Principes d'un système monétaire libre, puissant et stable pour l'ère numérique

Ce texte n'est encore qu'un brouillon, désolé.
J'ai récemment (avril 2007) ajouté des développements supplémentaire dans la version anglophone de cette page. A savoir, le positionnement de mon projet par rapport à des projets concurrents, ainsi que l'exposé d'une présentation mathématique plus directement implémentable en pratique.

Une petite histoire pour introduire l'idée

La coutume veut qu'une théorie économique soit présentée sur un exemple d'une société à un petit nombre d'individus. Voici donc un exemple de scénario d'usage du système monétaire enfin parfaitement et véritablement libéral (que je conçois d'implémenter à grande échelle par de nouveaux logiciels) dans une société à quatre individus. Plus besoin alors de support informatique formel, les informations sont connues de tous et les relations s'établissent naturellement.

Luc dit: Je fais des manteaux. J'ai confiance en Jacques et en Paul, et je serais prêt à leur avancer un manteau, j'ai confiance qu'ils m'en rendront la valeur par la suite, éventuellement sous forme d'une paire de bottes.

Jacques dit à Luc: avance-moi un manteau, j'en ai besoin et t'en rendrai la valeur plus tard.

Luc accorda donc un manteau à Jacques, et l'annonça.

Paul fabriquait des bottes, mais il avait besoin d'un rasoir éléctrique, que vendait Claude.

Claude dit à Luc: j'ai confiance en mon ami Jacques, et je suis prêt à lui avancer la valeur de cet objet. Je vais donc envoyer un rasoir à Paul, bonne réception garantie. Désormais c'est Paul qui te devra des bottes, car puisque tu as confiance en lui tu sais qu'il te les fournira. Luc rapporta à Jacques: suite à cela, c'est désormais envers Claude que tu auras une dette.

Tous furent d'accord. Plus tard, Paul reçut un paquet de Claude, l'ouvrit, mais n'eut pas satisfaction: le rasoir était défectueux et ne pouvait pas fonctionner. Il envoya une plainte à Claude, qui n'en fit rien. Il dit alors à Jacques: le colis de Claude n'était pas bon. Ne lui rends donc pas cette valeur, rends-la plutôt à Luc, à qui je ne dois plus rien dans de telles conditions. Il fit également connaître sa plainte à Luc, qui appuya cette demande envers Jacques.

Mais Jacques refusa, pour ne pas trahir son ami Claude. Il répondit que Claude avait fait son envoi et n'est pas reponsable des mauvaises manoeuvres de Paul qui a cassé son rasoir, et que donc c'est à Claude qu'il rendrait quelque chose.

Paul dit à Luc: Luc, tu m'as fait confiance, tu sais que je ne mens pas quand je dis que le colis est arrivé défectueux. Jacques est malhonnête, il n'a pas voulu reconnaître le caractère défectueux du colis de Claude. C'est toi qui as dit que Jacques était honnête, donc tu portes la responsabilité des conséquences de ses mauvais jugements. Moi je ne te dois rien.

Luc dit à Jacques: tu as trahi ma confiance en toi par ton jugement irresponsable. Ainsi tu as refusé de me rendre la valeur de ce manteau. Par ta faute je ne la récupèrerai pas.

Jacques se repentit, et dit à Claude: Paul a raison, je rendrai à Luc son dû.

Claude, voyant qu'il ne tirerait aucun profit de cette affaire dans de telles conditions, envoya un nouveau colis à Paul, en bon état celui-là. Paul l'annonça, et tous firent comme ils avaient convenu pour cette transaction.

Quelques aspects de définition d'une monnaie


Une bonne monnaie doit être un contrat social fondé sur les caractéristiques suivantes:

Motif: mesure du mérite, des services que l'individu a donné à la collectivité et donc de ce que la collectivité lui doit en retour. Les critères de cette mesure sont soumis à débat et corrigeables.

Mesure de référence-étalon: une quantité de biens et services réels à venir, en sorte qu'un possesseur de monnaie sache quel confort sa somme monétaire lui garantira. Autre référence possible: la moyenne des valeurs que prendront à l'avenir des capitaux productifs donnés, afin que les entrepreneurs ne soient pas surpris par un boom, une crise ou une catastrophe naturelle mais que l'ensemble des épargnants joue implicitement un rôle de réassureur sur l'ensemble de l'économie.

Contenu économique: part de propriété de l'ensemble des capitaux productifs de l'économie où réside sa contrepartie: l'emprunt représenté par une quantité négative de monnaie.

Garantie: confiance à construire d'individu à individu suivant les relations de crédit, qui peuvent suivant les choix passer par le système de pouvoirs que nous avons annoncé. C'est une autorisation qu'on donne à l'autre de passer à une possession monétaire négative dans des limites données de quantité et de temps. Les prises de risques liés à ces crédits accordés peuvent être compensés par des taux d'intérêts, en fonction des contrats.

Masse totale: zéro par définition. La somme des monnaies portées par les individus définit la dette de l'Etat, ou plutôt de ce qui jouera le rôle d'Etat dans le nouveau système (il n'y a en fait pas vraiment d'Etat mais on peut quand même donner un certain sens aux propositions présentes). Mais l'Etat ne doit pas être débiteur (sinon tous voudront rendre la clé et la dette restera seule sans personne pour la payer), s'il a des dettes monétaires elles doivent être compensées par des possessions concrètes (services publics payants,...), ou perspectives de taxes vertes, bien que l'honnêteté obligerait à faire de ces dernières une épargne au profit des générations futures.

Forme, support: données informatiques.

Les 2 grands problèmes de la monnaie

- Structurer les crédits
- Stabiliser la monnaie par des références-étalons adéquats, sur la base des marchés à terme
J'ai assez bien développé la théorie mathématique nécessaire à la résolution du premier problème, suivant l'exposé ci-dessous (et des compléments dans la partie en anglais).
Il resterait à développer une théorie mathématique pour l'autre problème. Désolé, c'est un travail qui reste à faire, et que j'espère faire à l'avenir.

Introduction

Les systèmes monétaires actuellement en vigueur sont un fruit de tatonnements de l'Histoire. A force d'expériences, d'échecs, de catastrophes et de recettes pour les résorber, on est arrivé à un résultat qui a l'air de tenir la route, mais qui est toujours sujet à des fluctuations parasites, et n'est pas à l'abri d'un effondrement général à l'avenir même si ça n'a pas eu l'air de se produire au cours des dernières décennies dans les pays développés.
De plus, les technologies de l'information nous rapprochent progressivement d'une virtualisation de la monnaie qui remet en cause les moyens d'appliquer les recettes aussi péniblement élaborées au cours des âges pour assurer la stabilité monétaire: une limitation de la "masse monétaire", symbole de la fluidité des transactions monétaires. En effet, la numérisation de la monnaie la rend infiniment fluide et lui permet même éventuellement de se développer par le seul jeu des flux d'information en dehors des contrôles de l'Etat. La stabilisation de la monnaie par le contrôle des limites de la fluidité des transactions perd son sens.

Mais si cette virtualisation présente un danger pour le système actuel, et alors qu'elle est inévitable par la force du mouvement de l'économie vers le progrès technologique et l'élimination des coûts de transaction inutiles, elle représente l'opportunité nouvelle de mettre en place un système monétaire enfin cohérent basé sur de nouveaux principes.

A deux conditions:

D'abord, que l'on remette à plat tous les concepts, qu'on cesse de s'en remettre aux erreurs du passé sous prétexte d'un supposé réalisme monétaire qui oublierait que tout cela n'est qu'une construction humaine.
Certes il y a dans les systèmes passés des concepts inévitables, conséquences des principes du libre échange et qui se retrouveront donc nécessairement dans le nouveau système. Encore faut-il bien distinguer lesquels. Bref.

Ensuite, que l'innovation nécessaire se produise, qu'il se trouve des gens pour s'occuper effectivement de mettre au point le concept puis l'implémentation du système monétaire idéal, l'incarnation la plus pure et parfaite de l'Idée de monnaie.

Voici maintenant le résultat de mes réflexions sur les caractéristiques que devrait avoir le meilleur système monétaire possible, le plus stable, le plus sûr, qui ouvrirait un maximum d'opportunités d'investissement, de développement et de prospérité économique pour tous, et qui serait le plus compétitif dans l'hypothèse d'une économie ouverte à un libre marché de l'usage des monnaies.

J'ai hésité avant de rédiger cela, trouvant que cela n'était pas encore satisfaisant, car cela n'est qu'une ébauche de la théorie on aurait vraiment besoin. Mais, certains détails venant en rédigeant, il se trouve que les idées essentielles sont déjà là, même si tout n'est pas complet et que d'autres développements seraient nécessaires. Et puisqu'à cause de sa difficulté et de mes autres préoccupations, le problème risque de traîner si je le garde pour moi, le publier a donc l'avantage de permettre déjà à d'autres de travailler dessus.

Bases politiques et informatiques

Le modèle de système monétaire que nous allons décrire est prévu pour s'inscrire en complémentarité avec un projet politique plus vaste (théorie libérale du pouvoir) dont voici le début (système de forums de confiance).
Il n'y aura pas besoin de banque centrale mais une, ou plusieurs, ou de multiples, bases de données centrales complémentaires et/ou redondantes. Pour simplifier, nous décrirons les principes comme si toutes les données étaient dans un même ordinateur. En réalité, pour éviter les pertes de données on peut bien sûr les dupliquer et les stocker sur des ordinateurs indépendants; d'autre part on peut envisager que les données ne soient pas centralisées mais que chaque ordinateur soit garant de l'arrangement des données qu'il contient et qu'il sorte un minimum d'informations à l'extérieur pour permettre de vérifier les arrangements des opérations entre individus inscrits à des bases de données différentes. Bien sûr cela peut risquer de réduire les possibilités d'arrangement par rapport au cas où toutes les données seraient centralisées.
Je ne sais pas comment on pourrait élaborer un tel réseau de bases de données distinctes.

Supposant donc pour simplifier la base de données unique, ceux qui mettent à disposition les serveurs web qui les hébergent et font les opérations dessus ne sont nullement par là liés aux opérations financières qui se produisent en leur sein, lesquelles sont la seule responsabilité des individus qui font ces opérations.
Chaque individu, donc, peut faire les opérations financières et prendre les responsabilités qu'il veut, en signant électroniquement les contrats et les chèques et les envoyant vers la base de données.
Les concepts que nous allons développer ici ne reposent sur aucune recherche particulière de développement d'outils cryptographiques qui viserait à permettre des transactions anonymes. Au contraire, tous les paiements, les contrats de crédit et autres opérations seront supposées des informations issues de connexions sécurisées ou documents simplement électroniquement signés par les protagonistes, enregistrés et consultables du moins par des administrateurs des systèmes informatiques en question; à chaque chèque reçu on supposera que la base de données centrale est consultée en direct pour vérifier que le paiement passe, le compte étant suffisamment fourni.

Jusqu'ici nous n'avons rien dit de nouveau qui soit un concept spécifiquement monétaire. Les nouveautés vont venir maintenant, comme principes fondateurs de la stabilité d'un tel système.
Plus précisément, il s'avère que ces principes se divisent en deux problématiques distinctes qui réclament pour leur mise au point des recherches quasiment indépendantes même s'il pourra apparaître quelques interférences entre elles, surtout si le caractère trop imprévisible du cours de l'économie (ou de l'histoire en général) s'avère mettre ces mécanismes de stabilisation à rude épreuve.

Les économistes habitués aux théories traditionnelles de la monnaie dans lesquelles la régulation des autorisations de création de monnaie (limitation de la masse monétaire ) par les pouvoirs publics sert d'instrument de régulation de la valeur de la monnaie, par lequel on assure la stabilité monétaire (limitation de l'inflation), seront peut-être étonnés de voir ici traitées comme deux problématiques indépendantes, d'une part la question du crédit (notion qui se rapproche le plus de celle de création monétaire) livrée ici à l'entière liberté et responsabilité des individus, d'autre part la théorie de la valeur monétaire (étalons) et des échanges entre monnaies.

Théorie du crédit

C'est la partie la plus originale et probablement la plus compliquée de toutes à mettre au point, qui présente le plus de développement nouveaux.
Pour commencer, nous allons d'abord définir un prototype de départ, un concept de référence relativement simple mais cohérent, quelque chose qui soit déjà un grand progrès par rapport aux concepts monétaires actuels. Nous énumérerons ensuite une liste probablement non exhaustive de ses insuffisances et des pistes de développements qu'il faudrait formaliser plus précisément pour obtenir un système abouti. Un des principaux développements nécessaires sera longuement décrit, heuristiquement mais de manière néanmoins assez précise sous ses différents aspects pour voir se profiler le style de solution recherchée. Ainsi pourra-t-on se figurer le tableau du travail qu'il reste à accomplir jusqu'à la mise au point finale d'un système qui marche. Le problème n'est pas seulement de formaliser une bonne solution à chacune de ces insuffisances prise séparément, mais aussi de synthétiser en un tout rigoureux et cohérent ces différentes corrections par rapport au prototype initial. Cependant, ce prototype n'en restera pas moins valable comme concept dans la mesure où il devra probablement subsister dans la solution finale comme étant le modèle d'une configuration limite en laquelle elle se réduirait lorsque les nombreux paramètres supplémentaires se rapprocheront de certaines de leurs extrémités.

Le prototype

Soit un ensemble fini P qui désigne l'ensemble des individus, et soit C une application de l'ensemble PxP privé de sa diagonale (autrement dit l'ensemble des couples (x,y) où x et y sont des individus distincts) à valeurs dans l'ensemble des éléments positifs d'une droite vectorielle D qui désigne l'ensemble des quantités de monnaie. (Par commodité de convention on ajoutera C(x,x)=0). Cette application signifie: "C(x,y) est le montant du crédit que x accorde à y". Il s'agit d'un contrat : chaque individu x a choisi librement le montant des crédits C(x,y) qu'il a accordés à chaque autre individu y (non nul seulement pour un petit ensemble d'entre eux), contre une éventuelle rémunération (comme un taux d'intérêts correspondant à la prise de risque).

Soit K l'ensemble des applications M de P x P dans D telles que M est antisymétrique (pour tous x,y, M(x,y)= - M(y,x)) et M(x,y) est inférieur ou égal à C(x,y).

Cet ensemble n'interviendra finalement pas en tant que tel dans les développements qui vont suivre lesquels peuvent se définir indépendamment de la manière dont ils sont utilisés, à savoir, en prenant le théorème 2 ci-dessous en guise de définition de l'ensemble L. Notre ensemble K n'est là que pour introduire et justifier le tout comme fondé sur un concept familier qui ne joue finalement qu'un rôle de variable cachée représentant une "réalité sous-jacente" classique à ce modèle, réalité qui disparaîtra finalement sous le jeu qui sera permis par son indétermination, échappant finalement à toute tentative de précision.
Cette idée de réalité sous-jacente donc, s'énonce: la valeur de M(x,y) à une date donnée est la somme que x a effectivement prêté à y à cette date. Ainsi, y ne peut pas emprunter à x plus que le crédit que x lui a accordé.

Soit R l'ensemble des applications r de P dans D telles que la somme sur x de tous les r(x) est égale à zéro.

On définit une application naturelle T de K dans R par : pour tout M dans K,  T(M) est l'application de P dans D donnée par:
x --> somme des M(x,y) pour tout y de P.
En effet, l'appartenance de T(M) à R résulte immédiatement de l'antisymétrie de M.

Enfin, notons L la partie de R image de l'ensemble K par T.
L'ensemble L est appelé l'ensemble des distributions de monnaie autorisées.
En effet, tout élément r de L représente une distribution de monnaie où r(x) désigne le montant du compte de x. Si r(x) est négatif, on dit que x est endetté.

Voici deux petits théorèmes, dont la démonstration est laissée en exercice au lecteur :

Théorème 1. Il y a équivalence entre (L est d'intérieur non vide dans R) et (le graphe G défini par C avec P comme ensemble de sommets et {{x,y}| C(x,y) > 0} comme ensemble des arêtes, est connexe).

Désormais nous supposerons que G est connexe.
 
Théorème 2. Pour tout élément r de R, r appartient à L si et seulement si : Pour toute partie A de P, la somme des r(x) pour x appartenant à A, est supérieure ou égale à moins la somme des C(y,x) pour x appartenant à A et y appartenant au complémentaire de A.

Cela équivaut également à la même condition restreinte aux parties A de P qui soient connexes (pour le graphe obtenu en ne gardant que les arêtes {x,y} où x et y sont dans A) et dont le complémentaire est également connexe.

Considérons qu'à chaque instant est associé une distribution de monnaie en vigueur, qui appartient à L.

On appelle paiement tout vecteur de R ayant seulement deux composantes non nulles, donc opposées l'une de l'autre, la composante positive étant celle du receveur et la négative celle du payeur. Etant donnée la distribution de monnaie en vigueur r dans L à un instant, et un paiement v, ce paiement sera dit solvable si r+v
est également dans L. S'il est solvable, il peut être effectué, ce qui donne alors la nouvelle distribution de monnaie en vigueur r+v.

Quant à l'application C, elle peut évoluer au cours du temps ainsi: chaque x peut librement décider d'augmenter le crédit C(x,y) qu'il accorde à y, mais il ne peut le diminuer que dans la mesure autorisée par les termes du contrat qui le lie à y, et à condition que le nouvel ensemble L qui en résulte contienne toujours la distribution de monnaie en vigueur laquelle n'est pas modifiée (sauf en cas de faillite de y faisant remonter r(y) aux dépens de r(x), suivant les termes du contrat).

Le problème, c'est que les contrats de crédits seront en fait plus compliqués que cela, entraînant souvent des déviations par rapport au mode fonctionnement global que nous venons de voir.

Voici à présent différents problèmes appelant à des modifications par rapport au modèle ci-dessus.

Pouvoir de crédit

Il s'agit de permettre à chacun de déléguer à une autre personne la charge d'accorder des crédits en son nom, autrement dit de telle manière qu'en cas de faillite ou mauvais remboursement, on porte soi-même une part de la perte sans que celui qui a accordé le crédit défectueux ne soit lui-même ruiné.
Ce pouvoir est l'une des catégories du système de pouvoirs décrit dans la théorie politique déjà annoncée.

La dimension temporelle

Au lieu du modèle quasi-statique que nous venons de présenter, il faudrait un modèle étendu dans la dimension du temps futur, où le crédit accordé serait non une simple quantité mais une fonction du temps à venir le plus souvent décroissante et tendant vers 0, précisant le rythme des échéances auquel on demande que les emprunts soient remboursés. Notamment, il s'agit d'éviter les risques du genre où quelqu'un emprunte à court terme pour prêter à long terme, et risquerait de se retrouver de manière prévisible à court de liquidités alors qu'il a des valeurs de côté.

Je n'ai pas actuellement développé cette question. Il s'agit peut-être là d'un problème majeur qui nécessiterait un développement comparable voire supérieur à celui que nous allons décrire maintenant.

Nous allons en effet développer à partir d'ici quelques problèmes de la théorie du crédit, qui s'avèreront s'assembler entre eux et se compléter d'une manière remarquable. (La présente liste des problèmes à prendre en compte pour une théorie du crédit ne se prétend pas nécessairement exhaustive)

Crédits sous condition de limitation d'endettement

On peut soumettre le crédit qu'on accorde à quelqu'un à la condition que le total de son endettement envers ses différents créanciers ne dépasse pas une certaine somme, de peur que son surendettement ne l'empêche d'honorer ses emprunts. Soit donc un contrat de crédit énonçant "J'accorde à untel un crédit d'un montant x dans la mesure où il ne s'endette pas au-delà d'un montant de y" (où x < y). Dans cette condition, c'est seulement si parmi ses autres créanciers quelqu'un d'autre lui accorde en toute connaissance de cause un crédit de x' avec permission de s'endetter jusqu'à un montant y' > y (c'est-à-dire que son compte descendrait jusqu'à la valeur négative -y' < -y ; supposons ici que l'autre soit le seul à accorder une limite supérieure à y) qu'il pourra en fait s'endetter jusqu'à un montant z seulement limité par min(y', y+x', somme des x de tous les créanciers). Cela donnera au premier créancier de notre histoire une priorité du remboursement telle que le second ne verra pas le montant de son crédit réduit (débloqué) au-dessous du plus grand des z-y ayant eu lieu, tant que le premier ne sera pas intégralement remboursé (c'est-à-dire qu'il puisse annuler son crédit; sauf s'il accorde de nouveaux crédits entre temps bien sûr).
Ce point de la limitation d'endettement comme clause de contrat de crédit mériterait d'être plus développé.

Réservations de liquidités individuelles et masse monétaire

Etant donné un point r intérieur à L, nous allons chercher un voisinage de r dans L ayant une forme commode, à savoir de la forme suivante :

Soit une application m de P dans D telle que pour tout x, m(x) appartient à [-somme des C(y,x), r(x)[. Cela va permettre de définir un voisinage V(m) de r dans R, comme étant

V(m) = { r' dans R tel que pour tout x, r'(x) est supérieur ou égal à m(x)}.

Comme la taille de ces ensembles V(m) tend vers 0 lorsque la somme des m(x) tend vers 0, autrement dit lorsque chaque m(x) tend vers r(x), il existe un tel m, tel que V(m) est un voisinage de r inclus dans L.

Si tel est le cas, alors on peut considérer d'employer ce V(m) à la place de L comme ensemble de distributions de monnaie autorisées, c'est-à-dire que tout paiement qui ferait quitter cet ensemble V(m) sera refusé. Plus généralement, même si V(m) n'est pas inclus dans L, on peut considérer d'employer ainsi V(m) dans le cas où les circonstances ne laisseraient guère de risque en pratique qu'il advienne une suite de paiements demeurant dans V(m) faisant quitter L.

Définition. A chaque instant, la monnaie liquide détenue par un individu x est la quantité r(x)-m(x). La masse monétaire en circulation est donc la quantité (somme des r(x)-m(x)= - somme des m(x) pour x parcourant P).

Cette restriction de l'ensemble des distributions de monnaie autorisées à un tel ensemble V(m) pourrait sembler un inconvénient dans la mesure où elle interdit certains paiements qui auraient été possibles avec L.

Par contre, cela apporte l'avantage que le risque qu'un paiement soit bloqué ne pourra venir que du fait que la somme payée dépasse la réserve de liquidités du payeur uniquement, ce qu'il peut clairement prévoir; au lieu que cela dépende des derniers aléas des paiements effectués par d'autres personnes qui ne le regardent pas: "Désolé, nous ne pouvons pas accepter votre paiement parce que les personnes à qui vous avez accordé des crédits viennent de les utiliser en empruntant votre argent, tandis que les gens qui vous ont fait crédit n'ont pas encore reçu leur paie et que les autres crédits qu'ils ont accordés viennent aussi déjà d'être utilisés".

Expression mathématique du problème

Le problème à résoudre est le suivant : étant donnée une fonction de crédits C de graphe connexe ayant un grand ensemble P de sommets reliés chacun à un petit nombre d'autres de manière à peu près aléatoire, et un r nettement intérieur à L, peut-on trouver un tel voisinage V(m) de r qui soit inclus dans L, et offrant une masse monétaire assez importante pour les besoins du marché, à savoir proportionnelle à la population (permettant à chacun d'avoir une quantité de liquidité aussi importante lorsque la population augmente), en sorte que la restriction des possibilités de paiements qui en résulte ne soit pas dramatique ? Bien que cela puisse surprendre au premier abord, nous allons montrer que oui. Bien sûr, ensuite si l'on veut implémenter effectivement le système, il sera nécessaire d'étudier plus en détail l'ensemble des fonctions m possibles et ses propriétés pour faciliter le calcul de cet ensemble, voir comment adapter la distribution des liquidités suivant les besoins et l'optimiser pour limiter le gaspillage de ses ressources (comme lorsqu'une réservation de liquidité pour un individu nécessite une destruction totale de trois ou quatre fois plus de liquidités pour d'autres). Faute d'avoir réalisé une telle étude nous ne l'exposerons pas.
Nous nous contenterons donc de montrer de manière approximative la présence de larges possibilités.

Pour cela, nous allons à présent traduire ce problème sous une forme légèrement plus simple, par les changements de variables suivants:

Soit la pondération des arêtes du graphe donnée par: pour tous x différent de y,
B({x,y}) := C(x,y)+C(y,x).

Les application m recherchées se traduisent par l'application f définie par
f(x)=m(x) + somme des C(y,x).

En sommant sur x on a d'une part
Somme des f(x) = (Somme des B(e) où e décrit l'ensemble des arêtes de P) - (Masse monétaire).

D'autre part, la condition d'inclusion de V(m) dans L s'exprime d'après le théorème 2 par la condition: pour toute partie stricte A de P,

somme sur A des m(x) >/= - somme des C(y,x) pour x dans A et y hors de A

ce qui se traduit en ajoutant des deux côtés la somme des C(y,x) pour tous les x dans A et tous les y par

somme sur A des f(x) >/= somme des B(e) pour toutes les arêtes e de A.

On remarque que pour A =P ou approchant P cette condition devient absurde, la masse monétaire devant être positive. D'autre part, les cas des A singletons imposent que tous les f(x) sont positifs.

Nous verrons plus bas pourquoi seules seront finalement prises en compte ces conditions pour les parties A petites par rapport à P.

Finalement, le coeur du problème mathématique s'exprime ainsi:

Etant donné un graphe connexe fini mais grand et de structure à peu près aléatoire, où chaque sommet est relié à un petit nombre d'arêtes (de quelques-unes à une dizaine), muni d'une pondération B des arêtes par des quantités strictement positives, trouver une méthode de recherche des pondérations f des sommets par des quantités positives telles que la somme des poids f(x) des sommets soit significativement inférieure à celle des poids B(e) des arêtes, et pour chaque sous-graphe relativement petit, la somme des poids de ses sommets soit supérieure ou égale à celle de ses arêtes.

Ces conditions sont équivalentes aux mêmes conditions restreintes aux sous-graphes connexes: en effet, sa réalisation sur un sous-graphe non connexe résulte par sommation de celle sur chacune de ses composantes.

Montrons donc que la présence d'une masse monétaire significative est compatible avec cette condition sur les A minoritaires. Rappelons que, par la manière dont nous avons construit ce problème, les solutions f correspondant à une masse monétaire nulle s'obtiennent en décomposant chaque B(e) en somme de deux quantités positives affectées à ses demi-arêtes, et en affectant chaque sommet du poids donné par la somme des poids de ses demi-arêtes. Pour avoir une masse monétaire importante, il faut donc se permettre de prendre pour chaque arête e deux quantités dont la somme soit inférieure à B(e), ou pour le présenter autrement, que le poids de chaque sommet soit inférieur à la somme des poids de ses dem-arêtes.

Là intervient l'hypothèse importante suivante, résultant de caractère à peu près aléatoire de la structure du graphe:

Tout petit sous-graphe A a un nombre d'attaches à son complémentaire de l'ordre de sa taille (nombre de sommets ou d'arêtes internes).

Autrement dit, il n'y a pas de communauté fermée A de personnes qui forment à peu près un monde clos, auquel le reste du monde ne ferait guère confiance à quelques exceptions près, mais la population considérée est celle d'un monde ouvert, avec de multiples relations qui traversent en permanence les différentes frontières géographiques, de communautés ou autres qu'on pourrait considérer. (Voir plus bas l'examen du problème des communautés fermées).

Ainsi se trouvera satisfaite la condition recherchée.

Premières raisons d'oublier les conditions sur les parties A majoritaires.

Commençons par rappeler le caractère hautement improbable du risque ici évoqué, à savoir qu'une majorité de gens décident tous d'épuiser leurs liquidités par des paiements qui d'un coup enrichiraient donc fortement la minorité restante, le risque étant que cette minorité n'accorde pas suffisamment de confiance à la majorité débitrice pour accepter ces paiements. Or, même ce risque n'en est pas un, car quiconque a l'occasion de s'enrichir aura pour cela intérêt à décider où placer sa nouvelle épargne. Personne ne s'interdit lui-même de s'enrichir, on se le permet en définissant ses placement, c'est-à-dire que l'on accorde des crédits chaque fois limités non pour limiter ce que le reste du monde peut nous emprunter au total mais pour sélectionner qui en particulier dans le reste du monde pourra le faire, lorsqu'une occasion d'épargne se présente. En prévision de rentrées d'argent inattendues, il vaut mieux avoir une réponse toute préparée à cette question de l'accord de nouveaux crédits. Le dernier risque qu'on peut envisager serait que la minorité en question soit incapable de trouver à qui accorder crédit ou formerait elle-même un monde clos tentant vainement de s'échanger leurs crédits les uns aux autres, sans atteindre la majorité débitrice qui en a besoin. Mais même cela n'a que peu de risque de se produire, pour la raison suivante.
Si l'on ne connaît pas soi-même assez d'investisseurs fiables, on peut avoir recours au système de pouvoirs de crédits évoqué plus haut, où des délégués se chargent de moyenner et redistribuer largement les ressources de financement des différents épargnants à travers le vaste monde. Aucun groupe restreint ne peut exiger d'être choisi en particulier pour recevoir des crédits du reste du monde, mais tout groupe restreint est libre d'accorder et disperser ses crédits vers le reste du monde et pour cela y dispose d'un large choix.

Donc sinon, à ces exceptions près et via les aménagements que nous venons d'évoquer qui seront entrepris face à une situation nouvelle, il apparaît que tous les éléments de V(m) même les plus extrêmes, lorsqu'on les approchera, appartiendront bien à ce que sera alors l'ensemble L, CQFD.

(Nous verrons plus loin d'autres raisons)

Problème de l'apparition de communautés fermées

Le problème dans le cas d'une communauté de gens se faisant crédit les uns aux autres mais recevant peu de crédit de l'extérieur est celui-ci: ces gens pourraient très bien considérer de se payer leurs échanges entre eux, donc se comporter entre eux comme ayant chacun de bonnes liquidités, mais si jamais ils s'avisaient tous ensemble d'employer cet argent pour faire des achats à l'extérieur, cela constituerait un acte massif d'emprunt de la communauté auprès de l'extérieur, lequel n'a pas accordé suffisamment de crédit à la communauté pour pouvoir l'accepter.

Comment pourrait-il arriver une telle situation où une communauté viendrait à s'endetter au-delà des crédits qui lui sont accordés ?
Par exemple, l'ensemble A qui dépense ses liquidités pourrait être l'ensemble des personnes folles et dépensières auxquelles il serait trop risqué d'accorder des crédits. Si tel était le cas, on pourrait envisager de se dire qu'il est bon de toute manière d'appliquer la règle, à savoir de ne pas accorder à cette majorité irresponsable de liquidités à la hauteur des crédits qu'ils se sont accordés les uns aux autres. Mais tout de même, cette affaire est un peu grosse. Avant que ces gens ne dépensent tous leurs crédits qu'ils se sont accordés les uns aux autres, il y a des chances qu'ils s'aperçoivent de leur erreur qui les affecte eux-mêmes en premier lieu, lorsque nombre d'entre eux constateront que ces crédits excessifs envers des gens trop endettés paralysent leurs transactions...
Une situation plus sérieuse et préoccupante serait le cas d'une classe sociale plus pauvre, ou encore, dans le cas d'un système international englobant des habitants de pays riches et de pays pauvres, l'ensemble des membres habitant un pays pauvre.

Sinon, face à la présence d'une communauté fermée au point de manquer de crédit de la part de l'extérieur pour valider les liquidités internes, on pourrait toujours considérer une manière de prendre acte de cet état de fait consistant à reconnaître la présence de plusieurs types de liquidités distinctes en circulation: celles internes à la communauté d'une part, celles reconnues par l'extérieur d'autre part. Face à une telle situation, il faudrait développer des règles de fonctionnement spécifiques des relations et convertibilités entre ces monnaies, règles qui restent à mettre au point (mais une ébauche en est décrite plus bas).

Problème de l'adaptation de la masse monétaire

Ensuite, un problème qui se posera est de gérer les modifications de m suivant les besoins, de telle sorte que chacun ne réclame pas plus de liquidités que ce qui permet à V(m) de pratiquement demeurer dans L : taxera-t-on les liquidités demandées comme un taux d'intérêts ? Le coût de détention d'une liquidité pour l'individu dépendra-t-il des circonstances et comment ? Celui qui demanderait un jour davantage de liquidités achèterait-il ce droit comme sur un marché à d'autres disposés à réduire leurs liquidités pour permettre cela ? Il ne devrait pas en tout cas être avantageux de demander au départ une liquidité excessive rien que pour le bénéfice de la revendre.

On peut remarquer que la notion précédente de crédit sous condition de limitation d'endettement réalise déjà un travail de limitation dans le sens de la notion recherchée ici. Comme tout le problème que nous avons soulevé consiste à décider dans quelle mesure on limite la liquidité des uns pour préserver celle des autres, on remarque que cette règle individuelle et naturelle de limitation de la liquidité met déjà des limites au domaine de possibilités à explorer. Cette limite à la liquidité des uns va dans le sens de permettre de libérer celle des autres, ce qui pourrait même éventuellement la laisser aller jusqu'à cette même limite, sans qu'il soit nécessaire de se poser davantage de questions.

Un phénomène qui en résulterait, et sur lequel il peut être bien de s'interroger pour savoir si on est d'accord, est celui-ci: par exemple deux individus A et B accordent chacun un crédit à C d'un montant de 2000 unités avec une limitation d'endettement de 3000. De même, C et D accordent des crédits de 1500 chacun à E avec limitation à 2000. Finalement C, D E font tous trois faillite alors que C avait une dette de 2800 et E une dette de 2000. Ainsi A et B perdent 1900 unités chacun, ce qui est en accord avec les contrats qui limitaient la responsabilité à 2000 unités chacun tandis que C ne s'est pas lui-même endetté au-delà de 3000.

Est-on bien d'accord avec cela ?

Degrés de confiance, priorités de remboursement

Suivant le degré de confiance que l'on a ou le type d'investissement qu'on veut faire, on peut considérer de prendre une part plus ou moins risquée de crédit envers quelqu'un, consistant à décider, en cas de faillite, qui a priorité d'être remboursé. On peut aussi prendre une part proportionnelle au risque quel que soit l'ampleur du déficit. Cette prise de risque serait rétribuée suivant les contrats de crédit décidés, dépendant de ce degré d'implication. On peut aussi envisager de conditionner un crédit à l'existence de quelqu'un d'autre prenant telle ou telle autre part du risque, proportionnelle ou autre...

Elasticité rétroactive des responsabilités pour dégager des liquidités de risque infime

Il s'agit de répondre au besoin de libérer certaines personnes de la nécessité de se préoccuper des crédits à accorder au reste du monde, pour le cas où cela leur apparaîtrait comme une tache trop lourde dans laquelle ils ne se sentent pas compétents. Certes on pourrait toujours invoquer face à cela la possibilité de déléguer son pouvoir de crédit à quelqu'un d'autre, mais il peut arriver que même cela pose problème. Certes en toute rigueur, pour que le montant du compte soit effectivement honoré par le reste du monde envers le membre, c'est-à-dire lui offre des services en retour, il est nécessaire que le reste du monde soit honnête envers lui, et que l'humanité ne se ligue pas contre lui pour lui refuser la réalisation de ce droit (à moins que le monde ne lui refuse effectivement ce droit, l'ayant jugé coupable de quelque chose...). Le point est donc que, même si en principe on dispose du droit de recevoir à l'avenir la valeur de sa monnaie, la possibilité effective en tient à l'existence de gens fiables et honnêtes, ayant su correctement investir dans leur entreprise en sorte de disposer des ressources nécessaires pour la production des biens qui seront demandés en temps utile. Mais, faute de connaître pour cela qui que ce soit en particulier, on souhaite pouvoir ne pas choisir et laisser le reste du monde de manière indifférenciée, comme d'un bloc, assumer cette responsabilité, en comptant sur le mode de fonctionnement global de l'économie pour garantir cela. Il y aurait donc une absence de risque lié à une certaine part de la somme de liquidités en circulation, et donc un risque accru pour le reste du monde, au-delà de sa solvabilité totale théorique. Qu'à cela ne tienne, il suffit d'éviter de localiser parfaitement la division des risques, pour que même s'il arrive un certain nombre de faillites, la responsabilité en soit prise parmi ceux qui ont pris les risques, sans affecter la monnaie liquide elle-même, du moment qu'il reste suffisamment d'autres entreprises qui tiennent bon pour assurer cela.

Si on y réfléchit bien, on peut voir que cette question n'est autre que le prolongement naturel du problème de la liquidité que nous avons abordé, c'est le même problème interprété sous une perspective légèrement différente. Parler d'une liquidité sans risque est une redondance. Car, même dans le cas précédent où ceux qui portent des liquidités prennent des risques, les risques en question ne sont pas ceux de la liquidité elle-même, car ces risques demeurent fixes lorsque la liquidité circule. Ainsi, le bilan d'une différence entre distributions de monnaie successives montre ce qui a réellement circulé: c'est une liquidité non risquée.
Plus précisément, les différences entre les deux descriptions du problème telles que nous les avons formulées, qui portent sur la rupture de la condition (V(m) inclus dans L) sont, d'une part l'opposition entre les caractères potentiel et actuel (V(m) non inclus dans L devenant : r, variant dans V(m), vient à quitter L), d'autre part sur le type de partie de la population en laquelle les conditions d'appartenance à L exprimée par le théorème 2 est rompue. Le système de liquidités a été introduit sous la contrainte de ne permettre à aucun petit groupe (individu encore moins) de s'endetter au-delà des crédits reçus; le problème des communautés fermées était celui du risque de violation de ces conditions sur les groupes moyens; tandis que le point ici est d'abroger délibérément les conditions restantes, celles limitant la richesse monétaire des petits ensembles de personnes. (En fait, cette extension n'a même pas lieu d'être restreinte au cas d'un petit groupe particulier, puisque la liquidité étant libre peut se répartir de façon quelconque).

Réexprimant cela en termes de l'ensemble L initial au lieu de liquidité, cela revient à prolonger cet ensemble en ne le délimitant (en termes de sa définition par le théorème 2) que par les conditions de limitation d'endettement des seuls petits groupes.

Dans ce contexte, voici deux moyens qui nous permettront d'accroître encore la masse monétaire par rapport à la formulation initiale du problème, autrement dit de faciliter la concentration des risques sur une partie de la population au-delà de sa solvabilité totale. Et donc, que pour au moins un certain nombre d'individus, le montant moyen du risque assumé défini comme étant la somme sur les crédits qu'il a accordés, de la somme (moyenne ?) qu'il perdrait si seul le bénéficiaire de ce crédit ne pouvait plus rien rembourser (son compte ne pourra plus remonter au-dessus du montant négatif qu'il avait à l'instant considéré) tandis que les autres y parviennent, soit supérieur à la quantité de monnaie totale qu'il risque dans ces opérations.

Un moyen est de formuler explicitement une convention du genre: la part de risque assumé par un individu sur un contrat de crédit qu'il a accordé en concurrence avec les autres créanciers du même débiteur, sera fonction de la chance qu'il aura sur les crédits qu'il aura accordé à d'autres débiteurs (et de la chance des autres créditeurs).
S'il a 2000 unités sur son compte et accorde 3 crédits avec une responsabilité limitée à 1000 pour chacun, si les 3 affaires réussissent il gardera ses 2000; si l'une fait faillite et les 2 autres réussissent il ne lui restera par exemple que 1100 (voire 1000 si les autres créanciers ont d'autres malchances); si deux font faillite il lui restera 300 ou 400; si les 3 font faillite il lui restera zéro.

Un autre moyen, qui n'est qu'une méthode classique que nous rappelons, est d'assumer par des circuits de crédit différents la part haute et la part basse des risques associés à un crédit, la part haute (= la plus risquée car la dernière à récupérer en cas de faillite) étant assumée par des gens plus proches de l'entrepreneur et impliqués dans son affaire, tandis que la part basse des risques  (bénéficiant d'une priorité de remboursement) étant moins risquée serait assumée par des circuits financiers plus collectifs et dépersonnalisés, s'apparentant à un travail de banque ou d'assurance, capable par sa taille d'aggréger un grand nombre de faibles risques qui ne risquent guère de frapper tous ensemble, et de les assumer sur la base d'un avoir financier relativement faible par rapport à la somme totale des risques assumés.

Problème des commutautées fermées, encore

Continuons le questionnement invoqué précédemment sur le risque de communautés fermées: considérons un grand groupe de personnes qui s'accorde des crédits de façon interne en sorte de présenter localement des liquidités individuelles, mais dont le total sur l'ensemble du groupe dépasserait trop nettement les crédits accordés au groupe par l'extérieur. Qu'est-ce qui empêche réellement de passer outre le problème et de laisser entendre à chacun qu'il dispose réellement de la liquidité qui apparaît localement ?
Le risque que nous avons déjà expliqué, est celui que l'ensemble des membres de ce groupe se mette à dépenser en masse ces liqudités auprès du reste du monde, ne disposant plus du total de crédits nécessaires pour assumer cet endettement. Mais, et si on continuait à passer outre et qu'on leur permettait malgré tout de s'endetter ainsi ? Ah, mais il reste à préciser: auprès de qui. Auprès de gens refusant de prendre le risque d'accorder crédit à des individus particuliers du groupe, mais acceptant encore de prendre le risque de l'accorder à l'ensemble du groupe, en sorte que finalement le seul risque réel corresponde au cas d'une faillite générale du groupe. Donc, auprès de gens qui décident de porter la monnaie liquide de risque minimal émise par le système monétaire interne de cette communauté.

Le problème délicat qui demeure est celui de la limitation de l'endettement des groupes de taille moyenne (ni très petite ni majoritaire).

A savoir, d'abord constater les écarts les plus significatifs de la condition sur les groupes de taille moyenne lors de l'usage d'une liquidité locale (= permise par ses conditions vérifiées seulement localement); ensuite, évaluer le risque effectif qu'un tel écart, qui n'a pas initialement d'implication, en vienne à se réaliser, à savoir que ce groupe s'endette au-delà de la condition. Puis, signaler ce dépassement effectif lorsqu'il survient, et s'interroger si cela a ou non un sens de craindre que cet endettement excessif ne se solde par une faillite en masse de ce groupe. Plus le groupe est grand sans être une même organisation ni une même activité économique, plus le risque d'une faillite générale est faible en proportion mais fort en valeur totale, et plus la quantité de crédits reçus est également susceptible d'être faible en proportion mais forte en valeur totale. Si tout est bien aléatoire, la quantité de crédits reçus augmente plus vite que le montant de la faillite qui risque de se produire. Encore faut-il bien vérifier que rien n'est truqué, faire attention à tout cela et chercher à identifier et décrire les groupes à risque, et le cas échéant, lancer une monnaie représentant spécifiquement l'endettement de ce groupe, permettant à chacun de spéculer sur la réalité du risque associé, et de fournir ainsi un outil de régulation de ce problème par le marché.

Paiements et gages

Quand deux personnes entreprennent une transaction, on peut avoir besoin que l'un (ou les deux) s'engage(nt) financièrement en bloquant une somme de liquidité jusqu'à ce que l'affaire soit réglée. Par exemple ce peut être une caution qui sera rendue sauf en cas de problème. Dans ce cas, suivant les contextes, le contrat de transaction peut prévoir que le seul moyen que la caution ne soit pas rendue passe par la déposition d'une plainte. Par exemple, l'envoi d'un message peut nécessiter le dépôt d'une petite caution qui sera rendue sauf en cas de plainte antispam.
D'un autre côté il y a par exemple les ventes à distance où l'acheteur doit payer d'avance, mais le vendeur ne pourra effectivement recevoir l'argent qu'une fois l'objet bien reçu en bon état.
Ainsi en général on a besoin de poser une somme monétaire bloquée entre soi et quelqu'un d'autre, dont nul ne pourra disposer sans l'accord de l'autre. Tant qu'elle n'est pas débloquée, la somme des liquidités détenues par les individus est plus faible d'autant. Elle ne peut être débloquée que par l'un en faveur de l'autre, ou par un commun accord en faveur d'un tiers à déterminer, ou enfin sous forme une partition entre ces trois possibilités, si le contrat de transaction le permet. Si elle n'est pas débloquée, son traitement peut passer par une escalade de plaintes (voir le système de plaintes lié au système de forums de confiance mentionné) ou une plainte adressée à un tiers ou un ensemble de tiers (tribunal) reconnu par les deux. Elle peut finir sous forme d'un don de commun accord envers une oeuvre d'utilité publique reconnue par les deux (voir le système de pouvoir budgétaire d'utilité publique dans la théorie libérale du pouvoir).

S'il faillait reformuler cette notion de monnaie placée entre deux personnes en termes de conditions d'endettement des groupes au lieu de monnaie liquide, ce serait ainsi: l'endettement total de chaque groupe est limité par la somme des crédits accordés au groupe par le reste du monde, en comptant la monnaie bloquée entre deux personnes du groupe comme appartenant au groupe, et celle entre deux personnes dont au moins une n'appartient pas au groupe, comme n'appartenant pas au groupe.

Etalons

Le dernier grand problème est celui des étalons, c'est-à-dire de définir une convention sociale ayant pour objet de définir une mesure de la valeur réelle de la monnaie qui dure dans le temps, en sorte que les contrats de crédits qui exprimaient le devoir des uns de rendre aux autres un certain montant de richesse à l'avenir, aient une signification précise sur ce que doit réellement signifier le montant à rendre au-delà d'un simple jeu d'écriture numérique. Il s'agit par là de rechercher le meilleur moyen possible d'auto-régulation par le marché pour établir le niveau d'équilibre des taux d'intérêts réels; ces taux d'intérêts réels s'exprimeront en termes d'un taux nominal nul, sous forme d'un effet de déflation.

Sur ce thème, nous nous contenterons d'énumérer les différents problèmes qui se posent et qu'il serait nécessaire d'approfondir pour pouvoir aboutir à la construction d'un bon système monétaire. Le travail qui reste à faire est sans doute long et difficile jusqu'à la résolution du problème et la mise au point d'un système performant. Néanmoins, un tel énoncé des problèmes à résoudre est probablement une étape nécessaire pour pouvoir utilement commencer ce travail.

Pour qu'une somme monétaire puisse avoir une signification précise donc, il faut que la rapporter précisément à une quantité de richesse sous une forme qui existera à l'avenir et y aura une signification concrète.
Comme les individus n'ont pas tous les mêmes valeurs, les mêmes attentes, les mêmes besoins prévus à l'avenir, il faut permettre à chacun de choisir son propre étalon. N'ayons pas peur de mulplier les étalons comme si cela risquait de freiner le marché et la compatibilité entre les différentes monnaies. Ainsi dans la partie précédente, la multiplication des émetteurs de crédits n'a pas été une cause du blocage du marché par l'incompatibilité des différentes monnaie garanties par de multiples personnes qu'on ne connaît pas. Car les ordinateurs avec leur fantastique puissance de calcul sont là pour huiler et résoudre sans effort tout problème de traitement d'objets complexes qu'on aurait introduits sur le marché au départ. Alors, plus on permet une multiplication des objets à traiter, plus ces objets sont capables de représenter une réalité riche de diversité et de s'y adapter.
Nous présenterons d'abord les étalons primitifs, puis nous mentionnerons les valeurs boursières comme autre possibilités d'étalons.
Enfin nous donnerons un aperçu des étalons complexes obtenus par combinaisons d'étalons primitifs.
Tous ces étalons sont en fait comme des monnaies différentes circulant et s'échangeant librement en parallèle.

Etalons primitifs

Un étalon primitif est un titre de marché à terme. Il précise l'objet avec ses caractéristiques, la date et le lieu de délivrance. Qui porte une quantité ou un nombre positif d'un tel titre, a le droit de recevoir cet objet, en ce lieu, à cette date. Qui en porte une quantité négative, a l'obligation de fournir cet objet, à cette date, en ce lieu, en échange de la quantité positive complémentaire du même titre. Les porteurs de ce titre qui ne feraient pas cette opération au temps convenu, l'échangeraient automatiquement contre le prix de cet objet sur son marché, prix exprimé dans les autres monnaies. Autrement dit ils échangeraient ce titre contre d'autres titres suivant le cours pris par ce titre sur le marché des changes au dernier moment. On pourrait demander: et si cela déséquilibrait subitement le rapport de l'offre et de la demande de cet objet ? En fait ce problème n'est pas nouveau: depuis toujours, chaque jour de marché les vendeurs ignorent combien de choses ils vont vendre, mais les prix ne changent pas subitement, car on prévoit de faire des stocks en espérant vendre le jour suivant. Ici on doit simplement faire reposer sur ces méthodes un problème de calcul aux implications plus globales. Les dates convenues sur les marchés à terme doivent garder une certaine souplesse, ou bien différer quasi continument les unes des autres, ce qui constitue autant de marchés à termes parallèles différents pour un même objet, et donc autant d'étalons primitifs différents.

Le développement des marchés à terme est une manière d'améliorer la prévisibilité de l'économie, en permettant à chaque entreprise qui envisagerait d'investir en vue de produire une certaine production, de tester le marché d'avance en faisant son emprunt exprimé dans la valeur du titre de l'objet à produire. Ainsi son bénéfice sera-t-il assuré quelles que soient les fluctuations de la valeur de l'objet en question. Cela n'est qu'une bonne division du travail entre ceux qui produisent et ceux qui spéculent sur la valeur future d'un produit, lesquels peuvent contribuer à l'évaluation en toute indépendance, sans qu'aucune relation contraignante avec l'entreprise productive ne soit nécessaire pour cela. Encore faudrait-il parvenir à définir l'objet futur en question, ce qui peut être très difficile, et peut interférer avec le travail d'une entreprise à améliorer la qualité de son produit suivant des manières qu'il était impossible d'expliquer à l'avance.

Un danger qui peut apparaître lors d'une telle séparation entre activité productive et activité commerciale, est celui des maneuvres publicitaires que pourraient entreprendre les spéculateurs: misant d'abord sur un produit, une campagne publicitaire pour ce produit en augmenterait la valeur, qu'ils pourront revendre contre une autre et faire ensuite campagne pour la suivante, et ainsi de suite. Une bonne résistance de la société contre toute campagne publicitaire partiale et injustifiée est de toute manière nécessaire pour permettre un fonctionnement sain de l'économie. Ce, quel que soit le système monétaire à instaurer, mais cela est d'autant plus dangereux dans une économie dont la monnaie est basée sur les marchés à terme, car les campagnes publicitaires risquent d'agir non seulement sur le prix réel auquel un objet sera vendu, mais aussi d'avance sur le prix attendu, provoquant à l'avance des transactions basées sur des prévisions infondées concernant le prix que l'objet aura à l'avenir. Pour cela, il faut rendre l'espace médiatique à la société civile (voir la partie "pouvoir médiatique" dans la partie politique du projet).
On peut ajouter la recommandation de ne pas se fier aux rumeurs concernant la valeur à venir d'un produit, mais de juger toujours par soi-même en fonction d'informations fiables, ou de se confier exclusivement à des spécialistes qui soient des personnes de confiance (suivant encore le système de pouvoirs décrit dans le projet politique).
Ces questions resteraient à développer.

Valeurs boursières

Il s'agit de prendre comme référence de valeur future, non une quantité définie par la description d'une réalité future, mais comme étant toute la valeur future qui parviendra à sortir comme fruit d'une réalité présente donnée, à savoir (bien qu'on puisse envisager autre chose, discutons ici ce qui est en fait la plus importante quantité) le capital d'une entreprise.

Un avantage d'un tel choix est d'éviter le risque de bulle spéculative globale sur les valeurs boursières, ou pour présenter cela autrement, de compenser les effets de l'impact sur l'ensemble des entreprises d'une nouvelle situation économique aux conséquences globales (catastrophe naturelle, guerre, une nouvelle technologie qui remettrait tout en question, etc). Un autre est de répartir plus largement la prise de risque d'une entreprise, afin d'accroître la masse monétaire.

Un inconvénient est celui des défauts inhérents au système des sociétés par actions lui-même, à savoir un système de responsabilités biaisé. En effet, ce système déresponsabilise les employés en leur fixant un salaire tandis que les variations de la qualité de leur travail affecte les actionnaires qui ne sont pas eux-mêmes intervenus dedans. Les bénéfices sont partagés entre tous les actionnaires quelle que soit leur implication, qu'ils se soient intéressés de près au fonctionnement de l'entreprise pour lui donner de meilleures orientations ou qu'ils aient été de simples spéculateurs. Le contrôle de l'entreprise appartient tout entier à la majorité des actionnaires, le reste d'entre eux étant réduit à subir ou bénéficier de la gestion effectuée par la majorité.

Autrement dit, je trouve insatisfaisant ce système de sociétés par action, mais je ne sais pas ce qu'on pourrait faire de mieux. Sans doute la détention des actions d'une entreprise par ses propres employés est-elle déjà un progrès. Passons sur ce problème, qui n'est pas l'objet du présent article

Sinon, une idée serait de prendre comme valeur de référence une moyenne de valeurs d'un grand nombre d'entreprises indépendantes au sens que nous venons de décrire, même si ce ne sont pas des sociétés par actions. Cela permettrait d'éviter pour chaque entreprise séparément, le problème de la déresponsabilisation que nous venons d'évoquer. Ce n'est qu'une idée, peut-être trop difficile à réaliser.

On peut observer que cette notion de valeur boursière comme monnaie, apparaît comme un objet intermédiaire de plus entre la théorie du crédit et celle des valeurs de référence. Déjà, la théorie du crédit que nous avons présentée nous avait amené à introduire un objet relevant du même principe, même si le but était alors d'en réduire l'exercice à son minimum: la notion de monnaie émise par une communauté, qui représentait un investissement envers l'ensemble de ses entreprises sans être un investissement particulier dans l'une d'elle. Sa seule dépendance par rapport à leur succès résidait dans l'éventualité d'une faillite globale de cette communauté, tandis qu'il s'agit ici de la relier à leur succès d'une manière plus uniforme.

J'ai déjà décrit le principe du fonctionnement d'un système de valeur monétaire ainsi défini par l'indice boursier dans un autre texte sur l'équilibre monétaire.

Il reste à rédiger:

Marché des changes et étalons composites

Une solution provisoire relativement simple




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