Cette histoire de mon parcours vise à servir
d'introduction à l'exposé de mes réflexions sur
le sens de la vie.
En effet, j'ai été amené
où j'en suis par une certaine histoire que je vais ici
retracer brièvement, situant le contexte dans lequel l'exposé
de mes positions s'inscrira naturellement.
Ce fut un parcours
avec certaines constantes mais aussi parfois très sinueux et
nécessitant un travail très difficile pour pour arriver
à déjouer les pièges et faire émerger de
mon expérience les notions pertinentes pouvant finalement
tenir la route après toute une période où je me
trouvais à nager dans les contradictions.
Mon but n'est
pas de persuader qui que ce soit que j'ai raison, mais de proposer
une analyse, tenter d'avancer certaines idées susceptibles de
faire avancer le schmilblick, et d'informer toute personne intéressée
par la recherche de la vérité, sur le fait qu'un
parcours comme le mien puisse exister, et que les conclusions où
j'en suis arrivé peuvent être vécues après
un tel parcours comme étant les seules finalement tenables,
même si cela peut éventuellement sembler étonnant.
Les caractéristiques de chacun comportent d'une part des
éléments innés, d'autre part des éléments
acquis par hasard, par choix, par influence de l'environnement social
ou par évolution naturelle à partir des éléments
innés ou de tout cela en même temps.
La distinction
entre ces différents facteurs dans la détermination
d'un aspect donné du caractère de quelqu'un peut être
extrêmement subtile et difficile à établir, et
qui plus est, peut être variable d'un individu à
l'autre.
Voici d'abord quelques éléments
innés.
Je suis arrivé, avec la bosse des maths, dans
la lune (ne comprenant rien aux bonnes manières et autres
conventions sociales), timide, animé d'une profonde quête
de vérité, et idéaliste à la fois au sens
littéraire (hanté par la notion d'idéal,
alimentée notamment par mon goût pour certaines musiques
douces ou religieuses) et philosophique: à chaque fois que la
question était soulevée (même si au début
elle ne l'était pas souvent), j'étais convaincu que
nous ne sommes pas que matière, autrement dit que nous avons
une âme, et qu'il y a une vie après la mort. C'était
pour moi quelque chose d'évident, manifestation directe d'une
intuition existentielle profonde et mystérieuse, il ne pouvait
pas en être autrement.
J'ai aussi eu depuis le départ un caractère qui
pourra vous paraître étrange voire absurde: je
considérais que mon but dans la vie n'était pas d'être
heureux !
Après coup, comme on verra, cela ne s'avère
finalement pas être une très bonne chose, mais... en
fait on ne peut pas en juger comme ça, c'est une question très
subtile et très compliquée et que je n'ai toujours pas
bien résolue.
En vérité, ce point de vue qui
fut le mien n'a rien de nécessaire ou d'évident.
Et
je dirais même avec le recul, que le fait qu'il puisse être
juste est une chose regrettable.
Il n'empêche qu'à
l'origine, dans mon esprit d'enfant et d'adolescent, tout était
clair.
D'une part, ce que les autres recherchaient et qu'ils
appelaient le bien, l'amusement, la joie, m'apparaissait souvent
personnellement comme étant des choses futiles et sans
intérêt. Pendant mon enfance je ne comprenais pas la
plaisanterie par exemple, prenant tout au sérieux et trouvant
insupportables comme contraires à la vérité les
propos "absurdes" (plaisanteries).
Autrement dit, je
voyais ces choses comme n'avançant à rien. J'étais
sérieux, et j'estimais que la vie devait être quelque
chose de sérieux et d'important. Je cherchais à
découvrir ce que je pourrais en faire, qui avance vraiment à
quelque chose.
Non pas me contenter de faire comme tout le monde,
comme un simple rouage de la société reproduisant telle
quelle la vie pour la génération suivante sans savoir
pourquoi, mais faire des choses extraordinaires, changer le cours de
l'histoire. Parce que c'est uniquement de cette manière qu'il
me serait possible d'y trouver mon compte, d'être véritablement
fidèle à moi-même. Parce que j'étais ainsi
et il ne pouvait pas en être autrement.
Notamment, mon
point de vue philosophique entraînait la conviction qu'après
la mort se révèlerait un autre point de vue et un autre
sens sur la vie passée. Pourtant je ne savais rien précisément
sur ce que serait ma contribution ni n'avais de moyen de préciser
quel serait cet autre point de vue de l'au-delà, et je me
garderais bien (après coup) de juger ceux pour qui les choses
n'apparaissent pas ainsi.
Mais voilà, je me disais: la
vérité est ailleurs. Le but de la vie aussi.
Alors
maintenant que j'analyse ça, je me dis: le fait que cette idée
ait pu avoir lieu avec justesse est une chose regrettable, et voici
ce que je veux dire par là. C'est donc maintenant le moi
d'aujourd'hui qui analyse.
D'une part, concernant le fait que
les préoccupations des autres m'aient apparu futiles.
Dans
ma naïveté, je fis l'amalgame entre ce que je ressentais
de leurs préoccupations (le fait que je n'y voyais aucun
intérêt) et la notion de bonheur elle-même,
suivant leur point de vue. J'étais conditionné par leur
modèle de bonheur que je ne pouvais pas moi-même
percevoir comme tel, ne pouvant l'accepter pour moi-même mais
étant incapable d'en construire un autre, quelque part je
jetais le bébé avec l'eau du bain.
Non, je
m'opposerai à tout jugement à ce sujet, dans un sens
comme dans l'autre. Il n'y a pas à juger les autres sur ce qui
les intéresse, parce que dans la mesure où ils trouvent
dans ce qu'ils font leur accomplissement, cela est bien ainsi. Il n'y
a pas non plus à juger ma position, dans la mesure où
c'était ma nature et où il aurait été
vain de vouloir m'obliger à m'intéresser à des
choses qui ne m'intéressaient pas. Alors, où est le
problème ?
Un problème était celui de mon
isolement, où, ma tendance naturelle à m'évader
dans mes pensées loin des autres, aussi pratique qu'elle ait
pu être dans l'immédiat pour me permettre de vivre à
ma façon et aussi développer toutes mes recherches
théoriques, a aussi des aspects négatifs et s'est avéré
être aussi par la suite un handicap. On peut analyser ce
problème comme étant causé par un deuxième
problème, qui est que je n'ai pas eu, comme les autres, la
chance d'être entouré d'autres avec qui j'aie pu trouver
des intérêts communs.
De cela a découlé
un autre problème, c'est que j'étais "emmerdé"
par nombre de mes camarades qui me voyaient comme quelqu'un d'anormal
et étaient jaloux de mes résultats scolaires. S'amuser
à persécuter leurs petits camarades (dont moi), voilà
leur modèle du bonheur tel que je pouvais le contempler.
Comment auriez-vous voulu que j'adopte ce modèle du bonheur
pour moi-même ?
Cela n'a fait que renforcer ma timidité
et mon isolement.
Je trouve cela inadmissible d'avoir été
contraint par la société à subir la cohabitation
avec eux.
Ainsi, le fond du problème que je vois n'est
pas celui d'un jugement de valeur sur les goûts ou les intérêts
des uns et des autres, mais un problème quant aux conditions
d'organisation sociale et matérielle qui ne permettent pas aux
originaux de découvrir dans l'environnement qui leur est
proposé des raisons de trouver la vie intéressante et
stimulante de leur point de vue. Je rediscuterai de ce point plus en
détail.
D'autre part, l'autre bonne raison regrettable
de vouloir autre chose que le bonheur, est le problème de
l'existence (réelle) d'autres buts pouvant être plus
justes que celui du bonheur.
Une première idée
de but, que finalement je pense pouvoir rejeter mais qui a pu
m'influencer au départ et qui en soi n'a rien d'absurde est
celle-ci: l'idée d'une quête spirituelle personnelle et
sérieuse au nom du fait que la vie terrestre n'est qu'une
étape provisoire face à une éternité
beaucoup plus sublime et importante. Cela peut être vu comme un
mauvais signe en ce sens qu'il signifierait que la vie actuelle est
une tare, dont on pourrait bien se demander quel intérêt
il y a à y demeurer.
De fait, le caractère limité
de la vie terrestre face aux qualités grandioses de l'autre
vie n'est nié par aucun croyant à ma connaissance (et
est attesté par les récits de NDE), et on peut
facilement se laisser aller à se dire que puisque le monde fut
fait par Dieu avec tout son malheur, et qu'il n'est pas bon d'accuser
Dieu, ce malheur doit avoir été fait, soit délibérément
en tant que tel comme s'il était bon, soit par négligence
parce que l'essentiel ne serait pas là, car le bonheur
terrestre dont on voudrait déplorer l'absence étant
futile en lui-même (suivant ce que j'avais ressenti), l'absence
de choses futiles n'aurait pas à être considérée
comme un drame.
Mais quand même, dirais-je maintenant, ce
n'est pas la peine d'accentuer la faille artificiellement ! Or en
réalité, ce n'est pas seulement la misère des
conditions biologiques apparemment incorrigibles et comme voulues par
Dieu de notre existence qui travaille à notre malheur et qui
nous ferait nous poser des questions sur ce jeu absurde et désespéré
de la recherche du bonheur, mais c'est également celle de nos
conditions sociales d'existence (en particulier le système
scolaire), fruit des libres décisions de tous, qui nous
portent malheur. N'est-ce pas alors la tentative de vouloir encore
malgré tout cela rechercher le bonheur, qui s'avèrerait,
dans un tel contexte à la fois biologique et social décidément
porté vers l'absurde, une démarche en quelque sorte
incongrue et extraordinaire ?
Alors l'autre idée de but
donc, qui me semble beaucoup plus solide, est que, partant de la
constatation que les tares de la vie terrestre ne sont pas toutes
bonnes et inévitables justement, il serait donc possible et
bon d'y remédier au moins en partie.
Que justement, dans la
mesure où l'on voudrait poser que le but de la vie serait le
bonheur par exemple (sans exclure autre chose, la justice, la vérité,
l'art, la science, la sauvegarde de l'environnement etc), alors il
existe des entraves à ce but. Que tout ne va pas très
bien ici-bas dans le meilleur des mondes, j'en ai déjà
donné un contre-exemple ci-dessus d'ailleurs.
Et que par
conséquent, rechercher en priorité à sauver ce
qu'on peut de son propre bonheur peut avoir pour effet de laisser
périr par négligence celui des autres, condamnés
à devoir affronter à nouveau chacun pour lui-même
les mêmes problèmes. Je ne vous ferai pas l'injure
d'énumérer les problèmes qui existent dans le
monde, ils sont divers, nombreux et criants, et qui le veut bien est
au courant.
Comme annoncé, cette juste raison est
regrettable. Il serait grandement préférable de vivre
un monde où tous les problèmes globaux, ceux où
le sort des uns dépend des conditions que les autres
(lointains, la structure globale de la société face à
laquelle l'individu se trouve impuissant) ont organisé pour
lui, seraient déjà résolus, en sorte qu'il ne
resterait plus à chacun que de s'occuper de son propre bonheur
et de celui de ses plus proches voisins. A moins que, peut-on
objecter, il n'y aurait plus d'occasion d'exercer sa morale. (En fait
je pense que c'est là un problème indépendant,
car au contraire la solution des problèmes globaux irait de
pair avec un exercice de la morale beaucoup plus intéressant,
mais cela serait un autre développement).
A quoi, il
est facile de répondre comme le font la plupart des gens: "oui
mais moi personnellement je n'y peux rien, ce sont les problèmes
des autres et pas les miens". Je n'ai pas pris cette
option.
Plus précisément, ce n'est pas que les gens
ne *peuvent* rien, mais qu'ils ne savent pas ce qu'ils pourraient
faire. On peut dire si on veut, qu'ils ne le savent pas parce qu'ils
ne peuvent pas le savoir, parce qu'il ne leur a pas été
donné la connaissance ou l'intelligence de trouver la bonne
piste pour cela.
On peut même observer que nombreux sont
ceux qui ont trouvé de mauvaises pistes et qui gaspillent
leurs efforts dans des tentatives inefficaces et sans espoir, si ce
n'est parfois contre-productives.
La constatation de laquelle
inefficacité justifiant en retour l'absence générale
d'intérêt pour ce genre de préoccupations, ceci
nous ramène à mon point de départ: la recherche
de la vérité. Plus précisément bien sûr,
la vérité sur des problèmes réels
particuliers.
Et enfin il est également une mauvaise
chose qu'en ce monde on puisse être amené à
rechercher le bien d'autrui en faisant l'impasse sur le sien propre,
parce qu'en principe, en termes des moyens, de l'efficacité,
de la portée et de la profondeur de ce qu'on peut construire
en général et du secours qu'on peut apporter à
autrui en particulier, la force de l'enthousiasme est une bien
meilleure condition de travail possible que la souffrance, le
découragement, le cri d'injustice et le sentiment d'absurdité.
Hélas, il peut arriver que le bonheur rende nonchalant ou que
les moyens de travailler sur une base décente manquent.
J'ai légèrement fréquenté
le catéchisme, ce dont je n'ai rien retenu parce que c'étaient
surtout des petites histoires qui n'avaient pas de sens pour moi.
Je
quittai les louveteaux (et le catéchisme par la même
occasion), à cause de la mauvaise camaraderie là
encore.
Ce problème auquel j'étais confronté
alors ne fut pas, loin de là, le plus grand problème du
monde auquel je fus confronté, j'en recontrerai bien d'autres
par la suite, qui sont autant de bonnes causes auquelles on peut
avoir raison de consacrer sa vie plutôt qu'au bonheur
personnel.
Il y avait aussi le problème de l'absurdité
du système scolaire qui ne me permettait pas d'apprendre à
mon rythme en nourissant mon intelligence des connaissances dont
j'avais besoin. Loin de là, j'avais l'impression d'être
contraint par le système à gaspiller les 9/10 du temps
de ma vie à un labeur mental absurde.
Mais ce n'est pas
tout.
Vers le collège, d'une part je me suis intéressé
à un livre ou deux sur les expériences de mort
imminente; d'autre part, m'intéressant à la science, je
lis le livre d'Hubert Reeves "Patience dans l'azur", et
régulièrement la revue Science et Vie.
Cette revue
était pour moi la principale vitrine du monde scientifique que
j'avais sous la main, une sorte de délégation
officielle. Avec le recul, ce sentiment s'avère très
naïf (d'autant plus que, comme je le découvris ensuite,
en plus de n'être pas la meilleure revue grand public, ses
inexactitudes scientifiques et ses bassesses commerciales sont
couramment reconnus dans les milieux scientifiques et universitaires)
mais à l'époque, que voulez-vous, je n'avais pas fait
de comparatif avec d'autres sources pour pouvoir en juger. Par eux je
me vis une vocation pour la recherche en physique des
particules.
C'est là que je me vis confronté
encore à une absurdité du monde, un autre mur sur
lequel se frapper la tête. Tout cela est finalement ridicule
certes, mais pour moi à l'époque cela semblait d'une
importance considérable et ce contre-idéal auquel je me
voyais comme confronté en duel eut le malheur de finalement
conditionner ma pensée pendant longtemps: c'est le mur du
sectarisme de cette revue, suivant lequel, *au nom de la Science et
de la Raison*, ils affirmaient comme une certitude scientifique
définitive dont tout questionnement qui oserait le mettre en
doute ne mériterait que le mépris, l'idée que
nous ne sommes que matière et que les expériences de
mort imminentes ne peuvent être que des hallucinations
produites par les dérèglements du cerveau.
Je
trouvais leur attitude, je ne sais comment dire, insensée,
aveugle, méprisante, répugnante. Comment l'expliquer ?
mon intuition m'amenait à l'évidence contraire, ils me
semblaient alors comme des brutes dépourvus de bon sens et
d'intuition, proclamant comme certitude claire et définitive a
priori n'ayant même pas besoin d'être examinée,
qu'il ne pouvait y avoir aucune réalité dans ces
témoignages qui dans leur contenu rapportaient au contraire
l'intime expérience d'un niveau de réalité bien
plus réel que la réalité quotidienne dans
laquelle baignent ces scientifiques et sur laquelle ils basent leurs
affirmations; alors même que, si on y regarde bien, on peut
voir que la notion même de réalité échappe
radicalement au monde de la rationalité: il ne peut y avoir
aucun concept rationnel capable d'exprimer l'énoncé de
l' "existence réelle" de quelque chose par
opposition à sa non-existence (en effet, tout objet
rationnellement défini "existe" au sens mathématique
car sinon il existerait un objet qui "n'existe pas" :
contradiction), en sorte que dans le monde de la rationnalité
pure, aucune discussion sur la réalité ou la
non-réalité de quelque chose ne peut avoir de
signification précise. Comment donc proclamer au nom de la
Raison des affirmations sur cette notion de réalité qui
est une notion qui échappe au monde de la Raison ? Il est trop
facile de balayer en quelque sorte au nom de la raison, au fond de ce
qu'on affirme et tout en proclamant le contraire, toute notion
métaphysique de "réalité" comme
"inexistante" puisqu'on ne sait pas la définir
rationnellement, pour la remplacer par une brutale redéfinition
du terme lourde d'a prioris : "réalité := matière"
- pourquoi ? parce qu'on a l'habitude de voir la réalité
sous cette forme !... euh, simple question de vocabulaire ??? Il
suffit de remplacer "réalité" par "matière"
dans le disours des matérialistes pour que leurs propos
redeviennent corrects, en tant que discours sur la matière,
seulement abusivement désignée sous le nom nom de
"réalité" ??? C'est comme si, à
l'époque de Christophe Colomb, certains auraient prétendu
que l'Amérique n'existe pas en rejetant les témoignages
de ceux qui en sont revenus, au nom de fait que l'approche du bord du
monde a la propriété de rendre fou.
Alors je
formais alors en moi un autre rêve, celle d'arriver un jour à
leur prouver qu'ils avaient tort.
Je n'ai pas par la suite
poursuivi dans cette direction, si ce n'est que je développais
mes réflexions sur la
métaphysique durant mes années de lycée,
cherchant à affiner mes concepts et mes arguments.
Quelque
part, leur exemple de dogmatisme scientiste a malheureusement eu pour
moi un effet collatéral de repoussoir me conditionnant
discrètement sous certains égards pour plus longtemps
qu'il n'y aurait eu lieu, à une sorte d'excès inverse:
la méfiance voire le rejet de ce au nom de quoi ils
proféraient leurs folies, à savoir, la Science et la
Raison elles-mêmes. Ceci bien sûr, non pas dans le
domaine scientifique mais celui de la métaphysique, de la
spiritualité, de la religion et du sens de la vie. Les choses
semblaient ainsi par la suite ainsi clairement séparées,
chacune à sa place.
Ces réflexions en terminale
eurent lieu en parallèle avec ma redécouverte de
l'expression mathématique de la relativité générale
d'une part, mes réflexion sur la logique du marché
parfait appliqué aux problèmes de l'équilibre
monétaire et des systèmes d'enseignement et de
formation d'autre part. Eh oui, je n'avais pas froid aux yeux de ce
côté-là.
J'ai lu en terminale Paco Rabanne
"Trajectoire d'une vie à l'autre" qui a sur le
moment emporté mon intérêt de même que le
livre de Lanza del Vasto "Approches de la vie intérieure".
Pourtant leur style est différent et bientôt ensuite
j'ai rejeté mon estime du premier et gardé celle pour
le deuxième. Voici comment:
En math sup, je poursuivais
mes recherches de voie spirituelle avec d'un côté (sur
les traces de ma lecture de Paco Rabanne) le yoga et la lecture d'un
autre bouquin d'un scientifique ayant fait avec d'autres plein
d'expériences occultes, i.e. souvent hors du corps par divers
moyens (LSD, hypnose etc), de l'autre côté la
participation à un groupe de prière du Renouveau
charismatique. Je ne réalisai la contradiction entre ces
différentes approches de la spiritualité que lorsqu'on
me la signala, ce qui fit tilt en moi: ces expériences
occultes programmées, telles qu'elles se présentaient,
"scientifiques", prétendues telles ou non, hors du
corps ou visant d'une quelconque autre manière à
manifester des éléments surnaturels, hétéroclites
mais regroupés sous le terme général
d'"occultisme", s'avèrent n'être nullement
pour autant des expériences, comment dirais-je, ayant une
quelconque valeur spirituelle authentique, "avec Dieu", en
phase avec l'Amour, l'Absolu, le bien et la volonté de Dieu,
ni même avec une quelconque recherche authentique de cohérence
et d'harmonie; bref, qui puisse répondre de quelque manière
que ce soit à la recherche d'un idéal qui m'animait
depuis le départ. Il a suffi de mettre le doigt sur un aspect
de ce livre: après sa première expérience
surnaturelle d'un moment de félicité au paradis à
louer Dieu, toutes les expériences surnaturelles qu'il a
poursuivies ensuite étaient beaucoup plus fantastiques
(complexes et sensationnelles) mais dépourvues d'un tel idéal
exaltant; or il classifiait ces dernières comme supérieures
à la première, ce qui me semblait absurde.
Au fond,
ce que j'en ressentais peut se voir comme n'étant autre qu'une
version étendue du problème initial, le sentiment de la
vanité des centres d'intérêts des autres.
A
l'opposé, ce groupe de prière que je fréquentais,
et bientôt ensuite l'Eglise Evangélique, semblait y
répondre beaucoup plus clairement et directement: ils
semblaient vivre avec Dieu déjà sur la terre, cherchant
à suivre Sa volonté sans avoir besoin pour cela de
développer de quelconques expériences cosmiques à
nous faire perdre la tête, bref, d'une manière qui ne se
disperse pas comme l'autre dans un jeu absurde de labyrinthe de
complexité infini et sans issue, mais respecte l'harmonie avec
notre condition humaine ordinaire, laquelle ne serait donc pas, de ce
point de vue, une erreur de la création (c'est surtout avec
les évangéliques que j'ai eu l'occasion de discuter,
plus qu'avec le groupe du renouveau).
De là à
adopter leurs "explications" (qui en soi n'ont rien
d'absurde) de ces expériences surnaturelles en manque d'idéal
que j'avais observées, à savoir, qu'elles étaient
le fruit de machinations diaboliques sur des impies dépourvus
de quête spirituelle authentique qui jouent sans précautions
aucune avec leurs grossières méthodes terrestres (et
souvent absurdement centrées sur le problème de
l'argumentation scientifique face à ces pauvres insensés
aveugles de matérialistes ne voulant rien entendre de la
nature immatérielle de l'esprit et résolument attachés
à leurs a prioris, problème n'ayant aucun intérêt
spirituel ni donc aucune pertinence vis-à-vis de la réalité
de l'au-delà) avec le feu de mondes qui les dépassent
de très loin, il n'y avait qu'un pas que je franchis
allègrement.
Je n'ai pas fréquenté
longtemps le groupe du Renouveau. Il y a là une chose que je
n'ai jamais pleinement comprise: comment se fait-il que, alors qu'ils
présentent leur sorte de rencontre avec Dieu (le Baptème
du St Esprit) comme étant voulue par Dieu et de possibilité
donnée à tous ceux qui la demandent, et que nombreux
sont parmi eux ceux qui témoignent de l'avoir vécue,
comment se fait-il donc qu'ayant fréquenté leur groupe
assidument pendant au moins un an et l'avoir désirée
ardemment, cela ne m'ait pas été donné à
moi aussi ? Etais-je sous une sorte de malédiction, de blocage
spirituel qui m'empêchait de toucher l'idéal ? (était-ce
une réponse, l'un d'eux m'a indiqué quand je disais "il
faut que je reçoive.." : "il faut enlever le il
faut")
Je n'eus pas le temps de me poser beaucoup la
question, puisqu'un chrétien évangélique (Samuel
L'Hermitte) que je connus par ailleurs et qui semblait également
vivre avec Dieu, semblait avoir la réponse, à savoir
que cela n'était pas donné à tous, parce que
contrairement à certaines affirmations, tous n'ont pas besoin
de recevoir une expérience sensationnelle et extraordinaire
explicite pour être d'authentiques chrétiens bénis
du St Esprit.
Admettons. Je me convertis et devins un
évangélique assidu, et au cours des années je
parvins à lire presque entièrement la Bible, dont
plusieurs fois le nouveau Testament. J'ai notamment adoré le
début de la première épitre aux Corinthiens qui
flattait sublimement le dégoût que la revue Science et
Vie avait créé en moi contre toute vélléité
d'approche rationnelle des vérités spirituelles. Les
églises répondaient aussi à mon manque de
socialisation en guise de réparation des conséquences
du traumatisme des persécutions que j'avais subi par les
mauvais camarades, manque de socialisation qu'avait longtemps déploré
mon entourage, qui était dû à l'absence de "bonne
raison" de m'intéresser aux autres. Enfin, la foi
chrétienne, voilà un bon motif de rencontres, de
discussions et d'amitiés qui pouvait me brancher ! Enfin un
monde résolument tourné vers la quête de l'idéal,
la quête de Dieu, de Sa présence et de Sa volonté,
quête de fraternité, de compassion et de vérité,
un monde dépourvu de vulgarité, de violence, de culture
de la médiocrité, de jalousies et de têtes de
turc !
A cette époque, j'avais encore une autre
excellente raison de haïr, condamner et de rejeter comme une
folie aveugle tout principe de démarche scientifique et
d'approche rationnelle de la vérité surtout dans le
domaine moral et spirituel, en sorte de me conforter dans la ferveur
de ma foi. C'est que cette démarche rationelle était le
fondement et la justification universellement admise du système
de camps de concentration où j'étais alors enfermé
et dont je subissais alors une torture longue, absurde et atroce au
service d'une énorme dictature d'un monstre de papier, une
incarnation abstraite du dieu Raison d'une logique aveugle et
implacable, et dont le pouvoir despotique absolu reposait sur le nom
de ce rationalisme. Là encore, la terrible erreur est le pur
fruit d'un réductionnisme rationnaliste, consistant à
employer exclusivement la raison logique, froide et impersonnelle
pour prétendre définir et régenter l'esprit
humain, au mépris de la liberté, de la créativité
et des aspirations profondes de celui-ci, et à l'exclusion de
toute autre approche. Cette justification d'un régime
totalitaire et implacable, par le nom de l'Objectivité et de
la Raison est si bien acceptée et ancrée dans les
esprits et la société qu'il est impossible à
quiconque de contester son empire sans passer pour un idiot ou un
prétentieux qui réclamerait un régime
d'exception au mépris des autres et des nécessités
élémentaires de la vie en société.
Je
parle bien sûr du système
des classes préparatoires. Peu après l'échec
de mon épreuve du concours d'entrée à Normale
Sup en 3/2, mon fantasme était de partir me suicider dans le
bureau du responsable de ce concours, pour qu'au moins je puisse
enfin voir en face le responsable de ce crime et lui rendre ainsi le
zeste d'humanité qui lui faisait défaut.
Mais
par la suite, presque deux ans plus tard, et après être
entré à Ulm par la petite porte, je commençais à
être de plus en plus sérieusement rongé par un
nouveau problème: ma solitude affective. L'Eglise ne semblait
pas m'apporter de réponse satisfaisante. Je restais encore en
quelque sorte isolé à ce sujet, paralysé dans un
sentiment de honte et d'infériorité. Je commençais
à m'enfoncer à nouveau sur moi-même et dans mes
idées noires. Surtout, si on m'avait dit alors que j'en
viendrais un jour à mentionner tout cela publiquement, j'en
aurais été mort de honte. C'est ensuite qu'eut lieu une
sorte de miracle: un concours de circonstance m'a permis de me sortir
assez brusquement de ma déprime, en m'ouvrant enfin vraiment
aux autres. Je ne peux pas tout expliquer, seulement que, d'une part,
à partir d'une certaine époque à Paris, je
devins motivé pour entamer la conversation avec n'importe qui
se trouvant à ma table au restaurant universitaire, et souvent
ça marchait. Je ne cherchais pas systématiquement à
parler de religion, même si je ne l'excluais pas non plus. Je
me souviens d'un jour de cette manière, je demandais à
quelqu'un s'il croyait qu'il y a une vie après la mort. Il me
répondit que pour lui le problème est de savoir s'il y
a une vie avant la mort: plus précisément il
n'en trouve pas, parce qu'il trouve que la société nous
écrase et nous empêche de vivre. Finalement je pense
qu'il avait raison.
D'autre part, un des éléments
libérateurs fut ma rencontre en coup de vent avec l'Eglise du
Christ de Paris qui n'a duré que les deux derniers mois de mes
deux années d'études à Paris environ.
L'Eglise
du Christ est une secte, certes; (je parle de ce qu'ils étaient
quand je les ai rencontrés, même si ils se sont
"repentis" de leur zèle missionnaire par la suite);
ils ne peuvent pas tolérer l'idée qu'un de leurs
adeptes envisage de les quitter, et dès qu'ils le savent, leur
fréquentation devient insupportable et entièrement
centrée sur l'accusation sans cesse répétée
d'infidélité contre Dieu. C'est pourquoi il ne faut
surtout pas les prévenir. (Bon, je sais, plus récemment
ils ont enfin quitté leur extrémisme; cependant ils ne
l'ont pas complètement quitté puisqu'ils sont toujours
chrétiens et que leur égarement passé n'est
autre qu'un révélateur de l'erreur fondamentale du
christianisme lui-même, une application stricte de ce qui n'est
autre que le message biblique lui-même, montrant les
conséquences dévastatrices potentielles de cette
soi-disante Parole de Dieu quand on l'applique à fond).
Voici
comment, avec le recul, je résumerais leur position. Ils se
prétendent les plus authentiques chrétiens cherchant à
vivre fidèlement comme les premiers chrétiens. Leurs
relations fraternelles sont les plus profondes, sincères et
attentives qu'on puisse concevoir, qualité remarquable que je
n'ai retrouvé nulle part ailleurs. Toujours ils s'exhortent et
veillent les uns sur les autres... pour "ne pas pécher".
Leur
doctrine peut se résumer en le dipôle suivant: le
commandement, présenté comme venant de Dieu et
indubitable (pensez-vous, le Fils de Dieu est mort sur la croix pour
que nous n'en doutions pas), d'adopter face à deux situations
semblables des attitudes diamétralement opposées.
L'une,
notamment proclamée haut et fort le mercredi soir devant une
assemblée masculine d'une petite centaine de personnes, et
souvent accompagnée de témoignages personnels, est
celle-ci: vous constatez la gêne naturelle que vous pouvez
ressentir lorsque quelqu'un vient à savoir que vous vous
masturbez. Combien plus seriez-vous gêné si quelqu'un
vous prenait en flagrant délit. Ceci témoigne de façon
évidente et indubitable que la masturbation est un péché
contre Dieu, et qu'il est dans votre devoir de respect et fidélité
envers Dieu de vous abstenir. C'est pourquoi, il est de votre devoir
de veiller les uns sur les autres à ne pas pécher, vous
demandant régulièrement des nouvelles les uns aux
autres à ce sujet. Par ce moyen il est possible d'être
victorieux en Christ. Et, afin de se donner encore plus de chances,
il est recommandé de faire comme le font déjà
nombre des membres de notre assemblée: habiter à
plusieurs garçons de l'église dans une même
chambre, pour mieux veiller les uns sur les autres et s'exhorter
mutuellement à être des disciples.
Voici l'autre:
vous constatez une gêne naturelle que vous éprouvez
lorque des gens de l'extérieur viennent à savoir que
vous fréquentez notre Eglise. Or, un tel sentiment de honte
est un péché contre Dieu. Il y a 3 péchés
principaux: paresse, lâcheté et incrédulité.
Pour que le Christ n'ait pas honte de vous de l'autre côté,
vous devez n'avoir pas honte de Lui ici-bas. Vous devez parler de
votre engagement pour Dieu à tous les gens que vous
rencontrez, afin de les inviter, car que risquez-vous ?
Qu'on
vous dise "Non" ! Ouh là là, il a dit "non"
! Or, qu'est cela devant les martyrs de tous les pays qui sont morts
pour leur foi ? Allez, chantons ensemble:
Nous allons faire de nombreux disciples où que nous allions (ter)
En chemin, au bureau, dans les trains, les métros...
A Grenoble je fréquentais le Foyer Evangélique
Universitaire et me fis baptiser à leur Eglise en 1998 il me
semble. Je me sentais généralement bien mais ma déprime
n'était pas vraiment résolue, elle demeurait tapie dans
mon inconscient et ressurgissait quelquefois par crises. En effet, je
demeurais toujours célibataire et c'était mauvais (ce
n'était pas des projets d'amitié qui pouvaient y
changer quelque chose). Cette période de grâce,
peut-être superficielle en fait, se termina finalement par une
rechute brutale dans la dépression dont je ne suis jamais
vraiment sorti depuis, suivant un évènement étrange
et brutal: un week-end d'exhortation chrétienne organisé
par le FEU, où je promenais une gastro-entérite, a
déclenché en moi une période de quelques jours
dans un état mental second, caractérisé par le
jaillissement profond et continu, pendant cette période, d'un
infini regret de n'avoir pas eu de relation amoureuse, combiné
à une réflexion intense (ici se libéra l'usage
de ma raison dans le domaine du sens de la vie) et lourde de remise
en questions et de résolutions sur ma vie passée,
future et postmortem, réflexions pas totalement achevées
(que voulez-vous les problèmes sont si lourds et pénibles).
Période immédiatement suivie d'une bonne semaine
d'hospitalisation, pour cause de vertige (où les yeux tournent
à toute vitesse à cause d'un problème dans
l'oreille interne) dont j'entendis qu'elle pouvait être causée
par ce virus de gastroentérite. Peut-être que si pendant
cette période critique avant l'arrivée du vertige
j'avais pris connaissance de l'information du déclenchement
des "frappes" de l'OTAN en Yougoslavie, cela aurait pu
refocaliser mon attention sur l'extérieur en sorte de
m'épargner ce symptôme et cette hospitalisation, mais je
le sus trop tard, et dus attendre ma sortie de l'hopital pour m'y
attaquer.
Cette déprime se
poursuivit engendrant les années suivantes et jusqu'à
maintenant, un long et fort sentiment d'absurdité de la vie,
sentiment suivant lequel tout se contredit (nuance pour la suite :
voir plus bas) et Dieu me déteste. Ce fut d'abord une longue
agonie de ma foi chrétienne où je m'accrochais encore
désespérément faute d'autre repère auquel
raccrocher ma pensée, qui m'avait servi de fondement de la
vérité par rapport auquel analyser les situations, et
dans lequel je m'étais tant investi moralement et
concrètement.
Car, suivant cette doctrine, il n'y a rien
d'autre à faire qui puisse être conforme à la
vérité que de s'accrocher à cette doctrine, à
la Bible et à l'Eglise, ou dit-on, au Christ, (ce dont je
conclus finalement que cela ne veut rien dire), car le contraire
serait renier Dieu. Or, il m'est impossible de vivre en reniant
l'idéal, et donc Dieu comme source de vie éternelle où
se trouve mon dernier avenir.
Mais, j'avais beau tenter de me
confier à d'autres chrétiens et des pasteurs comme il
était recommandé, je voyais que leurs réponses
ne tenaient pas la route et ne m'aidaient pas. Comment est-ce
possible ? Si comme ils disent c'est Dieu les guide, comment se
fait-ils que leurs prétendues réponses à mes
problèmes tombent aussi stupidement à plat sans que
jamais quiconque ne prenne le problème au sérieux et ne
se préoccupe de véritablement de rechercher (ou ne
reçoive une de ces fameuses inspirations spirituelles dont on
nous rabat les oreilles) des solutions pertinentes ?
Tant que je
n'avais aucun critère de vérité à
l'extérieur de leur doctrine qui soit manifestement plus
fiable que les leurs je ne pouvais que penser que j'avais tort et que
je devrais revenir à eux tôt où tard pour que, ou
après que, mon problème soit résolu. La vérité
ne se trouvait pas ailleurs, il était donc impensable de s'en
éloigner: si je les rejetais, j'étais coupable de
rejeter la vérité. J'étais coupable de maudire
Dieu, de cesser de Le louer. Mes pensées n'étaient
bonnes à rien.
Cette longue agonie de mon système
de pensée s'acheva en pratique lorsque, mon engagement
religieux ayant perdu toute substance, ce n'était plus la
peine de jouer la comédie, et j'entrepris l'été
2002 de chercher enfin la vérité ailleurs, non pas de
choisir de croire autre chose puisqu'il n'appartient au choix de
l'homme de décider ce qu'est la vérité, mais de
chercher un fondement à la connaissance de la vérité,
un critère, une source d'information, qui soit véritablement
plus fiable et ancré sûrement dans la vérité
divine que la Bible. Laquelle était prétendument la
plus sûre qui existe d'après les évangéliques,
on ne pouvait pas s'en tirer autrement sans arguments vraiment très
solides.
Mais voilà, le point de rupture passa, mon
système de pensée théologique chrétien
croûlait sous les contradictions, et il s'avèra insensé
de préserver toutes les hypothèses que j'avais admises
jusqu'alors. Il fallut creuser et analyser sans relâche malgré
mon état grave de faiblesse psychologique et malgré la
méfiance envers la démarche d'analyse rationnelle qu'on
m'avait inculquée, pour distinguer finalement ce qui était
vraiment évident et indubitable de ce qui ne l'était
pas, afin d'extirper enfin les causes de ces contradictions.
Et
voici donc ma porte de sortie: j'ai recherché sur le web les
témoignages et synthèses des études sur les
expériences de mort imminente. Ce fut le Grand Retour à
la case départ.
Je découvris là enfin que
l'essentiel du message évangélique était faux. A
savoir, que contrairement à ce qui m'avait été
était enseigné ce n'est pas la religion qui mène
à Dieu, puisque les athées sont aussi bien sauvés
que les croyants. Plus précisément, cela ne fait aucune
différence.
Or ceci anéantit ce qui finalement
monopolise le sens de la vie des "chrétiens"
évangéliques, à savoir la prédication de
l'Evangile qui était présenté comme leur devoir
numéro 1 et la volonté de Dieu. Si les athées
sont sauvés à égalité avec les croyants,
alors la prédication de l'Evangile n'est pas la volonté
impérative de Dieu pour le salut du monde.
Alors leur
enseignement est faux, et ce qu'ils présentent comme étant
la volonté de Dieu, la mission de l'homme et le sens de la vie
ne l'est pas. Donc, l'affirmation suivant laquelle la conversion et
la "vie chrétienne" amène à être
davantage guidés par Dieu dans Sa volonté que les
autres, est également fausse. Or, que reste-t-il à leur
divine inspiration au sujet de la volonté de Dieu, en dehors
de cette erreur manifeste ? Que reste-t-il donc de leur inspiration
et de leur connaissance réelle de Dieu, de leur obéissance
à Sa volonté ?
C'est depuis l'été
2002, que je me suis libéré de leur doctrine; un an et
demie le temps de tout remettre à plat, tout examiner, et
rassembler mes découvertes en un système de pensée
enfin relativement cohérent. Non pas harmonieux et idéal
(au sens de désirable) certes, mais qui soit enfin une analyse
profondément cohérente, pertinente, objective et sans
concessions, de la situation de la vie terrestre actuelle telle
qu'elle est véritablement: avec ses malheurs, son
hétérogénéité, ses absurdités
et ses paradoxes, ses espoirs aussi, à condition de préciser
par où l'espoir peut véritablement se trouver.
C'est
enfin donc un an et demie après cette remise en question, que,
parvenant enfin à dresser de tout cela un système de
conceptions relativement clair et qui résiste, j'entreprends
de le rédiger, amorçant un tableau visant à se
compléter en un ensemble autant que possible magnifiquement
clair et cohérent, d'un point de vue rationnel, de ces
indicibles et horribles aberrations de la vie auxquels l'homme est
confronté, d'un point de vue humain et moral. Une oeuvre
pleine de paradoxes et d'ironies.
Un de mes objectifs est d'exprimer minutieusement les réfutations
radicales finalement découvertes de ce à quoi j'avais
adhéré précédemment. En effet, le fait
que j'y aie adhéré avec tant d'ardeur en fait quelque
chose de très important de mon point de vue, du moins par la
capacité que j'ai ainsi expérimenté de ces
erreurs à attirer l'adhésion de quantité
d'autres personnes qui comme moi sont profondément en quête
de vérité. Le fait qu'elle est fausse et que les gens
qui y adhèrent soient si nombreux me semble un problème
grave qui réclame de manière urgente un travail
d'explications. Or, il ne suffit évidemment pas de signaler
son désaccord pour que les gens se corrigent, mais il faut
expliquer précisément en détails la séparation
à faire entre le vrai et le faux et les raisons de rejeter ce
qui est faux. Car le pouvoir séduisant de cette doctrine est
fort et basé sur quantité de choses qui "semblent"
vraies, des confusions d'idées qui se ressemblent étrangement
et qui nécessitent parfois un travail significatif pour
expliquer leurs distinction. Leur réfutation nécessite
ainsi parfois d'entrer courageusement dans nombre d'étranges
paradoxes.
J'ai eu la chance de découvrir l'été
2003 le livre de Neale Donald Walsch,
"Conversations avec Dieu", qui m'a aidé à
remettre mes idées en place. Après coup, je ne crois
finalement clairement pas à l'inspiration divine de ce qu'il
écrit; cependant, nombre de ses idées et arguments
avaient un sens et une part de vérité, en particulier
dans sa réfutation du christianisme, me donnant un autre point
de vue indiquant comment nombre de points de théologie
chrétienne sont nettement discutables.
Mais les
chrétiens ne seront pas les seuls à en prendre pour
leur grade. D'autres réflexes populaires seront critiqués
aussi. C'est peut-être même cela qui gênera le plus
les chrétiens: les parallèles entre des erreurs
populaires bien mondaines et celles de leur divine révélation
qu'ils croyaient n'être pas du monde.
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