L'auteur du "Blog de la Science et de la Raison" rejette tout propos des "tenants" comme étant assimilable, d'après lui, à des propos qui ne seraient pas rationnels. Sans preuve, il les amalgame, entre autres, au postmodernisme.
Or, justement, si on examine les caractères principaux de l'oppostion entre rationalisme et postmodernisme, on peut constater que ce sont les "sceptiques" eux-mêmes qui violent les principes de la rationalité et développent une pensée de type post-moderne. Ce sont donc eux-mêmes qui se livrent aux tares qu'ils reprochent - à tort - à leurs contradicteurs.
Exemples:
- "Le postmodernisme estime que tout discours est d'une quelconque façon politique, et cherche à utiliser l'Université à des fins politiques favorables plutôt que répressives". Voilà bien une description du mouvement zététique, toujours prompt à accuser par définition de partisanerie la discipline de la parapsychologie (alors qu'en réalité il s'y trouve des scientifiques de toutes convictions personnelles) ainsi que tout désaccord avec leurs vues, et à regarder l'approche zététicienne de l'esprit critique et la dénégation des preuves de l'existence du psi comme une cause militante à laquelle l'Université doit participer !
Ainsi, parmi les principes de rationalité développés dans ce texte, se trouve: "les représentations sont développées par des chercheurs particuliers, qui sont sujets aux limites habituelles (...). Elles sont réalisées pour toutes sortes de motifs de la part de leurs protagonistes (...). Mais si les théories se proposent de décrire avec précision une réalité qui existe de manière indépendante, tout cela n'a en fin de compte aucune importance. La vérité ou la fausseté objective des affirmations est totalement indépendante des motifs, de la moralité, ou même du genre, de la race et de l'origine ethnique de celui qui les produit (...) Une stratégie argumentaire courante chez ceux qui rejettent la tradition rationaliste occidentale consiste à mettre en cause certaines affirmations qu'ils trouvent contestables en récusant celui qui les produit. Ainsi,une assertion et son protagoniste seront qualifiés de racistes, sexistes,(...) etc. Ces récusations n'impressionnent pas ceux qui soutiennent la conception traditionnelle de la rationalité. Pour eux, au mieux, cela n'a rien à voir et ce genre d'attitude porte un nom. Cela s'appelle habituellement argument ad hominem et fausseté originelle [genetic fallacy]. Un argument ad hominem est dirigé contre la personne qui présente un point de vue plutôt que contre l'opinion elle-même (...) Le fait que toute l'entreprise de formulation et de validation d'une affirmation peut avoir été réalisée par un raciste ou par un sexiste est tout simplement sans objet pour ce qui concerne la validité de l'affirmation". De la même manière, le marxisme qui rejette la théorie économique classique comme "science bourgeoise" ou quelque chose comme ça.
A comparer à ce que les zététiciens considérent comme argument dirimant, qui clot tout débat:<< "qui rapporte l'information" est une donnée essentielle >>, le fait que l'interlocuteur soit en relation privilégiée avec une "partie prenante dans le débat" (alors qu'il n'y est pas question d'informations sur des nouvelles données d'observation exclusives, mais d'articles argumentaires fondés sur des sources extérieures). La définition de "psiphile" ci-dessus est symptomatique. Et la pratique généralisée des attaques personnelles auquelles les zététiciens se livrent face à leurs contradicteurs.Autre point : "La logique ne vous dit pas par elle-même ce qu'il faut croire. Elle établit seulement ce qu'il en est lorsque vos hypothèses sont vraies (...) La rationalité comme telle n'effectue aucune affirmation substantielle."
Et encore : "De nombreuses propositions multiculturalistes en faveur d'une réforme universitaire, par exemple, impliquent une redéfinition subtile de l'idée même de "sujet universitaire", depuis son sens de domaine à étudier, vers celui de cause à faire avancer (...) Les nouveaux départements conçoivent souvent leurs propres objectifs, tout au moins en partie, comme l'avancement de certaines causes morales ou politiques (...). Et ce glissement, depuis la conception territoriale d'un département universitaire à une conception d'allure morale, possède des conséquences profondes. Ainsi, traditionnellement, l'engagement envers l'objectivité et la vérité était supposé rendre un étudiant capable d'enseigner dans un domaine, quelles que soient ses attitudes morales envers ce domaine. Vous n'aviez pas besoin, par exemple, d'être platonicien pour effectuer un bon travail d'enseignement sur Platon, ou d'être marxiste pour faire un bon cours sur Marx. Mais une fois que les croyances en l'objectivité et la vérité sont abandonnées et que la transformation politique est acceptée en tant qu'objectif, il semble alors que la personne adéquate pour enseigner les Women's studies doive être une féministe politiquement active."
"Si l'on abandonne l'engagement envers la vérité et la qualité intellectuelle, qui constitue le coeur même de la tradition rationaliste occidentale, il paraît alors arbitraire et élitiste de penser que certains livres sont supérieurs à d'autres sur le plan intellectuel, que certaines théories sont tout simplement vraies et d'autres fausses, et que certaines cultures ont engendré des produits culturels plus importants que d'autres (...) un texte quelconque est simplement un texte comme tous les autres". A comparer à l'amateurisme des expériences de l'OZ décrétées a priori aussi valables et "scientifiques" parce que "suivant la méthode scientifique", et donc aussi supposément représentatives de la possibilité de détecter ou non le psi scientifiquement, qu'ont pu l'être n'importe quelles autres recherches scientifiques sur le sujet, sur lesquelles on ne cherche pas à se renseigner. Alors que, d'après pseudo-scepticisme.com, ces expériences de l'OZ étant déconnectées d'avec le corpus de la science parapsychologique déjà développée, leur valeur scientifique (leur contribution à connaissance) est très médiocre et ne mérite pas la reconnaissance des pairs.
"Nous devrions plutôt, selon [des philosophes postmodernistes], penser que la science en général et le langage en particulier nous fournissent un ensemble de dispositifs pour affronter la réalité et nous tirer d'affaire"
Une conclusion s'impose pour moi : le mouvement zététique est post-moderniste et antirationnel jusqu'au cou.
« La zététique est une discipline qui peut se voir comme l'art de développer l'esprit critique »
Pourtant, il y a une catégorie sciences/zetetique dans l'annuaire dmoz. N'est-ce pas abusif ?
D'après ce site de la fête de la science, qui présente la chose de manière approbative:
"La ZETETIQUE, "l'Art du Doute", utilise le SUPPORT des phénomènes dits paranormaux avec pour OBJECTIF la sensibilisation du public à la méthodologie scientifique."
En clair: utiliser un objet réel comme prétexte, quitte à dire à son sujet tous les mensonges du monde sans pouvoir être critiqué pour cela (toute critique sur le plan de la réalité des faits étant considérée irrecevable par définition puisque ce n'est pas la réalité qui nous intéresse, mais la pédgogie), pour poursuivre un but ultime, non pas de l'ordre de la science ou de la raison, mais de l'ordre de la SENSIBILISATION. C'est donc bel et bien une oeuvre religieuse prosélyte qui se moque de la raison et qui ne s'intéresse qu'à développer des passions pour elles-mêmes.
Tantôt, en façade, la zététique se définit comme confondue avec la démarche scientifique; tantôt, quand de vrais chercheurs en parapsychologie viennent essayer de travailler scientifiquement avec les zététiciens, ils rejettent directement cette démache au profit d'objectifs purement pédagogistes. Il faudrait savoir.
La meilleure démarche scientifique n'est-elle pas celle qui est, si ce n'est innée, du moins s'aquiérant naturellement par l'expérience de la recherche sur des sujets concrets, procurant l'entraînement à se rendre compte des raisonnements valides et de ceux qui ne le sont pas, et surtout à le faire à propos. N'avoir pas su y parvenir naturellement mais avoir besoin de recevoir la béquille d'un cours explicite à ce sujet, n'est-il pas le signe qu'à la base on est handicapé.
Bon, ça a déjà été expliqué:
"Comment imaginer que des auteurs qui s’interrogent autant, mettent autant le doute en avant, et vont même jusqu’à repérer un doute de mauvaise qualité chez autrui, pourraient ne pas proposer une lecture objective de ces questions ? C’est là, il faut le reconnaître, le véritable coup de génie des sceptiques en général, et des sceptiques français plus particulièrement. Il s’agit d’une mise en scène perfectionnée que l’ont peut ainsi résumer : le meilleur moyen de laisser penser que vous êtes l’inverse de ce que vous êtes consiste à tout simplement proclamer que vous êtes l’inverse de ce que vous êtes. C’est ce qu’on pourrait l’appeler la « stratégie McDonald ». (...) En zététique, cela devient, nous souhaitons vendre au maximum notre certitude de la non existence des phénomènes paranormaux, mais nous savons que cette question ne nous intéresse pas vraiment et que nous ne faisons pas de recherche scientifique sur le sujet. Mais, il est essentiel que la réalité ne soit pas dévoilée. (...) C’est probablement cette certitude d’être constamment dans le doute qui conduit au fait qu’aucun de ces étudiants, pourtant de niveau doctorat, ne s’est interrogé sur ce qu’ils avaient écrit (...). Certains sceptiques s’en rendent parfois compte, après quelques années, mais la grande majorité n’ira jamais vérifier les travaux scientifiques. Pourtant, ces personnes souhaitent au départ défendre une pensée scientifique de qualité. C’est en particulier le cas dans ce dossier de CIES. Ces jeunes doctorants ont un objectif noble : favoriser l’esprit critique et permettre la diffusion de la pensée scientifique. Malheureusement, les procédés qu’ils utilisent et l’utilisation du « paranormal » comme support, les conduit à des formes de déni très élaborées. Ils finissent ainsi par proposer un exemple à l’opposé de l’objectif initial qui était de promouvoir l’esprit critique."
Qu'est-ce que la démarche scientifique, si ce n'est
l'effort poussé d'étudier un objet de
manière
suffisamment précise et adéquate pour parvenir
à
le connaître vraiment. Pas de manière vague et
incertaine, mais de manière aussi précise et
fiable que
faire se peut, dans la mesure que requiert l'objet pour
éviter
autant que possible tout risque d'erreur.
Alors, bien sûr,
le niveau de professionalisme requis dépend de l'objet
étudié.
Certains objets sont faciles, d'autre plus difficiles, et d'autres
encore plus ou moins hors de portée, requiérant
des
appareillages d'étude toujours plus poussés.
Et
pour mener à bien la démarche scientifique, il
est donc
souvent nécessaire de se professionaliser et de se
spécialiser, jusqu'à, eh oui, parfois avoir
réellement
besoin de se construire des tours d'ivoire, par lesquelles on peut
enfin travailler sérieusement et tranquillement entre
experts,
et ne plus perdre son temps à pédaler dans le
non-sens
du brouhaha dans lequel un public plus large voudrait faire
piétiner
les discussions de manière incompatible avec la rigueur
nécessaire pour permettre aux connaissances de
réellement
progresser.
Alors bien sûr, cette méthode de la tour
d'ivoire pour permettre aux recherches de se mener à bien,
n'empêche pas par ailleurs de communiquer ensuite au public
les
conclusion de ces recherches. Seulement, cette communication doit
normalement se faire à sens unique, et ne relève
plus
de la démache scientifique. Puisque c'est de la
vulgarisation
et non plus de la science. C'est une démache dans laquelle
l'auditeur n'a pas les moyens de contrôler scientifiquement
la
validité de ce qu'on lui dit.
Parce qu'une telle
vérification serait trop difficile pour ses moyens
personnels.
Or, dans de telles conditions, prétendre lui
montrer la démarche scientifique en oeuvre, est tout
simplement un mensonge.
Bien sûr, ça ne veut pas dire
non plus que la démarche scientifique est
nécessairement
une chose hors de portée des auditeurs. Ca veut seulement
dire
qui si on veut les entraîner à la
démarche
scientifique, alors on peut le faire mais à condition pour
cela de choisir un autre objet d'étude, plus simple, qui
soit
véritablement à leur portée, qui
puisse être
véritablement compris par les moyens qu'on propose de
déployer.
Or, ce n'est pas à nous de décider
si un objet est ou non abordable suivant un niveau
donné
de puissance d'approche, par un public donné, mais c'est au
réel, et à la difficulté
intrinsèque de
l'objet, de le décider. Quand bien même le public
serait, de fait, déjà aux prises avec cet objet.
Certes
il y a bien sûr des exemples ponctuels de
prétentions
bidons dans le registre paranormal que la démarche
scientifique peut utilement déjouer à un niveau
élémentaire. Le problème est dans
l'extrapolation de ces exemples en une
généralité.
Or,
c'est justement un coup hyperclassique de nombre de pseudo-sciences,
que d'entretenir la confusion entre science et vulgarisation, et en
se faisant fort de reprendre le corpus et le langage de la science
vulgarisée, de venir y inventer des remises en question
bidon,
et y déployer des argumentations d'apparence scientifique,
seulement plus visiblement scientifiques que ce qu'il y avait
d'apparemment scientifique dans la présentation de
conclusions
scientifiques vulgarisées, mais qui ont l'art de tourner la
vraie science en ridicule comme si elle n'était pas
scientifique, aux yeux d'un certain public. Parmi tant d'exemples il
y a eu notamment aux USA le révisionnisme climatique de
Lomborg, "The Skeptical Environmentalist" (sic), un des
plus grands best-sellers de tous les temps (après la Bible
évidemment), et en France, la relativité
d'échelle
de Laurent Notale.
De même il faut se méfier des
entreprises visant à tenter d'inculquer au public des
exercices de singeries de la science, qui au prétexte de les
déliverer de certaines pseudo-sciences, risquent
justement de
les préparer à se faire berner par d'autres
pseudo-sciences qui auraient l'art de se faire passer pour plus
scientifiques que la vraie science. D'ailleurs, la
zététique
n'est-elle pas la première d'entre elles ?
Car il faut
bien voir ce qu'il y a de profondément commun et de
profondément scientifique qui unit la recherche type "tour
d'ivoire" et la démarche de vulgarisation, qui permet de
les ranger toutes deux dans le registre de la science, tandis que
toutes les singeries de science comme la
zététique qui
prétendent faire de la science populaire avec les outils de
vulgarisation sur des objets qui ne le permettent pas, sont
à
garder soigneusement au-dehors. C'est que recherche et vulgarisation
posent toutes deux comme priorité suprême
l'objectif de
conformité des affirmations à la
réalité
de l'objet discuté, objectif commun que le
différent
contexte pratique dans lequel elles s'inscrivent, les obligent
à
opter pour des méthodes d'accomplissement
différentes.
Des méthodes différentes unies pour un
même
objectif : se mettre au service de la réalité de
l'objet.
Tandis que la zététique se moque de la
réalité de son objet et ne s'y
intéresse que
comme prétexte au service de sa
méthod(idé)ologie.
Une caractéristique générale
des sciences est
leur accumulation de connaissances.
Les découvertes,
petites et grandes, dans tous les domines scientifiques, s'accumulent
par milliers, par millions, par milliards et encore plus. Elles
remplissent les bibliothèques universitaires, jusqu'aux
disques durs des ordinateurs, qui ne seront jamais trop puissants
pour contenir tout ce que les sciences auront besoin d'y mettre, de
la génétique à la physique des
particules et à
l'astronomie.
A côté de cela, quelles
connaissances ont été obtenues par les
zététiciens
?
Zéro, que dalle, niet.
Ils se sont contentés de
brandir fièrement quelques malheureuses dizaines
d'expériences
non concluantes réalisées comme des amateurs,
tout ça
pour officiellement essayer d'approcher une seule question : le
paranormal existe-t-il, oui ou non.
Donc après un certain
nombre de soi-disantes recherches, ils concluent officiellement
qu'ils ne voient pas de phénomènes paranormaux,
cependant cela ne montre pas non plus qu'ils n'existent pas, de sorte
que chacun peut tranquillement repartir avec les mêmes
convictions qu'il avait à l'entrée.
Ainsi la parapsychologie scientifique fait un travail patient et cumulatif d'observation et de classification de ce qui ne donne pas de résultat et de ce qui apparaît plus ou moins fructueux, en sorte d'accumuler les connaissances et de construire dessus.
La zététique, par contre, a beau faire des expériences, ne cherche pas à en tirer de connaissance, ou seulement de façon partielle et incomplète. Ni de ses propres expériences, ni de celles des autres. Et à chaque fois qu'il est question d'envisager une nouvelle expérience, on repart à zéro comme si aucune expérience n'avait jamais été faite. Ainsi la zététique a beau faire semblant de chercher, elle ne cherche nullement à connaître et à progresser. Sa méthode c'est de piétiner, de travailler à connaissance zéro. C'est la méthode de la table rase permanente, de la naïveté perpétuelle, de l'infantilisme généralisé.
Et quelle est en fin de compte la seule chose qu'ils
accumulent
dans tout ça ? Simplement, une espèce
d'auto-congratulation d'une prétendue démarche
rationnelle qui ne travaille finalement qu'au service de
sa propre
congratulation nombriliste, et ne s'intéresse
qu'accessoirement aux expériences réelles que
comme
prétexte à sa démarche. Et elle se
glorifie d'autant plus puissamment
qu'elle échoue misérablement à faire
progresser
la connaissance du monde réel extérieur.
Car le
nombrilisme d'une démarche et de ses valeurs
qui n'utilise les choses extérieures que comme
prétextes
au service de sa propre glorification en tant que démarche
prise
comme une fin en soi,, normalement, ce n'est pas de la science, mais de
la
spiritualité.
Tout comme cette autre auto-congratulation
nombriliste traditionnelle à laquelle finit plus ou mois par
se réduire la discipline de la philosophie officielle qui,
bien souvent hélas, ne sait pas faire grand-chose d'autre
que
de se présenter à elle-même comme la
reine de la
pensée, ce en quoi elle n'est finalement
elle-même
qu'un recyclage de semblables pratiques traditionnelles des
spiritualités toutes plus spirituelles les unes que les
autres, et des religions toutes plus fidèles au vrai Dieu
les
unes que les autres.
A l'inverse, la vraie démarche scientifique est celle qui se déploie au service, non de valeurs mais de connaissances, et non d'elle-même mais de réalités extérieures.
Lorsque les zététiciens viennent exiger
des "preuves
extraordinaires" d'affirmations du "paranormal", ce
sont bien eux qui qualifient ces affirmations d'extraordinaires, et
qui qualifient de paranormaux les phénomènes
relatés.
Pour pouvoir se permettre d'être si exigents
et mettre en avant une flagrante dissymétrie de situation
pouvant seule justifier une si grossière
dissymétrie en
matière de charge de preuve, entre d'un
côté
les connaissnces établies, de l'autre
côté une
quelconque fantaisie, il faudrait se baser sur des principes clairs,
fondés sur le corpus de connaissances scientifiques
établi,
d'après lesquels la notion de normalité ait un
sens.
Il
faudrait que ce corpus de connaissances établies, soit
capable
de différencer clairement ce qu'on doit attendre comme
normal,
de ce qui ne le serait pas.
Pour cela, dans l'idéal il
faudrait déjà disposer d'une théorie
du Tout. On
en est loin, mais en fait, très
probablement, ce pas
exactement là qu'est le problème. Car ce qu'on
cherche
comme théorie du tout vise à combler des lacunes
dans
nos connaissances de la physique certes passionnantes mais qui ont
peu de chance d'avoir quelque retombée significative dans le
domaine du paranormale. Car cette recherche d'une "théorie
du tout", n'a pas pour objectif de rendre vraiment compte de
tout le réel, mais fait à la base l'impasse sur
la
question de la mesure quantique, qui probablement restera intacte. Et
c'est justement par là que se trouve l'ouverture
béante,
que les physiciens connaissent très bien, justement
adéquate
à la possibilité d'envisager que cela soit le
lieu
d'interaction entre matière et esprit. Comment diable
prétendre rejeter une telle hypothèse comme
extraordinaire, alors qu'il n'y a de fait aucune normalité
établie sur ce point. En effet, d'après John
Baez: (en anglais : "argument" = dispute)
"How should we think about quantum mechanics? For example, what is meant by a "measurement" in quantum mechanics? Does "wavefunction collapse" actually happen as a physical process? If so, how, and under what conditions? If not, what happens instead?
Many
physicists think these issues are settled, at least for most
practical purposes. However, some still think the last word
has
not been heard. Asking about this topic in a roomful of
physicists is the best way to start an argument, unless they all say
"Oh no, not that again!". There are many
books to read on this subject, but most of them disagree."
Si on voulait être totalement normal et croire à
nos équations physiques jusqu'au bout, ces
équations
nous mèneraient plus ou moins inévitablement
à
la théorie d'Everett des mondes multiples, qui se divisent
en
scénarios divergents des millions de fois par seconde ou des
choses de ce genre. Est-ce vraiment la vision du monde que veut
promouvoir l'oz ?
Dans le cas contraire, on doit admettre qu'il y
a des choses bizarres, que la réduction du paquet d'onde
garde
sa part de mystère, qu'on ne sait pas exactement de quelle
manière la multiplicité des possibles se
réduit
en un scénario unique, parce que toute tentative de
réponse
à cette question est problématique. Que
reste-t-il
alors d'extravagant à entreprendre des
expériences
poussées sur le hasard quantique, pour essayer de traquer
les
traces de déviances par rapport à un
"modèle
idéal" que l'on considère pertinemment comme
faux,
et le faisant suivant un fil directeur d'hypothèse d'un lien
avec la conscience, hypothèse qui de fait vient se
présenter
de manière naturelle et pertinente au point de rendre le
sujet
moins irréductiblement problématique en principe
qu'il
ne parassait autrement ?
Donc, faute d'essentialisme d'une
distinction claire possible entre normal et paranormal, comment
prétendre se baser sur ce néant pour justifier un
essentialisme de à qui doit revenir la charge de la
preuve ?
Mais au fait, quand bien même ce serait des
choses extraordinaires, en quoi cela justifierait-il moindrement, de
la part de scientifiques, de rester passifs en exigeant un
investissement scientifique d'établissement de preuves de la
part de gens témoins de ces choses ?
On pourrait comparer cela au scepticisme initial de la communauté scientifique vis-à-vis des
témoignages de chutes de météorites.
Des
pierres qui tombent du ciel, c'était des
évènement
extraordinaires. Aurait-ce été une
démarche
scientifique saine que d'exiger passivement des paysans qui ont vu
les pierres tomber, de s'investir dans l'établissement de
preuves que ces pierres étaient effectivement
tombées
du ciel (la première analyse chimique trop rudimentaire n'ayant pas donné de preuve assez flagrante de l'origine extraterrestre de ces pierres) ?
Comme si ces paysans en faisaient exprès
d'avoir la lubie d'inventer leur vision des pierres tombant du ciel
rien que pour embêter les scientifiques ancrés
dans
leurs convictions.
...
Par leur manière de proclamer leur vision
du monde,
les zététiciens sont en plein dans l'erreur,
très
loin de la science véritable et complètement
conditionnés par les thèses religieuses
elles-mêmes
dont la vision du monde est somme toute fondamantalement semblable
à
la leur.
Précisément en effet, les religions se font
l'étendard d'une vision du monde suivant laquelle il y
aurait
d'un côté la raison humaine symbole de la
normalité,
des choses concrètes, du train-train quotidien
planté
dans ses habitudes et dans la répétition des
choses
banales à l'image d'un arbre solidement planté
dans la
terre, tandis que la spiritualité, avec ses
manières de
penser non-rationnelles, s'affranchissant des schémas
limités
d'une logique binaire terrestre, serait la voie
d'échappement
de l'esprit vers la transcendance, vers les choses de l'esprit, les
choses supérieures.
Ces thèses religieuses, fondées
en définitive depuis toujours sur le
présupposé
que leur vision du monde est la seule possible, pour donner de la
raison humaine une image basse, fermée et
négative,
présupposé passivement fondé et
justifié
par l'absence de toute occasion d'imaginer les choses autrement, ne
rêvent pas mieux que de voir dans le camp adverse, de
prétendus
porte-paroles de la raison venant jouer le rôle du parfait
épouvantail, confirmant leurs thèses en
répandant
pour leur part une vision de la science bornée et
limitée, finalement conforme à que ce que les
religions
avaient déjà proclamé depuis des
millénaires.
C'est ainsi que la zététique vient jouer le
rôle
du parfait épouvantail jouant contre son propre camp,
à
faire fuir le peuple loin de toute confiance et de tout
intérêt
envers tout ce qui pourra venir se présenter comme de la
raison et de la science.
Or, il y a une chose qui, bien
qu'étant en réalité un
phénomène
d'une ampleur considérable, est quasiment
passée
inaperçue relativement à la culture
générale
du public.
C'est que la science telle qu'elle s'est effectivement
développée, se trouve à bien des
égards
révéler un état de choses aux
antipodes complets
de ce schéma.
Que, si l'on veut employer l'allégorie
de la caverne de Platon pour décrire la situation du
débat
philosophique actuel (et de fait c'est bien une description
pertinente) et si l'on veut là-dedans préciser
qui sont
ceux qui sont restés prisonniers immobiles les yeux
fixés
sur les ombres, et d'autre part qui sont ceux qui se sont
libérés
pour découvrir la lumière du jour
véritable et
très différente des impressions initiales,
c'est bien
précisément la communauté scientifique
qui
constitue le groupe de gens libérés en route vers
la
lumière, tandis que tous les gourous, religieux et
prétendus
maîtres de spiritualité de toutes
obédiences sont
restés misérablement plantés les yeux
sur les
ombres.
Que si en cette vie terrestre il y a quelque chose
qui a le pouvoir de transcender les limites du monde "normal"
et de l'ignorance ordinaire c'est précisément la
science, tandis que toutes les démarches
"spirituelles"
du monde restent pitoyablement enfermées dedans.
Mais,
demandera-t-on, dans quel univers les scientifiques ont-ils bien pu
s'enfuir ainsi, sans crier gare ?
Certes ils ont habituellement
bien mieux à faire que de crier leur victoire à
ceux
qui restent plantés derrière et qui de toute
façon
ne sont pas disposés à y capter quelque chose,
contrairement aux Maîtres de Spiritualité qui ne
savent
rien faire de mieux que de chanter sur tous les tons leurs
rêves
d'échappement de manière à se faire
bien voir de
ceux qui entretiennent le même rêve qu'eux.
Eh
bien, vous n'avez qu'à essayer de lire, parmi tant d'autres
possibilités (j'en citerai seulement quelques petits
exemples
que j'ai vu passer de loin, sans aucune prétention
d'exhaustivité) un cours de logique au sujet du forcing, ou
un
cours de topologie au sujet de la K-théorie, un cours de
topologie de Milnor, un cours de théorie quantique des
champs
par un grand spécialiste du sujet, ou un exposé
du
concept de supersymétrie.
Et si jamais vous avez la chance
d'arriver à en capter quelque chose, même de loin
(ce
qui n'est déjà pas une mince affaire, attention),
même
en se contentant comme moi d'une faible lueur de
compréhension
très loin d'une quelconque capacité de
vérification
et de maîtrise des sujets, vous découvrirez alors
enfin
comment votre cerveau va exploser les limites de l'univers
auquel vous aviez cru jusque-là.