Heureusement, pour ne pas être complètement fou quand
même,
j'insisterai plutôt sur les tonnes de préliminaires que
voici,
dans l'espoir qu'on ne me réduise pas à ce que je ne suis
pas, à savoir l'apologue unilatéral d'un candidat, d'un
parti
politique ou d'un schéma classique de pensée particulier.
De toute façon, la question du choix de vote particulier est
à
mon avis réellement négligeable devant la discussion des
idées et des motivations que l'on a: comment est-ce que je
définis
ma pensée, d'une manière qui transcende la configuration
partisano-politico-médiatico-stratégico-électorale
particulière de tel scrutin ?
[Pour le moment je n'ai rédigé que ces
préliminaires;
la suite est pour plus tard.]
De toute manière, je ne me reconnais parfaitement dans aucun parti, et je n'approuve même pas les institutions républicaines avec leur système d'élections, de gouvernement et de partis politiques, puique j'ai en vue la construction d'un autre système décrit ici, et qui caractérise beaucoup mieux ma pensée que les malheureux "débats" (ou plus souvent échanges d'insultes avec martelages de pensées uniques) en cours dans la scène politique actuelle.
Et donc, je pense que ceux qui prétendent énoncer une orientation de type largement politique au nom de tous les gens bien se fourvoient complètement, et sont en réalité des maîtres-censeurs intolérants envers les opinions qui ne sont pas les leur. Car le risque (danger que je ne prétends pas a priori une loi universelle mais une possibilité étayée d'exemples plus bas) est qu'en faisant cela, illusoirement au nom de la morale, des droits de l'homme ou autre chose de ce style, ils diabolisent d'avance ceux qui bien qu'ayant au fond autant qu'eux de bonnes intentions émettront des opinions contraires. Et quelque part, c'est pire que la censure: c'est une censure morale, ayant pour effet inconscient ou délibéré d'amener d'autres gens tout aussi honnêtes à la base à pratiquer cette même censure de l'esprit, bloquant en eux toute reconnaissance humaine de ceux qui ont l'opinion contraire, donc tout dialogue, donc toute réflexion. Au point parfois de ne pas daigner examiner effectivement la thèse qu'on condamne, et donc de ne condamner finalement que le monstre imaginaire de nos fantasmes d'horreur, progressivement construit, chacun apportant sa pierre au dialogue autarcique du groupe de gens d'accord entre eux redéfinissant inconsciemment à leur guise le sens de l'opinion à condamner, condamnant ainsi les autres pour ce qui serait effectivement condamnable, mais négligeant le fait que, vu le déroulement du procès, cette image ainsi justement stigmatisée pourrait aussi bien éventuellement n'avoir aucun rapport avec la réalité de ceux qui subissent effectivement cette condamnation.
N'est-ce pas là finalement le phénomène
fondateur
du fascisme, au-delà des étiquettes politiques
particulières
et des goûts ou fantasme particulier de tel ou tel groupe ?
Ce qui est malheureux (point capital, notablement différent
de ce qu'on entend le plus souvent), c'est que ce comportement de type
fasciste peut très bien être le fait de gens
honnêtes,
bons, intelligents et tout ce qu'on voudra. D'ailleurs, comment en
serait-il
autrement, vu le contraste entre le nombre d'électeurs du parti
nazi en Allemagne avant la guerre et son nombre actuel ? Comment autant
de monstres se seraient-ils miraculeusement transformés en
agneaux
?
Cette relativité dont je parle, bien sûr, n'est pas une loi générale puisqu'il y a des sujets plus simples que les grandes questions politiques, sur lesquels l'accord des gens bien devrait être plus évident. Je pense en particulier à la promotion des logiciels libres (par opposition aux brevets logiciels par exemple) et la dénonciation des abus de position dominante comme celle de Microsoft. Quoique, merde, j'ai discuté une fois avec un étudiant en économie, d'orientation libérale comme moi, mais réduisant tout formellement au "laissez-faire", il n'avait pas intégré cette distinction entre la compétitivité productive et la compétitivité anticoncurrentielle, l'importance de l'écart possible être le coût marginal de production et le prix de vente, et généralement le caractère injuste d'entrave à la concurrence que portent des actes possibles dans le cadre des lois du marché en vigueur comme ceux-là. Mais passons.
Mais j'ai effectivement constaté que certains gens,
très
bien par ailleurs, tombent dans ce piège de croire que tous les
gens également très bien devrait penser comme eux.
J'en connais deux exemples, correspondant à des mouvements
très
libres, intelligents et respectables, je les citerai tous les deux
histoire
d'illustrer ce phénomène, puisque ces deux mouvements qui
me sont pareillement chers, sont par certains aspects contraires l'un
de
l'autre, et acceessoirement tombent dans le même piège que
je viens de décrire.
L'un, que je connais depuis déjà un certain nombre
d'années,
est Radio Courtoisie, autoproclamée "la radio libre du pays
réel
et de la francophonie", et ayant pour but de donner la parole à
"toutes les familles de la droite", parole qui n'est habituellement pas
donnée dans les médias. Ce qui ne les a pas
empêché
d'inviter un jour Jean-Pierre Chevènement, alors qu'il
était
lui aussi privé en pratique du droit de parole à la
télévision.
Certaines de leurs émissions sont hyperintéressantes,
d'autres sont hyperennuyeuses (surtout leurs cours d'orthographe et de
prononciation française ainsi que leur histoire des rois de
France).
Un de leurs libres journaux, celui de Serge de Becketch
(désolé
si j'écris mal son nom), m'a paru particulièrement
dégoûtant
(faisant l'apologie du retour à la monarchie dans un langage
insolent...).
Tellement traditionnels étaient-ils, qu'ils mirent longtemps
à admettre l'importance d'Internet comme vecteur de la
liberté
d'expression et qu'ils passèrent d'abord des années
à
parler de leur projet de diffusion par satellite comme du seul vecteur
possible de diffusion plus large...
Mais, bravo pour leurs dicussions par exemple sur le libéralisme
(avantages possibles des systèmes de sécurité
sociale
privée, etc.), sur l'amitié traditionnelle franco-serbe
foulée
aux pieds par ceux qui nous dominent, leurs informations sur les
pressions
qu'ils subissaient de la part des pouvoirs en place montrant combien il
est difficile de s'exprimer librement dans ce pays, etc.
De l'autre côté, il y a l'association L'Autre Net
hébergeant
ce site, association très respectable également, et qui
fait
un excellent travail pour la liberté d'expression. Mais, sans
que
ce soit très clair ni unanime, il y a une certaine tendance de
quelques-uns
de ses membres éminents à avoir une pensée
gauchiste
et à supposer que tous devraient également penser de
même,
comme si c'était indissociable du projet technique de
l'association
et de la défense de la liberté d'expression.
Heureusement, cette tendance de certains membres importants qui se
prennent pour tous n'a presque jamais de conséquences
effectives.
Seulement une fois est apparue sur la liste de l'assemblée la
proposition
d'adhésion collective de L'Autre au "Forum
de l'insoumission" , dans le style de mouvements
d'extrême-gauche
(allez voir vous-mêmes de quoi ça parle, quelles sont
leurs
méthodes - style anarchistes
qui ne tolèrent pas de se voir cohabiter avec les
anarcho-capitalistes
lesquels le tolèreraient très bien, voir les FAQs
correspondantes).
J'ai alors réagi contre cela suivant un style provocateur qui
a déplu à beaucoup. Il faut avouer que dans la
rédaction
de mon message je n'ai effectivement fait aucun effort pour leur
plaire;
d'autre part, je me suis abonné à la liste Débats
rien que pour y mettre un message et me désabonner ensuite.
Certains
ont qualifié cette manoeuvre de "dictatoriale", ce fait de
poster
un message et de "refuser de recevoir les réponses et de
défendre
ma position dans le dialogue". Ce qualificatif me semble totalement
hors
de propos pour les raisons suivantes:
1) On a annoncé l'adhésion officielle de l'association
et donc de tous ses membres à ces idioties, espérant que
personne ne les contredirait. Manque de bol, j'ai réagi. Je n'ai
rien voulu imposer à qui que ce soit, seulement signaler ma
différence
d'avec ce qu'on a essayé de m'imposer.
2) J'ai répondu dans Débats à ce message
posté dans l'Assemblée. Un message de l'Assemblée
est réputé déranger les gens puisque l'inscription
y est obligatoire. Je n'ai pas voulu déranger les autres gens
qui
ne le souhaitent pas pour mon opinion personnelle.
3) On m'accuse de refuser le dialogue et le droit de réponse.
Mais j'ai fait d'abord cela pour user de mon droit de réponse
face
à une opinion qui ne me plaît pas, et en faveur de
laquelle
j'ai d'abord dû lire plusieurs messages de l'Assemblée. A
quoi bon je devrais encore lire plein de critiques contre mon message,
et pourquoi cela m'en apprendrait-il plus que les différents
messages
dessus que j'ai déjà dû justement lire auparavant
et
auxquels s'adresse ma critique ? Comme si je ne voulais pas savoir que
d'autres ne pensent pas comme moi ???
4) Sur qui me reproche-on d'exercer ma dictature: seulement sur
moi-même
ou sur quelqu'un d'autre ? Quelqu'un oserait-il prétendre faire
mieux en n'exerçant pas sa dictature de pensée sur
lui-même
???
5) Justement, si je me retire de la discussion, ça les laisse
libre de me critiquer entre eux ensuite sans que je réponde, et
d'exercer ainsi leur dictature de pensée sur tous les autres
à
part moi.
6) De toute façon, ils avaient tous mon email et pouvaient me
répondre personnellement. J'ai pris la peine de répondre
un peu à des critiques que j'ai reçues ainsi, et j'ai
également
lu les messages des archives de Débats postés ensuite.
7) Si j'ai agi ainsi, c'est pour une bonne raison: c'est que je sais
qu'il est vain de vouloir à tout prix se mettre d'accord avec
des
gens ayant à la base une idéologie différente de
la
mienne, si profondément que vouloir la démonter pour
trouver
un point d'accord à la base du dialogue serait un travail de
titan;
qu'en tout cas, la liste Débats de L'Autre n'est pas le lieu
pour s'attaquer à une telle affaire, à moins de
quadrupler
son volume de messages déjà difficilement supportable
pour
ses quelques téméraires abonnés. Il faut bien se
forcer
à un certain moment à cesser la discussion même
s'il
y aurait des choses à ajouter, pour ne pas y passer le reste de
sa vie. En ce qui concerne le fond des débats de ce type,
voir les problèmes sous-jacents que
j'ai
rédigé à une autre occasion.
Bien sûr, ils n'étaient pas tous unanimes contre moi:
au
moins un des participants a reconnu face aux autres la validité
de certains de mes arguments. Mais ce dont je veux parler ici, c'est de
cette attitude des quelques-uns qui veulent naturellement exercer leur
dictature au nom de la démocratie, tout en traitant en toute
bonne
foi les autres de dictateurs s'ils ne sont pas d'accord. Trop facile de
leur part.
Même, un membre de L'Autre Net m'a demander de fermer mon compte,
assénant que mes conceptions étaient à la base
contraires
aux principes fondateurs de L'Autre Net "indissociables de ces
guignoleries".
Tel que cela fut dit, j'ai craint le risque de voir mon compte
fermé
d'office. Mais non, ouf cela ne peut pas se faire ainsi. Du moins
j'espère.
Dans les quelques échanges de mails qui ont suivi, il est
apparu
l'argument suivant: dans mon message initial, j'avais fait le
rapprochement
entre les conceptions ou manifestations communistes (anticapitalistes)
de ce Forum de l'Insoumission et ceux de l'Empire Soviétique qui
a fait des dizaines de millions de morts. On m'a répondu que
ça
n'a rien à voir: ils sont anarchistes tandis que les
Soviétiques
sont étatistes. Chaque mouvement doit être jugé
pour
lui-même et non par amalgame avec d'autres mouvements ayant des
points
commun.
Je ne me suis pas embarqué à expliquer en quoi je ressens
une parenté d'erreurs et d'atteinte aux libertés entre
ces
différents mouvements de gauche (impulsivité des
jugements
et négation en bloc des libertés économiques), car
cela nous emmênerait trop loin. Faute de quoi, je respecte en
pratique
cette revendication de différence après avoir juste
signalé
une fois ce que j'en pensais: une fois dit, je n'insiste pas et je
poursuis
de bonnes relation avec eux sur le plan pratique, les laissant libres
de
continuer ce qu'ils veulent. Et si je pense toujours que ce n'est pas
bien,
cela ne regarde que moi.
Une fois ces remarques faites, je propose de les comparer à
des
évènements plus récents.
Au moment où j'écris ce texte, un évènement
vient de se produire: un site (que j'abrègerai par ses
initiales MR pour ceux qui sont au courant, pour qu'on ne m'accuse pas
de leur faire de la pub) s'est fait exclure de l'hébergeur
L'Autre Net à la suite d'un vote
Ce site, appartenant à une communauté (certains diront
secte) réduite à peau de chagrin, émettait des
opinions
non standard en matière de sexualité des ados ou enfants,
voir de relations enfants/adultes. La discussion de L'Autre à
son
sujet est partie d'un message dans l'Assemblée présentant
ce site comme pédophile ou en faveur de la pédophilie. On
a commencé par parler de la loi qui condamne la
pédophilie.
Puis il est apparu que cela ne s'applique pas ici, car il ne s'agit pas
d'un site pédophile: il respecte la loi, ne présente
aucune
image de pédophilie, ses membres ne sont pas pédophiles,
il prône de respecter la loi en condamnant fermement tout acte de
violence sexuelle quelle qu'elle soit et dissuade les gens d'avoir des
relations sexuelles enfants-adultes suivant ses propres raisons
concernant
le contexte social, éducatif, humain et politique actuels. Mais
il conteste
de façon générale la loi et les institutions
(incluant
d'autres domaines que la sexualité).
On peut penser que les opinions particulières du site en
question
sont stupides ou dangereuses.
Mais dans la discussion des motifs d'une éventuelle exclusion
de ce site, figurent des arguments du type "la pédophilie c'est
vraiment très très mal, la preuve j'en connais qui en ont
été victimes, on ne peut pas tolérer cela" etc.
Oui,
mais si ce site n'est pas pédophile et (si j'ai bien compris,
sinon
qu'on me corrige) condamne fortement des actes du type de ceux
évoqués
?
Egalement, au début de la discussion figurent un message
disant
"ça pue". Je ne sais pas ce que les autres ont pensé de
cela,
mais j'aurais aimé voir en face de cet argument de cinq lettres
une citation explicite pour pouvoir en juger, et estimer la mesure
effective
du problème. Peut-être y en a-t-il eu dans la liste
Débats,
je n'ai pas été voir sur le coup.
J'ai seulement lu quelques fichiers du site incriminé, qui ne
m'ont pas paru dignes d'une exclusion d'un hébergeur
constitué
pour défendre la liberté d'expression. Il est donc
possible
que de bons motifs d'excusion m'aient échappé.
Avec le vote d'exclusion, il y avait aussi le vote d'ajout dans les
statuts que l'Assemblée peut décider d'exclure un site
faisant
l'apologie de la pédophilie.
Le vote d'exclusion du site de MR a bien emporté les deux-tiers
des voix, tandis que le changement de statuts en a emporté
à
peine plus de la majorité.
Le deuxième vote servant à légaliser
rétroactivement
l'existence du premier.
Or, il ne semble pas qu'on ait reproché quoi que ce soit
à
ce site en dehors de motifs d'apologie de la pédophilie, mais en
l'occurence, ce site ne fait pas l'apologie
de la pédophilie (comme certains l'ont finalement reconnu dans
la
discussion).
A quoi donc rime un tel résultat de vote ?
A un moment de la discussion est apparue l'idée de faire un
contre-site,
démontant les avis du site en question. Je pense que cela aurait
été une bonne idée, plus modérée
dans
la forme qu'une excusion sous deux jours, délai arbitrairement
décidé
après le vote.
Un argument excusant l'exclusion était qu'il y a d'autres
hébergeurs
vers lesquels il peut se rabattre, et donc que la liberté
d'expression
n'est pas bafouée. Mais l'auteur de MR a ensuite répondu
qu'il faut plus de deux jours pour trouver un autre hébergeur,
et
qu'il n'a pas d'argent pour cela (les hébergeurs commerciaux
étant
beaucoup plus chers). Il a vu cela donc comme une sanction forte,
contrairement
à la création de contre-sites (il a dit du style "Vous
pouvez
faire tous les contre-sites que vous voulez, mais laissez-moi mon
site").
Face à cela, on peut arguer que celui qui visite leur site
n'aura
pas l'occasion de visiter le contre-site pour voir les arguments
contraires.
Que craint-on au juste, que veut-on réaliser en pratique
contre
lui ? Est-on contre la présence d'un tel site sur le web avec
son
nom de domaine ? Non, puisqu'on argue contre lui qu'il est libre par la
possiblilité qu'il se faire héberger ailleurs, avec le
même
domaine. Je ne vois pas en quoi cette idée, si elle a lieu
ainsi,
peut avancer à quoi que ce soit, sinon de le sanctionner
financièrement
(et donc en l'occurence de tuer son site, du fait de la circonstance de
son manque d'argent qui n'a rien à voir avec le fond du
problème
qu'on lui reproche).
Si on veut vraiment sanctionner ses idées et non le sanctionner
sur un plan purement technico-financier (le mettant en l'occurence
à
terre pour son manque d'argent, fait qu'on a ignoré dans la
balance
- curieux pour une association qui se veut anticapitaliste à la
base), je pense qu'on devrait plutôt profiter de ce rapport de
force
manifesté par les circonstances et le vote qui a eu lieu, pour
imposer
une autre sanction, qui pourrait, s'il n'est pas trop tard et si les
différentes
parties se sont exprimées sincèrement, arranger tout le
monde:
obliger MR à ajouter un lien vers les contre-sites qui seront
créés
par ceux qui veulent le critiquer (qui ont été
jusqu'à
juger son cas digne d'exclusion: vus les résultats du vote, il
ne
devrait pas manquer de volontaires pour cela).
Finalement, MR a simplement déménagé vers Ouvaton.
Un sujet est celui du caractère ou de la corruption des
hommes
politiques, de leur mensonge ou de la répugnance qu'on peut
avoir
contre tel ou tel mesurée sur l'échelle de Richter.
Je dirais qu'il s'agit d'une mesure à au moins trois dimensions:
1) La malhonnêteté
2) La perversion du système de valeurs dans lequel on
évolue
(pouvant être affichées ou non)
3) La bêtise ou incohérence des méthodes.
Commençons par caractériser la
malhonnêteté.
Je dirai la vision que j'en ai; si vous voyez cela autrement vous
pouvez
toujours m'indiquer votre avis.
L'honnêteté est le trait de caractère qui oblige
quelqu'un à énoncer des thèses conformes à
ce qu'il croit, d'après l'idée qu'il se fait de la
justice.
Cela l'oblige également à refuser la corruption, ne pas
commettre
de détournement de fonds et ne pas faire pression sur la justice
pour éviter un procès (qui d'ailleurs ne doit pas avoir
lieu
d'être puisqu'on n'aurait rien à se reprocher).
La malhonnêteté, au contraire, est la tendance qui
amène
quelqu'un à ne pas tenir compte des valeurs morales, de ce
à
quoi il croit concernant l'intérêt des autres. D'ailleurs,
il mène à ne prêter aucune attention à ce
qu'est
l'intérêt des autres ou la vérité, mais
à
ne s'intéresser qu'à son intérêt personnel
(financier
ou autre) et aux moyens de le satisfaire.
Le malhonnête est opportuniste, libre de dire la
vérité
ou le mensonge ou d'énoncer n'importe quelle valeur, bonne,
mauvaise
ou ignoble, en fonction des conditions dont dépend son
intérêt
personnel. Si son intérêt l'oblige à ne pas se
contredire
pour sembler avoir des valeurs, il ne se contredira pas et semblera
avoir
des valeurs.
Si son intérêt est satisfait par la prise de
décisions
justes, il prendra des décisions justes.
Si son intérêt est de faire mourir des centaines de
milliers
de personnes pour en tirer un bénéfice quelconque (par
exemple
celui de ne pas sembler se contredire pour préserver sa
réputation),
il fera mourir des centaines de milliers de personnes.
Cela ne lui pose aucun problème, tout en affichant d'autre part
en paroles les plus hautes valeurs morales, du moment qu'il a les
moyens
de circonscrire les remarques sur cette contradiction entre les valeurs
affichées et les valeurs pratiquées.
D'ailleurs, il serait faux de dire que ces meurtres sont des actes
ignobles: en effet, c'est sans haine qu'il les commet (Remarque:
beaucoup
de ceux qui sont ici scandalisés par cette qualification
s'apercevront
dans la suite de cet argumentaire qu'en réalité ils y
souscrivaient
depuis très longtemps). Car il n'y fait même pas
attention,
puisque seul compte pour lui le résultat final, qui est de
savoir
de combien il s'enrichira.
Qu'il arrive aux mêmes fins avec ou sans effusion de sang n'a
pas pour lui d'importance.
Il y a probablement des gens qui voient différents
degrés
d'horreur dans la malhonnêteté.
Personnellement, je ne saisis pas le sens de cette distinction. Si
un homme politique commet des détournements de fonds, alors
pendant
qu'on y est, je ne vois pas ce qui le retiendrait d'exterminer des
centaines
de milliers de personnes s'il en a besoin; aussi bien il pourrait
être
un chef maffieux. S'il ne l'est pas, ce n'est qu'une affaire de
circonstance
(ayant l'expérience et des jalons dans un domaine il est plus
rentable
d'y rester pour continuer à en profiter) ainsi qu'une affaire
d'environnement
culturel (voulant rester pénard et ne pas risquer sa peau ou
autre
chose par exemple): les meurtres c'est pas son truc, il
préfère
laisser ça à d'autres, éventuellement en
sous-traitance.
Ou pas du tout, si cela ne l'arrange toujours pas.
Essayons maintenant cette grille de lecture sur un exemple, qui date
déjà de quelques années: la guerre en Yougoslavie.
Deux ou trois ans avant que cela n'éclate, j'ai
évoqué
le sujet avec un normalien, qui ne souhaitait pas étudier la
question
de près mais m'a sorti l'argument suivant:
Les partis du centre sont pour l'intervention, les extrêmes sont
contre. Donc, le refus de l'intervention est une attitude
extrêmiste.
Donc il est bon d'intervenir.
Parmi les deux constatations évoquées, laquelle serait
l'argment ? Est-ce que l'avis du centre serait un bon signe de
vérité,
ou bien est-ce le contrepied de l'avis des extrêmes qui le serait
?
Prendre le contrepied de l'avis de qui que ce soit comme indication
de vérité me semble une aberration dans tous les cas,
d'après
l'argument plus haut: le menteur est libre de dire la
vérité
(ce à quoi il croit) ou le mensonge, suivant les convenances.
Il reste deux choses.
D'une part, l'avis du centre comme indication de
vérité
supposerait que le centre soit honnête. Cela me paraît fort
douteux. Il suffit de considérer pour cela tous les
détournements
de fonds publics, ainsi que le chiffre des centaines de milliers
d'enfants
Irakiens morts à cause de l'embargo qu'ils ont maintenu. Ces
centaines
de milliers de morts ont pesé dans leur balance comme une
quantité
négligeable. Le conflit du Golfe n'était qu'une histoire
de pétrole déguisée en une lutte contre un nouvel
Hitler. Beaucoup de gens l'ont finalement reconnu... mais ont
déjà
tourné la page, puisque ce n'est plus d'actualité,
pendant
que cet embargo continue de faire des morts et que quelques petites
bombes
y sont encore larguées de temps en temps pour le sport.
Lors de la guerre du Golfe, je crois me souvenir que Le Pen
était
le seul homme politique à la dénoncer comme une vulgaire
affaire de pétrole, et il s'est fait huer par les médias
pour cela.
(Si je me trompe, qu'on me le signale simplement. Merci.)
D'autre part, il y aurait l'avis des médias, journaux
télévisés
semblant montrer que l'intervention était nécessaire.
Là
non plus, cela ne me semble pas un critère, quand on voit
à
quel point les médias sont contrôlés et capables de
faire avaler aux gens n'importe quoi.
La dictature de la bêtise à la télévision
est manifeste.
Lors de campagnes électorales, seuls les "principaux partis"
autoproclamés ont un droit d'antenne substanciel,
reléguant
les nouveaux non-affiliés à ces partis, à un
rôle
de figuration.
Voici maintenant quelques opinions sur des points de programmes
électoraux.
Certains disent: l'arrivée de Le Pen au pouvoir serait un danger
pour la France et pour la République.
Je dirais oui, mais pas pour les raisons qu'on imagine.
En effet, si Le Pen arrivait à l'Elysée, ce palais serait
aussitôt mis à sac par les manifestants anti-lepen, avant
même qu'il y entre. Il n'y aurait plus de poste de
président,
il n'y aurait plus de République. Plus personne pour
obéir
au pouvoir. Ce serait donc l'anarchie.
Ce danger étant totalement indépendant des intentions
réelles de Le Pen dont tout le monde se contrefiche d'ailleurs,
pour ne parler que de leurs fantasmes orwéliens ou autres.
J'approuverais que la France sorte de l'OTAN, puisque cette
organisation
s'est avérée (en Yougoslavie notamment) être
l'étendard
d'actions maffieuses.
Par contre, je souhaite que l'Euro reste. Je désapprouve le
protectionnisme (ou alors il faudrait vraiment qu'on m'explique
à
quoi il serait bon), parce que je pense que nous ne devrions pas garder
jalousement nos emplois pour nous, le commerce international libre
pouvant
être une chance de développement pour les pays pauvres (du
moment qu'il est authentiquement libre, c'est-à-dire
respectueuse,
sans exercer de mauvaises contraintes sur le mode de production qui a
lieu
dans ces pays; ce problème est loin d'être simple et
devrait
être discuté en profondeur pour que de vraies solutions
puissent
être mises en place, et non rejeté par des slogans
lapidaires
du style "A bas le capitalisme" qui n'avancent à rien).
Je ne vois pas ce que peut bien signifier la "préférence nationale": une entreprise est libre ou ne l'est pas. Si elle l'est, elle peut embaucher ou licencier qui elle veut. Si elle ne l'est pas, c'est que des formalités administratives inextricables pèseront sur elle.
Je suis contre l'augmentation du budget de la Défense, la
priorité
pour moi étant la réduction du déficit et le
remboursement
des dettes de l'Etat, pour pouvoir faire face au problème grave
et imminent des retraites. La professionnalisation des armées
était
une bonne chose.
Maintenant, si on veut une défense plus efficace, il faudrait
songer à restructurer l'armée pour mieux en utiliser les
ressources (chasse au gaspillage, comme pour pas mal
d'administrations).
(ce texte fut inachevé; voir texte suivant qui entre dans le vif
du sujet)