élèves
qui auraient à rédiger dessus.
Le programme de terminale est-il une manière pertinente de juger
de la philosophie ?
Certes pas forcément. En effet je ne trouverais pas non plus
pertinent de juger les mathématiques d'après leur
enseignement actuel en terminale.
Alors pour m'informer plus précisément de la situation,
j'ai été faire un tour (début 2006) sur Wikipedia
à la recherche des idées philosophiques en vogue. Et
là j'ai fait une découverte fantastique: les
idées de Nietsche sur la philosophie universitaire. Enfin
des choses intéressantes ! Mais pourquoi donc ne met-on pas ces
idées magnifiques au programme de philo de terminale ???
Voir aussi:
Sur le présent site: qu'est-ce que la
science: critique d'un corrigé de dissertation de philosophie
Sur d'autres sites:
Socrate
fonctionnaire (que je n'ai pas lu)
Impostures
en philosophie avec page discussion associée, et Critiques
de la philosophie (articles Wikipedia)
La
méthode scientifique en philosophie (ouvrage de Bertrand
Russel).
Une étude des faiblesses de la philosophie sur http://philo-analysis.com/, de
tendance marxiste.
Qu'appellent-ils
"penser"? de Jacques Bouveresse
Remarques d'ordre général
L'opinion de la philosophie sur elle-même
Une des spécificités de la philosophie est qu'un de ses
objets est l'évaluation des activités de l'esprit humain.
Elle en a largement abusé pour s'attribuer à
elle-même bien souvent la plus haute note, se prenant pour la
reine de la pensée. Trop facile: personne, peut-on supposer, ne
viendra
passer son temps à venir lui répondre.
On pourrait ainsi décrire la différence entre science et
philosophie: le métier du scientifique est de penser et
développer la connaissance dans un certain domaine, tandis que
le métier du philosophe est de s'auto-persuader et de persuader
l'humanité que c'est lui le plus grand penseur de tous. Pour
cela il dispose d'une panoplie de sophismes propres à bien
séduire le public auquel il s'adresse et au niveau duquel il
place son discours, tandis que le discours scientifique ne s'adressant
pas au public et étant trop compliqué pour lui n'aura pas
cette capacité de le séduire. Aussi, on peut
reconnaître qu'en principe les sujets d'intérêt du
philosophe seraient vraiment des sujets plus
intéressants et essentiels que pas mal d'autres. Mais le fait de
se
poser un bon domaine de questionnement n'est nullement la garantie, ni
du fait de trouver à l'intérieur de ce grand domaine de
bonnes questions particulières, ni encore moins du fait de
trouver à ces questions de bonnes réponses. Et il arrive
souvent, comme nous allons le voir, que le philosophe retienne des
réponses fausses, que des non-philosophes peuvent réfuter
facilement.
Ainsi le philosophie se prend pour le roi de la pensée. Mais
petit à petit il apparaît que le roi est nu.
De manière générale, j'ai pu voir passer de
nombreuses théories
scientifiques, notamment des théories
mathématiques et
physiques, qui dépassent de loin en
intelligence toute théorie philosophique connue à ce jour.
L'attitude par rapport à la vérité
Une différence importante entre le philosophe et le
scientifique, différence que rien ne justifie, est leur attitude
vis-à-vis de la vérité.
Bien sûr, au départ personne ne détient la
vérité avant d'avoir mené des recherches
théoriques ou expérimentales.
Chez le scientifique, la recherche de la vérité sur une
question donnée peut bien sûr être courte ou longue,
et comporter des incertitudes. Mais tant qu'il y a des incertitudes sur
une question, que plusieurs théories concurrentes sont
présentes, le scientifique continue à chercher et
à confronter la question à tout ce qui peut lui
être confronté, en développant
systématiquement les conséquences des théories
dans le sens de ce qui peut faire l'objet d'un contrôle
expérimental, dans le but d'arriver à trancher la
question, savoir quelle est finalement la vérité. Puis,
une fois obtenue par cette confrontation qu'il cherchait une conclusion
fiable et sûre, il se décide dorénavant à
poursuivre ses recherches uniquement sur la base de cette
vérité qu'il a acquise, rejetant les hypothèses
erronées précédentes dans les oubliettes de
l'histoire. Désormais, son enseignement des sciences portera
uniquement sur les thèses vérifiées comme vraies,
présentées comme telles; éventuellement sur les
hypothèses spéculatives, présentées comme
telles, mais pas plus de 2 minutes sur les résumés des
thèses qui ont été réfutées, en
précisant qu'elles ont été réfutées
et comment (si ça peut s'expliquer rapidement). De nouvelles
éditions de livres sortent régulièrement sur les
théories en vigueur, rendant tour à tour obsolètes
les traités passés, rendant toujours quasiment inutile la
lecture de tout livre vieux de plus de 50 ans puisque de nouveaux
auteurs reprennent régulièrement les sujets
traités par le passé, en faisant le tri du contenu pour
en éliminer les erreurs, adapter les notations et pratiques
à leur usage récent tel qu'il s'est avéré
utile depuis, et en développant et complétant les points
qui se sont avérés intéressants en fonction des
récentes découvertes.
Le philosophe, par contre, ne s'intéresse guère
qu'à ses hypothèses et à leurs
développements. Ce développement peut être soit
cohérent, soit plus ou moins incohérent, sans qu'il
prenne grand soin de le vérifier. Il ne prétend pas avoir
raison, mais la question semble l'indifférer. Il laisse
simplement l'autre libre de penser autrement si ça lui chante
(enfin du moment que ce dernier reste en accord avec ses pratiques et
ses enseignements bien sûr).
Lorsqu'il émet une hypothèse, la possibilité de la
vérifier ou de la réfuter peut ou non être
relativement à portée de main, il ne s'intéresse
pas particulièrement à la dénicher. Et même
lorsque par hasard ou par le travail d'un autre philosophe ou d'un
scientifique une
thèse vient à être réfutée, cela ne
vient guère perturber sa tradition d'enseignement telle quelle
de cette thèse, par respect de "cohérence" envers
l'intégralité de l'oeuvre de son auteur originel, sans
même prendre un soin systématique à signaler, lors
de la présentation d'un énoncé, s'il a
été réfuté depuis, signalement qu'il
considèrerait d'ailleurs comme hors sujet ou appréciation
subjective. Ainsi des thèses fausses ou contradictoires
entre elles continuent de circuler, non toujours parce qu'il eut
été trop difficile de les trier pour ne retenir que la
vérité, mais bien souvent par pure négligence.
En sciences, quelqu'un qui sur des sujets scientifiques débite
des âneries (du point de vue des savants je veux dire, même
si du point de vue de M tout le monde dans le langage de la
vulgarisation son discours peut sembler plausible et scientifique)
n'est pas appelé un scientifique. Par contre, quelqu'un qui de
manière analogue débiterait des âneries sur des
sujets philosophiques, peut fort bien être appelé un
philosophe.
Ainsi m'arrive-t-il, lorsque je parcours différents textes de
philosphie qui circulent aujourd'hui, de constater la présence
de différentes erreurs plus ou moins graves qu'il est possible
de réfuter assez facilement. Or, je trouve une telle situation
inacceptable, indigne d'une discipline intellectuelle qui a les
prétentions qu'elle a. J'en donnerai divers exemples plus loin.
Entre substance et complexité - de
l'être au comment
Une des caractéristiques de la science est qu'elle
s'intéresse à la complexité, aux structures. Elle
ne s'intéresse pas, ou si peu, à la nature des
éléments de base des systèmes
étudiés, mais elle s'intéresse essentiellement aux
propriétés des systèmes formés par ces
objets. Suivant les cas, ce peut être parce que :
- Ces éléments de base sont inaccessibles à
l'observation, ou n'interviennent pas dans le domaine
étudié. Par exemple en mécanique des solides ou
des fluides à l'échelle macroscopique, les atomes
n'interviennent pas. En astronomie, on n'observe pas un atome
individuel mais des systèmes de très grands nombres
d'atomes uniquement.
- Ils existent et sont connus, mais justement étant connus
une fois pour toutes, on peut utiliser un grand nombre de fois la
connaissance qu'on en a, pour l'appliquer à des milliers de
situations, sans avoir besoin de la remettre en question. Il en va
ainsi de la physique appliquée tenant pour acquise la physique
fondamentale.
- La question de la nature des éléments en jeu peut
n'avoir aucune pertinence pour la résolution des
problèmes posés, ces problèmes étant des
problèmes sur les structures, lesquelles peuvent se former de
manière indifférente par rapport à une quelconque
nature des éléments.
- Pour les objets physiques, la question de leur "nature" au sens
naïf c'est-à-dire expression de la méthode de
l'imagination humaine pour se représenter un objet, de le voir
sous la forme d'une certaine sensation visuelle ou autre, sensation
supposément assimilée à la nature de l'objet, est
finalement vide de sens: les objets physiques ne sont pas conformes aux
objets de l'imagination. De plus, la tentative de comprendre un objet
en fixant le questionnement sur cette question de sa nature est
stérile, tandis que l'étude des systèmes et
phénomènes reliant les objets, est finalement le vrai
moyen permettant a posteriori, par la recherche de la meilleure
formulation des propriétés reliant les objets entre eux,
d'exprimer là-dedans la nature des objets de la manière
qui leur ressemble le mieux.
Ainsi, on pourrait dire, la science qui s'intéresse le plus aux
éléments ultimes est la mathématique, puisque les
éléments y sont parfaitement donnés: ce sont de
purs éléments ne recelant aucun mystère, et cette
science ne parle pas d'autre chose que de ce qui est
élémentairement donné. Oui mais justement puisque
cette nature est donnée, et qu'elle est ultimement
élémentaire c'est-à-dire triviale, il n'y a donc
rien à en dire, de sorte que finalement la mathématique
ne s'intéresse pas à cette nature triviale. Elle ne parle
que des structures pouvant relier les éléments entre eux.
En résumé, l'objet de la science est la question du comment.
A la différence de cela, le philosophe fait une grande fixation
sur la nature, (ou comme il préfère le dire, la
substance) de chacun des objets auxquels il s'intéresse. Il
s'intéresse au monde et à ses différents sujets
comme à une collection disparate d'objets indépendants
qui se succèdent sans se relier. Il fuit la complexité,
sans doute de peur de n'avoir pas la capacité intellectuelle de
la comprendre.
Tandis que le scientifique navigue courageusement sur l'océan de
la complexité afin d'y pêcher tout concept qu'il pourra y
trouver, le philosophe passe son temps tranquillement sur la rive de
son domaine, à y décortiquer longuement d'inutiles
virgules. Et si jamais il aborde un sujet qui par nature n'existe
qu'à travers la complexité, il se satisfait pour cela
d'exprimer sa croyance en l'existence d'une grosse boîte noire
sensée remplir telle ou telle fonction. Ainsi en va-t-il par
exemple de l'idée de contrat social de Rousseau.
Les implications de cette situation peuvent s'exprimer par la remarque
suivante basée sur la thèse de l'Intelligence
Artificielle (que je ne partage pas, mais là n'est pas la
question: puisque la philosophie n'a pas vigoureusement rejeté
cette thèse, rien n'empêche de la prendre comme exemple
pour sa valeur symbolique):
Suivant la thèse de l'intelligence artificielle, la conscience
ne serait pas un élément fondamental de la
réalité mais un phénomène global
émergent d'un système extrêmement complexe de
connections entre neurones, chacun desquels réagissant
conformément aux lois de la physique. On pourrait remplacer
chaque neurone par une chambre noire ou un ordinateur simulant les
opérations que le neurone devrait faire, et relié
à de semblables unités suivant la même structure
reliant entre eux les neurones, et l'ensemble du mécanisme
pourrait fonctionner des milliers de fois plus lentement, qu'on
pourrait toujours dire qu'on a là finalement une conscience
à l'échelle globale, alors qu'elle ne se trouve en
particulier en aucun lieu.
La science ayant pour objet l'étude et la compréhension
des diverses structures complexes à toutes les échelles,
tandis que la philosophie ne s'intéressant principalement
qu'à l'étude de la
nature fondamentale de chaque objet particulier, il en
résulterait alors que le concept de conscience et sa
compréhension, n'appartenant à aucun des
éléments particuliers tels qu'ils existent dans la
réalité, relèverait du domaine de la science et
échapperait à la philosophie, laquelle ne
s'intéresserait qu'aux
éléments physiques constitutifs de ce système.
On savourera l'ironie suprême d'une telle remarque.
En fin de compte, par sa démarche même de fixation sur les
"profondeurs", la philosophie s'enferme dans la superficialité,
voire, face aux problèmes qui nécessiteraient
l'étude de la complexité qu'elle refuse de
pénétrer tout en tentant de fermer les yeux sur son
incompétence, dans la pensée
magique.
Ca ne veut pas dire qu'en sciences tout soit du même niveau de
profondeur, au contraire. Les théories mathématiques et
physiques sont remplies de concepts tous plus relativement
"transcendantaux" les uns que les autres (voir ici, là et là), dans
leur manière de décrire toujours plus
élégamment les relations entre les objets. Certes il faut
être mathématicien ou physicien pour être capable
d'y goûter. Et une fois qu'on y a goûté, les
pétitions de principes à coup de grands mots et slogans
comme "substance", "l'être", "le pourquoi" et autres "natures
profondes" dont les philosophes nous rabattent les oreilles et
s'arrogent le monopole, sonnent vraiment très creux.
Les faux débats
En sciences physiques, il peut arriver que se présentent
à première vue plusieurs théories visant à
décrire un même type de phénomènes, mais
où il s'avère que les objets fondamentaux de l'une
peuvent se voir comme des constructions mathématiques à
partir des objets de l'autre et inversement, de sorte que finalement il
est démontré que ces théories produiront toujours
les mêmes prédictions expérimentales. On dit alors
qu'elles sont mathématiquement
équivalentes, et on les considère dès lors,
non comme des théories concurrentes, mais comme plusieurs
présentations d'une même théorie. Le "débat"
disparaît alors, comme n'étant plus un débat sur
une quelconque réalité, mais un débat sur
des questions de pédagogie, questions d'efficacité
comparée de différents formalisme, et questions de formes
d'imaginations les mieux suggestives pour comprendre le fonctionnement
d'une même réalité. En un mot, ce qu'on appelle la
question de la pertinence d'un mode de représentation par
rapport aux autres.
Cette attitude peut se justifier ainsi: la réalité est
faite de diverses choses qui existent réellement, et dedans les
structures complexes n'existent pas moins réellement que des
éléments qu'on voudrait qualifier de purs. Dès
lors, les éléments purs étant tout autant pourvus
du titre de réalité que les structures complexes, il n'y
a plus rien de naturel à vouloir attribuer a priori un statut
ontologique différent aux uns qu'aux autres. Peut-être
Dieu les verrait-il d'un regard différent, mais comme de toute
manière rien n'est caché pour lui et toutes choses de la
plus simple à la plus complexe étant également
manifeste à ses yeux, quelle importance fondamentale pourrait-il
rester à les distinguer ?
Il en va ainsi par exemple des rapports entre mécanique
classique suivant son enseignement traditionnel, mécanique
lagrangienne et mécanique hamiltonienne.
Plus généralement, au-delà du cas d'une relation
d'équivalence on peut considérer une relation d'ordre
entre théories: une théorie physique peut se reformuler
dans le cadre d'une autre sans que la réciproque ne soit
possible. Alors la première apparaît comme cas particulier
et approximation de la deuxième.
Cela est étroitement lié à la possibilité
de vérifications expérimentales: lorsqu'il y a un vrai
débat, c'est-à-dire un débat entre des
théories qui ne sont pas mathématiquement
équivalentes, alors en principe il doit y avoir moyen de les
départager par l'expérience. Ce moyen peut
éventuellement être extrêmement difficile à
déployer, de toute manière la recherche théorique
et pratique vers ce but fait partie des grandes priorités du
travail à accomplir.
Le travail est d'abord théorique: on développe les
théories en vue de préciser en quoi elles
diffèrent quant à leurs prédictions
expérimentales. Si on ne trouve rien, alors on fait la tentative
inverse, en cherchant une correspondance entre les deux, une
manière d'interpréter l'une comme partie de la
réalité de l'autre et inversement (tout comme on cherche
si un énoncé est vrai ou faux en cherchant
alternativement à le démontrer ou à le
réfuter, ce qui quelque part est le même travail). De
toute manière, l'idée même de ne pas savoir si deux
théories données sont ou non mathématiquement
équivalentes, est considérée comme insoutenable.
En philosophie par contre, on attache tellement d'importance a priori
à l'idée de substance, que lorsque deux philosophies se
présentent comme ne regardant pas la même chose comme
réalité ultime, on les regarde a priori comme
irréductiblement opposées l'une à l'autre sans
chercher à savoir s'il y aurait ou non équivalence ou
ordre mathématique entre les deux.
Par exemple, considérons les deux
philosphies suivantes
- Celle suivant laquelle le monde consiste en une interaction entre les
esprits et l'univers matériel, chacun ayant sa
réalité
- Celle suivant laquelle la réalité fondamentale est la
perception, où les perceptions sont données par Dieu, qui
veille à la cohérence entre les différentes
perceptions des uns et des autres.
On peut en dire que la première semble correspondre a priori le
mieux à la réalité, et présenter la
meilleure pertinence, dans la mesure où il nous apparaît
bien un monde matériel obéissant à des lois
physiques. Cette observation courante prendrait l'allure d'artifice
dans le cadre de la deuxième: on voit mal ce qui oblige Dieu
à respecter ces lois, et pourquoi il ne les enfreint pas, ne
serait-ce que pour des raisons morales à l'occasion. Dès
lors, la deuxième n'est tenable qu'à condition d'inclure
une image de la première: une image précise de l'univers
matériel dans l'esprit de Dieu, et jouant un rôle
contraignant identique à celui qu'il avait dans le premier
modèle. Ainsi semble disparaître toute différence
entre ces deux modèles. On pourrait reprocher à cette
construction d'avoir un aspect artificiel par rapport au premier
modèle, sous forme de l'introduction d'une étrange
contrainte, à laquelle l'imagination de Dieu serait soumise, de
devoir respecter les lois physiques par cet univers matériel
imaginaire. Cela soulève le problème de la nature d'une
telle contrainte, problème qui n'est pas près
d'être résolu. Cependant, il s'avère finalement que
cette construction a un avantage décisif par rapport à la
première hypothèse qu'elle avait initialement pour but de
refléter: il y a entre ces deux philosophies non
équivalence mathématique mais ordre strict, puisque la
première est toujours modélisable dans la deuxième
mais la réciproque est fausse.
En l'occurence, il se trouve que le problème de la mesure en
physique quantique, qui est plutôt en conflit avec la
première, peut se comprendre naturellement comme étant
par contre bien mieux compatible avec une version modifiée de la
construction de que nous venons de faire (modifiée suivant
précisément l'aspect qui était sujet à
l'incompatibilité initiale).
Voir aussi plus bas le problème de la philosophie des
mathématiques, sujette à une situation analogue, qui par
son caractère mathématique et démontrable
(théorème de complétude) permet d'éclairer
la situation plus générale de la question du
réalisme que nous venons d'évoquer, en lui servant
utilement de symbole.
Démarche expérimentale et applications
La démarche expérimentale est un élément
incontournable de l'avancement des sciences. Ainsi par exemple
mathématique et physique se fécondent mutuellement, et
bien des domaines des mathématiques ont trouvé à
s'appliquer. Certes aussi beaucoup de domaines des mathématiques
ne s'appliquent pas, mais il y a de nombreuses interactions entre les
différents domaines, entre ceux qui s'appliquent et les autres.
Ainsi je ne parle pas d'obliger tous les philosophes à chercher
des applications, mais au moins quelques équipes d'entre eux, en
interaction avec les autres.
La philosophie s'est beaucoup appliquée à
conceptualiser
les caractéristiques de la démarche scientifique, mais
a-t-elle essayé de pratiquer elle-même cette
démarche ? Par exemple, le concept d'empirisme semble être
un de ses concepts favoris quand elle parle de la raison et de la
science, mais je n'ai guère vu au cours de ma rapide visite des
idées philosophiques, de pratique effective ou significativement
importante d'une démarche empiriste en philosophie.
Parlons maintenant des applications de la philosophie. La
philosophie
n'est-elle pas en principe une discipline qui touche l'homme de
très près dans sa vie, bien plus explicitement que par
exemple tant de branches des mathématiques, et qui de plus
serait directement compréhensible par bien plus de monde ?
Comment se fait-il alors que les mathématiques soient si bien
connues pour leur impact et leurs applications certes indirectes mais
finalement omniprésentes dans le monde moderne, bien plus que la
philosophie ?
Quelles ont été les applications de la philosophie et ses
impacts dans le monde ? J'en oublie peut-être (merci de me les
signaler), mais je vois principalement:
- Les droits de l'homme, la séparation de l'Eglise et de
l'Etat: OK.
- Quelques lectures m'ont fait réaliser un certain nombre
d'avancées par les philosophes des Lumières vers un
certain nombre de choses qui paraissent aujourd'hui évidentes
mais qui ne l'étaient pas avant... notamment le concept
d'Université, par Voltaire; le sens du mot "concept"
lui-même...
- Apologétique chrétienne contre critique du
christianisme: il est tellement dommage que ce dialogue n'ait pas
abouti à des conclusions reconnues par le plus grand nombre. Le
problème est-il si difficile que cela ? Un problème est
l'incompétence
des interlocuteurs à trouver les raisons justes; un autre
problème est que, bien que de part et d'autres il y eut des
raisons justes, leurs contradicteurs n'ont pas su les saisir pour en
tenir compte et y répondre comme il se devait.
- Les institutions républicaines: certes meilleures que les
régimes qui les ont précédées, mais
finalement bien connues par leurs tares et leur corruption. Les
philosophes ne semblent avoir rien trouvé de mieux à dire
que de trouver que la démocratie est le pire des systèmes
à l'exception de tous les autres, et de continuer à en
faire l'éloge faute de mieux en se faisant l'écho des
philosophes qui l'avaient conçue au départ. Autrement
dit: après que des pionniers ont inventé un
système novateur mais imparfait, les suivants n'ont jamais eu
l'audace ou l'intelligence de le remettre en question dans ses
fondements en vue de trouver une solution meilleure.
- Le marxisme, cause de millions de morts.
La-dessus, je voudrais souligner la différence fondamentale
entre dire "le marxisme est la cause de l'Union Soviétique" et
dire "la physique nucléaire est la cause de la bombe atomique".
La physique nucléaire est la connaissance vraie du fait qu'il y
a un certain ensemble de possibilités à disposition de
l'homme, lequel reste et devient libre de prendre ses décisions
en toute connaissance de cause. Le marxisme, par contre, est erreur et
tromperie, et agit fatalement, non par la connaissance, mais par
l'aveuglement. Son action n'est pas de l'ordre des effets dont il
parle, mais plutôt une action sur les pensées et
comportement de celui qui y croit, suivant un mécanisme
d'aliénation qui échappe aux concepts de cette doctrine
elle-même.
Autrement dit la physique nucléaire, malgré ses dangers,
est une victoire de la connaissance, tandis que le marxisme aux
conséquences fatales fut la
victoire de l'ignorance.
Voir autres idées d'applications: Un
café pour Socrate
Analyses de domaines philosophiques particuliers
Philosophie des mathématiques
Document lu: Wikipedia
anglophone
Pas grand-chose à dire sur certaines parties qui sont
plutôt du bavardage ou des hors-sujets.
Sur les questions centrales: là encore, les philosophes sont
bien en retard et récepteurs passifs d'idées plus ou
moins farfelues.
La situation pourrait s'expliquer de la manière suivante:
lorsqu'un mathématicien se pose des problèmes ou est
habité par des idées plus ou moins obcures ou absurdes,
ce qu'il en écrira ne pouvant pas être
considéré comme des mathématiques, il appellera
cela de la philosophie, ce qui attirera à lui un public de
philosophes qui publieront cela comme philosophie des
mathématiques. Par contre, quand il parvient à des
idées claires et à la résolution des
problèmes qu'il se posait, il les écrit sous la forme de
théorèmes et démonstrations qui
intéresseront les mathématiciens. Comme il n'appelle plus
cela de la philosophie, et surtout comme ça prend une forme plus
compliquée, ça n'intéresse plus les philosophes,
qui n'intègreront pas cela à la philosophie des
mathématiques et resteront sur les idées absurdes et
énoncés de problèmes passés sans tenir
compte du fait qu'ils ont été résolus. On pourrait
dire caricaturalement que la philosophie des mathématique joue
le rôle de poubelle des idées mathématiques
avortées.
Par exemple, prenons les idées constructivistes et
"intuitionnistes". Eh bien, je ne vois rien de plus absurde et
contre-intuitif comme formalisme. Je trouve cela déplorable
qu'on ait ainsi monopolisé des mots quasi courants pour
irréversiblement désigner des idées ainsi
obscures, et surtout, une manière aussi discutable et
artificielle de les
formaliser, sous forme de l'abandon du tiers exclus. En effet, j'aurais
tendance à imaginer qu'il y aurait bien d'autres manières
possibles
de formaliser les idées (dont par exemple l'exigence
d'explicitation
d'exemples) qui leur servirent de prétexte à ce passage
à une logique bis. Par exemple, on pourrait garder la même
logique mais renoncer à l'axiome des parties, voire à
l'axiome de l'infini, en théorie des ensembles. Bon, la lecture
de l'article sur ce sujet dans le dictionnaire de philosophie et
histoire des sciences de Dominique Lecourt indique que Bourbaki avait
fait un commentaire proche du mien, mais ensuite contredit par des
développements récents, notamment son application
à la calculabilité algorithmique. Bon, après tout
pourquoi pas, si ça intéresse la calculabilité
algorithmique, mais je ne vois pas en quoi ce serait un motif à
en faire une philosophie et/ou une logique générale alors
qu'en dehors de ce genre de cadre bien précis, cela me semble
perdre toute signification.
Et le logicisme, qu'est-ce que c'est, à part une relique de la
préhistoire des mathématiques ??? et quelle est la
différence entre logicisme et formalisme (au sens
généralisé à des logiques possiblement
absurdes) ?
Par contre donc, il y a un résultat mathématique
fondamental, que tout philosophe voulant parler dans la philosophie des
mathématiques devrait absolument connaître: le
théorème de complétude en théorie des
modèles. Son importance est au moins aussi grande que le fameux
théorème d'incomplétude. Complétude et
incomplétude sont les deux pierres angulaires des fondements des
mathématiques.
Le théorème de complétude a en quelque sorte
l'effet d'unifier le réalisme (ou platonisme) avec le
formalisme, ou plutôt avec les versions du formalisme qui
acceptent les règles de la logique "classique" (des
prédicats du premier ordre, incluant donc notamment le principe
du tiers exclus). Dès lors, il est inadmissible de
présenter réalisme et formalisme comme deux philosophies
concurrentes sans rappeler ce théorème.
Le théorème s'énonce en résumé: si
une théorie est formellement non-contradictoire, alors elle
admet un modèle ou "univers", autrement dit il existe un
système d'objets dont les propriétés sont
conformes aux axiomes de la théorie.
Les grandes lignes de la démonstration sont les suivantes:
Soit une théorie donnée
sous forme d'un axiomatique, qui soit non-contradictoire. Autrement
dit, qu'il ne soit pas possible d'établir une contradiction
à partir de ses axiomes, suivant les règles de la logique
classique que nous connaissons. (Une contradiction est une structure
finie avec des propriétés contrôlables par
ordinateur).
Alors, considérons un certain ensemble A de toutes les
expressions qu'on peut construire suivant certaines règles
précises à partir des axiomes. On ne demande pas
grand-chose ici, seulement de considérer tous les objets
finiment constructibles suivant des règles données, et
puis (là ça devient légèrement plus subtil)
de considérer leur ensemble (infini).
(Ben oui, quel sens ça aurait pu avoir de dire que la
théorie était non contradictoire, si ce n'est de dire que
l'ensemble (infini) des démonstrations qu'on peut en tirer ne
comporte en particulier aucune structure finie de contradiction (et pas
seulement de dire qu'on n'a pas encore trouvé de contradiction
à un instant donné)?).
Ensuite, ça se complique légèrement: le "cas
général d'univers" est déjà là en
potentiel, mais il faut faire une construction spéciale de
"choix" permettant en substance d'extraire de ce "cas
général" un exemple particulier. Cette construction se
fait à l'aide d'une définition par récurrence, de
la manière suivante.
Un par un, on énumère tous les énoncés qui
s'écrivent comme ayant la forme d'une question sur des
éléments particuliers de A (sans utiliser de variable).
Ces énoncés formeront donc un ensemble B, semblable
à et en rapport avec la construction de A ci-dessus. Sur chaque
énoncé, se pose la question: est-il réfutable
à partir des axiomes posés jusqu'ici (toujours par une
démonstration finie suivant les règles connues) ? S'il
n'est pas réfutable, on l'ajoute aux axiomes. Bien sûr,
dans le cas d'un énoncé indécidable, on ne peut
pas en faire autant à la fois avec cet énoncé et
sa négation, sous peine de contradiction. C'est pourquoi on
prend bien soin de prendre les énoncés successivement
suivant un ordre arbitraire, et non en parallèle, pour tenir
compte à chaque fois des décisions prises sur les
énoncés précédents.
La seule chose qu'on peut reprocher à cette construction est
qu'elle n'est pas réellement (algorithmiquement) opérable
dans la mesure où la question de la réfutabilité
d'un énoncé n'est généralement pas
décidable (il se trouvera toujours des énoncés
dont on ne pourra pas savoir s'ils sont réellement
irréfutables ou bien si on n'a seulement pas assez attendu la
recherche de réfutation pour en trouver une). Mais, dès
qu'on accepte de considérer, comme d'ailleurs nous avions
justement déjà fait dans l'énoncé du
problème, l'existence (abstraite) d'un point de vue infini
idéal par rapport auquel la question de l'existence d'un certain
type de construction finie serait reconnue comme ayant une
réponse définie (en oui ou non), le procédé
de construction par récurrence que nous venons d'évoquer
est bien défini également.
Alors, l'ensemble A, muni de structures définies à l'aide
des réponses à toutes les questions de B (réponses
ainsi déterminées mi-logiquement, mi-arbitrairement),
constitue un univers satisfaisant à la théorie
donnée initialement.
Un problème plus intéressant qui pourrait être
considéré cette fois plus véritablement comme
philosophie des mathématiques puisque n'étant pas sujet
(du moins pas toujours) à être tranché par de
quelconques théorèmes, serait la comparaison des
significations et mérites relatifs de différentes
variantes de théorie axiomatique des ensembles. A savoir,
l'intérêt de la reconnaissance d'objets
mathématiques autres que des ensembles (par ex. les purs
éléments), ainsi que la considération de
systèmes plus faibles que ZF (voire plus forts, mais je dis plus
faibles parce que je trouve ZF déjà extrêmement
fort), par exemple Z, et les questionnements sur les significations de
l'axiome des parties et de l'axiome de l'infini (et de ce qu'on
pourrait faire sans eux).
Voir mes textes sur
les fondements des mathématiques (inachevés mais
présentant déjà des notions fondamentales pour la
philosophie des mathématiques, et que je n'ai pas vu bien
expliquées ailleurs).
Philosophie analytique vs continentale
Le débat fait rage (ou par ignorance réciproque) entre
ces deux grands styles de philosophie.
Philosophie continentale: ça dégénère pas
mal dans les grandes mystifications et le n'importe quoi
Philosophie analytique: enfin un pas dans la bonne direction.
Lu
le dossier
critique
(partiellement). Contrairement à ce que les titres de ce dossier
semblaient indiquer, je n'y vois pas grand-chose à reprocher
à la
philosophie analytique en tant que grande famille et en tant que style
général par opposition à la philosophie
continentale: je trouve
toujours ça enfin un style à peu près
sérieux. Cette conclusion qui est
la mienne ne contredit nullement les possibles constatations du fait
que des philosophes analytiques en particulier aient pu commettre des
erreurs plus ou moins graves, comme mentionné dans ce dossier
(et comme
j'en mentionne moi-même il me semble: philosophie de la logique
ci-dessous).
Philosophie de la logique
Bon, pas grand-chose à en dire (je n'ai pas trop envie
d'approfondir la question en fait), à part l'impression d'un
investissement globalement excessif dans un sujet "fondamental" aux
retombées finalement plutôt accessoires. Un survol du
Wikipedia anglophone ne me montre rien de choquant vu de loin.
Par contre, la lecture de l'article de La
philosophie de la logique de Michel Seymour (trouvé
sur dmoz), m'inspire plusieurs critiques.
Note: depuis que j'ai écrit les remarques ci-dessous, j'ai
entendu dire que Seymour n'est pas une bonne référence,
et que les erreurs que j'y trouve sont les siennes et ne
reflètent pas le véritable état des lieux. Il
faudrait faire le tri des références, mais comment ?
D'abord, une critique floue: il est question de 3 grands courants en
philosophie de la logique (atomisme, molécularisme, holisme).
Lire cela me fait un peu l'effet d'un rapport sur la philosophie de la
couleur rendant compte de 3 grands courants: les philosophes rougistes
qui voient la vie en rouge, les philosophes verdistes qui la voient en
vert, et les philosophes bleuistes qui la voient en bleu.
Ensuite: à propos d'atomisme il parle de la
référence à une logique idéale. Dommage
qu'il ne fasse pas explicitement mention de la logique des
prédicats du premier ordre, dont il est fait mention à la
fin à propos du holisme, et à laquelle on peut aussi bien
penser dans ce discours sur l'atomisme. Apparemment la cause serait que
les auteurs de référence sont antérieurs à
l'essor de la logique des prédicats du premier ordre.
Page 6: "Les connecteurs ne dénotent rien"; "les noms n'ont
qu'une dénotation mais pas de signification": ceci est contredit
2 pages plus loin. Dès lors pourquoi garder ce propos ici ?
"La logique se situe donc inévitablement elle-même dans
une sphère supra-sensible" (sic). "la logique n'appartient pas
au monde sensible, car elle le transcende. Si elle ne peut se dire,
c'est précisément parce qu'elle relève d'une
réalité supra-sensible". Objection: la logique peut se
dire. La preuve c'est qu'elle a été formalisée et
que les ordinateurs sont capables de la vérifier automatiquement.
(page 8)"La conception conventionnaliste":
"la référence de toutes les expressions du langage est
indéterminée": confusion entre l'idée que les
objets signifiés possibles sont interchangeables (ce qui est le
cas en mathématique standard) et l'idée qu'il n'y a pas
de référence du tout (logiques non standard)
"on abandonne l'idée que les mots puissent avoir une
signification isolément" (alors qu'ils en avaient une, quoi
qu'indéterminée, en logique standard)
"le signifié apparaît lui-même comme une
construction": il l'était déjà en logique standard
avec l'atomisme, à la différence près que
c'était une construction possible cohérente, alors qu'en
arrivant aux logiques non-standard on passe à une construction
impossible, du moins au premier abord.
(page 10) Le concept décitationniste de la vérité
est une connerie: il ne s'applique ni au langage courant, ni au langage
mathématique. Dans le langage courant il y a tous les "ici",
"moi" et "maintenant" dont dépend la signification d'un
discours, et qui ne passent pas la décitation sans perdre
totalement son sens. En mathématique, il y a les variables
libres (comme les "il" du langage courant) qui dépendent aussi
du contexte et ne passent pas la décitation.
On pourrait envisager à la limite 3 interprétations
défendables cohérentes en mathématiques, de ce
concept de décitation:
* La paraphrase propositionnelle : (A<=>vrai) paraphrase de
l'énoncé (A). Mais ce n'est pas une décitation,
puisqu'il n'y avait pas de guillemets.
* Le schéma de définitions: (on dit que "trucmuche" est
vrai si trucmuche, on dit que "bidule" est vrai si bidule, etc). Ce ne
sont là nullement des cas particuliers d'une définition
commune. (Ceci a pourtant bien été déjà
exposé noir sur blanc dans un certain article du wikipedia
anglophone)
* La reconstitution d'un point de vue virtuel: supposant que la
théorie des ensembles est consistante, elle a un modèle,
alors supposons fixé un modèle M. On dira qu'un
énoncé est vrai s'il est vrai dans M. C'est
cohérent mais rien n'assure l'accord avec le schéma
précédent (à moins bien sûr d'ajouter ce
schéma au titre de schéma d'axiomes sur le choix de M,
dont la compatibilité n'est nullement démontrable).
Paradoxe de Lewis Carroll: je ne sais pas où en était la
situation quand ça a été formulé, mais ce
n'est là qu'un pinaillage ridicule lié à la
séparation tout-à-fait artificielle entre les conventions
de connecteur d'implication et de modus ponens. En
réalité il n'y a pas de problème. Plus
précisément, l'interprétation
développée dans la suite sur la distinction entre ces
deux notions est complètement ridicule: "les conséquences
logiques sont en nombre infini et transcendent la pensée" (sic)
"c'est un peu comme si on devait prendre une décision à
chaque application d'une règle d'inférence" (sic): et
comment font alors les ordinateurs pour faire ou vérifier
automatiquement les démonstrations sans erreur possible,
exactement suivant les règles d'inférences dans toutes
leurs applications possibles, sans nécessiter à chaque
fois "une ratification par les membres de la communauté" (sic) ?
Bon, j'arrête là. La suite (holisme) se perd dans le
flou...
Philosophie de l'éducation
Lu: article
Wikipedia.
L'impression que me fait la lecture de ce résumé de la
philosophie de l'éducation, me fait un peu en quelque sorte
l'effet qu'aurait le compte-rendu des divers avis émis par un
comité de philosophes et de physiciens théoriciens,
chargés de réfléchir à la question de
savoir quel est le meilleur modèle de voitures qu'il faut
construire pour la population, et par quels moyens techniques. Ceci,
sans avoir eu l'occasion d'expérimenter ni de se renseigner, ni
sur les problèmes et accidents rencontrés par les
utilisateurs, ni par ceux rencontrés par les ouvriers.
Il serait certes mal venu d'insinuer qu'ils auraient mal
réfléchi au problème.
(certes je reconnais qu'il se trouve dans l'article une petite partie
des commentaires qui se rapporte au problème d'une telle
situation, mais je trouve ça largement insuffisant
côté proportion et considération effective du
revirement de l'étude qui s'impose)
Autrement dit:
Ca ne sert à rien d'énoncer tous les beaux principes
abstraits qu'on voudra, dans la mesure où ces principes ne sont
pas suffisamment imbriqués dans les réalités de
terrain;
Là encore comme d'habitude, il faudrait que le philosophe
apprenne à avouer qu'il n'a rien à dire
d'intéressant à part des trivialités que tout le
monde sait ou peut retrouver tout seul, et que le vrai problème
est ailleurs. Voir par exemple le Groupe de Réflexion
Interdisciplinaire
sur les Programmes: eux au moins font du travail sérieux sur
la question, et pour cela ils ne trouvent pas le besoin de se targuer
d'être des philosophes, ni même d'avoir de grandes
collaborations avec des philosophes.
A cela j'ajouterais, suivant mes conceptions personnelles, les
dimensions suivantes du problème que j'estime de plus en plus
préoccupantes: pour sortir de la décadence il serait
urgent d'intégrer les concepts d'expérimentation, de
diversité et de liberté d'organisation:
- Mise en cause du principe du Système Unique et Universel aux
mains d'un tout-puissant Ministère de l'Education sur la vie de
tous
- La diversité des styles d'individus à éduquer et
à former nécessite une diversité des solutions
éducatives
- Les progrès des recherches en matière de solutions
éducatives nécessiteraient une nouvelle liberté
d'entreprendre et d'expérimenter en ce domaine
Le problème est donc avant tout politique. A quoi bon discuter
de ce qu'il faudrait faire si c'est pour rester dans le cadre d'un
système totalitaire qui ne laisse aucun espoir d'essayer, ou si
jamais il s'y mettait, il le ferait à sa manière
éventuellement catastrophique pour tout le monde de par sa
tendance à être seulement capable d'envisager, comme
opération de réforme, une réforme qui
s'appliquerait à des millions de personnes à la fois
(exemple: réforme des maths modernes, réforme de la
lecture globale),
sans trop s'occuper par ailleurs des conditions de transition et de
réalisation pertinente dans les détails effectifs.
Or, ces questions etant en fait primordiales, il semble que la
philosophie de l'education telle qu'elle s'exprime actuellement, les
rate completement pour se concentrer sur des questions abstraites et
qui pour apparemment "essentielles", accrochees catastrophiquement a
l'obsession des substances, ne peuvent etre rien de plus en pratique
que des pretextes pour justifier des politiques qui auront fatalement
l'effet contraire de ceux annonces.
Car, voici comment je definirais la philosophie de l'education telle
qu'elle est actuellement, dans ses realisations pratiques:
La philosophie de l'education est un art qui vise a justifier, au nom
de la liberte de pensee, le totalitarisme intellectuel opere par l'Etat
sur l'ensemble de la jeunesse, qui vise a les abrutir, les scleroser,
leur enterrer l'esprit sous des montagnes de merdes intellectuelles
appelees "culture" et autes exercices, et leur interdire en pratique de
developper toute pensee personnelle, surtout (plus longtemps encore)
ceux qui par leur intelligence plus grande sont destines (condamnes par
la pression sociale) a de "longues etudes" encore plus abrutissantes,
tout en pretendant que c'est indispensable pour leur apprendre ainsi a
penser par eux-memes.
En passant, on cultive l'idolatrie de l'imponderable: le fait que
savoir reflechir ne se mesure pas facilement, est totalement genial
pour permettre aux philosophes de l'education de raconter n'importe
quoi a ce sujet sans risquer de se faire contredire par l'experience.
Ainsi, de pretendre que le developpement de la pensee doit etre un
objectif diametralement oppose a celui de la formation professionnelle,
accusant les mechants employeurs de vouloir a tout prix recruter les
gens serviles les plus abrutis pour augmenter leurs profits en les
payant a remplacer ainsi le travail des robots. Et puisque donc
forcement (par hypothese) savoir reflechir ne sert a rien dans le
travail, mais que c'est indispensable pour developper la dimension
spirituelle de l'homme, il n'y a qu'un pas d'ici a faire passer
l'idee qu'un exercice intellectuel est forcement d'autant plus
indispensable qu'il ne sert a rien professionnellement. Mais, comme il
suffit qu'un enseignement soit une merde de non-sens pour etre inutile,
et comme il suffit qu'il soit inutile pour etre de la culture et donc
spirituellement indispensable, ceci justifie donc de maintenir
l'obligation pour toute la population de se faire formater l'esprit a
penser comme des philosophes, c'est-a-dire comme des andouilles
serviles et standardisees bourrees d'idees recues.
Voir autres commentaires
sur l'éducation, et ébauche d'un
nouveau système politique sur la base duquel un tel
changement (liberté d'entreprendre et diversité des
expériences) serait possible.
Philosophie des sciences
Parcourant les infos à ce sujet, notamment sur Wikipedia, il
apparaît qu'une des plus grandes figures de la philosophie des
sciences est Karl Popper. Regardant un peu plus
précisément les comptes-rendus de son oeuvre, je
résumerais ainsi la situation en l'analysant à ma
manière:
Auparavant, les scientifiques parlaient de vérifications
expérimentales des théories. Entre scientifiques il n'y a
pas de problème, chaque autre scientifique doué d'un
minimum de bon sens scientifique comprenant implicitement ce que
rigoureusement cette expression est sensée signifier.
Hélas, quelques pipoteurs fous de l'époque, dont on sait
aujourd'hui qu'il en
apparaît naturellement tous les jours mais auxquels on
n'était pas encore habitués, et nommés en
l'occurence Karl Marx et Sigmund Freud, sortirent chacun leur
théorie du tout révolutionnaire qui prétendaient
tout expliquer scientifiquement dans le monde et dans la vie, à
coup de nouvelles mythologies et de pseudo-concepts dont tout esprit
véritablement rationnel qui se serait appliqué à
ces sujets aurait dû rapidement se rendre compte que cela n'avait
guère de sens. Or, le problème est que leur
auto-proclamation de scientificité pouvait être aussi
ridicule qu'on veut du point de vue d'un esprit véritablement
scientifique qui se soit appliqué au domaine concerné,
cela ne pouvait guère affecter leur
réputation dans la mesure où ils cherchaient leur
réputation, non auprès de leurs pairs scientifiques et
spécialistes des domaines considérés,
mais auprès d'un public crédule et intellectuellement
désarmé, qui n'y vit que du feu.
En effet, le public avait déjà perdu l'habitude des
mythes anciens qui avaient quasiment disparu sous la double attaque de
l'esprit des Lumières et des Inquisistions et autres chasses aux
sorcières
menées par l'Eglise, au point d'avoir oublié ce que c'est
réellement qu'un mythe et le fait de s'y laisser prendre,
à savoir que les adeptes de mythologies ne racontaient pas leurs
histoires seulement pour
plaisanter; d'autre part, se trouvant baigné dans un nouveau
monde scientifique qui était réel autour d'eux mais
qu'ils n'avaient que l'illusion d'avoir intégré, ils
croyaient à tort savoir ce que c'était, et que tout ce
qui était nouveau devait automatiquement être
scientifique. Ainsi était-il très facile à de
nouveaux
mythes de passer en fraude pour de la science.
Parmi les nombreux
non-sens et prétextes à l'auto-proclamation de
scientificité de ces nouveaux mythes, se trouvait leur usage
détourné du
mot "vérification" qu'auprès du public ils avaient
vidé de sa signification rigoureuse originelle, le
réduisant ainsi à un vain mot, théatre de leur jeu
d'illusions. Or, ce point particulier se trouve jouer un
rôle-clé particulièrement décisif dans leur
jeu d'illusion et d'accréditation comme "scientifique"
auprès du public, en
regard de sa relative simplicité, par rapport à tous les
autres aspects de leurs doctrines.
Là-dessus, Karl
Popper arriva, et constata que le sens du
concept de vérification tel que pratiqué par les
véritables scientifiques, différait de celui
pratiqué par les pipoteurs sus-mentionnés. Que fit-il
alors ? Il sortit une nouvelle philosophie des sciences, consistant
à abandonner l'usage légitime originel du mot
"vérification" aux nouveaux pipoteurs qui venaient si
puissamment de le monopoliser à leur sauce, pour inventer
à
la place de ce mot de nouvelles expressions littéraires à
lui, sensées bien mieux décrire la procédure de
vérification que les véritables scientifiques doivent
pratiquer, expressions comme celle de "tentative de réfutation".
Il en développa des explications détaillées de son
cru, précisant des aspects de ce concept que les
scientifiques ne s'étaient pas appliqués à
vulgariser jusque-là sous le
vocable de "vérification", négligence qui s'était
avérée ainsi funeste à la culture du public. Ceci
passait outre le fait que la différence entre une tentative de
vérification et une tentative de réfutation n'est ou
plutôt ne devrait être qu'une différence
d'appellation d'ordre
purement poétique, puisque recouvrant rigoureusement les
mêmes procédures, conditions et critères de
décision; et que la description d'une
démarche scientifique ne devrait être nullement
concernée par de quelconques qualificatifs de l'ordre du
désir d'obtenir un résultat plutôt que l'autre.
Mais, la suggestion poétique associée à
l'idée de tentative de réfutation étant plus
efficace que son contraire pour faire finalement à peu
près passer auprès de non-scientifiques leur
signification rigoureuse commune de manière à plus
facilement disqualifier la signification fallacieuse dont le mot
"vérification" était alors accablée, il estima
avoir fait
là une découverte fondamentale et profonde en
épistémologie des sciences.
Rappelons que ces pipos du marxisme et freudisme dont
déjà plus rien ne pouvait plus arrêter la
popularité malgré qu'ils aient été enfin
officiellement rejetés de la catégorie de la science dont
ils se réclamaient, et devant bien de ce fait se publier
malgré tout
sous quelque autre enseigne, restèrent chaudement accueillis
sous le
toit de la philosophie pendant encore longtemps après cette
aventure.
Voir liens de critique
de la psychanalyse.
Par la suite, en dehors de
son certes long et nécessaire travail d'analyse du marxisme et
du freudisme pour montrer en quoi ces derniers ne satisfaisaient pas le
critère qu'il venait de mettre à jour, il consacra le
reste de sa philosophie, à développer à partir de
cette petite découverte, sa propre extrapolation sur le sens et
la destinée de l'aventure des sciences, suivant
ce que le miraculeux pouvoir de la suggestion poétique de sa
nouvelle formule, désormais nouveau centre de l'univers, pouvait
lui inspirer. Extrapolation purement négative comme il se doit,
celle d'une démission systématique face à toute
question de prédiction de l'avenir, à l'image de sa
vision de la science comme tentative permanente de réfutation
d'elle-même.
Il faut comprendre, après tout, la misère fondamentale
de la philosophie: incapable de discerner une différence
fondamentale entre ce qui est science (ou connaissance) et ce qui n'est
qu'illusion, mais seulement capable d'en juger sous un angle
très superficiel, elle ne peut rien trouver dans la science
à laquelle elle puisse se risquer de donner une valeur positive
de connaissance, de peur de se voir ensuite ridiculiser pour avoir
donné à tort une telle valeur à ce qui n'en avait
pas. Sachant seulement d'abord prendre acte des réfutations
lorsqu'elles ont lieu, elle prend ensuite acte du critère,
certes juste, de mise à l'épreuve d'une théorie
par l'expérience, mais réduisant ainsi son angle de vue
à celui d'inspecteur des travaux finis. Un peu comme de
définir l'ingénierie de la construction des ponts, comme
consistant dans le fait de, ayant fabriqué un truc entre deux
rives, prendre surtout soin de marcher dessus à partir d'une des
deux rives pour voir si on peut ainsi parvenir à l'autre rive
sans encombre; dans le cas contraire, recommencer à zéro
jusqu'à ce que ça marche.
Ensuite, face au problème il est vrai démentiel, de
l'avenir de l'humanité, force est de reconnaître que
l'horizon est encore loin d'être clair; et que, comme il est
beaucoup plus facile de s'en faire des idées fausses que des
idées justes, on risque relativement beaucoup moins à
dire que l'avenir n'obéit à aucune loi, autrement dit est
indéterminé. Je dirais tout de même, dans cette
question il faudrait néanmoins distinguer entre les
différents degrés de précision auxquels on
pourrait envisager de considérer des pronostics sur l'avenir. Il
est évident qu'on ne peut pas prédire tout en
détails, et qu'il est facile de se tromper. Finalement, quelles
sont précisément les constatations faites par Popper dans
sa Misère de l'historicisme ? Il a pris des exemples de
philosophies historicistes, c'est-à-dire qui chacune
présente sa propre vision de l'avenir, pour constater que
l'histoire ne s'y conformait pas. Ceci ne saurait être pourtant
une preuve qu'aucun concept de fond n'est à l'oeuvre dans
l'histoire. Cela montre seulement que c'est un problème
très difficile, face auquel nous sommes encore largement
ignorants.
Pourtant, cela n'empêche pas de constater qu'il y a
réellement des tendances de fond dans l'histoire, notamment,
pour
rappeler les évidences, une tendance au progrès
scientifique et technologique, que cela a été
véritablement une révolution dans l'humanité aux
conséquences gigantesques, qu'il n'y avait rien eu de semblable
auparavant, et qu'un retour à la situation passée en ce
domaine est quasiment
exclu.
Mais Popper n'a pas pris cela en considération. Comme tout
bon philosophe qui se respecte, c'est-à-dire qui regarde la
philosophie en général, voire la sienne en particulier,
comme le nombril de l'esprit humain, il a préféré
transformer la constatation de sa propre ignorance et celle de ses
confrères, en une déclaration universelle et
indépassable de l'inconnaissabilité absolue de l'avenir.
Mais par la suite, la conception popperienne de la science a
été critiquée par Paul Feyerabend.
Qu'est-ce que la philosophie des sciences de Feyerabend ? En
résumé, c'est du popperisme au carré. C'est le
fait de faire passer ce critère de démarcation de la
scientificité que constitue la doctrine de
réfutabilité popperienne, au crible de lui-même, et
de constater qu'il y passe bien mal. Précisément, qu'il
n'est pas un absolu et qu'en réalité les critères
et modes de scientificité sont bien plus variés. Puis,
là encore, comme tout bon philosophe qui se respecte
c'est-à-dire qui prend sa propre analyse pour l'horizon
indépassable de la pensée, il a observé comment
lui apparaissaient projetés sur sa grille de lecture
philosophique les différentes stratégies et
critères de scientificité réellement
pratiqués avec succès par les scientifiques, et,
constatant qu'il ne pouvait y discerner aucun caractère commun
et universel, en a conclu qu'il n'existait pas de critère
universel de scientificité; ainsi, au nom de sa propre
incapacité de philosophe à discerner science et
non-science, il s'est cru le droit de proclamer que la
différence n'existait pas vraiment, et que donc la science
n'avait aucune valeur particulière.
Mais il y a encore une meilleure philosophie que tout cela: constatant
que l'incompétence des philosophes peut aller jusqu'à ne
même pas être toujours capable d'appliquer effectivement ce
critère de scientificité popperien qu'ils avaient retenu
pour sa facilité, il s'avère que la plus intelligente
position philosophique est finalement celle qui consiste à donner sa
langue au chat: «The Quine-Duhem thesis argues that it is not
possible to prove that a statement is falsified; rather,
falsification occurs when the scientific community agrees that a
statement is falsified.»
Philosophie de l'economie
Voir le texte
sur ce sujet.
Un petit tour du web
J'ai fait un tour sur le web pour m'informer sur les travaux de Dominique Lecourt (page
web qui n'est pas faite par lui) qui
semble avoir un rôle particulièrement important dans la
philosophie et les institutions philosophiques françaises
actuelles. Je ne cherche nullement à
le viser personnellement, seulement à me référer
à lui et aux organisations qu'il a suscitées qui semblent
être les références officielles en la
matière, pour évaluer la teneur du milieu. En particulier
j'ai été voir les archives
du site de l'Association Diderot.
En apparence, il affirme se démarquer dans le bon sens
d'avec une certaine médiocrité ambiante: voir l'interview
sur son livre "Les Piètres
penseurs". Cependant, dans ceux qu'il critique il ne semble pas inclure
les «philosophes de l'époque» : Foucault (pour les
«grandes analyses" desquelles il a une admiration), Althusser,
Lacan, Deleuze et Guattari, qui font partie des auteurs
ridiculisés dans « impostures intellectuelles » de
Sokal et Bricmont. D'ailleurs, on m'a indiqué que dans
l'affaire
Sokal, Lecourt a fait partie des gens ( avec les auteurs
critiqués ) qui ont "hurlé à la mort" (un article
assassin dans «Marianne »).
Dans cet autre
interview, il déplore la situation: "Aujourd'hui trop rares sont les
philosophes ayant un contact direct avec la pensée scientifique
et les pratiques de la recherche en laboratoire, parce que la
philosophie, en France tout spécialement, a fait
sécession. Elle s'est évadée dans des
considérations métaphysiques et morales, rayant les
sciences de son souci, quand elle n'en organise pas le
dénigrement. Quant aux scientifiques, ils ont
adhéré massivement au dogme positiviste selon lequel la
science ne saurait se développer qu'en rompant toute
préoccupation philosophique." Donc, il avance
plutôt dans la bonne direction.
Là-dessus je dirais mon sentiment: certes le positivisme
(instauré par le Cercle de Vienne) est en un sens un peu trop
extrémiste dans sa formulation, cependant il se justifie en
partie par le fait qu'il a permis aux sciences de se développer
de façon indépendante suivant leur énergie propre,
ce qui a été fructueux et a amené à
regarder les problèmes tels qu'ils se posaient réellement
en sciences sans être freinés par des
présupposés philosophiques ou questionnements
impossibles. Par exemple, on peut remarquer que c'est bien suivant le
dynamisme propre de la science que le questionnement sur le
problème de la mesure quantique a fait son chemin, depuis la
dualité onde-corpuscule et l'axiome de la mesure jusqu'à
l'étude de la décohérence en passant par le
paradoxe EPR et la violation des inégalités de Bell:
évolution, raffinement et éclaircissements partiels d'un
problème philosophique par des moyens positivistes
(nécessitant certes une dose de réflexion quelque peu
hors du positivisme mais en étroite relation avec lui, or de
fait cette réflexion était naturellement présente
chez un nombre suffisant de physiciens), permettant finalement de
dresser le tableau plus complet du problème philosophique (qui
existe toujours), alors qu'une fixation sur la formulation initale du
problème philosophique n'aurait guère permis de le faire
progresser ainsi.
Par contre, je ne vois guère comment la philosophie
continentale, coupée de la science, pourrait en tirer une
fierté comparable.
Dominique Lecourt est cofondateur du Collège
International de Philosophie avec notamment Jacques Derrida. Un
petit tour par là montre bien comment s'y déploie la
décrépitude de la philosophie continentale dans toute sa
splendeur. Notamment parmi les "papiers", "Fac-similé pour
Jacques Derrida": à mourir de rire.
il y a aussi le numéro 5 "Le rôle de l'éther
dans la question du continu et du discontinu en physique",
Françoise Balibar: elle n'est pas philosophe mais "professeur
émérite de physique". Je suis désolé mais
je ne comprends pas comment un physicien professionnel peut s'en aller
présenter une thèse aussi absurde que celle qui figure
dans le texte ici mentionné, inventant un supposé lien
entre notions qui n'ont en réalité absolument rien
à voir (la question de l'éther et la question de la
dualité continu-discontinu). (la révolution quantique n'a
rigoureusement rien à voir avec la révolution
relativiste, ce n'est qu'une coïncidence temporelle qu'elles aient
eu lieu en même temps...)
Là encore, la philosophie des sciences joue bien son
rôle de poubelle des idées scientifiques absurdes.
Dois-je rappeler l'autre exemple que ce même
phénomène que j'avais déjà remarqué
par ailleurs: le
succès
philosophique de la relativité
d'échelle de Laurent Nottale, qui a
bénéficié des louanges des meilleurs philosophes
de l'Ecole Normale Supérieure dans leur séminaire
«Pensée des sciences«, et a même rempli
des pages de
revues scientifiques comme Pour la Science, et qui n'est en fait qu'une
vulgaire imposture vide de sens que toute personne scientifiquement
avertie saura déjouer. Voir en
particulier ce qui concerne le séminaire Pensée des
Sciences de l'ENS, Vincent Bontems et Alexis de Saint Ours.
Sur l'affaire Sokal
Continuant le tour du web, il y a les archives
du site de l'association Diderot et en particulier la revue L'Aventure
Humaine. Là, j'ai été voir le numéro
"La science dans la tourmente". J'ai trouvé le contenu assez
banal à part les critiques de la psychanalyse citées plus
haut, mais je vais ici répondre à l'article sur l'affaire
Sokal: "Décontamination
intellectuelle : l’expérimentation échoue". En
gros, il trouve mitigé le résultat de cet affaire,
considéré au moins partiellement comme un échec
suivant leur interprétation alors même que la
démarche a été concrètement efficace. Les
motifs et contenus de cet avis de demi-échec ne me semblent pas
très clair et auraient mérité d'être
développés pour bien les voir en détails. Pour ce
que j'en ai retenu, il me semble qu'il passe à côté
d'une dimension importante de la question qui devrait pourtant
être évidente à mon avis, même si elle
n'avait pas été dite explicitement. Alors je vais
préciser cela ici.
A mon sens, cette entreprise menée par Sokal, donc, de publier
son "texte-prétexte" dans la revue social Text, est moins une
expérience à proprement parler, qu'une entreprise de
vulgarisation. Certes il ne l'a pas précisé, et s'est
contenté de parler d'expérimentation, néanmoins la
dimension humoristique de la chose me semblait clairement signifier que
les choses, y compris le texte-commentaire, ne sont pas totalement
à prendre totalement au premier degré, et que la
démarche employée ici n'est qu'une version du concept
d'expérience en quelque sorte rabaissée à un
niveau plus proche de la vulgarisation.
En effet, faut-il rappeler que pour un physicien, il est parfaitement
clair et évident que la science physique porte sur une
réalité qui existe en soi et n'est pas une construction
sociale. Ceci n'a pas à proprement parler besoin d'une nouvelle
démonstration, puisque les succès des sciences physiques,
du moins pour ceux qui s'y connaissent, l'ont déjà
démontré et redémontré tous les jours
depuis bien longtemps. Alors, là-dedans, les cultural studies,
qui répandent l'idée contraire, sont simplement
ridicules, et les scientifiques n'ont pas attendu l'affaire Sokal pour
le savoir. Or ces Cultural studies, donc, ont pour seule base de leurs
idées la simple ignorance et négation aveugle de la
réalité. A la base, c'est incurable
puisqu'irréfutable: toutes les découvertes scientifiques,
malgré leurs impacts manifestes (et on sait bien combien il y en
a eu), pourront toujours, sous la plume de ces idiots, se
réinterpréter comme une construction sociale, par la
simple méthode qui consiste à ne regarder les choses que
sous leur angle sociologique et littéraire. Or rigoureusement,
comment voulez-vous avoir un impact sur des gens dont le seul horizon
intellectuel est sociologique et littéraire, si ce n'est par une
maneuvre sociologique et littéraire ?
Mais pour un scientifique, les publications ne sont rien en
elles-mêmes, mais sont la révélation d'une
réalité qui existait déjà au départ,
et qui était déjà connue comme telle par ceux qui
la connaissaient. Et la maneuvre de Sokal ne fait pas exception: elle
ne fait que mettre au jour une réalité qui était
déjà claire et évidente au départ pour ceux
qui la voyaient ainsi, et qui n'a donc pour eux nul besoin d'une
nouvelle démonstration. L'expérience ici
réalisée (acceptation de publication du
texte-prétexte) ne fut finalement qu'une petite preuve de plus
qui s'ajoutait à des évidences bien plus vastes
(exposées dans le contenu des textes). Une petite preuve de
plus, donc, mais surtout l'évènement occasion de
révéler tout l'ensemble de leurs analyses à un
large public. Et quoi d'étonnant à devoir expliquer et
réxpliquer les choses ? Comme dans toute démarche de
vulgarisation, le fait qu'une chose soit claire pour les
spécialistes d'un domaine considéré n'est
nullement contradictoire avec la nécessité pour eux
d'expliquer et réexpliquer les choses en longueurs à ceux
qui n'en sont pas s'ils veulent arriver à s'en faire comprendre.
J'en conclus que, pour des publications sensées
représenter la philosophie, à côté de choses
où je n'ai pas pour l'instant trouvé de traces
d'originalité et autres qualités d'esprit suffisamment
remarquables comme je me considère en droit d'attendre de la
part de philosophes des sciences, cet article sur l'affaire Sokal me
semble
être plus explicitement l'expression d'une
médiocrité de pensée effective, liée
à une tentative de défendre à mi-mots,
maladroitement, par une sorte solidarité ou complaisance, des
auteurs visés par cet affaire et avec lesquels ils garderaient
une forme de proximité.
Pour plus de commentaires sur l'affaire Sokal, par des milieux
scientifiques cette fois, voir ici,
là,
là.
Par contre je reconnais que dans un autre numéro de l'Aventure
Humaine, celui sur l'art politique, il y a de bonnes idées
intéressantes.
A propos du rapport de Dominique Lecourt au ministre, sur
l'enseignement de la philosophie des sciences
N'est-ce pas un travail de philosophie des sciences par excellence, que
d'exposer en rapport officiel, de la part d'une personne aussi haut
placée et reconnue en ce domaine et après enquète
à ce sujet, les motivations que l'on voit à
l'introduction d'un cours de philosophie des sciences aux
étudiants scientifiques, de sorte que la qualité du
contenu de ce rapport pourra être tenue pour
représentative du niveau de réflexion actuel des
philosophes en ce domaine ?
Je vais donc faire ici une lecture critique du contenu du rapport. Je
tiens à préciser que je ne cherche pas à contester
la conclusion, à savoir l'utilité de l'introduction d'un
enseignement de la philosophie des sciences dans les cursus
scientifiques. Et même, je salue l'effort qu'il fait à
plusieurs endroits pour orienter ce projet dans la bonne direction,
d'une manière qui nécessite un effort salutaire.
L'objet de mon propos est seulement d'apporter quelques nuances et
critiques de certaines remarques et arguments particuliers.
Je prends le texte depuis le début, et je commente au fil de la
lecture.
"Hypothèses:"
(p.8) "On en a fini avec l'idolatrie qui avait conduit qq grands
esprits du XIXè sciècle finissant à annoncer que
[la science] était appelée à se substituer
à la religion pour le plus grand bien de l'humanité"
Certes il reste beaucoup de travail en perspective pour arriver
à ouvrir des voies satisfaisantes face aux questions
religieuses, néanmoins je conteste l'affirmation suivant
laquelle les religions telle qu'elles existent actuellement seraient
sensiblement un mieux vis-à-vis de de positions plus
libérales d'esprit comme l'athéisme, l'agosticisme ou le
simple théisme. Cela répond à un certain besoin
certes, mais au moyen de réponses trop fausses en
général pour être honorables. Or, seule une
réflexion rationnelle autrement dit de type scientifique d'une
certaine manière, peut permettre de discerner le vrai du faux
dans les idées des religions, afin de mieux permettre la paix et
la prospérité.
Ceci dit je reconnais que ma position n'est pas assez politiquement
correcte pour être admissible dans un rapport officiel.
"La médecine même (...) devient suspecte. Les industries
pharmaceutiques sont réputées la précipiter sur la
pente d'une déshumanisation."
Il y a là un grand malentendu de la part du public: ce n'est pas
la science qui devrait être en cause. La science n'est ni humaine
ni inhumaine, mais elle dépend de ce qu'en font les hommes, et
en particulier ce qu'en fait le système
politico-économique qui en dirige le développement
à sa guise. C'est ce système qui devrait être mis
en cause, précisément, pour avoir perverti la science en
la transformant en son contraire: une quasi pseudo-science productrice
de mensonges et désinformations. La science ne saurait
être responsable des travers de la non-science actuellement
dominante. Après, on peut certes envisager de former les
scientifiques pour tenter de limiter les conséquences des
désastres commandés par les politiques et industriels qui
les emploient, ceci dit il n'en reste pas moins quelque chose de
schizophrénique de la part d'un tel projet officiel. Si par
contre on voulait attaquer les problèmes à leurs racines
ce serait plutôt avec les professeurs et étudiants de
politique et d'économie qu'il faudrait en discuter. Quant aux
problèmes des OGM et du clonage, il s'agit d'une
spécialité si étroite que je n'y vois pas un motif
d'un projet d'enseignement de philosophie aussi général
que celui en jeu ici; la discussion devrait être plutôt
intégrée à l'enseignement de
spécialité correspondant. Quant à l'image de la
science auprès du public, c'est un problème qui concerne
le public, auquel le philosophe devrait s'adresser directement en
partenariat avec quelques scientifiques qui voudront bien se joindre
à la discussion. Mais je ne vois pas pourquoi déranger
les scientifiques en raison de fausses accusations dont ils sont
l'objet.
"Une image purement calculatoire et opérative de
l'activité scientifique tend à s'imposer aux chercheurs
eux-mêmes".
C'est une autre observation, mais je ne vois nullement (du moins dans
ce que j'ai connu jusqu'à maintenant) en quoi elle serait
conséquence d'une mauvaise image de la science dans la
société. A l'inverse je la verrais plutôt comme une
cause partielle de ce décallage. Pour en comprendre les causes
de plus près, voir notamment par ici. Pour parler
des causes de ces causes, je pense en particulier au nivellement par le
bas entrepris dans le système scolaire, lié à sa
démagogie consistant à couper les têtes qui
dépassent et à transformer l'enseignement secondaire en
lieu de dressage pavlovien par nécessité de trouver le
moyen de donner des bonnes notes à des élèves de
toute manière incapables de se former à l'intelligence,
ainsi que nécessité de déformer aussi les
intelligences en les fondant dans ce même moule. Cette
destruction fondamentale de la réflexion et de la
responsabilité institue finalement une vaste idéologie
ambiante consistant à élever la forme (le diplôme)
au-dessus du fond (la connaissance): tout miser sur des questions de
droit à l'emploi reposant sur l'Etat-Providence et
l'égalitarisme, sans plus s'intéresser au but réel
de l'enseignement (la transmission des connaissance).
Ceci a donc eu pour effet de transformer le système
d'enseignement en une vaste bureaucratie qui a pour seul but d'occuper
les étudiants à des "études" artificielles et
inintéressantes mais imposé en force et voulu par tous
pour son avantage "démocratique" de consituer un système
de travail d'apparence sérieux et de sélection la plus
purement et parfaitement équitable qui puisse se concevoir
c'est-à-dire impersonnelle et vide de sens, parfaitement
conforme à elle-même sans s'occuper de savoir si elle
reflète réellement des choses intéressantes ou
non, en passant à la trappe l'esprit scientifique coupable de
porter le risque d'une sélection légèrement plus
visiblement hasardeuse et surtout trop sélective. Le
problème est donc avant tout institutionnel et
idéologique.
"La baisse du nombre des inscriptions dans les filières
scientifiques des universités..."
Je vois au moins une part d'explication à cette baisse dans
cette dégradation de la qualité et la technicisation des
enseignements scientifiques dans le secondaire et l'université.
Mais de toute manière, sans vouloir tomber dans une quelconque
nostalgie du passé, je pense qu'il y a beaucoup de travail
à faire dans l'amélioration de ces enseignements pour
l'avenir, et que cela pourra sûrement avoir une grande influence
sur la popularité des sciences et le nombre d'inscriptions aux
filières scientifiques. Je pense aux maths-physique; et je
constate que la suite de ce même rapport rend compte d'un
même type de perspective dans le domaine des sciences de la vie.
Bon, sans reprendre en détail la suite des propos: dans
l'ensemble je reconnais qu'il y a de bonnes choses dans ce rapport,
qu'il fait bien de diagnostiquer notamment le manque de formation
scientifiques dans les milieux philosophiques.
Mais je ferais encore quelques remarques:
Le problème de la surcharges des horaires est un problème
majeur. S'il est vrai que dans l'absolu il serait possible d'y
remédier par une restructuration et simplification de certains
cours à la lumière de connaissances ultérieures
aux origines de certains chapitres donnés, il est donc du devoir
des scientifiques des disciplines concernées de s'attaquer
à ce stravail restructurer leurs cours; or je ne vois
guère en quoi les philosophes et l'enseignement de la
philosophie pourraient les y aider. Or, je pense que cette inutile
surcharge de travail des étudiants à cause de ce
caractère obsolète des cours, a déjà une
large part de responsabilité dans la désaffection des
filières, et donc il serait de la première urgence de s'y
attaquer avant de songer à introduire un enseignement
supplémentaire.
Ensuite: si les cours de science manquent de sens et de pensée
scientifique, je ne vois guère en quoi la philosophie peut y
remédier:
Un cours de science vide de sens, + un cours de philo des sciences vide
de sens, ne vaudra jamais un cours de science plein de sens.
J'insisterais encore une fois sur le fait que, si la pensée des
sciences et l'interdisciplinarité sont importantes, cela ne
saurait cautionner l'idée que la philosophie aurait un
quelconque rôle supérieur à y jouer; et que les
sciences sont aussi capables de générer leur propre
philosophie dont elles ont besoin sans forcément l'aide des
philosophes. En particulier si ceux qui habituellement se disent
philosophes font la preuve d'une incompétence chronique sur la
compréhension de nombreux sujets, il est compréhensible
de refuser de travailler avec eux. Heureusement que l'étude
citée prend en compte par la suite cette dimension du
problème en insistant sur la nécessité de mieux
former des philosophes à la science, mais je ne suis pas
sûr que ce soit la voie la plus prometteuse pour arriver à
combler le fossé et réaliser ainsi l'objectif.
Mais j'ai encore envie de citer quelques points particuliers:
"Certaines voies de recherche n'auraient pas été
désertées pour être retrouvées par des
chercheurs au prix de grandes difficultés théoriques,
avec parfois cinquante ans de retard, comme on a pu le voir en physique
avec le phénomène de dépendance sensible aux
conditions initiales" : pardon, je ne m'y connais peut-être pas
assez, mais de loin j'aurais tendance à penser que
phénomène de dépendance sensible aux conditions
initiales est un phénomène intrinsèquement
complexe, théoriquement très difficile, pour des raisons
qui tiennent à son contenu et n'ont rien à voir avec de
quelconques biais philosophiques; et pour cette seule raison il me
semble tout-à fait normal qu'il ait rebuté pendant
très longtemps les chercheurs qui avaient d'autres sujets
à étudier. Aussi, le rôle crucial des simulations
numériques dans ce domaine rend son étude beaucoup plus
fructueuse à l'ère des ordinateurs.
"l'effervescence philosophique qui a marqué les débuts de
la mécanique quantique" : ma question est de savoir si la
théorie physique a été suffisante par sa propre
dynamique pour engendrer cette effervescence et ses résultats,
ou bien si les philosophes et leur tradition y ont su apporter une
contribution effective. Autrement dit, dans quelles proportions la
philosophie de la physique quantique serait redevable, d'un
côté à la physique, de l'autre à la
philosophie. En effet, si les physiciens se débrouillent bien
tout seuls sans les philosophes pour créer leur propre
philosophie lorsqu'ils en ont besoin, pourquoi viendrait-on les
déranger en leur inculquant la philosophie des philosophes ?
"les physiciens (...) se livrent à un immense effort de retour
aux textes classiques en matière de philosophie de la
connaissance": oui, ils le font de leur propre initiative sous la
pression des gros problèmes qui les troublent. Mais à la
fin, quand les choses se stabilisent, on en arrive à une
théorie physique qui marche et peut s'enseigner et être
utilisée, avec sa philosophie qui lui est propre et qui n'a plus
besoin de tellement se référer aux classiques de la
philosophie. De toute façon, je ne vois guère comment ces
réflexions auraient pu être menées en dehors de la
nécessité donnée par la découverte
préalable d'un formalisme mathématique effectif qui
engendre et dirige ces interrogations. Ceci dit il est bien sûr
désormais important de faire mieux connaître les
fruits et bilans hélas méconnus de cette recherche.
A la fin du rapport, il est fait mention du système allemand:
bravo à lui, enfin un exemple qui nous rappelle que la
liberté humaine est possible, et que les grandes politiques
éducatives nationales ne sont pas forcément la
panacée.
texte inachevé
http://web.archive.org/web/20030426012248/www.diderot-asso.com/entretiens.htm
Philosophie de la philosophie
http://fr.wikipedia.org/wiki/Philosopher
http://fr.wikipedia.org/wiki/Double_contrainte
<<soyez spontané>>
http://fr.wikipedia.org/wiki/La_m%C3%A9thode_scientifique_en_philosophie
philosophie encerclée
http://www.lyber-eclat.net/lyber/cometti/
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