Une inspiration, pas une théorie

Nous allons ici examiner un « argument » donné aussi bien par le christianisme et autres révélations auto-proclamées comme celle de Neale Donald Walsch avec ses conversations avec Dieu : être non une théorie humaine mais une doctrine « inspirée » révélée par Dieu (ou par tout autre esprit de l'au-delà).

Cet argument ressemble bien à l'argument donné par tant de pseudo-scientifiques qui critiquent les lois bien établies de la physique (relativité et physique quantique) pour être « seulement des théories », et aussi pour être basées sur des mathématiques abstraites, loin de la « signification physique » qu'ils confondent avec leur propre « bon sens » naïf: ils croient seulement leurs sens, la forme de leur perception et leur manière personnelle de l'imaginer. Ils oublient que toutes nos perceptions directes au sujet du monde extérieur vient de toute façon d'une reconstitution fortement complexe d'information faite par notre cerveau à partir de l'information brutale fournie par nos nerfs, ainsi la « nature » de notre « perception directe » n'a, quoi que nous fassions, aucune raison d'avoir quoi que ce soit à voir avec l'éventuelle « nature » originelle de la réalité dont elle peut provenir et que nous cherchons à saisir; mais la réalité peut seulement être approchée par une reconstruction complexe à rebours à partir de la forme de nos sens vers sa structure originale.
Ils critiquent les théories bien établies pour n'être « que » des constructions de l'esprit au lieu d'une prétendue « réalité nue » (qui ne signifie rien ou ne peut pas être saisie), et pour être des descriptions et des calculs mathématiques.  Ils feignent de reconnaître ces calculs comme vrais et précis pour autant que ces calculs ont pu être vérifiés par l'expérience, bien qu'ils ne sachent rien de leur contenu, ignorant que cette vérité et ce succès, même seulement en tant que « calcul », a des significations et des implications beaucoup plus profondes que les prétendues « explications profondes » et autres « réalités toutes nues » qu'ils prétendent avoir, et sont en contradiction avec elles.
Ainsi ils ont aveuglément signé un chèque en blanc d'accord avec les « seuls » résultats de calculs qu'ils ignorent, et ils traitent de menteurs et de personnes irrationnelles tous ceux qui essayent de leur dire quelque chose sur le vrai contenu de ce qu'ils ont aveuglément signé, dès qu'ils entendront que cela contredirait leurs propres « explications » : ils sont juste satisfaits de répéter que leur « réalité nue » restera toujours vraie quel que soit ce que les misérables « théories » pourront indiquer, ainsi ils n'ont pas besoin de s'inquiéter de savoir quoi que ce soit d'autre et considéreront que tout ceux qui ent douteraient ne pourraient être que des menteurs.

Ainsi en toute circonstance, ils présentent leur propre conception comme montrant les choses « telles qu'elles sont vraiment ».

Mais elles oublient de répondre à la question suivante comme si elle était quelque chose d'évident : quels sont les critères pour reconnaître une véritable « explication » qui présente « la réalité nue », par opposition à une simple « théorie » calculatoire ? Pour eux c'est facile : est la réalité nue ce qu'ils pensent qu'elle est. Tandis que tout ce que disent les autres qui ne sont pas d'accord avec eux, ne sont « que des théories ».
Mais, ceci n'explique pas d'où cette différence vient. En effet, ils ne voient aucun besoin de rechercher des définitions générales et des critères pour distinguer les théories des non-théories, puisqu'il n'y a aucun autre exemple que le leur d'une non-théorie dans l'univers, puisque la vérité est unique par définition.
Ça ne fait rien, nous pouvons facilement répondre à cette question pour eux : par définition, la réalité nue pour quelqu'un est sa propre vie et ses propres convictions, car elles sont vraies et vivantes pour lui, tandis que les experiences et les convictions d'autrui ne sont que des théories parce qu'elles ne sont évidemment que de misérables histoires et assemblages de mots entendus.

Mais le plus fantastique terrain de fascination humaine pour pratiquer ce sport de prétendre détenir soi-même la vérité la plus ultime tandis que tous autres qui ne sont pas conformes à elle ne font que des théories, est évidemment la religion. Puisque l'objet même de la religion est de dire et de comprendre de ce qui va au-delà des mots et de l'entendement. Et de parler de l'esprit et de notre propre expérience profonde, subjective, spirituelle et indescriptible bien loin de la référence du monde physique qui est malheureusement, dans notre vie actuelle, le seul support possible de la communication, des éléments de comparaisons pour des accords et des observations communes entre les humains.

Les chrétiens et les fans de Walsch font partie des gens qui raffolant d'employer cette méthode pour tenter de défendre et d'imposer leurs vérités aux autres. Précisément, chacun de ces deux groupes emploie ce même argument comme argument définitif pour écarter toutes les contestations de l'autre groupe, et pour regarder comme malhonnête tout contradicteur qui ne s'y rendrait pas.

Bien, naturellement vous direz, ce n'est pas exactement vrai qu'ils emploient le même argument les uns contre les autres et réciproquement, autrement il ne se tiendrait pas. En effet, ils le désignent sous des noms différents. Les chrétiens présentent la vérité de Dieu exprimée par Sa parole par opposition à l'être humain, et écartent la doctrine de Walsch comme étant humaine (ou inspirée par un esprit non-divin) promouvant la valeur du point de vue humainement personnel par opposition à la stricte croyance à la vérité de Dieu exprimée par sa Parole. De son côté, Walsch promeut le mystère de l'inspiration spirituelle des sentiments à l'encontre du discours verbal et théorique, et écarte la Bible pour n'être qu' un livre de doctrine verbale rigide qui a perdu la vie et la liberté des sentiments et de notre créativité réflet du caractère Créateur de Dieu.

De cette façon, tous expriment leur mécontentement de la façon dont Dieu nous a faits et des outils naturels de connaissance qu'il nous a accordés pendant cette vie terrestre. Le programme des Chrétiens est de vivre comme nettoyés de toute influence de leur nature humaine, tandis que le programme de Walsch est de penser sans s'appuyer sur les pensées, et de parler sans s'appuyer sur les mots. Tous procèdent par une élimination aveugle et systématique de toutes les sources possibles de vérités qui peuvent leur être naturellement données par la vie, rejetées comme n'étant « que des théories », « faillibles » et « non spirituelles »; et une fois qu'ils y sont parvenus et perdus dans l'incertitude la plus profonde, la dernière lueur de source de (soi-disante) vérité restante qu'ils ont choisi arbitrairement de ne pas écarter (choix qui diffère d'une doctrine à l'autre), leur apparaît ainsi comme seule source possible de vérité ultime.

Ainsi, quelle est cette seule source fiable de Vérité Ultime ?
C'est cette doctrine spirituelle.
En quoi diffère-t-elle de tout le reste ?
D'abord, que c'est la seule doctrine qui n'est pas une théorie. C'est évident (voir les explications ci-dessus). Plus précisément, dans sa doctrine, le maître nous indique de suivre son exemple et de ne pas faire de théories. Par conséquent, ce maître n'est sûrement pas en train de faire de théories lui-même.
En second lieu, c'est que ce n'est pas un fruit de pensée humaine mais d'une inspiration divine.
Pourquoi devrions-nous croire ceci ?
Puisque l'auteur dit ainsi.
Pourquoi devrions-nous le croire ?
Dans le cas du christianisme, parce que Dieu est l'auteur et nous devons croire Dieu.

Dans tous les cas, parce que le(s) homme(s) qui l'ont écrit :

1) Ne peuvent pas mentir : nous en sommes personnellement les potes depuis l'enfance et nous les connaissons dignes de confiance, ainsi quand ils disent que leur inspiration est de Dieu nous devons les croire. D'ailleurs, quelqu'un consacré à la sainte tâche de guider les gens après lui aux vérités spirituelles est nécessairement un saint et non un menteur. (Mais, les livres de la bible ne prétendent même pas être la Parole de Dieu, et n'indiquent aucun détail de cet état d'inspiration spirituelle dans lequel ils auraient été écrits).

2) Savent très bien (mais n'ont pas besoin de nous expliquer) ce qui fait la différence entre une théorie humaine et une inspiration divine (spirituelle), et parmi les inspirations spirituelles, lesquelles sont de Dieu par opposition à celles d'autres esprits ; et ils ne nous parleraient pas de quelque chose dont ils n'auraient pas vérifié avec certitude que c'est l'expression directe de la volonté de Dieu.

D'ailleurs, la nature exceptionnelle du privilège et de l'illumination divins de notre Maître est prouvée par le fait que parmi toutes autres personnes qui se sont vraiment engagées dans un effort sincère et attentif de suivre ce saint chemin de ne surtout pas faire de théorie mais de chercher seulement la pure inspiration divine, nul autre n'a jamais pu produire une doctrine aussi célèbre, unique et fantastiquement spirituelle que la sienne.


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