Liberté et démocratie, ça veut dire quoi ?

Quand on entend dire que la France est un pays démocratique ou un pays des libertés, il y a de quoi éclater de rire, pour de multiples raisons (voir aussi d'autres remarques). Certes il n'est pas difficile de trouver pire dans le monde, mais et alors ?

Officiellement, il paraît qu'on ne connaît pas de système meilleur. Beaucoup, ayant en tête le communisme qui s'est concrétisé de la pire manière en Union Soviétique, affichent un rejet des utopies, estimant que, si jamais on imagine un système bon en théorie, automatiquement il sera mauvais en pratique parce que les hommes qui le mettront en pratique sont mauvais. Evidemment, ce principe se vérifie également de manière éclatante sur notre Cinquième République, mais que prouvent ces exemples sur le cas général ? (cf le contre-exemple de la République communiste chrétienne des Guaranis).
Finalement, tout cela n'est au fond qu'un alibi de la paresse intellectuelle : ce n'est pas parce que la présentation d'une idée de système meilleur et non pervertible n'est pas aujourd'hui publiée dans tous les journaux et présente dans les esprits qu'on ne peut pas l'inventer.

Cela ne veut pas dire que nous devons nous plaindre, comme trop de gens le font, oubliant la grande masse de ceux qui subissent des conditions pires. Mais se présenter à pays sous-développé en disant: <<vous êtes des crasseux indignes parce que vous êtes en dictature, et ne mériterez notre aide que si vous vous démocratisez à notre image, d'ailleurs on va vous aider à le faire>>, bien que portant une excellente intention, peut relever en réalité d'une grande hypocrisie, car bien souvent, ces exigences de démocratisation à notre image, certes "nécessaires" relativement aux choix actuellement offerts sur le marché des idéologies, ne seront pas plus utiles qu'une cautère sur une jambe de bois. En effet il est bien connu que notre modèle laisse très facilement une classe dirigeante se maintenir au pouvoir, donc les responsables du désastre se maintiendront de toute manière et continueront essentiellement les mêmes méfaits, même s'ils obéissent à nos injonctions. Ensuite, lorsque les Etats se sont réformés, on s'étonne toujours de la persistance des injustices et de la pauvreté, et on applique de vaines analyses macroéconomiques ou revendications de protection sociale en croyant tout savoir mieux qu'eux sur les réformes économiques à appliquer, négligeant honteusement de tenir compte des aberrations fondamentales qui se cachent si grossièrement derrière le masque de la sacrosainte Constitution républicaine.
Ainsi donc, la remise en question de notre système doit être considéré, moins comme un acte de conquête d'un meilleur confort pour nous-mêmes Français qui n'en sommes au fond pas si dérangés que cela (sinon on se serait réveillés depuis longtemps), qu'un devoir moral envers le monde entier dont nous devrions nous montrer dignes d'être considérés comme un modèle, pour être en mesure de mieux aider ceux qui en ont besoin (par exemple, en ne laissant pas les menteurs qui nous dirigent organiser cette aide en notre nom et avec notre argent; voir aussi l'exemple de la Yougoslavie victime de la barbarie OTANesque).

On a inventé les élections, soi-disant pour que les gens puissent choisir les représentants qui soient les meilleurs parmi eux. Résultat, ce sont les pires, à cause de toutes les magouilles concernant la structuration des partis politiques par lesquels les candidats peuvent émerger, ensuite, par l'absence de véritable liberté d'expression qui permettrait à un éventuel candidat véritablement bon d'être connu en tant que tel.
La majorité de la population est bonne et honnête. Les soi-disant élus sont généralement menteurs, voleurs et malhonnêtes parce qu'on est prisonniers d'un mécanisme électoral sous contrôle d'une classe.
Pourquoi serait-ce fatal ? Vue la médiocrité du résultat, il semble difficile de faire pire, encore faut-il pour que cette conclusion soit recevable, préciser une idée de système moins mauvais.
En travaillant beaucoup on devrait pouvoir construire un système vraiment bon. En attendant, quelques propositions triviales déjà meilleures:
1) On devrait adopter la constitution helvétique (véritable démocratie directe, avec ses référendums d'initiative populaire). N'est-ce pas un système qui fonctionne bien, est authentiquement démocratique et a longtemps résisté aux accaparements, et a même amené une prospérité qui est la deuxième au monde après celle de quelques micro-Etats ?
2) Comme la proposition 1) serait un trop grand changement, voici une proposition de changement très élémentaire et simple à réaliser mais efficace. Il suffirait de modifier le mode de scrutin électoral des élections législatives, de la manière suivante.
Il n'y aurait ni candidatures ni partis politiques ni campagne électorales. Au lieu de déposer un bulletin secret dans l'urne indiquant le nom d'un candidat, on tirerait un bulletin au hasard qui indiquerait si on est élu ou non (comme au Tacotac, ou comme quand on tire un sujet à l'oral de l'agrégation).
Alors, comme la plupart des gens n'ont pas l'envie personnelle de se préoccuper des affaires publiques, ayant d'autres domaines d'intérêt ou des plans de vie personnels ou professionnels à ne pas interrompre, ils auraient le droit de transférer leur titre d'élu à la personne de leur choix (parmi leurs amis). Et ainsi de suite éventuellement jusqu'à trouver quelqu'un qui accepte de s'en charger.

En matière de libertés: non, la France n'est pas un pays de libertés. Il n'y a pas de liberté d'expression, du fait que la majorité des Français se contentent de regarder la télévision pour s'informer, et que la télévision est un instrument de désinformation sous le contrôle (médiocratique*) de la classe dirigeante, qui sait arrêter cette liberté d'expression là où leur pouvoir serait en jeu. Il n'y aura pas non plus de liberté d'instruction tant que les Amphis de la Cinquième ne seront pas diffusés à un horaire autre que cinq heures du matin, ne laissant la possibilité de s'instruire qu'à ceux qui sont vraiment assez motivés pour programmer toujours leur magnétoscope en conséquence.

Enfin, et ce qui est le plus important: les Français n'ont pas le droit de disposer de leur vie, et cette oppression d'exerce sur une large part de la population, celle qui est la plus fondamentale et de laquelle tout dépend, mais en même temps celle des plus faibles, qui n'ont aucun moyen de se défendre en contestant cette oppression. Je veux parler des collégiens, lycéens et étudiants.
Ils sont soumis à la dictature du Ministre de l'Education Nationale, gardien de l'empire du dieu de l'Absurde, celui qu'on appelle de son joli nom l'Objectivité. On a décidé de piétiner la Liberté pour le grand nom de l'Egalité des bouts de papier qu'on distribue pour rien (ou qu'on distribue de manière si souvent absurde) à la sortie d'un système qui aura dicté aveuglément dans tous ses mouvements le premier tiers et non le moindre, de la vie de chaque citoyen, ne laissant aucun échappatoire possible.
On peut lire par exemple à ce sujet l'Anti-manuel de philosophie de Michel Onfray, qui pose certaines questions particulières comme: "pourquoi votre lycée est-il construit comme une prison ?" (je ne connais pas ce livre mais ai lu seulement un article dessus)
Sans défense: ils n'ont pas naturellement, il n'a jamais été question de leur fournir les moyens temporels, organisationnels, légaux mais aussi et surtout les moyens intellectuels et culturels, de formuler une critique constructive à cette oppression (le problème le plus difficile étant de leur fournir les moyens intellectuels et culturels pour cela, qu'en réalité on leur refuse sous couvert de tous les bons prétextes, et sans lesquels il est évident que tous les autres moyens, si jamais on les leur donnait, ne seraient qu'une énorme foutèse... certes on tourne en rond, la présente réflexion ne se veut pas l'énoncé d'une solution miracle, mais espère seulement être une analyse pertinente). Et on constate que ceux qui devraient être leurs défenseurs naturels, à savoir leurs parents, n'ont généralement ni la volonté ni les moyens d'y faire quoi que ce soit (du style c'est une affaire trop compliquée pour eux, ils ne savent pas ce qui s'y passe).

Quelqu'un, quand il était élève dans l'enseignement technique, avait formulé son voeu d'orientation de manière très ferme, pour un domaine qui le motivait et qui avait des débouchés. On a refusé de respecter son choix, aussi bien au début de sa scolarité technique que lorsqu'il était plus mûr. Le résultat est que ses études ne lui ont servi à rien, ayant abandonné la poursuite de ce qui ne lui convenait pas, et il a dû vivre ensuite de petits boulots sans qualification.

Dans l'enseignement général, c'est clair (cf autres textes : oppression par les camarades jaloux, interdiction d'apprendre des choses intéressantes...). On y apprend la soumission bête et stérile de par ses rouages officiels, et l'esprit de révolte insensé et tout aussi stérile de par ses rouages non-officiels. On nous force à avaler, au nom de la culture, une sous-culture qui ne sert à rien qu'à nous ôter la soif d'une véritable culture...
On doit bosser très dur pour des examens absurdes...
On présente comme une victoire des libertés la suppression du travail des enfants. Certes, l'exemple de l'époque où on envoyait les enfants dans les mines est l'horreur-repoussoir si commode pour justifier l'autre horreur d'aujourd'hui qui crie sur les toits le passage aux 35 heures tout en soumettant les jeunes à parfois plus de 60 heures de travail par semaine, où c'est la liberté de penser (ou de ne pas penser) qui est bannie jusqu'à un âge avancé; et le fait qu'on n'est pas directement exploité par quelque patron-parasite lorsqu'on apprend tant de bêtises (et que c'est donc uniquement un culte au dieu de l'Absurde) sert de justificatif à un horaire de travail invivable.

Pour mesurer le caractère despotique de ce système, voici une suggestion de deux critères.
L'un est le taux de suicide.
L'autre est le recul de l'âge moyen du mariage. En effet, se marier à un âge pas trop avancé ne devrait-il pas faire partie des libertés fondamentales quels que soient par ailleurs les projets d'étude et de formation, et pourquoi faudrait-il que ceux qui par choix ou pour apaiser les nécessités qui sont en eux passeraient du temps pour leur nouvelle famille, ne puissent pas si facilement s'intégrer au monde cultivé même au prix d'un ralentissement de ce mouvement ? Voilà une chose que notre monde ne peut pas comprendre, n'ayant rien pour remettre en question la structure des études, leur nature compétitive et la masse des cours de contenu parfois absurde mais toujours exigé, véritablement implacable.

Et bien sûr, après le système scolaire, on n'est pas libre de disposer du fruit de son travail, puisque plus de la moitié de la production du secteur privé est confisquée en impôts, ce n'est pas une nouvelle... encore heureux qu'il reste quelque liberté de choix de la forme du travail fourni, et que ce qui reste du fruit du travail représente un niveau de vie très grand comparé à l'étranger et à autrefois.

* médiocratie = pouvoir de la médiocrité (excusez cette liberté de langage...)


Si vous cherchez des propositions de systèmes démocratiques plus authentiques, vous pouvez aller voir ma proposition ou encore celle de JP Allard

Retour : Opinions - Envol vers la physique