Types psychologiques MBTI et système éducatif
(Je vous invite à lire les descriptions de cette classification et les descriptions des types qu'on peut
trouver ailleurs sur le web, pour compléter le sens de mon propos - aussi pour rigoler, une description sarcastique par des libéraux).
L'idée d'écrire la présente page m'est venue à la vue de cette liste
de types psychologiques, où l'un de ces types, le ENFJ, était nommée
"teacher". En regardant ailleurs les corrélations entre type
psychologique et métier, il apparaît que les métiers d'enseignant
seraient surtout le fait des quatre types **FJ. Bien sûr, ce
n'est pas tout: j'ai bien trouvé par ailleurs le type INTP associé au
métier "professeur d'université". Il n'empêche.
Car je me suis
alors posé la question suivante: si le métier d'enseignant est associé
à certains types psychologiques, peut-on, de l'autre côté, décrire le
profil du bon élève comme un type psychologique ?
La
réponse se détermine tout de suite avec évidence: il n'y a
principalement qu'un type psychologique du bon élève, qui est le ISTJ.
On sait en effet très bien qu'Einstein, qui était INTP, n'était pas un bon élève.
Problème:
étant donné que cette classe ISTJ des bons élèves ne constitue que
moins de 15% de la population, comment voudriez-vous faire d'une
classe d'âge 80% de bacheliers avec ça ?
On nous a bien rabattu
les oreilles avec cette histoire d'égalité des chances, dont l'Ecole
Républicaine serait sensée être le seul garant.
Oui, mais l'égalité des chances vis-à-vis de quoi ?
On nous dit: vis-à-vis de l'origine sociale.
Donc,
on enferme tous les adolescents dans des collèges et lycées qui
ressemblent à des prisons, pour les protéger de toute influence
possible de leurs parents (de leur "rang social", leur culture qu'ils
risquerait autrement de communiquer à leurs enfants), afin qu'aucun ne
soit a priori favorisé de façon "inéquitable" par rapport aux autres.
Mais
ce système qui les enferme, qui les juge et les sélectionne, est en
réalité une contrainte forte et discriminante, dans laquelle seuls les
gens d'un type psychologique précis, le ISTJ (et secondairement ceux de
type voisin), ont beaucoup plus de chances que les autres, d'abord de
se sentir bien, ensuite de réussir.
La réussite ou l'échec scolaire, n'est finalement guère plus que la réussite ou l'échec à être un bon ISTJ.
On se demande pourquoi l'ascenceur social est en panne ?
Si
le type psychologique est au moins en partie héréditaire, tout comme
l'intelligence, il n'est pas étonnant que la réussite ou l'échec
scolaire le soit aussi, et que "l'ascenseur social" soit en panne. Mais
la question de fond n'est pas de savoir si c'est ou non héréditaire,
mais de rappeler que d'une part le type psychologique varie suivant les
personnes et je ne connais guère de travaux indiquant que l'éducation
puisse le faire changer; d'autre part, de rappeler qu'un type
psychologique n'est pas une qualité ou un défaut en soi, mais
correspond à des vocations professionnelles différentes; et qu'il n'y a
pas de raison en soi pour imposer à tous un environnement qui ne
convient qu'à certains.
Tout le système éducatif est donc
programmé pour faire réussir en priorité les ISTJ, et faire souffrir et
échouer les autres d'autant plus durement que leur type est différent
de ISTJ. Réussir quoi, au fait ? Ce type ISTJ est aussi nommé
"inspecteur" ou "administrateur". Regardons la liste des métiers où
s'orientent préférentiellement les ISTJ: parmi les 10 principaux
métiers on trouve: contrôleur pollution, officier de police, manager,
directeur, gardien de prison et (ce qui est presque pareil) directeur
d'école. Que de bons gros fonctionnaires et bureaucrates.
Ainsi
ce sont les mêmes Bons Elèves, qui, après avoir été les favorisés du
système scolaire dans leur jeunesse (s'étant sentis à l'école comme
chez eux, et promis à la meilleure réussite académique), reviendront
ensuite comme "Inspecteurs", notamment diriger les écoles.
D'un
type voisin du leur on trouve les ESTJ dits "superviseurs", "managers"
ou "organisateurs", qui eux aussi pourront être directeurs d'école.
J'imagine qu'entre ISTJ et ESTJ se trouve une bonne part des
inspecteurs adadémiques, qui veilleront à ce que la génération de
professeurs qui les
accompagnera, assure le renouvellement par ceux-ci sur la
génération suivante, des conditions de supériorité d'aisance de vie
ainsi que d'ascension sociale des gens de leur espèce. Encore un type
voisin est le INTJ, "organisateur".
On
peut remarquer que tous ces types, de l'enseignant (sauf les INTP
enseignant à l'université) au dirigeant, ont en commun la lettre J (=
Jugement), celle de la rigidité bureaucratique et du conformisme. Pour
eux tous, la lettre contraire P (= Perception) de la souplesse,
spontanéité, décontraction, du non-conformisme et de l'insouciance
de l'emploi du temps, qui est d'abord un handicap scolaire, passe
facilement pour une tare à tenter de soigner et d'éradiquer. C'est
pourquoi ils n'ont de cesse de vouloir continuer à rythmer de
contraintes, de règles et d'emploi du temps la génération suivante,
regardant implicitement cette manière de vouloir transformer tout
le monde en J comme une évidente mission éducative à perpétuer.
Pourquoi je raconte tout ça:
Ces affaires me semblent éclairer assez bien ma situation et mes conflits vis-à-vis du système
académique, en expliquant un peu pouquoi je n'ai pas tenu le coup comme
enseignant à la fac alors que je suis INTP: le métier d'enseignant ne
conviendrait-il qu'aux gens de type ENFJ, même si d'autres enseignants de fac sont aussi INTP ?
Rappel de mon parcours:
J'adorais les mathématiques depuis l'enfance, et plus généralement la science, je voulais en faire mon métier: de la recherche.
Mais j'ai DETESTE le système scolaire.
J'ai
détesté les mauvais camarades, ainsi que la nullité et le caractère
inintéressant (répétitif, formel et inutile pour mon avenir) de nombre
de cours.
J'ai détesté me lever de bonne heure le matin pour aller à
l'école, respecter toutes ces contraintes horaires, ces calendriers,
ces exercices contrôles et examens, qui étaient pour moi absurdes.
Mais
j'avais aussi une passion dévorante pour chercher puis essayer de
partager autour de moi mes idées et découvertes. Sauf qu'il n'y avait
autour de moi personne apte à les entendre.
J'ai trouvé que les
cours de mathématique et physique, les matières qui m'intéressaient,
étaient très mal conçus. Je ne pouvais pas supporter de voir ça.
J'étais
révolté, je trouvais ces institutions insupportables. J'avais un désir
poignant que tout change, du contenu des cours jusqu'à l'organisation
de tout ce monde. Cela bouillonnait en moi.
On m'a dit: si tu veux faire de la recherche et partager tes connaissance, tu dois être enseignant-chercheur.
C'est
donc ce que j'ai essayé de faire: prépa - 5/2 - magistère à ulm - DEA -
thèse - quelques années de repos et voyage - un an maître de conférence
stagiaire - arrêt de longue durée pour déprime (de fait, à cause de mon
environnement j'ai quasiment toujours déprimé) - déprimé professionnel
avec séquelles d'un psychotrope (pourtant pris une seule fois celui-là)
à vie.
De toute façon, le peu que j'ai essayé d'enseigné, je me
suis rendu compte que je ne m'y sentais pas bien, ce n'était pas mon
truc. Même dans l'hypothèse abstraite et irréelle où j'aurais
initialement échappé au système dans mon adolescence et mes études pour
finalement débarquer frais et épanoui à essayer d'enseigner à
l'université, ça n'aurait toujours pas pu marcher. Le contexte
académique est de toute manière très loin de laisser l'espace de
liberté qu'il m'aurait fallu pour accomplir le genre de changements
dont je rêvais. Et sans de tels changements, j'aurais eu de toute
manière bien du mal à me sentir à ma place à y enseigner.
Mon
type psychologique est INTP (comme bien d'autres INTP l'ont déjà dit,
on se méfie habituellement des étiquettes, mais il est remarquable que
celle-là nous décrit bien !).
Ce qui (d'après ce tableau
de professions les plus courantes pour chaque type)
correspond effectivement le mieux à ma vocation première: la recherche
scientifique. Et aussi, d'après l'article wikipédia, contient bien
d'illustres scientifiques (même si bien évidemment, les INTP
constituant entre 1 et 5% (suivant les sources) de la population, ne sont pas tous géniaux).
Cela n'est qu'à moitié commun, et à moitié opposé, au type ISTJ du Bon Elève.
Même
si bien d'autres enseignants-chercheurs sont des INTP, ils semblent
avoir largement renoncé à mettre de leur âme de INTP dans leur
enseignement.
En effet, leur marge de manoeuvre reste inexorablement
écrasée en sandwitch entre d'une part les bureaucrates qui les
encadrent, d'autre part la grande masse des Bons Elèves qui remplissent
leurs amphis, qui ne peuvent pas admettre qu'on puisse exiger d'eux
quoi que ce soit d'autre que de continuer à être des Bons Elèves, auxquels les professeurs doivent impérativement savoir
s'adresser.
Ce qui se passe entre cette entrée en masse des Bons
Elèves ISTJ en première année d'université, et la sortie finale par le
doctorat des seuls INTP, est finalement comparable à l'arrivée d'un
train à pleine vitesse sur une succession d'obstacles terminée par un
grand mur, où chaque obstacle est conçu et installé par un acteur
différent à qui on laisse la responsabilité du choc que son propre
obstacle aura pu provoquer sur le train.
C'est ainsi un
lent mais inexorable échec de la plupart des Bons Elèves qui s'étale
entre les différentes années universitaires, dont chaque enseignant
assume un morceau, mais où il se trouve poussé par les diverses
pressions à assumer la plus petite part possible de cet échec, et à
renvoyer par conséquent le plus gros reste du ponpon aux enseignants
qui récolteront dans leurs amphis cette population étudiante l'année
suivante.
Prenons-nous à rêver. Imaginons un monde où une équipe
de scientifiques INTP avaient le goût et l'occasion de pouvoir
entreprendre, librement en pleine auto-gestion structurelle, de
communiquer leur savoir à des étudiants aussi INTP, en l'absence de
cette double contrainte des Bons Elèves et des bureaucrates empêcheurs
de tourner en rond. A quoi cela ressemblerait-il ?
D'après ce texte: "là où l'amitié se développe rapidement, presque instantanément, c’est
lorsqu’un INTP rencontre un autre INTP ou un type semblable. La
communication entre de tels individus peut devenir extrêmement intense,
en laissant les autres déroutés."
Ainsi,
s'il était permis à des professeurs INTP de communiquer avec des
étudiants INTP de la libre manière INTP sans contraintes
extérieures, ils pourraient facilement être potes et quasiment
transmettre le savoir directement de cerveau à cerveau.
Horaires et
calendriers seraient très souples et légers, et il n'y aurait pas
d'examen formel et noté (ni donc de ces fameux diplômes qui
n'intéressent finalement que les bureaucrates). Seulement au besoin,
des exercices visant à soutenir à la fois une forme d'auto-évaluation,
et à permettre au professeur de découvrir ce qui n'a pas été bien
compris, pour pouvoir mieux le réexpliquer ensuite.
Chaque
professeur composerait ses cours par écrit, diapos ou vidéos à son
rythme, sans se soucier d'horaire ni de personne. Il les mettrait sur
internet pour être consultables aussi bien par ses propres étudiants
que par le monde entier.
Chaque étudiant étudierait à son rythme,
sans guère se soucier non plus d'horaire ni de calendrier. Tout d'abord
de chez lui, suivant des bibliographies et références indicatives, qui
pourraient mêler les cours composés par les professeurs présents dans
cette université, que ceux de tout autre auteur.
De temps en temps,
des rencontres auraient lieu, avec entraides entre étudiants et
questions aux professeurs. Les professeurs seraient à l'écoute de leurs
étudiants, pour se rendre compte de là où ils en sont, qu'est-ce qui
n'a pas été bien compris.
Ce serait tout simplement un monde d'intelligence en liberté.
Bien
sûr, les résultats ne seraient pas uniformément meilleurs pour tous les
étudiants. Ils pourraient être meilleurs pour certains seulement, moins
bons pour d'autres.
Mais pourquoi faut-il toujours punir ceux qui se
développent mieux dans un environnement libre, en leur infligeant cette
bureaucratie au prétexte qu'elle serait bonne pour d'autres ?
Voir aussi : University of INTPia - why do you like science - Douance et vocation scientifique
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