Sur la liberté d'opinion et les partis politiques ou autres

Allez, je vais me lancer à parler de mes "opinions politiques" au sens traditionnel du terme.
Histoire de montrer que je me fous pas mal de ma réputation, vu qu'il est clair que quiconque émet une opinion politique quelle qu'elle soit dans le cadre de l'arène politique telle qu'elle est actuellement définie se mettra sûrement à dos la majorité des gens, y compris la majorité des gens intelligens, instruits, honnêtes, généreux, pensant librement et tout et tout, puisqu'on voit qu'aucun des candidats au 1er tour des présidentielles n'a atteint les 20% des voix, que ces différents votes supposent des orientations de pensées telles qu'on voir mal comment les votants correspondants pourraient s'accepter les uns les autres, et qu'il est raisonnable de penser que les gens bien n'étant vraisemblablement pas tous dans les mêmes moins de 20% d'un candidat, ni tous abstentionnistes, il est vraisemblable que ces quelques gens tous très bien en tout, donc, ne se supporteraient généralement pas les uns les autres s'ils connaissaient leurs opinions respectives (sauf que bien sûr l'homogénéité des opinions se forme naturellement à l'intérieur des cercles familiaux à l'extérieur desquels les expressions politiques ne s'aventurent que rarement, en sorte que perdure l'illusion qu'il pourrait en être autrement).

Heureusement, pour ne pas être complètement fou quand même, j'insisterai plutôt sur les tonnes de préliminaires que voici, dans l'espoir qu'on ne me réduise pas à ce que je ne suis pas, à savoir l'apologue unilatéral d'un candidat, d'un parti politique ou d'un schéma classique de pensée particulier. De toute façon, la question du choix de vote particulier est à mon avis réellement négligeable devant la discussion des idées et des motivations que l'on a: comment est-ce que je définis ma pensée, d'une manière qui transcende la configuration partisano-politico-médiatico-stratégico-électorale particulière de tel scrutin ?
[Pour le moment je n'ai rédigé que ces préliminaires; la suite est pour plus tard.]

De toute manière, je ne me reconnais parfaitement dans aucun parti, et je n'approuve même pas les institutions républicaines avec leur système d'élections, de gouvernement et de partis politiques, puique j'ai en vue la construction d'un autre système décrit ici, et qui caractérise beaucoup mieux ma pensée que les malheureux "débats" (ou plus souvent échanges d'insultes avec martelages de pensées uniques) en cours dans la scène politique actuelle.

Et donc, je pense que ceux qui prétendent énoncer une orientation de type largement politique au nom de tous les gens bien se fourvoient complètement, et sont en réalité des maîtres-censeurs intolérants envers les opinions qui ne sont pas les leur. Car le risque (danger que je ne prétends pas a priori une loi universelle mais une possibilité étayée d'exemples plus bas) est qu'en faisant cela, illusoirement au nom de la morale, des droits de l'homme ou autre chose de ce style, ils diabolisent d'avance ceux qui bien qu'ayant au fond autant qu'eux de bonnes intentions émettront des opinions contraires. Et quelque part, c'est pire que la censure: c'est une censure morale, ayant pour effet inconscient ou délibéré d'amener d'autres gens tout aussi honnêtes à la base à pratiquer cette même censure de l'esprit, bloquant en eux toute reconnaissance humaine de ceux qui ont l'opinion contraire, donc tout dialogue, donc toute réflexion. Au point parfois de ne pas daigner examiner effectivement la thèse qu'on condamne, et donc de ne condamner finalement que le monstre imaginaire de nos fantasmes d'horreur, progressivement construit, chacun apportant sa pierre au dialogue autarcique du groupe de gens d'accord entre eux redéfinissant inconsciemment à leur guise le sens de l'opinion à condamner, condamnant ainsi les autres pour ce qui serait effectivement condamnable, mais négligeant le fait que, vu le déroulement du procès, cette image ainsi justement stigmatisée pourrait aussi bien éventuellement n'avoir aucun rapport avec la réalité de ceux qui subissent effectivement cette condamnation.

N'est-ce pas là finalement le phénomène fondateur du fascisme, au-delà des étiquettes politiques particulières et des goûts ou fantasme particulier de tel ou tel groupe ?
Ce qui est malheureux (point capital, notablement différent de ce qu'on entend le plus souvent), c'est que ce comportement de type fasciste peut très bien être le fait de gens honnêtes, bons, intelligents et tout ce qu'on voudra. D'ailleurs, comment en serait-il autrement, vu le contraste entre le nombre d'électeurs du parti nazi en Allemagne avant la guerre et son nombre actuel ? Comment autant de monstres se seraient-ils miraculeusement transformés en agneaux ?

Cette relativité dont je parle, bien sûr, n'est pas une loi générale puisqu'il y a des sujets plus simples que les grandes questions politiques, sur lesquels l'accord des gens bien devrait être plus évident. Je pense en particulier à la promotion des logiciels libres (par opposition aux brevets logiciels par exemple) et la dénonciation des abus de position dominante comme celle de Microsoft. Quoique, merde, j'ai discuté une fois avec un étudiant en économie, d'orientation libérale comme moi, mais réduisant tout formellement au "laissez-faire", il n'avait pas intégré cette distinction entre la compétitivité productive et la compétitivité anticoncurrentielle, l'importance de l'écart possible être le coût marginal de production et le prix de vente, et généralement le caractère injuste d'entrave à la concurrence que portent des actes possibles dans le cadre des lois du marché en vigueur comme ceux-là. Mais passons.

Mais j'ai effectivement constaté que certains gens, très bien par ailleurs, tombent dans ce piège de croire que tous les gens également très bien devrait penser comme eux.
J'en connais deux exemples, correspondant à des mouvements très libres, intelligents et respectables, je les citerai tous les deux histoire d'illustrer ce phénomène, puisque ces deux mouvements qui me sont pareillement chers, sont par certains aspects contraires l'un de l'autre, et acceessoirement tombent dans le même piège que je viens de décrire.

L'un, que je connais depuis déjà un certain nombre d'années, est Radio Courtoisie, autoproclamée "la radio libre du pays réel et de la francophonie", et ayant pour but de donner la parole à "toutes les familles de la droite", parole qui n'est habituellement pas donnée dans les médias. Ce qui ne les a pas empêché d'inviter un jour Jean-Pierre Chevènement, alors qu'il était lui aussi privé en pratique du droit de parole à la télévision.
Certaines de leurs émissions sont hyperintéressantes, d'autres sont hyperennuyeuses (surtout leurs cours d'orthographe et de prononciation française ainsi que leur histoire des rois de France).
Un de leurs libres journaux, celui de Serge de Becketch (désolé si j'écris mal son nom), m'a paru particulièrement dégoûtant (faisant l'apologie du retour à la monarchie dans un langage insolent...).
Tellement traditionnels étaient-ils, qu'ils mirent longtemps à admettre l'importance d'Internet comme vecteur de la liberté d'expression et qu'ils passèrent d'abord des années à parler de leur projet de diffusion par satellite comme du seul vecteur possible de diffusion plus large...
Mais, bravo pour leurs dicussions par exemple sur le libéralisme (avantages possibles des systèmes de sécurité sociale privée, etc.), sur l'amitié traditionnelle franco-serbe foulée aux pieds par ceux qui nous dominent, leurs informations sur les pressions qu'ils subissaient de la part des pouvoirs en place montrant combien il est difficile de s'exprimer librement dans ce pays, etc.

De l'autre côté, il y a l'association L'Autre Net hébergeant ce site, association très respectable également, et qui fait un excellent travail pour la liberté d'expression. Mais, sans que ce soit très clair ni unanime, il y a une certaine tendance de quelques-uns de ses membres éminents à avoir une pensée gauchiste et à supposer que tous devraient également penser de même, comme si c'était indissociable du projet technique de l'association et de la défense de la liberté d'expression.
Heureusement, cette tendance de certains membres importants qui se prennent pour tous n'a presque jamais de conséquences effectives. Seulement une fois est apparue sur la liste de l'assemblée la proposition d'adhésion collective de L'Autre au "Forum de l'insoumission" , dans le style de mouvements d'extrême-gauche (allez voir vous-mêmes de quoi ça parle, quelles sont leurs méthodes - style anarchistes qui ne tolèrent pas de se voir cohabiter avec les anarcho-capitalistes lesquels le tolèreraient très bien, voir les FAQs correspondantes).
J'ai alors réagi contre cela suivant un style provocateur qui a déplu à beaucoup. Il faut avouer que dans la rédaction de mon message je n'ai effectivement fait aucun effort pour leur plaire; d'autre part, je me suis abonné à la liste Débats rien que pour y mettre un message et me désabonner ensuite. Certains ont qualifié cette manoeuvre de "dictatoriale", ce fait de poster un message et de "refuser de recevoir les réponses et de défendre ma position dans le dialogue". Ce qualificatif me semble totalement hors de propos pour les raisons suivantes:
1) On a annoncé l'adhésion officielle de l'association et donc de tous ses membres à ces idioties, espérant que personne ne les contredirait. Manque de bol, j'ai réagi. Je n'ai rien voulu imposer à qui que ce soit, seulement signaler ma différence d'avec ce qu'on a essayé de m'imposer.
2) J'ai répondu dans Débats à ce message posté dans l'Assemblée. Un message de l'Assemblée est réputé déranger les gens puisque l'inscription y est obligatoire. Je n'ai pas voulu déranger les autres gens qui ne le souhaitent pas pour mon opinion personnelle.
3) On m'accuse de refuser le dialogue et le droit de réponse. Mais j'ai fait d'abord cela pour user de mon droit de réponse face à une opinion qui ne me plaît pas, et en faveur de laquelle j'ai d'abord dû lire plusieurs messages de l'Assemblée. A quoi bon je devrais encore lire plein de critiques contre mon message, et pourquoi cela m'en apprendrait-il plus que les différents messages dessus que j'ai déjà dû justement lire auparavant et auxquels s'adresse ma critique ? Comme si je ne voulais pas savoir que d'autres ne pensent pas comme moi ???
4) Sur qui me reproche-on d'exercer ma dictature: seulement sur moi-même ou sur quelqu'un d'autre ? Quelqu'un oserait-il prétendre faire mieux en n'exerçant pas sa dictature de pensée sur lui-même ???
5) Justement, si je me retire de la discussion, ça les laisse libre de me critiquer entre eux ensuite sans que je réponde, et d'exercer ainsi leur dictature de pensée sur tous les autres à part moi.
6) De toute façon, ils avaient tous mon email et pouvaient me répondre personnellement. J'ai pris la peine de répondre un peu à des critiques que j'ai reçues ainsi, et j'ai également lu les messages des archives de Débats postés ensuite.
7) Si j'ai agi ainsi, c'est pour une bonne raison: c'est que je sais qu'il est vain de vouloir à tout prix se mettre d'accord avec des gens ayant à la base une idéologie différente de la mienne, si profondément que vouloir la démonter pour trouver un point d'accord à la base du dialogue serait un travail de titan; qu'en tout cas, la liste Débats de L'Autre n'est pas le lieu pour s'attaquer à une telle affaire, à moins de quadrupler son volume de messages déjà difficilement supportable pour ses quelques téméraires abonnés. Il faut bien se forcer à un certain moment à cesser la discussion même s'il y aurait des choses à ajouter, pour ne pas y passer le reste de sa vie. En ce qui concerne le fond des débats de ce type, voir les problèmes sous-jacents que j'ai rédigé à une autre occasion.

Bien sûr, ils n'étaient pas tous unanimes contre moi: au moins un des participants a reconnu face aux autres la validité de certains de mes arguments. Mais ce dont je veux parler ici, c'est de cette attitude des quelques-uns qui veulent naturellement exercer leur dictature au nom de la démocratie, tout en traitant en toute bonne foi les autres de dictateurs s'ils ne sont pas d'accord. Trop facile de leur part.
Même, un membre de L'Autre Net m'a demander de fermer mon compte, assénant que mes conceptions étaient à la base contraires aux principes fondateurs de L'Autre Net "indissociables de ces guignoleries". Tel que cela fut dit, j'ai craint le risque de voir mon compte fermé d'office. Mais non, ouf cela ne peut pas se faire ainsi. Du moins j'espère.

Dans les quelques échanges de mails qui ont suivi, il est apparu l'argument suivant: dans mon message initial, j'avais fait le rapprochement entre les conceptions ou manifestations communistes (anticapitalistes) de ce Forum de l'Insoumission et ceux de l'Empire Soviétique qui a fait des dizaines de millions de morts. On m'a répondu que ça n'a rien à voir: ils sont anarchistes tandis que les Soviétiques sont étatistes. Chaque mouvement doit être jugé pour lui-même et non par amalgame avec d'autres mouvements ayant des points commun.
Je ne me suis pas embarqué à expliquer en quoi je ressens une parenté d'erreurs et d'atteinte aux libertés entre ces différents mouvements de gauche (impulsivité des jugements et négation en bloc des libertés économiques), car cela nous emmênerait trop loin. Faute de quoi, je respecte en pratique cette revendication de différence après avoir juste signalé une fois ce que j'en pensais: une fois dit, je n'insiste pas et je poursuis de bonnes relation avec eux sur le plan pratique, les laissant libres de continuer ce qu'ils veulent. Et si je pense toujours que ce n'est pas bien, cela ne regarde que moi.

Une fois ces remarques faites, je propose de les comparer à des évènements plus récents.
Au moment où j'écris ce texte, un évènement vient de se produire: un site (que j'abrègerai par ses initiales MR pour ceux qui sont au courant, pour qu'on ne m'accuse pas de leur faire de la pub) s'est fait exclure de l'hébergeur L'Autre Net à la suite d'un vote
Ce site, appartenant à une communauté (certains diront secte) réduite à peau de chagrin, émettait des opinions non standard en matière de sexualité des ados ou enfants, voir de relations enfants/adultes. La discussion de L'Autre à son sujet est partie d'un message dans l'Assemblée présentant ce site comme pédophile ou en faveur de la pédophilie. On a commencé par parler de la loi qui condamne la pédophilie. Puis il est apparu que cela ne s'applique pas ici, car il ne s'agit pas d'un site pédophile: il respecte la loi, ne présente aucune image de pédophilie, ses membres ne sont pas pédophiles, il prône de respecter la loi en condamnant fermement tout acte de violence sexuelle quelle qu'elle soit et dissuade les gens d'avoir des relations sexuelles enfants-adultes suivant ses propres raisons concernant le contexte social, éducatif, humain et politique actuels. Mais il conteste de façon générale la loi et les institutions (incluant d'autres domaines que la sexualité).
On peut penser que les opinions particulières du site en question sont stupides ou dangereuses.
Mais dans la discussion des motifs d'une éventuelle exclusion de ce site, figurent des arguments du type "la pédophilie c'est vraiment très très mal, la preuve j'en connais qui en ont été victimes, on ne peut pas tolérer cela" etc. Oui, mais si ce site n'est pas pédophile et (si j'ai bien compris, sinon qu'on me corrige) condamne fortement des actes du type de ceux évoqués ?

Egalement, au début de la discussion figurent un message disant "ça pue". Je ne sais pas ce que les autres ont pensé de cela, mais j'aurais aimé voir en face de cet argument de cinq lettres une citation explicite pour pouvoir en juger, et estimer la mesure effective du problème. Peut-être y en a-t-il eu dans la liste Débats, je n'ai pas été voir sur le coup.
J'ai seulement lu quelques fichiers du site incriminé, qui ne m'ont pas paru dignes d'une exclusion d'un hébergeur constitué pour défendre la liberté d'expression. Il est donc possible que de bons motifs d'excusion m'aient échappé.

Avec le vote d'exclusion, il y avait aussi le vote d'ajout dans les statuts que l'Assemblée peut décider d'exclure un site faisant l'apologie de la pédophilie.
Le vote d'exclusion du site de MR a bien emporté les deux-tiers des voix, tandis que le changement de statuts en a emporté à peine plus de la majorité.
Le deuxième vote servant à légaliser rétroactivement l'existence du premier.
Or, il ne semble pas qu'on ait reproché quoi que ce soit à ce site en dehors de motifs d'apologie de la pédophilie, mais en l'occurence, ce site ne fait pas l'apologie de la pédophilie (comme certains l'ont finalement reconnu dans la discussion). A quoi donc rime un tel résultat de vote ?

A un moment de la discussion est apparue l'idée de faire un contre-site, démontant les avis du site en question. Je pense que cela aurait été une bonne idée, plus modérée dans la forme qu'une excusion sous deux jours, délai arbitrairement décidé après le vote.
Un argument excusant l'exclusion était qu'il y a d'autres hébergeurs vers lesquels il peut se rabattre, et donc que la liberté d'expression n'est pas bafouée. Mais l'auteur de MR a ensuite répondu qu'il faut plus de deux jours pour trouver un autre hébergeur, et qu'il n'a pas d'argent pour cela (les hébergeurs commerciaux étant beaucoup plus chers). Il a vu cela donc comme une sanction forte, contrairement à la création de contre-sites (il a dit du style "Vous pouvez faire tous les contre-sites que vous voulez, mais laissez-moi mon site").
Face à cela, on peut arguer que celui qui visite leur site n'aura pas l'occasion de visiter le contre-site pour voir les arguments contraires.

Que craint-on au juste, que veut-on réaliser en pratique contre lui ? Est-on contre la présence d'un tel site sur le web avec son nom de domaine ? Non, puisqu'on argue contre lui qu'il est libre par la possiblilité qu'il se faire héberger ailleurs, avec le même domaine. Je ne vois pas en quoi cette idée, si elle a lieu ainsi, peut avancer à quoi que ce soit, sinon de le sanctionner financièrement (et donc en l'occurence de tuer son site, du fait de la circonstance de son manque d'argent qui n'a rien à voir avec le fond du problème qu'on lui reproche).
Si on veut vraiment sanctionner ses idées et non le sanctionner sur un plan purement technico-financier (le mettant en l'occurence à terre pour son manque d'argent, fait qu'on a ignoré dans la balance - curieux pour une association qui se veut anticapitaliste à la base), je pense qu'on devrait plutôt profiter de ce rapport de force manifesté par les circonstances et le vote qui a eu lieu, pour imposer une autre sanction, qui pourrait, s'il n'est pas trop tard et si les différentes parties se sont exprimées sincèrement, arranger tout le monde: obliger MR à ajouter un lien vers les contre-sites qui seront créés par ceux qui veulent le critiquer (qui ont été jusqu'à juger son cas digne d'exclusion: vus les résultats du vote, il ne devrait pas manquer de volontaires pour cela).
Finalement, MR a simplement déménagé vers Ouvaton.

Longtemps après (en avril 2004), il y eut un débat encore quasi unanime dans ses cris d'horreur et sa volonté de résistance face à l'arrivée d'une nouvelle loi sur la responsabilité des hébergeurs quant aux sites hébergés. J'ai alors lancé un pavé dans la mare de leur belle unanimité en leur balançant le message suivant:

Bonjour. Mon petit grain de sel (ou troll suivant le point de vue) à ce débat:

Je trouve assez étranges ces tentatives désespérées de chercher la petite bête qui arrivera à démontrer le cheveu de rapport aussitôt assimilable à une identité de nature, entre ce que ce que nous ont concocté nos chers élus que nous haïssons tous, et le spectre de nos cauchemars préférés que représente le nom du crime doucement effrayant de "justice privée", et de voir l'association L'Autre Net comme devant arborer l'emblême de la croisade universelle contre ce spectre et tout ce qui semble
lui ressembler pour ne pas renier son âme, après que cette même association ait fait la preuve concrête de sa propension à se
comporter elle-même en justice privée, et ce dans tout son travers sans avoir besoin qu'aucune loi ne l'y pousse, sur le cas de l'affaire [MR].

Concernant l'avis de (...), j'ai une question:

"parce que wanadoo, free et autres ovh n'ont pas l'engagement citoyen les incitant à héberger des métropub, sud, lcr et autres mouvement minoritaires."

Quand on parle d'engagement citoyen à héberger des sites non politiquement corrects,
parle-t-on uniquement des sites de nos militants de gauche favoris qui proclament
les slogans qui nous plaisent, ou parle-t-on de tous les sites hors normes même ceux
qui ne sont même pas dans nos normes à nous ?

Passons maintenant à d'autres sujets.

Un sujet est celui du caractère ou de la corruption des hommes politiques, de leur mensonge ou de la répugnance qu'on peut avoir contre tel ou tel mesurée sur l'échelle de Richter.
Je dirais qu'il s'agit d'une mesure à au moins trois dimensions:
1) La malhonnêteté
2) La perversion du système de valeurs dans lequel on évolue (pouvant être affichées ou non)
3) La bêtise ou incohérence des méthodes.

Commençons par caractériser la malhonnêteté.
Je dirai la vision que j'en ai; si vous voyez cela autrement vous pouvez toujours m'indiquer votre avis.

L'honnêteté est le trait de caractère qui oblige quelqu'un à énoncer des thèses conformes à ce qu'il croit, d'après l'idée qu'il se fait de la justice. Cela l'oblige également à refuser la corruption, ne pas commettre de détournement de fonds et ne pas faire pression sur la justice pour éviter un procès (qui d'ailleurs ne doit pas avoir lieu d'être puisqu'on n'aurait rien à se reprocher).
La malhonnêteté, au contraire, est la tendance qui amène quelqu'un à ne pas tenir compte des valeurs morales, de ce à quoi il croit concernant l'intérêt des autres. D'ailleurs, il mène à ne prêter aucune attention à ce qu'est l'intérêt des autres ou la vérité, mais à ne s'intéresser qu'à son intérêt personnel (financier ou autre) et aux moyens de le satisfaire.
Le malhonnête est opportuniste, libre de dire la vérité ou le mensonge ou d'énoncer n'importe quelle valeur, bonne, mauvaise ou ignoble, en fonction des conditions dont dépend son intérêt personnel. Si son intérêt l'oblige à ne pas se contredire pour sembler avoir des valeurs, il ne se contredira pas et semblera avoir des valeurs.
Si son intérêt est satisfait par la prise de décisions justes, il prendra des décisions justes.
Si son intérêt est de faire mourir des centaines de milliers de personnes pour en tirer un bénéfice quelconque (par exemple celui de ne pas sembler se contredire pour préserver sa réputation), il fera mourir des centaines de milliers de personnes.
Cela ne lui pose aucun problème, tout en affichant d'autre part en paroles les plus hautes valeurs morales, du moment qu'il a les moyens de circonscrire les remarques sur cette contradiction entre les valeurs affichées et les valeurs pratiquées.
D'ailleurs, il serait faux de dire que ces meurtres sont des actes ignobles: en effet, c'est sans haine qu'il les commet (Remarque: beaucoup de ceux qui sont ici scandalisés par cette qualification s'apercevront dans la suite de cet argumentaire qu'en réalité ils y souscrivaient depuis très longtemps). Car il n'y fait même pas attention, puisque seul compte pour lui le résultat final, qui est de savoir de combien il s'enrichira.
Qu'il arrive aux mêmes fins avec ou sans effusion de sang n'a pas pour lui d'importance.

Il y a probablement des gens qui voient différents degrés d'horreur dans la malhonnêteté.
Personnellement, je ne saisis pas le sens de cette distinction. Si un homme politique commet des détournements de fonds, alors pendant qu'on y est, je ne vois pas ce qui le retiendrait d'exterminer des centaines de milliers de personnes s'il en a besoin; aussi bien il pourrait être un chef maffieux. S'il ne l'est pas, ce n'est qu'une affaire de circonstance (ayant l'expérience et des jalons dans un domaine il est plus rentable d'y rester pour continuer à en profiter) ainsi qu'une affaire d'environnement culturel (voulant rester pénard et ne pas risquer sa peau ou autre chose par exemple): les meurtres c'est pas son truc, il préfère laisser ça à d'autres, éventuellement en sous-traitance. Ou pas du tout, si cela ne l'arrange toujours pas.

Essayons maintenant cette grille de lecture sur un exemple, qui date déjà de quelques années: la guerre en Yougoslavie.
Deux ou trois ans avant que cela n'éclate, j'ai évoqué le sujet avec un normalien, qui ne souhaitait pas étudier la question de près mais m'a sorti l'argument suivant:
Les partis du centre sont pour l'intervention, les extrêmes sont contre. Donc, le refus de l'intervention est une attitude extrêmiste. Donc il est bon d'intervenir.

Parmi les deux constatations évoquées, laquelle serait l'argment ? Est-ce que l'avis du centre serait un bon signe de vérité, ou bien est-ce le contrepied de l'avis des extrêmes qui le serait ?
Prendre le contrepied de l'avis de qui que ce soit comme indication de vérité me semble une aberration dans tous les cas, d'après l'argument plus haut: le menteur est libre de dire la vérité (ce à quoi il croit) ou le mensonge, suivant les convenances.
Il reste deux choses.

D'une part, l'avis du centre comme indication de vérité supposerait que le centre soit honnête. Cela me paraît fort douteux. Il suffit de considérer pour cela tous les détournements de fonds publics, ainsi que le chiffre des centaines de milliers d'enfants Irakiens morts à cause de l'embargo qu'ils ont maintenu. Ces centaines de milliers de morts ont pesé dans leur balance comme une quantité négligeable. Le conflit du Golfe n'était qu'une histoire de pétrole déguisée en une lutte contre un nouvel Hitler. Beaucoup de gens l'ont finalement reconnu... mais ont déjà tourné la page, puisque ce n'est plus d'actualité, pendant que cet embargo continue de faire des morts et que quelques petites bombes y sont encore larguées de temps en temps pour le sport.
Lors de la guerre du Golfe, je crois me souvenir que Le Pen était le seul homme politique à la dénoncer comme une vulgaire affaire de pétrole, et il s'est fait huer par les médias pour cela.
(Si je me trompe, qu'on me le signale simplement. Merci.)

D'autre part, il y aurait l'avis des médias, journaux télévisés semblant montrer que l'intervention était nécessaire. Là non plus, cela ne me semble pas un critère, quand on voit à quel point les médias sont contrôlés et capables de faire avaler aux gens n'importe quoi.
La dictature de la bêtise à la télévision est manifeste.
Lors de campagnes électorales, seuls les "principaux partis" autoproclamés ont un droit d'antenne substanciel, reléguant les nouveaux non-affiliés à ces partis, à un rôle de figuration.

Voici maintenant quelques opinions sur des points de programmes électoraux.
Certains disent: l'arrivée de Le Pen au pouvoir serait un danger pour la France et pour la République.
Je dirais oui, mais pas pour les raisons qu'on imagine.
En effet, si Le Pen arrivait à l'Elysée, ce palais serait aussitôt mis à sac par les manifestants anti-lepen, avant même qu'il y entre. Il n'y aurait plus de poste de président, il n'y aurait plus de République. Plus personne pour obéir au pouvoir. Ce serait donc l'anarchie.
Ce danger étant totalement indépendant des intentions réelles de Le Pen dont tout le monde se contrefiche d'ailleurs, pour ne parler que de leurs fantasmes orwéliens ou autres.

J'approuverais que la France sorte de l'OTAN, puisque cette organisation s'est avérée (en Yougoslavie notamment) être l'étendard d'actions maffieuses.
Par contre, je souhaite que l'Euro reste. Je désapprouve le protectionnisme (ou alors il faudrait vraiment qu'on m'explique à quoi il serait bon), parce que je pense que nous ne devrions pas garder jalousement nos emplois pour nous, le commerce international libre pouvant être une chance de développement pour les pays pauvres (du moment qu'il est authentiquement libre, c'est-à-dire respectueuse, sans exercer de mauvaises contraintes sur le mode de production qui a lieu dans ces pays; ce problème est loin d'être simple et devrait être discuté en profondeur pour que de vraies solutions puissent être mises en place, et non rejeté par des slogans lapidaires du style "A bas le capitalisme" qui n'avancent à rien).

Je ne vois pas ce que peut bien signifier la "préférence nationale": une entreprise est libre ou ne l'est pas. Si elle l'est, elle peut embaucher ou licencier qui elle veut. Si elle ne l'est pas, c'est que des formalités administratives inextricables pèseront sur elle.

Je suis contre l'augmentation du budget de la Défense, la priorité pour moi étant la réduction du déficit et le remboursement des dettes de l'Etat, pour pouvoir faire face au problème grave et imminent des retraites. La professionnalisation des armées était une bonne chose.
Maintenant, si on veut une défense plus efficace, il faudrait songer à restructurer l'armée pour mieux en utiliser les ressources (chasse au gaspillage, comme pour pas mal d'administrations).

(ce texte fut inachevé; voir texte suivant qui entre dans le vif du sujet)



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