Officiellement, il paraît qu'on ne connaît pas de système
meilleur. Beaucoup, ayant en tête le communisme qui s'est concrétisé
de la pire manière en Union Soviétique, affichent un rejet
des utopies, estimant que, si jamais on imagine un système bon en
théorie, automatiquement il sera mauvais en pratique parce que les
hommes qui le mettront en pratique sont mauvais. Evidemment, ce principe
se vérifie également de manière éclatante sur
notre Cinquième République, mais que prouvent ces exemples
sur le cas général ? (cf le contre-exemple de la République
communiste chrétienne des Guaranis).
Finalement, tout cela n'est au fond qu'un alibi de la paresse intellectuelle
: ce n'est pas parce que la présentation d'une idée de système
meilleur et non pervertible n'est pas aujourd'hui publiée dans tous
les journaux et présente dans les esprits qu'on ne peut pas l'inventer.
Cela ne veut pas dire que nous devons nous plaindre, comme trop de gens
le font, oubliant la grande masse de ceux qui subissent des conditions
pires. Mais se présenter à pays sous-développé
en disant: <<vous êtes des crasseux indignes parce que vous
êtes en dictature, et ne mériterez notre aide que si vous
vous démocratisez à notre image, d'ailleurs on va vous aider
à le faire>>, bien que portant une excellente intention, peut relever
en réalité d'une grande hypocrisie, car bien souvent, ces
exigences de démocratisation à notre image, certes "nécessaires"
relativement aux choix actuellement offerts sur le marché des idéologies,
ne seront pas plus utiles qu'une cautère sur une jambe de bois.
En effet il est bien connu que notre modèle laisse très facilement
une classe dirigeante se maintenir au pouvoir, donc les responsables du
désastre se maintiendront de toute manière et continueront
essentiellement les mêmes méfaits, même s'ils obéissent
à nos injonctions. Ensuite, lorsque les Etats se sont réformés,
on s'étonne toujours de la persistance des injustices et de la pauvreté,
et on applique de vaines analyses macroéconomiques ou revendications
de protection sociale en croyant tout savoir mieux qu'eux sur les réformes
économiques à appliquer, négligeant honteusement de
tenir compte des aberrations fondamentales qui se cachent si grossièrement
derrière le masque de la sacrosainte Constitution républicaine.
Ainsi donc, la remise en question de notre système doit être
considéré, moins comme un acte de conquête d'un meilleur
confort pour nous-mêmes Français qui n'en sommes au fond pas
si dérangés que cela (sinon on se serait réveillés
depuis longtemps), qu'un devoir moral envers le monde entier dont nous
devrions nous montrer dignes d'être considérés comme
un modèle, pour être en mesure de mieux aider ceux qui en
ont besoin (par exemple, en ne laissant pas les menteurs qui nous dirigent
organiser cette aide en notre nom et avec notre argent; voir aussi l'exemple
de la Yougoslavie victime de la barbarie OTANesque).
On a inventé les élections, soi-disant pour que les gens
puissent choisir les représentants qui soient les meilleurs parmi
eux. Résultat, ce sont les pires, à cause de toutes les magouilles
concernant la structuration des partis politiques par lesquels les candidats
peuvent émerger, ensuite, par l'absence de véritable liberté
d'expression qui permettrait à un éventuel candidat véritablement
bon d'être connu en tant que tel.
La majorité de la population est bonne et honnête. Les
soi-disant élus sont généralement menteurs, voleurs
et malhonnêtes parce qu'on est prisonniers d'un mécanisme
électoral sous contrôle d'une classe.
Pourquoi serait-ce fatal ? Vue la médiocrité du résultat,
il semble difficile de faire pire, encore faut-il pour que cette conclusion
soit recevable, préciser une idée de système moins
mauvais.
En travaillant beaucoup on devrait pouvoir construire un système
vraiment bon. En attendant, quelques propositions triviales déjà
meilleures:
1) On devrait adopter la constitution helvétique (véritable
démocratie directe, avec ses référendums d'initiative
populaire). N'est-ce pas un système qui fonctionne bien, est authentiquement
démocratique et a longtemps résisté aux accaparements,
et a même amené une prospérité qui est la deuxième
au monde après celle de quelques micro-Etats ?
2) Comme la proposition 1) serait un trop grand changement, voici une
proposition de changement très élémentaire et simple
à réaliser mais efficace. Il suffirait de modifier le mode
de scrutin électoral des élections législatives, de
la manière suivante.
Il n'y aurait ni candidatures ni partis politiques ni campagne électorales.
Au lieu de déposer un bulletin secret dans l'urne indiquant le nom
d'un candidat, on tirerait un bulletin au hasard qui indiquerait si on
est élu ou non (comme au Tacotac, ou comme quand on tire un sujet
à l'oral de l'agrégation).
Alors, comme la plupart des gens n'ont pas l'envie personnelle de se
préoccuper des affaires publiques, ayant d'autres domaines d'intérêt
ou des plans de vie personnels ou professionnels à ne pas interrompre,
ils auraient le droit de transférer leur titre d'élu à
la personne de leur choix (parmi leurs amis). Et ainsi de suite éventuellement
jusqu'à trouver quelqu'un qui accepte de s'en charger.
En matière de libertés: non, la France n'est pas un pays de libertés. Il n'y a pas de liberté d'expression, du fait que la majorité des Français se contentent de regarder la télévision pour s'informer, et que la télévision est un instrument de désinformation sous le contrôle (médiocratique*) de la classe dirigeante, qui sait arrêter cette liberté d'expression là où leur pouvoir serait en jeu. Il n'y aura pas non plus de liberté d'instruction tant que les Amphis de la Cinquième ne seront pas diffusés à un horaire autre que cinq heures du matin, ne laissant la possibilité de s'instruire qu'à ceux qui sont vraiment assez motivés pour programmer toujours leur magnétoscope en conséquence.
Enfin, et ce qui est le plus important: les Français n'ont pas
le droit de disposer de leur vie, et cette oppression d'exerce sur une
large part de la population, celle qui est la plus fondamentale et de laquelle
tout dépend, mais en même temps celle des plus faibles, qui
n'ont aucun moyen de se défendre en contestant cette oppression.
Je veux parler des collégiens, lycéens et étudiants.
Ils sont soumis à la dictature du Ministre de l'Education Nationale,
gardien de l'empire du dieu de l'Absurde, celui qu'on appelle de son joli
nom l'Objectivité. On a décidé de piétiner
la Liberté pour le grand nom de l'Egalité des bouts de papier
qu'on distribue pour rien (ou qu'on distribue de manière si souvent
absurde) à la sortie d'un système qui aura dicté aveuglément
dans tous ses mouvements le premier tiers et non le moindre, de la vie
de chaque citoyen, ne laissant aucun échappatoire possible.
On peut lire par exemple à ce sujet l'Anti-manuel de philosophie
de Michel Onfray, qui pose certaines questions particulières comme:
"pourquoi votre lycée est-il construit comme une prison ?" (je ne
connais pas ce livre mais ai lu seulement un article dessus)
Sans défense: ils n'ont pas naturellement, il n'a jamais été
question de leur fournir les moyens temporels, organisationnels, légaux
mais aussi et surtout les moyens intellectuels et culturels, de formuler
une critique constructive à cette oppression (le problème
le plus difficile étant de leur fournir les moyens intellectuels
et culturels pour cela, qu'en réalité on leur refuse sous
couvert de tous les bons prétextes, et sans lesquels il est évident
que tous les autres moyens, si jamais on les leur donnait, ne seraient
qu'une énorme foutèse... certes on tourne en rond, la présente
réflexion ne se veut pas l'énoncé d'une solution miracle,
mais espère seulement être une analyse pertinente). Et on
constate que ceux qui devraient être leurs défenseurs naturels,
à savoir leurs parents, n'ont généralement ni la volonté
ni les moyens d'y faire quoi que ce soit (du style c'est une affaire trop
compliquée pour eux, ils ne savent pas ce qui s'y passe).
Quelqu'un, quand il était élève dans l'enseignement technique, avait formulé son voeu d'orientation de manière très ferme, pour un domaine qui le motivait et qui avait des débouchés. On a refusé de respecter son choix, aussi bien au début de sa scolarité technique que lorsqu'il était plus mûr. Le résultat est que ses études ne lui ont servi à rien, ayant abandonné la poursuite de ce qui ne lui convenait pas, et il a dû vivre ensuite de petits boulots sans qualification.
Dans l'enseignement général, c'est clair (cf autres
textes : oppression par les camarades jaloux, interdiction d'apprendre
des choses intéressantes...). On y apprend la soumission bête
et stérile de par ses rouages officiels, et l'esprit de révolte
insensé et tout aussi stérile de par ses rouages non-officiels.
On nous force à avaler, au nom de la culture, une sous-culture qui
ne sert à rien qu'à nous ôter la soif d'une véritable
culture...
On doit bosser très dur pour des examens absurdes...
On présente comme une victoire des libertés la suppression
du travail des enfants. Certes, l'exemple de l'époque où
on envoyait les enfants dans les mines est l'horreur-repoussoir si commode
pour justifier l'autre horreur d'aujourd'hui qui crie sur les toits le
passage aux 35 heures tout en soumettant les jeunes à parfois plus
de 60 heures de travail par semaine, où c'est la liberté
de penser (ou de ne pas penser) qui est bannie jusqu'à un âge
avancé; et le fait qu'on n'est pas directement exploité par
quelque patron-parasite lorsqu'on apprend tant de bêtises (et que
c'est donc uniquement un culte au dieu de l'Absurde) sert de justificatif
à un horaire de travail invivable.
Pour mesurer le caractère despotique de ce système, voici
une suggestion de deux critères.
L'un est le taux de suicide.
L'autre est le recul de l'âge moyen du mariage. En effet, se
marier à un âge pas trop avancé ne devrait-il pas faire
partie des libertés fondamentales quels que soient par ailleurs
les projets d'étude et de formation, et pourquoi faudrait-il que
ceux qui par choix ou pour apaiser les nécessités qui sont
en eux passeraient du temps pour leur nouvelle famille, ne puissent pas
si facilement s'intégrer au monde cultivé même au prix
d'un ralentissement de ce mouvement ? Voilà une chose que notre
monde ne peut pas comprendre, n'ayant rien pour remettre en question la
structure des études, leur nature compétitive et la masse
des cours de contenu parfois absurde mais toujours exigé, véritablement
implacable.
Et bien sûr, après le système scolaire, on n'est pas libre de disposer du fruit de son travail, puisque plus de la moitié de la production du secteur privé est confisquée en impôts, ce n'est pas une nouvelle... encore heureux qu'il reste quelque liberté de choix de la forme du travail fourni, et que ce qui reste du fruit du travail représente un niveau de vie très grand comparé à l'étranger et à autrefois.
* médiocratie = pouvoir de la médiocrité
(excusez cette liberté de langage...)
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