Développer des recherches en théologie ?
Texte rédigé comme réponse à l'article de
Bernard Dugué
Sujet intéressant, pour lequel vous pouvez voir sur mon site
quelques réponses que j'apporte: métaphysique,
quelques-uns des points
abordés ici, ainsi que quelques constats négatifs sur
la base de l'échec
de la démarche de la foi chrétienne.
Comme en tout sujet, on peut discuter soit des réponses, soit
des questions. Alors, ci-dessous, comme contribution plus
adéquate à la question de Bernard Dugué, voici mes
avis sur les questions.
Première réaction: tiens tiens, comment se fait-il que ce
sujet surgisse maintenant en étant présenté comme
étant laissé à l'abandon depuis des lustres ? Que
fichent donc les philosophes ? Combien y a-t-il de professeurs
universitaires de philosophie à travers le monde ? Font-ils de
la recherche, et si oui laquelle ? N'y a-t-il personne parmi eux qui se
soit penché sur le sujet ici évoqué ? Sinon,
pourquoi ? Si oui, avec quelles orientations, quelles méthodes,
quels résultats ? et en quoi n'est-ce pas satisfaisant ?
De ce côté, ma crainte que j'ai exprimé dans un autre de
mes textes, serait que de manière très
générale il y aurait en fait un gros déficit de
professeurs de philosophie qui aient la comptétence de mener
à bien un volume appréciable de recherches digne de ce
nom avec des méthodes adéquates, i.e. de niveau
proprement scientifique. Ceci pourrait alors expliquer cela...
Ainsi, le bataillon des sciences ayant énormément
avancé, les philosophes demeurent à la traîne,
faute d'avoir su se saisir des principes et outils
généraux développés en science qui seuls
pourraient la mettre elle aussi sur les rails du progrès.
En voici quelques pistes (y compris des questions auxquelles j'ai
déjà trouvé réponses):
- La philosophie traditionnelle a souvent le réflexe de
s'obnubiler sur ce qui est substance ultime, cause première etc.
Ainsi le présent sujet s'inscrit dans la tradition: Dieu
étant le nom donné à ce qu'il y a de plus profond
et ultime, on a envie de se focaliser dessus, pour se donner
l'impression d'être le plus profond, de parler des choses les
plus importantes du monde... or, est-ce vraiment une bonne idée
? En fait, ce genre de focalisation n'est ni plus ni moins
justifiée en philosophie qu'en sciences, et si les sciences nous
enseignent quelque chose à ce sujet, c'est bien de relativiser
une telle tendance. En effet d'une part, il s'agit là d'une
tendance générale de l'esprit humain face à tout
sujet qu'il ignore: il a soif de choses ultimes, et d'ailleurs, fautes
de connaissances sur le sujet, il ne voit pas ce qu'il pourrait
chercher d'autre que des choses ultimes. De fait, l'approche de choses
plus élémentaires est un passage obligé d'une
recherche réussie: pour pouvoir avancer avec précision il
est quelque part nécessaire de découper en
éléments simples les phénomènes en jeu.
Cependant, les choses ultimes ne sont pas tout non plus. Elles sont
assemblées entre elles suivant des systèmes complexes,
dont l'étude est essentielle. Et les choses ultimes
elles-mêmes ne seraient rien en soi séparément de
la manière dont elles s'assemblent.
La physique théorique en offre plusieurs exemples, alors
même qu'à la base elle fait profession de ne
s'intéresser qu'aux substances les plus ultimes de la
matière: un champ n'est rien qu'un vecteur, son sens physique
lui vient du contexte des équations qu'il satisfait. Un point
matériel n'est rien, et une particule chargée ponctuelle
est une absurdité en physique classique. L'espace et le temps ne
sont pas des réalités plus ultimes que la matière
en relativité générale. La thermodynamique
statistique, qui est une théorie des phénomènes
émergeants des milieux continus ou à un grand nombre de
particules, avec ses transitions de phase, sert de modèle
à la théorie quantique des champs qui est la plus
fondamentale de celle dont nous disposons. On ne peut pas enseigner la
physique en partant de la présentation de ses constituants
ultimes, mais il est nécessaire de se baser sur des
phénomènes émergeants macroscopiques pour
bâtir par complexifications mathématiques progressives une
conception des objets physiques de plus en plus
élémentaires. Le comportement particulaire de la
matière est le phénomène émergeant de
l'aspect quantique des ondes, et le comportement ondulatoire de la
matière est le phénomène émergeant de
l'aspect quantique des particules. Les équations aux
dérivées partielles de la théorie quantique des
champs n'ont pas de signification dans l'infinitésimal, mais ne
portent que sur des approximations des champs par un réseau de
mailles, qu'ont peut ensuite préciser en affinant la
résolution tandis que les constantes fondamentales varient et
même divergent, et que cette grille d'analyse spatialement de
plus en plus fine, s'éloigne indéfiniment de la
décomposition du système en états quantiques
observables.
Finalement, la principale profondeur est celle de la complexité.
La vérité n'est pas un point ultime, mais un vaste
ensemble de compréhensions reliées entre elles.
Alors, le fait de choisir de s'intéresser à la
théologie, parmi d'autres sujets philosophiques possibles,
est-il pertinent ?
- Eh bien déjà, j'aurais envie de dire: même pas,
car ce serait un comble ! Ce serait être plus royaliste que le
roi ! En effet, quoi de plus théologien à la base, qu'une
religion ? Ne sont-ce pas les religions qui, à l'origine, font
officiellement profession de se focaliser sur Dieu et qui sont à
l'origine de la théologie ? Or, les religions elles-mêmes,
au nom même de Dieu, enseignent de ne pas trop se focaliser sur
Dieu: d'une part parce que Dieu serait indicible et impossible à
représenter, d'autre part parce que notre mission serait
davantage de bien agir envers notre prochain, que d'étudier la
théologie. Les Evangiles ne sont pas eux-mêmes des
traités de théologie, mais, tout en parlant beaucoup de
Dieu, n'en parlent que de manière simple, pour finalement
focaliser l'attention sur les questions de bien et de mal, qui sont les
questions auxquelles l'homme est confronté en pratique. En ce
sens, on pourrait même qualifier les religions de positivistes
avant l'heure: des enseignement qui (quels qu'en soient les
échecs), se proposent de remplir une fonction très
pratique et effective, bien loin des spéculations sur les
substances ultimes que pratique la philosophie: guider
concrètement l'homme dans la voie qu'il doit suivre pour
accomplir une vie qui, d'une manière ou d'une autre, est
supposée convenir à Dieu.
Donc, si on veut une philosophie capable de concurrencer la religion,
il y a plusieurs questions à aborder: à un bout, la
question de Dieu; à l'autre bout, les questions du but de
la vie humaine, du bien et du mal; au milieu, la question de savoir
quelles relations sont possibles entre Dieu et l'homme. Ces questions
étant bien sûr interdépendantes (avec comme liens:
quel est le rôle de la vie humaine dans la création ? Dieu
veut-il que nous le cherchions ? peut-on le trouver ? peut-on concevoir
Dieu malgré notre condition humaine ?)
- Sur toutes ces questions en fait, une approche de type positiviste
est possible et même nécessaire: n'en déplaise
à une certaine formule énoncée par le cercle de
Vienne, les questions de métaphysique et de théologie
peuvent et doivent elles -mêmes se reformuler d'une
manière scientifique au même titre que les autres
sciences, et c'est précisément ainsi qu'elles peuvent
avoir un sens et être objets de recherches et de
découvertes. Même si leurs objets ne seront jamais
entièrement réductibles à la logique formelle.
Car, du fait même que ces questions ont un sens qui se
réfère au réel, leurs réponses ne sont pas
séparées de nous par une barrière absument
infranchissable.
La recherche positiviste sur tout sujet, peut se développer dans
deux dimensions: recherche théorique d'un côté,
recherche expérimentale de
l'autre. Or, il y a un certain paquet de données
observationnelles qui ont déjà commencé à
s'accumuler : les témoignages d'expériences de mort
imminente. Ces témoignages ont en effet quelque chose à
dire sur un plan expérimental quoi que difficilement accessible
(mais de toute manière la plupart des sciences se basent sur des
données expérimentales très difficiles
d'accès, de sorte que la théologie se trouve en cela
quasiment sur un pied d'égalité avec les autres sciences)
sur les grandes questions théologiques: la possibilité de
se relier à la transcendance, le sens de la vie humaine.
Côté théorique, l'effort de théorisation
positiviste de la théologie consiste à prendre soin de
formuler les questions dans les termes qui se prêtent à de
possibles confrontations à l'observation et à
l'expérience. Ainsi la sociologie des sectes et religions peut
être vu comme un vaste domaine observationnel permettant une
confrontation au réel de différentes hypothèses
théologiques. Quelles sont les corrélations entre la vie
de foi et les oeuvres accomplies ? L'esprit des gens en "relation avec
Dieu" est-il plus éclairé que les autres ? Dieu
répond-il aux prières, et si oui suivant quelles
corrélations ? Dieu intervient-il dans la vie des gens ? Les
supposés miracles portent-ils des marques de la divinité
(notamment la marque d'omniscience par la prise en compte de la
totalité du contexte dans l'optimisation des actes que devrait
faire un Dieu omniscient) ou bien peuvent-ils plus adéquatement
être décrits comme interventions de types d'esprits
intermédiaires partiellement ignorants (anges, morts...), et
comment les qualifier ?
Quels types de miracles sembleraient éventuellement se
produire, à quoi sont-ils corrélés, et comment
évaluer leur position relativement: 1) au(x) but(s) de la vie
(à la mission de l'homme sur terre) , 2) aux circonstances
matérielles dont dépendent leur possibilités ?
Quelques commentaires de plus sur l'article de Bernard Dugué:
"un savoir dont l’application serait
la religion, élaborée comme un ensemble de pratiques
censées découler des écrits
théoriques sur Dieu"
Quelle drôle d'idée que ce schéma d'une
supposée science dont la recherche serait de caractère
purement théorique exempte de tout devoir de confrontation
à quelque observation que ce soit, qui aurait en plus la
qualification de pouvoir, dans une forme de monologue autiste, dicter
à elle seule sans interlocuteur ayant droit à la parole
ses conclusions sur ce qu'il y a à faire dans un certain domaine
d'action ? Avez-vous déjà vu une science aux
prétentions pareilles ? Je n'en vois que deux, non en science,
mais uniquement parmi les lubies mégalomanes des philosophes: la
philosophie du pouvoir qui dicte la constitution de l'Etat d'une part,
la philosophie de l'éducation du secondaire à
l'université d'autre part. C'est d'ailleurs à cause de
ça que ces systèmes républicain et éducatif
sont de telles calamités.
Ce schéma absurde est certes celui qui a effectivement
été suivi par la religion chrétienne. Ce n'est pas
une raison pour recommencer ses erreurs.
Même s'il s'agit d'appliquer les résultats d'une science
expérimentale à une autre il faut tenir compte de
l'éventualité d'observations nouvelles qui
échappaient la première, par exemple la matière
noire dans l'application de la physique à l'astronomie.
"pour peu qu’on dispose d’éléments
empiriques reconnus tangibles, ce
qui est le cas avec les Ecritures"
Euh ??? les écritures sont tangibles en tant
qu'écritures, mais ce ne sont des traces de Dieu que sous
l'hypothèse où elles seraient effectivement de Dieu. Hors
de quoi, ce n'est qu'une tangibilité virtuelle... Donc,
qu'est-ce qui est le cas avec les Ecritures ? la reconnaissance ? par
qui ?
"Pour ce qui est des faits, cela supposerait que Dieu se
soit manifesté depuis. Chose difficile à admettre pour un
théologien
traditionnel"
Si un théologien ne peut pas admettre la possibilité pour
le chrétien d'établir ou du moins d'accepter une relation
effective avec Dieu, à quoi rime l'enseignement religieux ?
"Proposons une
révolution en théologie en partant de l’idée que
l’homme de foi et Dieu sont
entrelacés, si bien que la théologie prend un sens
nouveau. Elle n’est plus le
savoir d’un Dieu pris comme une entité indépendante,
Objet ou Sujet
transcendant, mais le savoir du rapport entre l’homme et un Ordre qu’on
dira
transcendant."
Je suis désolé de ne pas voir en quoi cette
"nouveauté" se distinguerait significativement des dogmes
chrétiens traditionnels.
Par ailleurs, il m'apparaît que pour être cohérente
avec elle-même, la doctrine
chrétienne devrait se reconnaître comme testable. En
effet, toute action de Dieu sur les hommes fait en quelque sorte qu'il
n'y a pas de frontière nette entre les deux: par
l'intermédiaire d'une telle expérience il y aurait
communication de Dieu aux hommes, donc objet possible de science
observationnelle. Dès lors la plupart des thèses
exprimables devraient pouvoir être objets d'une
vérification de compatibilité aux observations.
"c’est que la théologie doit
porter sur le lien (réciproque s’entend) entre l’humain et le
Transcendant."
Pourquoi la notion de Transcendant devrait-elle être
conçue comme une unité pure et sans nuances ni
graduations ? Et s'il y avait plusieurs degrés de transcendance
successifs entre l'individu et Dieu, et qu'un lien ne se fasse pas
directement avec Dieu mais seulement avec un degré de
transcendance intermédiaire ?
La recherche en théologie, pour quoi faire ?
Il y a 1000 ou 2000 ans, on aurait aussi bien pu demander: la recherche
en astronomie, pour quoi faire ? Pourquoi discuter si c'est le soleil
qui tourne autour de la terre ou le contraire alors que les
différentes représentations rendent compte des
mêmes observations ? En quoi serions-nous finalement
concernés par l'interprétation de la valse de ces petites
lumières du ciel nocturne, ou, si on veut le voir ainsi, de
corps célestes se déplaçant ou demeurant fixes
à des distances de nous quasi infinies en bonnes approximations
? Quelle importance si les uns imaginent que ce ne sont que des
lumières irréelles sur la voûte céleste, ou
que d'autres y voient suivant leur inspiration tel ou tel dieu du
panthéon qui conduit le destin des nations ? Après tout,
que pourrait être le sérieux d'une telle enquête sur
des dieux d'un panthéon qui peut-être n'a rien de tangible
?
Eh bien, quelle que soit l'absence apparente de retombées
techniques à attendre, une raison au moins suffirait à se
pencher scientifiquement sur la question: à savoir que, que
ça plaise ou non aux savants, il s'agit d'une question qui
captive le peuple, au sujet de laquelle il se raconte beaucoup
d'histoires et de superstitions propres à influencer des
décisions des puissants, lourdes de conséquences.
Ainsi de même la théologie intéresse beaucoup de
gens, puisqu'elle est au centre des raisons au nom desquelles ils
adhèrent ou pratiquent leurs religions. Or, sur une question
donnée, la vérité est unique, ce que ne
reflète pas la diversité des croyances et non-croyances
au sujet de Dieu. Et la mission fondamentale des chercheurs
étant de faire des découvertes utiles au public d'une
manière ou d'une autre, il n'y a pas de raison de rester de
marbre face aux tourments existentiels d'un si grand nombre. Veut-on
continuer à abandonner tous les gens à la légitime
curiosité, y compris nos propres enfants, à devoir
choisir entre diverses doctrines invérifiées, contraires
les unes aux autres et sujettes à tant de dérives, de
tous ces prédicateurs religieux ? Si les uns ont raison,
pourquoi les autres ne sont-ils pas convaincus ? Dans le cas contraire,
pourquoi n'y a-t-il apparemment personne pour les contredire ?
La théologie est un domaine de questionnement des plus
sérieux au monde, qui intrigue notamment des gens très
sérieux jusqu'au plus profond de leur vie et de leurs
aspirations. Ne les abandonnons pas. Aidons-les à se
prémunir des fausses doctrines et autres erreurs courantes, par
un enquête sérieuse seule capable de leur fournir les
informations dont ils ont besoin pour briser toute dépendance
envers les divers mirages et ceux qui les vendent.
A propos de testabilité
Exemples de raisonnements mettant logiquement en évidence des
aspects au moins en partie confrontables à l'observation:
1) Les contradictions manifestes entre les témoignages
chrétiens de
vie avec Dieu de gens si fervents dans leur désir de s'en
remettre à la
volonté de dieu dans toutes leurs pensées et tous leurs
actes, et la
gravité des erreurs commises par ces mêmes témoins
dans les discussions
sur le thème même de la foi;
2) Les contradictions entre la thèse de l'inspiration divine
des
Ecritures, et le fait qu'il est possible de découvrir par la
raison un
certain nombre de vérités essentielles
(nécessaires pour soulager des
souffrances...) à rebours de leurs enseignements lesquels
s'averent
stérilisateurs de la démarche nécessaire à
la découverte de ces
vérités: ceci met en cause l'omniscience de son
inspirateur censé
diriger les hommes dans la direction qui soit la meilleure relativement
au point de vue de la vérité globale, et non du seul
point de vue
enfermé dans l'ignorance des hommes du temps.
3) Parmi les témoignages d'expérience de mort
imminente il y en a de
très parlants et significativement instructifs sur des questions
existentielles (même si ne répondant pas à tout).
4) Enfin, il m'est venu l'idée ci-dessous
développée d'une considération observable
pouvant paraître incongrue du point de vue des idées
courantes mais qui
m'intrigue pas mal.
Voici : d'abord, est-on d'accord que l'alternative entre darwinisme
et intelligent design concernant l'orientation de l'évolution
des
espèces peut être, sinon tranchée, du moins
cernée par les données
paléontologiques dans une mesure appréciable ? Quand je
parle de
darwinisme, je veux dire non pas forcément un
matérialisme
pur mais du
moins un darwinisme en matière de loi d'évolution
génétique des
espèces; d'une manière qui reste compatible avec
l'idée que la survie
d'un individu tient à son comportement dépendant d'une
conscience
immatérielle.
Or, jusqu'ici, les observations s'avèrent assez compatibles
avec le
darwinisme et ne laissent guère de place à une
éventuelle part
d'intelligent design. Bon, jusqu'ici ça semble sans
problème. Oui
mais...
Quelques témoins d'expériences hors corps
évoquent l'idée qu'ils
semblent avoir appris dans l'au-delà, que chaque âme
s'incarnerait en
connaissance de cause, en fonction d'une mission à accomplir ou
d'expériences de vie à réaliser. Par ailleurs,
toutes les spiritualités
ne cessent de nous bassiner avec la valeur suprême d'amour
universel
désintéressé qui ne regarde pas à
soi-même et rend illusoire tout
conflit entre intérêt personnel et intérêt
collectif universel. Or,
dans ce cas, le choix d'incarnation ne devrait-il pas être
lui-même
éclairé par cette perspective du bien universel ? Mais si
tel était le
cas, cela devrait logiquement fournir une voie claire d'intelligent
design sous forme d'un gros coup de pouce à la sélection
naturelle: que
les embryons porteurs de mauvais gènes demeurent
inhabités pour dépérir
tout seuls, ou qu'ils soient habités par des nuls ou des
suicidaires
afin de disparaître. Ne serait-ce pas une mauvaise action
répréhensible
du point de vue de la destinée universelle que d'aller incarner
les
individus génétiquement défectueux ? Puisqu'on
s'incarne en vue non
seulement de la vie visée mais bien plus dans la pespective
d'évolution
spirituelle ultérieure, s'y retrouvera-t-on
bénéficiaire alors même
qu'au bilan final de cette entreprise on a été nuisible
à autrui par
les mauvais gènes qu'on a contribué à propager ?
Où est l'amour et la
justice de Dieu dans tout ça ? Sans vouloir lui demander de
punir après
coup le mal fait inévitable une fois incarné, une bonne
menace
préventive de le faire n'aurait-elle pas été
salutaire ?
Logiquement alors, il aurait dû y avoir intelligent design. Le
même
raisonnement peut s'appliquer au problème actuel de la
surpopulation
sans laquelle il n'y aurait pas tous ces désastres
écologiques; de plus
ce serait tout bénef 2 en 1 que de laisser périr
inhabités les
embroyons aux mauvais gènes: intelligent design de
l'espèce humaine +
sauvegarde de l'écosystème. Pourquoi donc n'a-t-il pas eu
lieu ? Il
semblerait que les décisions prises dans l'au-delà soient
entachées
d'une irresponsabilité systématique, pouvant se
décliner en deux
versions possibles aussi insatisfaisantes l'une que l'autre: un
égoïsme
ultime des intérêts des individus qui demeurent exempts du
poids des
conséquences collectives de leurs actes; ou bien une
étrange cécité du
processus de jugement qui n'évalue que les conséquences
directes
immédiates des actes à l'exclusion des
conséquences plus indirectes.
Cela semble logiquement aberrant mais l'observation semble
l'appuyer. Dieu serait-il donc un sombre idiot qui ne voit pas plus
loin que le bout de son nez ? Y a-t-il d'autres échappatoires
à ce
paradoxe ? J'ai bavardé de cela avec Nicole Dron (fameuse
témoin
d'expérience proche de la mort, dont on peut dire en quelque
sorte
qu'elle a rencontré Dieu). Elle a mis en avant le fait que,
suivant je
ne sais quelle source, "dans des périodes de grandes
tribulations, les
populations s'avèrent stériles on ne sait comment", ainsi
que l'idée
que tant d'âmes s'incarneraient dans l'humanité actuelle
parce que
notre époque constituerait une circonstance propice à
leur besoin
d'exprérience. Ceci ne résoud pas le
problème soulevé, je dirais même au contraire, cela
aurait tendance à en confirmer la gravité. Tout
cela est bien sûr très hypothétique, mais...
à creuser, recouper avec
d'autres infos, etc.
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