Problème de la mise en rotation d'une roue en
relativité restreinte
(Ceci n'est qu'une esquisse des notions essentielles intervenant
dans
le problème, pour donner à ceux qui s'y
intéressent les moyens d'y réfléchir sans
rester
dans l'impasse d'une approche erronnée)
D'abord une chose qu'il ne faut pas oublier, c'est que, la
relativité restreinte empêchant la vitesse du son de
dépasser celle de la lumière, il
ne peut donc pas exister de solide absolument rigide. Et que donc
lorsque des solides
sont mis en mouvement autrement que
suivant une translation rectiligne uniforme, ils se trouveront
nécessairement déformés, aux échelles
de
précision qui sont en jeu quand on parle de
problèmes
relativistes.
En particulier pour la roue qui tourne.
Pour un observateur extérieur qui décrit le disque
dans
son référentiel galiléen
constitué d'un espace à géométrie
euclidienne, la longueur d'un cercle de rayon R sera toujours 2 pi
R.
Par conséquent, à cause de la contraction
relativiste des
longueurs, relativement au disque la circonférence sera vue
comme supérieure à 2 pi R.
Supposons qu'on mette en place un moyen d'éliminer l'effet
de la
force centrifuge qui tendrait à élargir le rayon du
disque. A savoir, par une force extérieure dirigée
vers
le centre qui compense la force centrifuge (force pouvant
être
fournie par des forces de tension courant le long des
circonférences concentriques - laquelle peut naturellement
venir
de la situation expliquée plus bas, sauf que non car la
vitesse
du son est beaucoup plus petite que celle de la lumière
donc ca
ne suffirait pas).
Ainsi, abstraction faite de ce problème
d'équilibrage de
la force centrifuge, le problème se ramène à
la
situation suivante:
Mettre une roue en mouvement de rotation, c'est comme aplatir une
calotte sphérique: c'est possible, parce que les
matériaux sont élastiques, comme on vient
d'expliquer.
Mais alors, on obtient un solide déformé, qui n'est
plus
localement dans son état de repos par rapport à
lui-même, il a des tensions internes.
On peut se ramener au cas localement normal au moyen d'un
découpage dense du solide. En particulier, pour
préserver
les rayons on peut découper le disque suivant ses rayons
jusqu'à une petite zone proche du centre restant
intacte.
Alors, en mettant le disque en rotation, il apparaît un
écartement le long des découpages.
Supposons maintenant que la roue n'a pas été
découpée. Ainsi, le mouvement entraîne un
étirement géométrique, et cet
étirement
entraîne des forces de tensions dans le solide suivant la
direction angulaire.
En pratique, c'est de toute façon négligeable devant
la
force centrifuge qui produit un étirement radial.
Malgré cela, Supposons dans la suite qu'il n'y ait pas
d'étirement radial, bien qu'en pratique ce ne soit pas
réaliste, la force centrifuge dépassant largement la
force vers le centre due à la forme courbe de la tension
angulaire, et ainsi à elle seule fera rapidement exploser
la
roue si on la fait tourner trop vite.
Et d'où vient l'énergie de déformation ?
On peut se demander: puisque toute déformation d'un
matériau nécessite de l'énergie, il faut donner
au
disque l'énergie nécessaire pour qu'il puisse se
déformer quand on lui donne de la vitesse. Quand on le met en
mouvement, on devine que du coup une partie de l'énergie qui
est
donnée pour la rotation est emmagasinée en
énergie
de déformation ?
Voici ce qu'il en est exactement:
En effet, pour mettre en mouvement le disque, la force
à
exercer simultanément (par rapport à un observateur
extérieur) sur chaque atome du disque doit entrer dans le
bilan
des forces qui déterminent l'accélération de
l'atome. Relativement au disque vu localement (au voisinage de cet
atome), cette accélération n'est pas simultanée
mais s'exerce sur ce qui est devant avant ce qui est
derrière.
Ainsi, localement, la partie avant étant plus
étirée et donc plus tendue que la partie
arrière,
le bilan des tensions issu de cette différence liée
à la rigidité du milieu se ramène à une
force sur l'atome vers l'avant.
Ceci réduit d'autant la force qu'il reste à fournir de
l'extérieur. Ainsi le travail des forces fournies par
l'extérieur à la roue en est d'autant réduit,
ce
qui à travers une intégration par parties satisfait le
bilan de la variation d'énergie du disque:
Energie du disque =
|
|
intégrale sur
l'espace
de
(transformation de (énergie de masse + énergie
potentielle de la
tension) |
|
+ |
terme d'énergie
négative
apparaissant par transformation de la force de tension). |
Ce dernier terme d'énergie négative ne concerne que la
tension dans la direction du mouvement, tandis qu'une tension
orthogonale (ici, radiale), comme celle effet de la force
centrifuge,
ne ferait pas apparaître de terme d'énergie par
changement
de référentiel.
Un truc qui peut guider la pensée: la formule du travail
d'une
force (énergie transmise = produit scalaire de force par
déplacement) est toujours valable en mécanique
relativiste. Cela permet de voir toute force (imaginons la tension
d'un
fil ou élastique) comme accompagnée d'une
densité
linéique d'énergie qui lui est égale,
concentrée sur ce fil. Or ce système (force +
énergie linéique) est invariant par changement de
référentiel colinéaire au fil (la force et la
densité linéique d'énergie restent
égales
et de même valeur dans tous les référentiels
dont
la vitesse est colinéaire au fil), et ne nécessite
donc
aucune force ni énergie pour son accélération
(qui
n'agit sur rien). Bien sûr en pratique l'énergie de
masse
dépasse de beaucoup la part d'énergie qui vole ainsi
sur
les ailes de la tension, et le reste de l'énergie
nécessite toujours pas mal d'énergie pour
l'accélérer...
Autre paradoxe relativiste
L'autre
problème paradoxal de mécanique relativiste qui
fut pose dans un newsgroup (surement fr.sci.physique)
a disparu du web.
Ayant oublie de le recopier avant qu'il ne disparaisse du web, je le
reecris de memoire (en 2013, les conversations plus vieilles que
2003 ayant disparu).
Soit un solide en forme de L, immobile dans un referentiel R,
attache en son angle, et chaque extremite est soumise a une force
orthogonale a son cote, de sorte que les 2 contributions au moment
cinetique du solide se compensent, et ainsi qu'il soit en equilibre.
Probleme : analyser cet equilibre du moment cinetique dans un autre
referentiel R', en mouvement par rapport au premier.
A
<-||
||
||
O=======B --->Autre
referentiel
|
v
Solution:
Entre les points de vue des 2 observateurs, la force en A est la
meme ; la longueur OA est la meme. Donc le moment de la force
exercee est le meme dans les 2 referentiels.
Par contre dans R', la force en B est plus faible, car elle transmet
son impulsion (qui est la meme) en un temps ralenti. De plus, la
longueur OB est plus courte. Donc le moment de la force exercee en B
est doublement diminue.
Comment se fait-il, alors, que le moment cinetique du solide se
conserve au cours du temps ?
Reponse : c'est parce qu'il ne se conserve pas au cours du temps
!!!!
En effet, reprenons les choses depuis le debut. Imaginons qu'a un
instant initial le solide n'etait soumis a aucune force. Puis
brusquement il est soumis aux 2 forces (en A et en B) en meme temps.
Seulement, si ces forces ont simultanement demarre en A et en B
relativement a R, cela n'etait pas simultane relativement a R' !
Et donc pendant ce laps de temps, le solide a acquis une certaine
quantite de mouvement dans la direction verticale (orthogonale a son
mouvement apparent). Cette quantite de mouvement verticale, donc,
s'exerce en B, lequel est vu par R' comme se deplacant
horizontalement. Or, a une quantite de mouvement verticale dont le
point d'appui se deplace horizontalement, est associe un moment
cinetique qui varie continuellement.
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